LE RIFAT MONTE AU FRONT
Lutte contre les grossesses précoces
Avortements clandestins, complications gynécologiques, fistules obstétricales, stigmatisation familiale, infanticides, travail précoce, prostitution clandestine, abandons scolaires, difficultés d’entretien des bébés. Telles sont les conséquences dont sont exposées les filles victimes de grossesses précoces. Une véritable problématique de santé et de société qui a été soulevée hier, mercredi 15 novembre, par le Réseau international des femmes actives tidianes (Rifat) lors d’un séminaire de formation organisé en partenariat avec la mairie d’Angers de Belgique pour la mise en œuvre d’un plan d’action nationale en vue de réduire ce phénomène.
Au Sénégal, les grossesses précoces ne cessent de prendre de l’ampleur et constituent de plus en plus une problématique de santé. Les études effectuées auprès des adolescentes sur plusieurs périodes par l’Agence Nationale de la Statistique et de Démographie (ANSD) dans un contexte de précarité économique ont établi qu’elles sont en hausse de 2012 à 2014, passant de 15,5% à 17,6% et sont plus un phénomène rural. En posant hier, mercredi 15 novembre, la problématique, le Réseau International des Femmes Actives Tidianes (Rifat) a montré sa détermination à réduire amplement ce fléau devenu de plus en plus préoccupant. Selon leur coordonnatrice Sokhna Assy Sy qui introduisait le séminaire de formation à l’intention de ses membres, les grossesses précoces constituent «un fléau gravissime et peuvent avoir des conséquences irréversibles sur la santé de la gente féminine. Et il n’est pas surprenant que les études qui ont été commanditées sur ce phénomène ont révélé la tendance à la hausse.»
Le médecin chef du district de Guédiawaye a abondé dans le même sens en soulevant lors de son discours d’ouverture sur la fréquence des grossesses précoces. Un fléau selon toujours le médecin qui a des conséquences sanitaires et sociales troublantes. A savoir la mortalité et les handicaps dont souffrent les femmes sont nombreuses. D’où le classement de ce fléau parmi l’une des priorités du ministère de la Santé et de l’Action sociale et du district sanitaire de Guédiawaye afin de réduire les grossesses précoces.
D’autres intervenants sont allés beaucoup en profondeur dans l’investigation du thème qui a mobilisé une cinquantaine de participantes responsables de base des sections du Rifat. C’est le cas de Mamadou Mbaye le point focal du Projet (Pegmis) qui a dégagé le tableau des grossesses précoces dans le milieu scolaire. Moussa Ndiaye formateur du centre Ado de Guédiawaye a de son côté cerné le problème au sein de la société. Quant à la représentante du maire et la responsable du service départemental du développement social, elles se sont appesanties sur la nécessité de riposter pour éradiquer le mal qui gangrène de plus en plus la société et l’engagement des pouvoirs publics et de la collectivité de soutenir les initiatives qui en font face.
Deux ateliers ont ensuite été constitués pour diagnostiquer le mal tant dans l’école que dans la famille. Le plan national d’actions élaboré par les séminaristes a conclu les travaux en mettant l’accent sur l’éducation à la vie sexuelle des adolescents en général et surtout une meilleure prise de conscience face à tous les risques exposés. Ainsi, une large campagne de sensibilisation sera menée dans les écoles et un large plaidoyer déroulé auprès des autorités éducatives, parents d’élèves, relais communautaires et surtout envers les jeunes. Une démarche qui n’exclut point les hommes car selon la présidente du Rifat, leur engagement constituerait un appui déterminant à leurs actions. Car, il s’agit d’assurer une vie en bonne santé à toutes les femmes sénégalaises. C’est dans cette dynamique que la présidente du Rifat a soutenu que son organisation s’est résolument engagée à combattre les grossesses précoces en ciblant toutes leurs causes.