LES LEÇONS DE VIE DU PROFESSEUR SERIGNE ABDOU BA
Pr Serigne Abdoul Bâ n’a pas porté de gants pour dire à la jeune génération de médecins les comportements à adopter pour la prise en charge des malades. Selon lui, les jeunes médecins doivent apprendre leur métier.
Pr Serigne Abdoul Bâ n’a pas porté de gants pour dire à la jeune génération de médecins les comportements à adopter pour la prise en charge des malades. Selon lui, les jeunes médecins doivent apprendre leur métier.
«Et s'ils apprennent bien leur métier, ils peuvent l'exercer sans précipitation et sans erreur. Mais cet apprentissage passe par l'interrogatoire du malade. Il faut d'abord sécuriser le malade. Parce qu'on dit souvent : sans confiance pas de confidence et sans confidence pas de médecine possible», indique-t-il.
A en croire Pr Serigne Abdou Bâ, ils doivent utiliser les arguments de base pour examiner le malade avant de bâtir un diagnostic. En outre, il demande aux jeunes médecins d’être des médecins cliniciens et non électriciens. «Le clinicien, après un interrogatoire minutieux, utilise les quatre temps de l'examen physique notamment l’inspection, la palpation, la percussion, l’auscultation pour avoir une orientation-diagnostic, et ensuite demande des explorations complémentaires en allant du plus simple au plus compliqué. Quant au médecin électricien, il demande toute une batterie d'examens complémentaires, le plus souvent très sophistiqués et fort onéreux, avant de penser à un diagnostic», soutient-il.
Avant d’ajouter que ces genres de médecins ont besoin de tous les examens complémentaires et imaginaires pour ensuite revenir discuter avec le malade, alors que cela ne se passe pas comme ça. «Donc priorité d’abord au contact. Et si vous dépendez des machines et qu'il y a un délestage, vous n’êtes plus un médecin parce que vous ne pourrez pas continuer votre travail. Vous vous plantez devant votre malade sans pouvoir rien faire», déplore-t-il. Donc ce qui est important, dit-il, c'est de régler le problème du malade avec beaucoup d'humanisme. «La médecine, ce n'est pas de la robotique, c'est plutôt l’approche, le contact, l'empathie et la sensation de l’autre. Nous serons tous malade un jour et quand on est malade, on a besoin d'un médecin, de meilleurs soins».
Hormis les médecins, Pr Bâ demande aux enseignants de gravir les échelons et de ne pas se précipiter pour devenir assistant, maître assistant ou agrégé. «Et on se dit qu’on a fait le grade alors que ce n’est pas ça. C’est en ce moment que débute la vraie carrière du médecin, notamment la carrière de recherche, d’enseignement, d’encadrement et de retour sur investissement pour les populations», prône-t-il.
Cependant, il dénonce le fait que les médecins aillent dans le privé et délaissé le public. «Et il ne faut pas se voiler la face, beaucoup de gens sont dans le privé mais il y a des choses que le privé ne donne pas. Nous avons été formés avec les deniers publics et il faut rendre à César ce qui appartient à César. Il faut être utile à ses populations et à la communauté.»