«LES FEMMES ATTEINTES DE DYSTROPHIE OVARIENNE PEUVENT AVOIR DES PROBLEMES POUR PROCREER…»
Pathologie complexe qui touche beaucoup de femmes au Sénégal, le gynécologue, Dr Mouhamadou Seck décrypte cette maladie féminine.
Pathologie complexe qui touche beaucoup de femmes au Sénégal, le gynécologue, Dr Mouhamadou Seck décrypte cette maladie féminine. Dans cet entretien accordé à «L’As », il révèle que les femmes atteintes de dystrophie ovarienne peuvent avoir des difficultés pour avoir des enfants
Qu’est-ce que la dystrophie ovarienne ?
La dystrophie ovarienne ou syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) est une affection médicale qui regroupe, à des degrés divers, une hyperandrogénie avec hyperpilosité, acné, une absence d'ovulation marquée par des retards ou absences des règles et à l'échographie pelvienne, de gros ovaires avec plusieurs follicules, au moins 12, de petite taille.
Quels sont les symptômes de cette pathologie ?
Pour les signes d'hyperandrogénie, la patiente peut avoir beaucoup de poils et ceci même juste après la puberté. Ceci évolue lentement avec association à l'acné (présence parfois de beaucoup de boutons sur le visage dans les formes sévères). Et il peut y avoir une perte de cheveux sur le front, la masse musculaire peut aussi être augmentée et la voix peut devenir grave. Pour les signes d'anovulation, les règles sont rares et parfois même absentes pendant 02 mois ou plus. Ceci depuis le début de la puberté. En ce qui concerne le syndrome métabolique, l'obésité est présente dans la moitié des cas. C'est la poitrine et l'abdomen qui sont développés aux dépens de la hanche. Une hypertension artérielle (HTA) est souvent retrouvée. Il faut aussi des examens complémentaires comme le bilan hormonal. Les hormones mâles (testostérone sanguin) sont élevées. Le bilan métabolique recherche un diabète avec la glycémie et une élévation des lipides dans le sang. Et enfin, l'échographie pelvienne retrouve de gros ovaires caractéristiques.
Quelles sont les causes de la dystrophie ovarienne ?
La cause de la dystrophie ovarienne n'est pas connue mais on incrimine des facteurs familiaux et génétiques. On note de plus en plus des cas de dystrophie ivoirienne. Et cela est peut-être dû aux mauvaises habitudes alimentaires et à l'hygiène de vie défectueuse.
Est-ce que les femmes atteintes de cette pathologie peuvent avoir des difficultés à avoir des enfants ?
Les femmes atteintes de dystrophie ovarienne peuvent avoir effectivement des problèmes pour procréer parce qu’il y a un problème au niveau de l'ovulation. Pour rappel, pour qu'il y ait ovulation, il faut qu'un follicule se développe, s'accroît et sorte de l'ovaire vers le 14e jour du cycle. Donc si vous avez beaucoup de follicules qui ne grandissent pas, on peut facilement comprendre qu'il puisse y avoir ce problème d'anovulation.
Quelles sont les conséquences de cette pathologie sur l’organisme ?
Les conséquences sur l’organisme suivent surtout le syndrome métabolique associé. Il s'agit des complications propres à l'obésité, à l'hypertension artérielle, à l'hyperglycémie ou diabète et à la dyslipidémie avec hypercholestérolémie (taux élevé de cholestérol dans le sang) et leurs conséquences
Quelle est la tranche d’âge la plus touchée ?
Le syndrome des ovaires polykystiques (dystrophies ovariennes ou SOPK) est un trouble hormonal qui touche principalement les femmes en âge de procréer. Autrement dit, il affecte la population féminine entre 15 et 44 ans.
Comment se passe la prise en charge ?
La prise en charge est globale puisqu’il s'agit d'une maladie constitutionnelle. Il faut que la patiente soit avisée, sensibilisée à l'importance d'une bonne observance et d'un suivi régulier. La première mesure, c'est une diététique et c'est souvent difficile à atteindre. Puisqu'il y a une obésité très souvent, donc il faut de l’exercice, diminuer la ration calorique globale (ce qu'on mange de façon globale), réduire surtout les apports en lipides au quotidien et augmenter surtout la quantité de fibres. Ce régime est souvent efficace pour éviter un diabète, une hypertension artérielle et une hypercholestérolémie Pour les signes d'hyperandrogénie comme l'excès de poils et l'acné, une consultation est souvent nécessaire chez l'endocrinologue, de même qu'une consultation dermatologique. Chez le gynécologue, parfois on peut donner des pilules contraceptives oestroprogestatives même si vous n'avez pas besoin de contraception ou même si vous n'êtes pas mariée. Parfois, c'est tout simplement de la progestérone macrodosée genre du phaston, lutenyl etc. En cas de désir d'enfant, on peut donner du citrate de clomifène. C’'est un médicament qui permet de régulariser le cycle en sélectionnant des follicules, en permettant une ovulation et donc une possibilité de fécondation.
Quels conseils donnez-vous aux patientes qui souffrent de la dystrophie ovarienne ?
Le syndrome des ovaires polykystiques est un ensemble de signes, donc qui est complexe et qui nécessite une prise en charge multidisciplinaire. La patiente doit être éduquée pour bien connaître sa maladie afin de pouvoir adhérer au traitement.