PLUS DE 400 CAS D’ELEPHANTIASIS ENREGISTRES AU SENEGAL CETTE ANNEE
MALADIES TROPICALES NEGLIGEES
Les Maladies tropicales négligées (Mtn) connaissent des proportions inquiétantes dans notre pays. En effet, plus de 400 cas d’éléphantiasis ont été enregistrés au Sénégal au cours de l’année 2016. La directrice de la lutte contre la maladie, Dr Marie Khémesse Ndiaye, en a fait la révélation, hier, lors du lancement du Plan stratégique de lutte contre les maladies tropicales négligées.
Selon elle, «concernant l’éléphantiasis des organes génitaux, 400 nouveaux cas sont enregistrés cette année. Cette maladie des organes génitaux externes est caractérisée par une lymphangite chronique avec hypertrophie spectaculaire des organes génitaux externes. C’est une affection rare d’étiologie variée dont la plus fréquente est la filariose. L’étiologie en dehors des zones d’endémie filarienne est toujours difficile à retrouver».
Le Dr Khémesse Ndiaye indique que cette maladie «est une affection qui a un retentissement sur les activités sexuelles, professionnelles et sportives, et pose un problème esthétique. L’éléphantiasis se reconnaît à travers une augmentation progressive et indolore du volume des bourses avec épaississement du scrotum étendu au pénis dans un contexte apyrétique et traité à l’indigénat».
Pour sa part, le représentant résident de l’Organisation mondiale de la santé (Oms), le Dr Deo Nshimirimana, a informé: «Au Sénégal, les Mtn causent environ 534 000 de décès par an. Soit près de 10% du nombre de décès dus au fardeau mondial des maladies infectieuses et parasitaires».
«Plus d’un milliard de personnes sont affectées par une par une ou plusieurs Mtn dans le monde et la région africaine de l’Oms supporte près de la moitié de cette charge de morbidité mondiale », a souligné M. Nshimirimana qui a précisé que «tous les 47 pays de la région sont endémiques pour au moins une Mtn». «Face à cette situation intolérable, les gouvernements et les partenaires internationaux ont pris la ferme décision de protéger les populations en mettant en place des politiques adéquates», a lancé le représentant résident de l’Oms au Sénégal. Et à l’en croire, l’investissement national et international dans la prévention et le contrôle des Mtn est en augmentation, avec un partenariat élargi au niveau des agences du système des Nations unies et des organisations intergouvernementales et non gouvernementales.
Pour le ministre de la Santé et de l’Action sociale, le Pr Awa Marie Coll Seck, ce nouveau plan stratégique national prévoit de renforcer les capacités des agents de santé et de favoriser la recherche, tout en permettant d’éliminer certaines maladies d’ici 2020.
A signaler qu’au Sénégal, dix maladies sont considérées comme prioritaires, dont cinq bénéficiant de la chimiothérapie préventive de masse : les schistosomiases ou bilharzioses, les géohelminthiases, le trachome, l’onchocercose et la filariose lymphatique. Et les cinq autres sont prises en charge au cas par cas : la lèpre, la rage, la dengue, la leishmaniose, la dracunculose. Des maladies co-endémiques dans la plupart des régions où elles constituent des problèmes majeurs de santé publique avec des intensités variables d'une région à une autre.