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24 avril 2025
Développement
HEURTS À CAP SKIRRING POUR L'ALIMENTATION EN EAU
Les villageois ont enfreint l'interdiction qui leur avait été signifiée la veille de manifester, ce qui a conduit la gendarmerie à intervenir, a dit son porte-parole
Des heurts ont mis aux prises des villageois protestant contre la pénurie chronique d'eau courante avec des gendarmes samedi au Cap Skirring (sud du Sénégal), ont dit la gendarmerie et les médias. Un porte-parole de la gendarmerie a indiqué que les troubles dans cette localité de Casamance n'avaient pas fait de blessé et que les gendarmes avaient dispersé les manifestants à l'aide de gaz lacrymogène alors que les médias, citant des témoignages locaux, ont fait état de blessés et de l'emploi de balles réelles.
Les villageois ont enfreint l'interdiction qui leur avait été signifiée la veille de manifester, ce qui a conduit la gendarmerie à intervenir, a dit son porte-parole. Il a rapporté des jets de pierres et des pneus incendiés. Seize personnes, dont quatre instigateurs présumés des troubles, ont été interpellées, a-t-il dit. Les manifestants entendaient protester contre l'absence d'eau courante qu'ils réclament depuis des années.
Le Cap Skirring, à l'extrémité sud-ouest du Sénégal, est une avancée de terre dans l'Atlantique et une destination touristique prisée des étrangers, notamment des Français, pour ses plages.C'est aussi le nom du village qui s'est développé avec l'installation d'un Club Méditerranée, de nombreux hôtels et d'un aéroport. Cependant, les retombées de l'activité pour les villageois sont saisonnières et limitées par le modèle touristique. L'activité a été sévèrement affectée par la pandémie de coronavirus.
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ENQUÊTE SUR L'EVOLUTION DU CORONAVIRUS EN AFRIQUE
Du Cameroun à l'Afrique du Sud, en passant par la Tunisie, le Sénégal et Madagascar, comment se passe le déconfinement ? Enfin, qu'en est-il de la distanciation sociale ?
Alors que la pandémie de Covid-19 poursuit lentement sa progression en Afrique, nos correspondants ont réalisé une série de reportages et d'entretiens à travers le continent. Du Cameroun à l'Afrique du Sud, en passant par la Tunisie, le Sénégal et Madagascar, ils ont enquêté sur l’évolution de la pandémie. Les pays africains résistent-t-ils mieux que les autres au coronavirus ? Comment se passe le déconfinement ? Enfin, qu'en est-il de la distanciation sociale ?
- Au Cameroun, l’impossible distanciation sociale dans les bus bondés de Yaoundé, la capitale. Reportage de Marcel Amoko
- En Afrique du Sud, pays sans marchés à ciel ouvert, les supermarchés sont au cœur de la propagation du Covid-19. Reportage de Caroline Dumay
- Au Sénégal, rencontre avec le docteur Abdoulaye Bousso, directeur des opérations d’urgences sanitaires. Il fait le point sur l’évolution de la maladie dans son pays et à travers le continent. Entretien réalisé par Sarah Sakho.
- En Tunisie, l’heure est au déconfinement. Notre correspondante Lilia Blaise s’est rendue à Bizerte, Sousse et Tunis, la capitale.
- A Madagascar, le virus et les mesures restrictives affectent les petits commerçants et font plonger leurs revenus. Reportage de Gaëlle Borgia.
LES DROITS DE L'HOMME BAFOUÉS EN AFRIQUE À L’ÈRE DU CORONAVIRUS
Là où l’histoire est marquée par les violences politiques et la relative impunité des forces de l’ordre, des citoyens ont été tués par la police pour non-respect des règles du confinement et de l’état d’urgence sanitaire
Blog du Monde Diplo |
Sabine Cessou |
Publication 31/05/2020
Les décrets de couvre-feu et de confinement décidés fin mars en Afrique se sont soldés dans certains pays — peu nombreux, il faut le souligner, sur les 54 que compte le continent — par des abus des droits humains. La crise des droits humains par temps de pandémie paraît par ailleurs globale et n’a rien de spécifique à l’Afrique. Sur le continent, on peut néanmoins relever que là où l’histoire est marquée par les violences politiques et la relative impunité des forces de l’ordre, des citoyens ont été tués par la police pour non-respect des règles du confinement et de l’état d’urgence sanitaire.
Au moins 18 exécutions extra-judiciaires ont été dénoncées par la Commission des droits de l’homme du Nigeria dans les quinze premiers jours du « lockdown » — soit plus de morts au 24 avril aux mains de la police que de patients tués par le coronavirus (12 personnes).
En Afrique du Sud, l’interdiction de vente d’alcool, décidée par le gouvernement pour éviter les rassemblements pendant un confinement strict, a entraîné des brutalités de l’armée, déployée en masse, qui ont fait au moins huit morts.
Des citoyens tués pour non-respect du confinement
Au Kenya, six personnes ont péri dans les dix premiers jours du couvre-feu, décrété le 27 mars. Abattues sur des marchés ou en rentrant de leur travail. La police kényane a également assassiné un adolescent de 13 ans qui se trouvait sur son balcon, avec ses frères et sœurs.
En Ouganda, deux ouvriers du bâtiment ont été tués le 26 mars par la police, pour avoir roulé en taxi-moto à la périphérie de la capitale, Kampala. Une interdiction de circulation de voitures privées avait été instaurée. Sur les marchés, des commerçants ont été battus et fouettés, tandis qu’au Rwanda voisin, des dizaines de personnes étaient arrêtées, dont quatre blogueurs dénonçant des abus après le « lockdown » du 22 mars.
MORT DE GEORGE FLOYD AUX ETATS-UNIS, UN TOURNANT ?
Les manifestations et les scènes de violence se sont multipliées depuis la mort de George Floyd. Faut-il y voir un reflet de l'Amérique de Trump ? "Le racisme systémique existait aussi sous l’ère Obama", rappelle la chercheuse Maboula Soumahoro
Les manifestations et les scènes de violence se sont multipliées depuis la mort de George Floyd. Faut-il y voir un reflet de l'Amérique de Trump ? "Le racisme systémique existait aussi sous l’ère Obama", rappelle la chercheuse Maboula Soumahoro.
L'HYDROXYCHLOROQUINE TOUJOURS PLÉBISCITÉE EN AFRIQUE, MALGRÉ LES CONTROVERSES
Adopté en Afrique depuis le début de la pandémie, le fameux « protocole Raoult », mêlant chloroquine et azithromycine, continue à être utilisé dans de nombreux pays, en dépit des mises en garde de l’OMS suite à l’étude publiée par « The Lancet »
Jeune Afrique |
Marième Soumaré |
Publication 31/05/2020
La riposte ne se sera pas faite attendre. Moins d’une semaine après la publication, dans la prestigieuse revue scientifique The Lancet, d’une étude mettant en cause l’efficacité de l’hydroxychloroquine contre le coronavirus, l’infectiologue Didier Raoult publiait de nouveaux résultats pour défendre son traitement.
« Un diagnostic précoce, un isolement précoce et un traitement précoce avec au moins trois jours d’HCQ-AZ permettent d’obtenir un résultat clinique et une contagiosité nettement meilleurs chez les patients atteints de Covid-19 que les autres traitements », conclut l’étude. Elle s’appuie sur la prise en charge clinique de 3737 patients, dont la majorité (81,7%) ont été traités avec le fameux procédé HCQ-AZ : la combinaison hydroxychloroquine-azithromycine.
Quelques jours plus tôt, le professeur français démolissait l’étude de The Lancet, qu’il qualifiait de « foireuse ». Cette dernière dénonce l’inefficacité de ses molécules et le risque d’augmentation de l’arythmie cardiaque des patients.
« Comment voulez-vous qu’une étude faite avec des big data change ce que nous avons dit ? […] La question est plutôt de savoir s’il existe une dérive des journaux de recherche médicale […], dans lesquels la réalité tangible est tordue d’une telle manière qu’à la fin, ce qui est rapporté n’a plus rien à voir avec la réalité observable », avançait Didier Raoult.
Ces pays qui ne renoncent pas
Et l’infectiologue français n’est pas le seul à être monté au créneau pour critiquer les résultats publiés par The Lancet. L’épidémiologiste marocain Jaâfer Heikel, qui évalue à plus de 94 % le taux de guérison dans la région de Casablanca, a réagi à l’étude et en a soulevé les « limites ».
« Attention, il faut bien comprendre que ce n’est pas une étude clinique mais une analyse de registres de données de différents hôpitaux et pays. C’est évidemment une publication importante qu’il faut considérer pour ce qu’elle vaut : ni plus ni moins», a-t-il fait remarquer. Le Maroc, qui est l’un des premiers pays à avoir adopté le protocole Raoult, et qui revendique un taux de guérison de 60 %, continuera donc bien à utiliser ce procédé pour soigner ses malades.
À en croire l’équipe de Didier Raoult, le Bénin, le Cameroun, le Sénégal, la Guinée, le Congo et la RDC n’y renoncent pas non plus. D’autres pays, comme le Nigeria, l’Algérie, la Tunisie ou le Togo, se sont officiellement prononcés pour défendre l’utilisation de la combinaison HCQ-AZ.
Ni la religion ni les règles de bienséance ou tout simplement de bon sens ne peuvent justifier une chasse aux cadavres de victimes du coronavirus. La réaction de la presse n'a pas été à la hauteur des méfaits des populations de Malika et Diamaguène
Vous souvenez-vous du défunt artiste comédien Abou Camara, celui qui tint le merveilleux rôle de l'imam Biram, dans le film ‘’Guelewaar’’ dont je vous ai parlé il y a quelques semaines ? Sa sagesse et son érudition avaient permis de s'opposer aux irréductibles villageois qui ne voulaient pas accepter l'exhumation du cadavre de Pierre Henri Thioune alias Guelewaar, catholique et activiste, victime d'une confusion de corps avec un musulman à la morgue. Un vigoureux coup de bâton de l'imam asséné à un écervelé mit fin aux ardeurs des plus déterminés.
L'imam Biram alla même jusqu'à sortir de sa bouche de très gros mots qui ne manquèrent pas d'interloquer un des témoins de la scène : "Ah ! Imam saga na" (Imam a injurié). Il avait toute raison, ce jour-là, d'être exaspéré par ses disciples dont l'intolérance et l'obscurantisme ne se justifiaient point. Eux s'opposaient au déterrement d'un cadavre, fût-il de religion différente, et à qui ses proches voulaient offrir tout légitimement un office funéraire conforme à sa croyance religieuse.
D'autres, plus incompréhensibles encore, voulaient s'opposer, cette semaine, à un enterrement sous le prétexte que le mort a succombé au coronavirus. Incroyable ! Que la bêtise humaine peut mener loin. Les histoires relatées par la presse dans les localités de Malika et Diamaguène ne méritent pas simplement d'être rapportés comme des faits d'armes d'une population déterminée à défendre son territoire, mais bien comme les méfaits d'ignorants et d'intolérants qui doivent être jetés à l'opprobre.
Cette vindicte populaire est d'autant plus inacceptable que des concitoyens se sont battus de toutes leurs forces pour faire reconnaître aux Sénégalais décédés à l'étranger du coronavirus le droit d'être enterrés dans leur pays natal. Jusqu'à finir par faire plier l'Etat.
Ni la religion ni les règles de bienséance ou tout simplement de bon sens ne peuvent justifier une chasse aux cadavres de victimes du coronavirus. Mourir de Covid-19 est-il plus honteux que décéder du paludisme, d'hypertension artérielle ou du cancer ? Ceux qui pourchassent les équipes en charge de l'enterrement connaissent-ils leur propre sérologie et jetteront-ils les corps de leurs propres parents, le jour où ils mourront du coronavirus ? C'est à croire que dans ces localités, il n'y a eu personne de la dimension de l'imam Biram pour raisonner la foule sans conscience, au comportement si vilain. Imam Biram leur aurait dit, sans doute, comme dans le film : "Koulou nafsin da iqatu mawti..." (Toute âme goûtera à la mort...). Et puis, si cela est encore utile à la cause, depuis quand un cadavre correctement enterré pose-t-il un quelconque problème aux riverains ? Si tel était le cas, personne ne survivrait aux alentours du cimetière de Yoff où reposent des défunts décédés pour diverses raisons, y compris de maladies contagieuses.
La réaction de la presse n'a pas été à la hauteur des méfaits des populations de Malika et Diamaguène. Les Unes (jeudi 28/05) de "l'As" (Diamaguène saccage les ambulances des pompiers et de la Croix-Rouge) et de "la Tribune" (Les populations empêchent un enterrement Covid-19) sont, d'une part, les rares à être consacrées à cette abomination tout en étant, d'autre part, assez factuelles pour ne pas dire neutres. "L'Obs" avait tout de même, dès la première forfaiture, traité cet incident d'"effarant" dans son édition de mercredi. "Il faut éclairer l'ignorance qui ne connaît pas et la pauvreté qui n'a pas les moyens de connaître", disait Henri Grégoire, Evêque et homme politique français. Un imam Biram français, aurait-on pu dire...
Face à certains dangers, la banalisation des faits ou l'indifférence de la presse est tout aussi coupable que les pratiques condamnables. A l'Etat, de qui est attendue la plus grande fermeté, comme aux leaders d'opinion locaux aussi, de ne pas laisser prospérer de telles inconduites chez les populations victimes de leur ignorance. Un comportement bête et méchant !
par Babacar Diop Buuba
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HORREUR ET FÉCONDITÉ (4)
EXCLUSIF SENELUS - Unis, solidaires, nous pouvons vaincre le Covid-19 et d’autres fléaux qui apparaîtront. Les divinités les plus terrifiantes de l’Egypte pharanoique sont aussi symboles de fécondité et de vie nouvelle (français & arabe)
SenePlus publie en exclusivité, la quatrième et dernière partie du texte "Horreur et fécondité" du PAALAE initialement écrit en wolof par Babacar Buuba Diop, traduit en arabe par Samira Dlimi, professeure à l'université Mohammed V de Rabat.
V / Epilogue ou interlude
Depuis donc la presqu’île du Cap-Vert, de Dakar, des Mamelles, Almadies, terre et colline, grotte, coin de spiritualité concentrée et contrastée, j’ai pu sentir le tournant du deuxième mois d’observation au Sénégal ; ce pic redouté et annoncé parfois par des officiels dont le ministre de la Santé et de l’Action Sociale, Abdoulaye Diouf Sarr, la Directrice de la Santé Mme Khémesse Ngom Ndiaye.
Il suffira de lire ces signaux dans nos documents annexes regroupés sous le titre « Chroniques d’angoisses et d’espoirs ».
Il est légitime de se demander si le bon départ médiatisé ne constitue pas en réalité un faux départ.
Un des excellents éditorialistes de seneplus.com, Serigne Saliou Guèye n’a pas hésité à titrer « Les frais du dilettantisme » (seneplus.com du 26 Avril 2020). Il a souligné l’absence de prévision, les erreurs d’appréciations, de pilotage de la lutte contre la pandémie. A son avis, on avait crié trop tôt victoire et entonné l’hymne de l’exception sénégalaise. Il a bien suivi le déboussolement des autorités politiques face aux embouteillages humains, etc.
Il est révélateur que, durant le second mois d’observation, le cap de 1 000 cas a été dépassé, au début du troisième, avec 3 décès, la barre presque symbolique de 10 a été dépassée ; en wolof fukk (dix) semble proche de sukk, être à genoux. On s’est mis à souhaiter ne pas atteindre 20 (nitt ou ňaari fukk, ňaari sukk, deux génuflexions, ce qui pourrait tout de même permettre de se redresser avec, comme dans la lutte traditionnelle (làmb), une troisième chance. Il faut imaginer Sisyphe heureux, ainsi on peut toujours se réorienter (niit), comme a fait le grec Diogène, en utilisant sa lanterne, et découvrir le véritable humain qui peut rire ou pleurer comme rama, ramatou des Egyptiens, qui est passé d’homo erectus à sapiens. Ku bëreey daan, seuls ceux qui luttent peuvent espérer vaincre.
Pic ou plateau
Durant les dernières semaines d’Avril, le Sénégal est classé dans les dix premiers pays où la progression du Covid-19 est la plus grande, avec une augmentation journalière en moyenne de 100%. La question est de suivre les mouvements pour mieux repérer correctement le pic ou, encore mieux, le plateau épidémiologique.
Il est vrai que le Sénégal, comme du reste l’Afrique, malgré les prévisions catastrophiques de certains esprits bien ou mal intentionnés, n’a pas été à la derrière classe des pays engagés dans la lutte. Les spécialistes des différentes disciplines essayeront d’analyser le répit accordé à l’Afrique, du reste confrontée, au même moment, au paludisme, aux menaces des inondations, du criquet pèlerin, aux terrorismes de toutes sortes, à la mal gouvernance, au fléau des dettes honteuses et illégitimes, etc.
Au moment où, après un trimestre, les dégâts sont chiffrés à 2 954 106 touchés par le virus, 87 458 guéris ; 205 398 décès, la Méditerranée Orientale avait 5%, l’Europe 50%, les Amériques 37%, le Pacifique Occidental 6%, l’Afrique, comme l’Asie du Sud Est, se situait à 1%. Et dans cette Afrique, brillent certains success histories (Lesotho, Comores, République Centrafricaine, Mozambique, Rwanda, Madagascar, Zambie, Bénin) alors que d’autres présentent des signes inquiétants (République Sud-africaine plus le Maghreb et Machreb). Comme quoi, ceux qui sont les plus intégrés au marché mondial et aux trafics divers ont été les plus menacés et les plus atteints.
Observatoire
Notre aventure, nos complicités et solidarités, ont démarré dans le cadre d’un dialogue entre Dakar, Mbao, Thiaroye, en direction des Niayes, Kër Mbay Faal, Yeen, Tubaab Jalaaw, en direction de Joof Yoor, Yaayeem, Kër Samba Ja, avec des aller-retour vers Paris, Toulouse, Bruxelles, La Sicile, New-York, le Canada, retour sur Dakar Fann, Le Plateau, Médina, Mermoz sans oublier le quartier Bopp, siège de l’USE, au centre A. Malick Gaye, sans oublier l’internet, ce lien vers divers sites dont celui du CONGAD, covid 19, du Congrès de la Renaissance Démocratique (CRD), 100 fleurs s’épanouissent, Xare bi, du SAES fitnes Club UCAD, Afrika Jom, etc.
Le semi-confinement m’a permis de rédiger ces lignes, j’ai bien observé les vaches errantes dans Dakar, des quartiers de Liberté à Ouakam : elles étaient heureuses, tranquilles sur le terrain de football ouvert aux jardins d’enfants, aux lycées de Ouakam ; elles ne pensaient pas, elles les vaches, à tous les chants religieux, aux prières rituelles de l’Aïd El Fitr (Korité) et d’Aïd El Kébir (Tabaski).
Elles respirent leurs propres crottes, leur farniente semble prendre fin malgré leurs protections mystiques et mythiques ; les autorités administratives semblent avoir enfin pris leur courage à deux mains (cf Observateur du 27 Avril 2020, p.2)
Le Covid-19 peut être saisi pour accélérer le nettoiement, l’assainissement de Dakar. Ainsi le canal de la Gueule Tapée serait nettoyé, comme le long collecteur Hann-Fann, préservé, sécurisé et débarrassé des algues, des ordures et des mauvaises odeurs.
Il faut espérer que le saupoudrage des canaux à ciel ouvert, comme la toilette des marchés, va se poursuivre et régulièrement.
Sacrées populations !
Sacrés politiciens !
Vivent les citoyens !
Bonne chance à vous tous et toutes qui avez partagé nos états d’âme. Espérons qu’on va vivre ensemble longtemps encore, pour échanger et approfondir nos analyses, améliorer nos actions pour le développement durable et solidaire.
La vie et la mort
Les lieux de sépulculture ont leur histoire et leurs emplacements, leurs significations. Ndar (là où le fleuve termine sa course poursuite contre la mer (Dar) en wolof et où on peut trouver de l’eau douce, potable (Ndaa canari) comme à Màkka Tube, autre jalon islamique, offrent des sites particuliers.
Thiaka Ndiaye pas loin de l’embouchure migrante du fleuve Sénégal, sur la langue de Barbarie, prolongement des figues de Barbarie, Berbérie septentrionale, annonçant le Cap-Vert, les Niayes, abris des filaos,
Marmi Yaal aimé de Dieu, Sang Suul, lieu de purification avant l’inhumation. Ici à Sor, tissu, morceau de terre souvent disputé entre Waalo Waalo, Ajoor Ajoor, Njambur Njambur, Jolof Jolof, on admire, on boit jus de cocos et on déguste cocos, goyaves et sapotilles.
Il ne faut pas oublier qu’il existe un cimetière chrétien avec ses spécificités, d’autres ont disparu. Il faut aussi rappeler qu’il y a eu un cimetière où on enterrait les chrétiens et les musulmans comme à Ziguinchor et Fadiouth.
L’établissement, enclos des animaux et zone de pêche (Get), est devenu établissement humain (Sancaba). C’est dire que la gestion de l’aménagement du territoire reste problématique. Ici Jawling du Sénégal et de la Mauritanie, les deux se regardent, séparés par le grand bras du fleuve qui finit son cours, depuis le Bafing et le Bakoy, depuis Bafoulabé, pour arriver dans l’espace de paix, Dar Es Salam en arabe, espace sécurisé (Jàmmagen).
Chez nous, le lieu de sépulture dépend des parents et aussi des autorités administratives et religieuses et des places disponibles.
Ainsi, on peut se retrouver, nous tous sur l’Autre Rive
Amen, Amiin
Amoon naa fi, il était une fois
Daa naa am, il était une fois
Dana amati, ça reviendra
Ainsi va la vie
VI / Chances et malchances
Dès l’annonce de la propagation du coronavirus, j’ai pensé à Seriň Joob, mon père Ndiaga Diop, devenu Elhadj Ndiaga Diop, ancien imam de la mosquée à Balakoos, espace sacré, autel en sereer, avec ses arbres géants, puis place forte coloniale française, puis britannique, blockhaus, que les Sereer ont poldérisé, comme Poomu Xor, près de Jukk, Saanar, Ngalel, Bango, etc.
Sor est un morceau convoité, offert, (Lewna) enregistré et légal, c’est une des nombreuses îles qui accompagnent le fleuve jusqu’à l’embouchure (Bël-ba) poissonneuse, attirante et dangereuse avec ses hippopotames Langbar sereer, leeber, lebar wolof, ngabu pular, en verlan bang d’où Kumba Baŋ, enfin Wungaane soninke.
J’ai pensé à mon père qui dit être né l’année de la peste, mbas mi du siècle dernier. Sur ses papiers officiels, il est écrit qu’il est venu au monde à Ndar, Saint-Louis du Sénégal en 1918 ; en réalité, il reconnaît qu’il est né à 70 km de Saint-Louis, à Louga plus précisément, où sa maman s’était retirée suite à la propagation de l’épidémie dans la première capitale du Sénégal et de la Mauritanie. Je lui ai souvent dit » Papa, tu es né peut-être en 1916 ou en 1917, et 1918 étant l’année d’enregistrement de la naissance «
Bref, il est centenaire et j’ai pensé à lui qui s’est retiré à Jelleru à 3 km de Luga, dans le Jaambur, terre de ses ancêtres du côté de sa mère Jaxu Ñas ; Jelleru Silla est terre de résistance, de refus, de liberté. Jelleru, c’est un avertissement, un conseil donné aux prédateurs, aux dictateurs sans foi ni loi.
Quand le corona est rentré au Sénégal, par le canal des cas importés, je ne pouvais pas ne pas penser aux nombreux Njaambur Njaambur, appelés Moodu Moodu, disséminés à travers le monde et qui constituent, avec leurs cousins bawol bawol, une des grandes vagues de l’émigration sénégalaise, après nos parents soninke et al pulareen. J’ai averti mes frères et transmis leurs contacts au comité mis en place au niveau national par le Conseil des ONGs d’Appui au Développement au Sénégal (CONGAD). Le corona est parvenu à atteindre Luga.
Baay Njaga, Njaga Laxdariyu, pour ses profondes connaissances en matière de prières rituelles, islamiques, continue de prier pour le Sénégal, l’Afrique et le monde.
Comme quoi, chacun a son lot, muur en wolof semble évoquer, ce qui est couvert, les musulmans peuvent penser à la sutura. Il peut faire penser au grec moira (la part du destin), le fatum (destin en latin), lui-même peut faire penser au coup fatal (faat wolof) à la victime du coup fatal (faatu wolof).
J’espère qu’il y aura, un jour, un étudiant audacieux qui se penchera sur les thèses, hypothèses, instructions de Cheikh Anta Diop sur les langues ou langages préhistoriques (lire à ce propos, le ch. VII de l’Unité culturelle de l’Afrique Noire, chapitre du reste intitulé l’unité culturelle de l’Afrique Noire). En effet, comment expliquer les clignotants entre geen wolof progéniture et genos (grec), la tribu, l’ethnie, le lar wolof et le laar latin, tous deux expriment des éléments de cultes religieux. Le jaw wolof et le jaw indo-européen qui évoquent le firmament, le ciel.
Mieux, comment expliquer les similitudes entre l’arabe, le français, l’anglais, le germanique (voir ibidem, ch. II Critique de la théorie classique sur le matriarcat universel)
Une suggestion : il nous faut revenir aux langues, aux noms de certains animaux ex le singe en wolof golo, proche de goloma soninke, être humain, renforcé par le noppu jaboot en wolof, l’oreille du parent. Comme quoi, les Africains n’ont pas attendu Darwin pour comprendre ce qui nous lie au chimpanzé, au gorille.
Les poux et puces ont des noms (teeň et fel en wolof), le premier semble indiquer la source de la crasse, de la saleté autour du protège crane. Enfin le garab, le médicament par excellence est issu des arbres, de la végétation, de notre environnement. La langue donne des indications utiles, livre une expérience et des expérimentations.
Bël ba, un des endroits les plus beaux , les plus magiques, inspirateurs, comme le Cap de Bonne Espérance en Afrique du Sud, Montego Bay en Jamaïque, comme Les Finger Lakes et parmi eux Kayuga Lake ; pas si loin de la frontière entre les Usa et le Canada ; quand on a vu les Niagara Falls en Amérique, les Grands Lacs d’Afrique et les chutes d’eau qui existent sur tout le continent, quand on a survolé le Kilimanjaro, le Ruwenzori, l’Atlas, le Kamerun, on peut se dire que le monde peut inspirer les artistes.
Dieu sait que j’ai beaucoup voyagé, surtout en Afrique, grâce à l’AALAE, à la PAALAE, à l’ICAE, au CODESRIA, au SAES, à la FEDER, au CONGAD.
J’ai compris que le combat entre les fleuves, les rivières et la mer, se termine par la victoire de cette dernière, la maman ; les dernières bagarres sont fécondes en termes de faune et de flore aquatiques. La mer a fini d’avaler ses enfants et pourra les rejeter à nouveau pour leur apprendre à nager depuis Caaka Njaay jusqu’à Marmi Yaal, jusqu’à Gigilax, Njalaxaar, témoins du passé ghanéen ou malien, avec le pectoral en or de Raw, jusqu’à Podor, jusque dans l’île à Morphil, des coquillages, on en trouve presque partout.
Nous devons exploiter et enrichir notre patrimoine environnemental, culturel et artistique. On devrait parfois se rendre au parc de Njujj si proche de Ndar Saint-Louis, si prisé par la faune. Il faut voir les autres parcs du pays, du monde, et les protéger. Nous devons célébrer, chaque année, les deux dates consacrées, en mai et en octobre, aux migrations des oiseaux.
Le plaisir et l’éclairage apportés par les langues sont immenses, comment ne pas penser à Oumar Sankaré (Sankhos pour les intimes) qui a eu le savoir et l’intelligence pour informer largement au Sénégal, sur certains aspects de l’histoire de l’hellénisme, sur les relations entre la culture arabo-musulmane et la grecque, comme a eu à le faire, de manière plus subtile, le grand penseur et militant altermondialiste Samir Amin.
Oumar, notre collègue et cousin, a été victime de la confusion obscurantiste et opportuniste. Il nous a quitté comme vrai martyr académique, les universitaires sénégalais, africains, les humanistes à travers le monde doivent célébrer ta mémoire et redoubler de vigilance ; tu as su tirer profit de tes connaissances en grec, en arabe ancien, comme l’a fait ton amie sur la même rive que toi, là-bas, Nguissali Sarré notre sœur, pour ce qui est de la connaissance de l’ancien français, comme aurait pu le faire, si sa santé le lui avait permis, Boury Sarr pour le passage de l’ancien égyptien au copte et du copte aux langues africaines actuelles.
Goor gi li mu am du muur mburaaké la : la chance dont il s’agit, c’est du couscous avec notre pâte d’arachide et du sucre. Papa est encore parmi nous, alors que notre oncle, Alioune Badara Diagne Golbert, célèbre homme de radio à Saint-Louis du Sénégal, beaucoup plus jeune et qui avait amené mon père à animer, à radio Saint-Louis, des émissions religieuses, est parti sur la pointe des pieds en peine crise du corona, à l’âge de 80 ans, à peu près.
Gol pour les intimes a eu toutefois plus de chance que ma mère Aïda Kamara, qui n’a vécu qu’un demi (1/2) siècle, arrachée à notre affection, le jour-même où je lui ai envoyé, depuis Dakar, sa part de mon trousseau-rappel de l’étudiant de première année que j’étais à l’Université de Dakar, qui ne portait pas encore, en 1971, le nom du professeur Cheikh Anta Diop.
Maman, elle est bien née à Ndar, Saint-Louis ; elle était consciente de ses origines à la fois Silaayeen comme mon père, ce n’est que tard que j’ai appris que nos deux parents ont tous les deux des ancêtres Silla, une des branches des familles soninké dispersées, à la suite de l’éclatement du grand empire, dont le cœur névralgique était plus au Nord, dans l’actuelle Mauritanie.
Maman était consciente de ses ancêtres éparpillés dans le Ganjoolais, à Ngay Ngay par sa mère Maryaan Ndaw, qui faisait appel à ses protecteurs d’origine sereer installés à MPaal ou Paal, terre des Ngom et des Juuf wolof ou wolofisés. Ces traces sereer et wolof sont perceptibles à Gandon (Gandoŋ, arbre ? ou étranger ?).
Maman était consciente de ses origines maliennes, en tant que membre de la famille Kamara, passée de Sibi dans le Mali actuel à Fuuta Tuuba en Guinée Conakry actuelle, Sibi, ce n’est pas loin de Kirina où a eu lieu la fameuse bataille de Kirina au XIIIe siècle, qui a vu Sunjata Konate devenu Keyita, prendre le dessus sur Sumawuru Kante.
Bref, c’est à Sibi que j’ai appris que le pacte est scellé entre les détenteurs des terres (les Kamara) et les détenteurs de pouvoir militaire (les Konate, Keyita)
Keyita, Konate, Kamara, Siise, Tuure, etc. ce défilé de patronymes m’a permis de comprendre pourquoi, peut-être mon oncle Baabakar Kamara, à Saint-Louis, a épousé ma tante, Kumba Siise.
Sources de lyrisme
Le soupçon est renforcé par le terme Bafulabe que j’entendais de la bouche de mon grand-père, Mooda Kamara, agent de trésor à l’époque coloniale.
Mooda, nom qui résonne oriental, non seulement par Mouhamed, mais aussi par son africanisation précoce et agisymbien (Tchad, Niger, Nigeria). Mooda au teint très clair, proche de celui de certains Peul ou Touareg, amazigh.
Mooda qui a été pris parfois pour un descendant de Cap-Verdiens ou de Maures avec tout ce que cela a pu créer comme stigmatisation, méprise, avec des débordements, plus tard, comme ce fut le cas lors de conflits sportifs ou sociopolitiques, économiques, diplomatiques entre le Sénégal et ses voisins.
Mooda, fidèle et méthodique dans ses tournées du vendredi, avec son parasol, se faisant un honneur de passer, tour à tour, chez ses deux épouses habitant l’île discrète de Sor. Il quittait très tôt sa résidence du quartier Sud (Sindoone en langue africaine) dans le quartier d’abord habité par une majorité de chrétiens (Ker Caan), sur l’île visible et imposante, comme un serpent qu’on touche, après avoir franchi les sept arches du pont Faidherbe.
Dans ce quartier administratif, bourgeois et chrétien, il avait acquis une grande maison dont la majeure partie était réservée à l’école coranique qu’animaient des érudits, ses cousins, Makhssine et Mousse Diop et leurs disciples.
Il s’arrêtait parfois devant les jeunes footballeurs qu’il rencontrait sur son chemin, il leur distribuait des bonbons (tangal) qui les réchauffaient, les revigoraient, leur permettant de multiplier passes, feintes ou tirs. Les jeunes observaient une pause et peut-être formulaient des prières pour l’octogénaire, bien propre, si propre qu’il pouvait se permettre de boire l’eau bénite, huilée ou sucrée selon les mets, et recueillie dans la bassine. Les prières et les bénédictions semblent avoir fait leurs effets. Vieux Mooda Kamara est l’un des rares personnages que j’ai connus dont la mort avait été annoncée, les préparatifs de l’enterrement faits, les fils et les petits fils, voire arrières petits enfants réunis, pour ensuite entendre le médecin annoncer que le déclaré mort était bien vivant.
Le veinard, le chanceux, a continué à accompagner ses petits-enfants des années après, avant de passer définitivement sur l’autre rive. Il repose à Caaka Njaay et dans ce cimetière, l’espace le mieux entretenu, un peu en retrait du reste, sur la langue de Barbarie, c’est la partie réservée aux soldats victimes de la fièvre jaune.
En fait au Sénégal, il y a eu 28 épidémies au 19 ième siècle dont 12 de fièvre jaune, 2 de choléra et 11 de variole. En 1878, la fièvre jaune a emporté la moitié de la population de Saint-Louis la ville la plus infectée avec 20 médecins sur 22. Celle de 1881, une des plus meurtrières au Sénégal, peut-être avec au moins 600 victimes dont la majorité est composée d’expatriés (Français, Marocains). En 1900, la fièvre jaune a presque décimé l’armée et il ne restait que 50 européens survivants. Elle pousse 3 000 personnes à retourner en France, deux gouverneurs meurent et le 3 ième a déserté (Cf Thèse Adama Ali Pam archiviste paléographe, responsable de la bibliothèque de l’UNESCO) ; comme quoi, l’Afrique et le Sénégal sont dans l’histoire, depuis la préhistoire jusqu’à maintenant, n’en déplaise au plus inculte des présidents de la République française que j’ai connus ; faut-il s’étonner quand des peuples portent au pouvoir ce genre d’individus comme Trump du reste, qu’ il y ait des risques constants pour l’humanité dans tous les domaines.
Grand père aimait, tous les jours ouvrables, pendant la pause de la fin de matinée, face à la capitainerie du port fluvial, retrouver ses amis collègues ou parents dans le beau jardin fleuri de la gouvernance, face à la cathédrale ; ils parlaient wolof, francais, pulaar, soninke, hasanya.
Gaana, Maali Bero, Agisymba, Sahara, Kmt, Egypte pharaonique, ce sont des repères que beaucoup de nos ancêtres peuvent réclamer. J’ai à l’esprit les parentés plaisantes, pour ne pas parler des parentés à plaisanterie ; merci à Raphael Ndiaye pour la rectification, merci à Isaa Laay Thiaw, Saliou Kandji, Ababacar Sedikh Diouf, Youssou Tata Cissé, Waa Kamissoko et d’autres qui ont balisé le chemin.
Bref, Saint-Louis du Sénégal, Ndar Geej, consacre la victoire de la mer sur le fleuve ou le retour de ce dernier vers sa mère vraie, féminine, agressive, épouse de la Mer calme, masculine, dit-on, la Mer qui poursuit sa course vers Dakar, Ziguinchor jusqu’au Cap de bonne Espérance
Saint-Louis a ses quartiers qui renvoient à des sonorités du Sud du pays (Sindoone : joola, baïnuk ?), du Nord (Loodo, Jukk, Jawlin), du Centre (Njolofeen), voire de l’Afrique forestière ou soudano-sahélienne (Senefobugu), bref de l’Afrique poreuse aux souffles d’Orient (Daaru Salaam) et d’Occident (Pikine sonne pulaar, portugais, latin).
Au moment où le virus entrait au Sénégal, les ravages en Europe (Italie, Espagne, France) étaient importants. Notre inquiétude a été grande quand, à Ségoufielle, dans la banlieue toulousaine en France, ma belle-fille et une de mes petites filles ont été touchées par le corona. Elles se sont tirées d’affaire, heureusement.
Nous n’avons pas osé informer leur arrière-grand-mère, Annie Sylla Caron, figure de mère Thérésa au Sénégal, au service des réfugiés, des élèves, étudiants sénégalais et africains, à l’écoute du clergé et des laïcs. Silence aussi sur le coup de sort, sur le décès de son grand frère, Paul Caron, banquier rigoureux, esprit généreux et curieux, admiratif et étonné des shows académiques, emporté par le corona à Paris, ancienne Lutetia qui doit son nom à Isis, l’Africaine. Per Isis, la maison d’Isis, ce qui permet de comprendre la dispersion du culte des Vierges Noires dans la vieille Europe (lire Jacques Bovin, Vierges Noires, Dervy, 2000, p.104).
Alors me reviennent à l’esprit les enseignements de mes anciens professeurs à Dakar, puis à Paris : Woronoff, Chiapore, Chaumartin, Lonis, Devisse, Leclant, Lalouette.
Tout cela semble compliqué pour mon fils cadet, aux inspirations multiples qui l’invitent à vouloir écrire contre Bush, Trump, Sarkozy.
Quand il m’a demandé des conseils pour l’écriture, je lui ai acheté Huis clos, les Mouches de Sartre, au moment où, en librairie, beaucoup se jetaient sur la Peste de Camus. Je ne sais pas s’il a lu le livre, j’ai senti en lui un intérêt soudain pour mes vieux dictionnaires grec (Bailly) latin (Gaffiot), Brugsch pour l’égyptien.
Nous sommes tous des antiquisants, des médiévistes, des modernistes, des contemporanéistes.
Nous sommes tous des Africains (des Tumai, des Lucie), des Amérindiens, des Américains, des Asiatiques, des Occidentaux, des Européens, des Occidentaux, des Océaniens.
Unis, solidaires, nous pouvons vaincre le Covid-19 et d’autres fléaux qui apparaîtront.
Retour sur la rive ferme
L’un des plus grands défis auxquels l’actuel gouvernement sénégalais est confronté demeure l’articulation des défis internes (réaménagements profonds de l’économie et du territoire, en respectant les normes environnementales consacrées, en faisant preuve de bonne gouvernance, scientifique et technique, politique, surtout électorale, économique, socio-culturelle, réligieuse et spirituelle) et externes (combat solidaire pour la réparation des crimes odieux coloniaux, néocoloniaux, pour l’annulation des dettes complices, illégitimes, illégales, pour l’accélération de la lutte pour un nouvel ordre mondial, en matière de sécurité, d’environnement, etc. ). C’est la voie royale pour la solidarité entre les peuples, le développement durable et la coopération mutuellement avantageuse
Ce jeudi matin, 28 mai 2020, je quitte mon bureau et repose mon stylo, tout en ayant à l’œil, la manne, le bourbier, le purgatoire libyen, si proche d’une des cornes septentrionales de l’Afrique. J’ai à l’esprit trois faits majeurs :
Au Sénégal, Dakar est la ville la plus infectée par le Covid-19 et à Dakar, c’est le secteur Ouest, surtout la zone Ouakam Almadies où j’habite, qui est le plus touché ;
C’est là où il y a les spéculations foncières, les constructions sauvages, les plus inouïes, les plus insolentes, les plus irresponsables au Sénégal et sur la Presqu’île du Cap-Vert. Des activistes, défenseurs de l’environnement, des socioculturels sont mobilisés.
Depuis quelques jours, la mobilisation grandit pour le recentrage africain et solidaire en matière de pharmacopée. Les luttes vont continuer, les victoires les plus belles sont souvent douloureuses. Mucc dans la belle langue wolof signifie délivrer, donner naissance après une grande souffrance. Moise ; Moshe, Muusa, le prophète vénéré par les trois (3) grandes religions monothéistes est égyptien et africain, le pauvre Freud a osé le dire et l’écrire. Moise comme tous les enfants qui ont pu être sauvés des eaux et s’épanouir, doivent respecter leurs mamans ; elles sont gentilles parfois, terribles à d’autres moments.
Dans notre espace familial, on cherche toujours et encore l’équilibre entre matrilinéarité et patrilinéarité, comme du reste entre sédentaires et nomades. Ce n’est pas facile, mais souvent c’est la première qui ressurgit fortement. Ainsi on jure par sa mère ma ñakk sama ndey, d’autres ajoutent sama geño baay, par la ceinture de mon père, mais en dernier ressort, dans la grande concession, on distingue les homonymes par la mère, je suis baptisé Mbay Ayda par ma mère, mon homonyme connu est Mbay Jaxu, frère aîné de mon père, différent de mon oncle, Mbay Maryaan. Ainsi Joob et Kamara ont leur dignité. Les Joob, Job en Gambie, proche de Job de la Bible, le pauvre, Jubba, les puissants rois des Mauretanies, avec leurs touffes de cheveux ou leurs belles plumes, comme chez les grues couronnées ou paons, jamba joob, coqs de pharaons, disent les Soninke, bref ils ont pensé prendre leurs distances vis-à-vis des fauves de la savane les Njaay Gaynde, les lions assaillants devant l’ Éternel et devant le reste du clan, de la tribu, même si parfois ils sont ensemble pour s’aventurer très loin jusqu’en Espagne avec les Almoravides depuis l’île à morphil, sur le fleuve Sénégal. Ainsi, la boucle est bouclée et le jeune Mbay tire profite de toutes les branches, ainsi stratégie et tactiques sont combinées. Il faut penser au manifeste des Romantiques et au grand Hugo avec Hernani. En substance, insensé, toi qui penses que je ne pense pas à toi, quand je parle de moi.
Cette leçon est dans nos mythes : les divinités les plus terrifiantes de l’Egypte pharanoique (la lionne Sekhmet, le crocodile Sobek, l’hippopoptame Tawrt) sont aussi symboles de fécondité et de vie nouvelle. La vie continue, elle continuera encore pour des siècles, des millénaires, qui sait ? Cheikh Anta diop a bien ouvert les esprits.
Fin de la version électronique et la version imprimée sera disponible plus tard, de même que la vidéo des parties iconographiques et musicales.
Version Arabe
مع فيروس كورونا أصبحت 2020 سنة عصيبة ومفيدة في نفس الوقت
من الصعب أن ننسى 2020، سنة انتشار وباء عنيد وصعب وسخيف، أثار خلافات عديدة هنا وهناك، داخل البلدان وبين الشعوب والأجناس.
قدِم هذا الوباء من بعيد متسللا من الشرق ومن القارة الأسيوية ومن الصين وتحديدا من محافظة ووهان مقتحما القارة الإفريقية ليستقر في داكار بشبه جزيرة الرأس الأخضر التي تشبه قدما ضخمة وسط الماء تربط افريقيا بالمحيط الأطلسي وتضم يافو وأوكام ونغور وألماديز.
قبل أن يغزونا، اجتاح هذا الوباء أوربا وامتد الى أمريكا فجعل العالم ينهار والأرض ترتعش.
يقول المؤرخون أن هذه ليست بالمرة الأولى التي تحل فيها جائحة على بلدة أو دولة أو مكان في العالم، لكن الجديد اليوم هو التفشي السريع لهذا الفيروس المستجد بسبب كثرة التفاعل والتواصل بين الناس وتعدد وسائل النقل والاتصال.
فانتشر القلق والتوتر بين الناس وتعددت الإصابات في صفوف الرجال والنساء والأطفال وارتفع عدد الضحايا بين كبار السن وأصحاب الأمراض المزمنة بسبب حدوث هذا الوباء الذي أرهب الصين، وطارد الأوروبيين والأمريكيين وجعل العرب يتنفسون بصعوبة وها هو الآن يصيب السود هنا في إفريقيا، فيخترق أسوار السنغال الذي كان يعتقد أهلها أنهم في مأمن من الخطر ومحصنين ضد كل شر.
فاحتار العالم والخبراء والأطباء والمعالجين ورؤساء الدول أمام فيروس غامض ومخيف، لا أحد يعلم من أين أتى. هل قام بتسريبه باحثون متهورون، أم هو مؤامرة، أم نتيجة صراع سياسي أو اقتصادي؟ سنكتشف كل هذا يوما ما. لا يجب أن ايقاظ أسد أصم وأعمى من نومه. أهو الخفاش من أيقظه من سباته أم حيوان آخر يباع في السوق؟
هل هو برغوث أم قمل أم عشبة ضارة؟ هل يعيش الفيروس في الاعشاب، أم في الأوراق؟ ستتم الإجابة على كل هذه الأسئلة يوما ما. لكن ما هو مؤكد الآن أنه يدخل جسم الإنسان وأنه معدي، ويسبب الحمى والسعال الجاف وضيق التنفس بالإضافة إلى سيلان الأنف والإسهال.
فالأمر الملح اليوم هو محاربة هذه الجائحة التي تجندت لها كل البلدان. هناك من اتخذ تدابير وقائية مثل الصين التي تمكنت من الحد من تفشي الفيروس وهناك من تأخر في اتخاد الإجراءات اللازمة لمواجهته كإيطاليا وإسبانيا فرنسا وأمريكا فاحتاروا بما أصابهم. إلا أن الضربة كانت قاسية موجعة للجميع بما فيهم السكان الأصليين أو الأجانب المقيمين أو المستثمرين أو كل عامل يشتغل لربح المال.
الحلول والوسائل:
انتشر هذا الفيروس فقدمت بلدان مثل الصين الخبرة والذكاء والأبحاث وعملت على تطبيق الحجر الصحي وفرض حظر التجوال وعزل المصابين ثم شرعت في البحث عن علاج قد يكون مفيدا.
بينما استعان بعض الأشخاص في بلدان أخرى بوصفات تقليدية يعتقدون أنها مانعة للإصابة بعدوى الفيروس ووجد آخرون ملاذهم في الدين معتقدين أن فظاعة البشر أثارت غضب الإله فدعوا للرجوع إلى اعتناق المبادئ التي علمها الأنبياء.
حان الوقت لقراءة القصيدة الجميلة «Xarnu bi» للشاعر Serigne Moussa Ka الذي وصف فيها الأزمة الاقتصادية التي عرفها العالم في أواخر عشرينات وبداية ثلاثينات القرن الماضي والتي تناول فيها كل مناحي الحياة ولم ينس شيئا أبدا بحيث تحدث عن الاقتصاد والثقافة والدين والعادات والتقاليد والزوايا الدينية والصوت الذي ينشد تراتيل الذكر والخلاص والنعيم. يجب أن نتذكر دائما أن أسلافنا من كيميت ومصر القديمة كانوا أول من تحدث عن الحياة والموت والفرح والحزن.
هنا في السنغال
في بلدنا العزيز، أجرى الرئيس ماكي سال سلسلة من المشاورات مع قادة المعارضة السياسية والمنظمات النقابية والمجتمع المدني والبرلمانيون بخصوص الوباء المستجد وطرق الوقاية منه فلم يبخل أحدهم بما أوتي من معرفة ووسائل وموارد لمحاربته.
كما بذل الباحثون والأطباء قصارى جهدهم للسيطرة على الفيروس والحد من تفشي هذا المرض وتفادي حصول الإغراق الوبائي. وبعد شهر من اكتشاف أول إصابة بهذا الفيروس في السنغال، بلغ العدد الإجمالي للإصابات 195 حالة، 40 في المائة منها قادمة من الخارج، و56 في المائة من المخالطين للحالات الإيجابية و4 في المائة انتقال محلي وبالتالي يصعب تحديد مصدر أو أصل الإصابة.
وأمام عجز إجراءات الرصد والتقصي عن الوصول لسبب الإصابة أو تحديد رابط وبائي بين سلاسل الانتشار تصبح الاجراءات الوقائية هي الحل الوحيد لمواجهة كورونا المستجد مع مضاعفة وسائل الوقاية والرعاية والعلاج كما قال البروفيسور " Seydi " منسق عملية المكافحة ضد فيروس كوفيد وفريقه المكون من الدكتور Abdoulaye Bousso، و Alpha Sall، و Moussa Diarra Béye الذين قاموا بحملات لتوعية الشعب والتخفيف من قلقه وتقديم مجموعة من النصائح قد تنقذ حياتهم.
صحيح أن هناك بعض السينغاليين قد فارقوا الحياة داخل البلاد أو خارجها نذكر منهم على سبيل المثال مابابا ديوف، رجل شريف وذو قيمة عالية زيادة على كونه رائدا في عالم الرياضة على المستوى الوطني والدولي ومعلم عظيم بحيث ترأس نادي أولمبيك مرسيليا لكرة القدم في فرنسا.
ماذا يخبئ لنا المستقبل يا ترى؟
الإهمال يقتل والغفلة لا زالت مستمرة والغباء والندم يسيران معا وتبقى الصحة والتعليم والمعرفة والخبرة من الأولويات التي يجب أن تؤخذ بعين الاعتبار.
فالطريق الوحيد لمواجهة التحديات الطارئة هو العودة إلى تعاليم الحكماء القدامى والتمسك بالشورى وترجمة الاستنتاجات والتوصيات إلى أفعال. كما يجب على الباحثين رفع تحدي التعاون فيما بينهم والحوار مع القادة والمسؤولين من مختلف مجالات الحياة.
بينما أنتم أعزائي المواطنين في هذه القرية العالمية، ستكون هذه السنة طويلة جدا وستبدو كمصاصي الدماء أو كالقزم الخرافي أو كحصان إبليس يعرج برجـْل واحدة ولا يعطي أية فرصة لبوم الليل العنيدة.
ها هو إذن الوحش الذي أرعب الناس قد أدى ببعض المراهقين يصرحون باكتشاف علاج جديد أو لقاح سيقومون بتجريبه على الأفارقة لاختبار إمكانية تصديه لفيروس كورونا.
كيف نرد على هذه الإساءة؟ بالاحتقار أم بالاحتجاج؟ فاستمرار وجود الإيديولوجيا الاستعمارية في أوروبا لا يمكن التغاضي عنه. والشعب السنغالي كسائر الشعوب الأخرى قلق لهذا الوضع، وبالتالي يجب توخي الحذر والا سنجدهم يعاملوننا كآكلي لحوم البشر وينعتوننا بالسحرة.
ما العمل إذن؟
يجب الحفاظ على الهدوء والوضوح والدقة في التصور وتطوير البحث، والتماسك والتآزر، بالإضافة إلى الرفع من مستوى الوقاية وتعزيز الرعاية الصحية.
لاحظنا أن بعض الدول الافريقية مثل ليسوتو وجزر القمر والملاوي والسودان وسان تومي التي لم تتأثر بعد بشكل كبير بفيروس كوفيد COVID لا تزال بعيدة نسبيا عن صدام المنافسة اﻟﻌﺎﻟﻤﻴﺔ اﻟﻤﻔﺘﻮﺣﺔ ولم تندرج كليا في اﻟﻌﻮﻟﻤﺔ. لهذا يجب على جميع البلدان الأفريقية أن تعمل معًا لبناء أفريقيا متحدة ومتماسكة.
كتب هذا النص ذ. باباكار ديوب بوبا، رئيس جمعية التعاون الافريقي لمحو الأمية وتعليم الكبار ورئيس سابق لجمعية ANAFAونائب منسق مشروع التاريخ العام في السنغال.
ترجمته للفرنسية السيدة سي خلي فال كوليبالي وللعربية ذة سميرة الدليمي
LES BANQUES DE SANG QUASI-VIDES
La pandémie de Covid-19 appauvrit les banques de sang, surtout qu’il y avait déjà des déficits récurrents. Les chiffres actuels inquiètent
Depuis l’avènement du coronavirus au Sénégal, les réserves en poches de sang s’amenuisent. Les Sénégalais ne donnent plus de leur sang. Juste avant la mi-mars, le directeur du Centre national de transfusion sanguine (CNTS) Saliou Diop, lançait l’alerte. Une baisse de 25 % a été enregistrée. ‘’Nous avons constaté que, depuis la communication qui est faite pour éviter les rassemblements, on a une réduction importante du nombre de donneurs de sang’’, disait-il. D’ailleurs, depuis cette date, il ne cesse de rassurer les populations sur le fait que toutes les dispositions ont été prises pour que les collectes se fassent sans aucun risque de contamination.
Toutefois, ses multiples appels contre le report ou l’annulation des collectes sont restés vains. Chose qui aggrave le déficit.
Les besoins nationaux sont estimés à 150 000 poches par an. La pénurie de sang est récurrente. En 2018, par exemple, il y a eu un gap de 52 000. Mais cette année, la pandémie a enfoncé le clou. Or, 25 % des femmes décèdent lors d’un accouchement en raison d’hémorragies. Il va de soi que, si la situation perdure, la mortalité maternelle a encore de beaux jours devant elle. A cela s’ajoute les malades souffrant d’insuffisance rénale. De l’avis du professeur Saliou Diop, on ne doit pas attendre que l’urgence soit là pour réagir. ‘’Dans les pays développés, on a 30 dons pour 1 000 habitants, pendant qu’au Sénégal, nous sommes à 6,5 pour 1 000 habitants. Il existe beaucoup de raisons socio-économiques qui font que tout le monde ne participe pas à l’effort du don de sang. Plusieurs Sénégalais n’ont pas accès aux médias’’, ajoute-t-il.
Le 27 mars, l’agent de sensibilisation Serigne Mame Mbaye Koté décrivait, dans une interview avec ‘’EnQuête’’, une situation intenable. ‘’En temps normal, nous avons entre 50 et 60 poches par jour. Actuellement, le maximum atteint, c’est 20. Ce qui veut dire qu’il y a un manque qu’il urge de corriger. La norme, c’est d’avoir 10 poches pour 1 000 habitants. Avant l’épidémie, nous étions à 6 poches pour 1 000, mais en ce moment, nous n’avons même pas 2 poches pour 1 000 habitants’’.
De ce fait, le centre ne gérait que les urgences, à savoir les opérations et les femmes en salle d’accouchement. Sauf que là encore, la quantité transfusée est réduite.
Ce samedi, une collecte d'urgence est organisée au CNTS qui espère enregistrer une forte mobilisation. Ses membres ont lancé une alerte dans les réseaux sociaux et dans les médias à l’endroit de certaines associations, pour inciter les Sénégalais à réagir.
3 QUESTIONS A FATOU KINE DIOP DIONE (chargée de communication au CNTS)
‘’Les frigos sont vides, il n’y a plus de stock de sang disponible’’
La pénurie de sang, cette année, est plus prononcée, vu le contexte. Au Centre national de transfusion sanguine, on a choisi de mettre l’accent sur les alertes via Internet.
Le centre a donné plusieurs alertes ces dernières semaines. Quelle est la situation actuelle au niveau des banques de sang ?
Depuis le début de la pandémie, la difficulté majeure du Centre national de transfusion sanguine, c'est que les donneurs se font de plus en plus rares. Certains ont peur de venir dans les structures de santé, pensant qu'ils pourraient être contaminés par le virus. D'autres sont confinés. L'autre problème, c'est que nous avions l'habitude d'organiser des collectes mobiles, c'est-à-dire en dehors du centre, dans les ministères, les entreprises, les écoles, etc. Vous constatez que les écoles sont fermées, la majorité des entreprises, les mosquées également et en plus les rassemblements sont interdits. A cause de tous ces facteurs liés à la pandémie, nous recevons de moins en moins de donneurs bénévoles et volontaires. Ce qui entraîne une rupture du stock de sang.
A Dakar, la situation est visiblement préoccupante. Comment se présente-t-elle dans les régions ?
Nous sommes dans un pays constitué de 95 % de musulmans et nous venons de terminer le mois de ramadan. Donc, dites-vous que 95 % de la population ne viendra pas donner du sang, parce que, quand on jeûne on ne peut pas faire de don de sang. Les 5 % de la population qui reste, c'est-à-dire les chrétiens, avait l'habitude d'organiser des collectes dans les églises, durant le mois de ramadan.
Ce sont eux qui nous aidaient à tenir, mais puisque cette année, les églises sont fermées et les rassemblements interdits, vous pouvez imaginer la catastrophe. Cela, même si avant le mois de ramadan, nous avions essayé d'organiser des collectes avec les associations et même dans les régions et avec certaines structures, malgré la pandémie, en mettant en place et en respectant les mesures d'hygiène pour essayer de continuer à sauver des vies...
Au centre, durant ce mois, on recevait pour la plupart des ‘’dons en faveur de’’ c'est-à-dire un donneur qui vient se faire prélever pour son malade. Sur 10 donneurs, les 8 étaient des ‘’dons en faveur de’’. Face aux cas d’urgence, les patients étaient obligés de demander à leurs familles de venir donner de leur sang, pour pouvoir subvenir à leurs besoins en transfusion. La conséquence, elle est là, palpable. Les frigos sont vides, il n'y a plus de stock de sang disponible et les malades attendent d'être transfusés. Il y a une pénurie de sang, malgré toutes les stratégies mises en place pour parer à cette situation.
Quelles actions menez-vous en termes de sensibilisation ?
La sensibilisation au CNTS se fait tous les jours à travers les réseaux sociaux, les médias. Nous n'attendons pas les situations d'urgence pour sensibiliser. Mais face à chaque situation, nous mettons en place des stratégies que nous adaptons, même s'il y a parfois des réticences. Le message que nous lançons encore à la population est de ne pas attendre les situations d'urgence. En cette période de pandémie, il y a toujours des malades qui ont besoin de sang. Nous avons mis en place, dans nos structures, des mesures de sécurité et d'hygiène, comme il est recommandé. N'arrêtons pas de donner du sang, nous devons sauver des vies. Demain (aujourd’hui samedi) nous espérons recevoir du monde et cela permettra de conscientiser encore sur le don de sang. Des masques seront distribués aux donneurs et nous veillerons au respect des mesures préventives.
par Siré Sy
SENGHOR, LA CAROTTE ET LE BÂTON (1/4)
EXCLUSIF SENEPLUS - Dans sa méthode de gestion de crise, l'ancien chef de l'Etat pouvait se révéler d’une brutalité inouïe et d’un art maîtrisé de la manœuvre périlleuse - PRÉSIDENT ET GESTION DE CRISE, ‘’QUAND L’HEURE EST GRAVE !’’
L’adage dit que c’est au pied du mur que l’on reconnaît le maître-maçon. Dans la même temporalité, c’est par et dans la gestion de crise(s) de magnitude ‘’secousse du régime’’ sur l’échelle d’une Nation-État, que l’on apprécie les choix, les décisions et le leadership d’un chef d’Etat dans sa fonction de président de la République. Le Think Tank Africa WorldWide Group en partenariat avec SenePlus vous propose Feuilleton managérial : Président et Gestion de crise, ‘’quand l’heure est grave !’’. Pour cette première épisode de ''Président et Gestion de crise ‘’quand l’heure est grave’’, Style et Méthode de gestion de crise du président Léopold Sédar Senghor (Léo le poète).
Sous Senghor, la gestion de crise, en tant que Management de la Très Haute Performance, était avant tout, Poésie et Figures de style. Tantôt en analogie (en comparaison, ou en métaphore, ou en allégorie, ou en personnification). Tantôt en substitution (en métonymie, ou en synecdoque, ou en périphrase, ou en antonomase). Mais toujours en Rhétorique et en Style. Dans son Style de gestion de crise ‘’l’heure est grave’’, le président Senghor, est poète en la matière. S’il n’est pas l’acteur principal, il en est le metteur en scène ou alors le réalisateur. Jamais dépassé par les événements. Dans sa Méthode de gestion de crise, Senghor pouvait se révéler d’une brutalité inouïe et d’un art maîtrisé de la manœuvre périlleuse. Au point que Senghor, tout en gérant et incarnant le pouvoir politique d’Etat, savait aussi jouer tantôt les figures de l’opposition (en antithèse, ou en antiphrase, ou en oxymore), tantôt jouer les figures de l’amplification (en hyperbole, ou en gradation, ou en répétition).
Le président Senghor, durant sa présidence (1962-1981) a eu à faire face à trois crises de magnitude ‘’secousse du régime’’: une crise politique, une crise universitaire et une crise alimentaire. Le président Senghor, au chapitre de sa gestion de sa crise politique de 1962, s’en est sorti haut la main, en parvenant à caporaliser le pouvoir judiciaire et faire coffrer Mamadou Dia, à la suite d’une parodie de justice. Avant de régner pendant vingt ans sans tempêtes politiques majeures ; en instaurant l’hyper-présidentialisme, un monarque républicain. Au chapitre de sa gestion de sa crise universitaire de Mai 68 qui a failli l’emporter pour de peu, lui et son régime, le président Senghor a pu redresser la barre et reprendre les choses en main, in-extremis, au prix de plusieurs concessions et compromis accordés. Enfin, le président Senghor va faire face à la pire crise alimentaire qu'a connue le Sénégal, la crise de la famine due à la grande sécheresse des années 1973-1974. On n’avait jamais vu une telle sécheresse au Sénégal, écrira le président Senghor, dans l’un de ses formidables textes. Le président Senghor se sortira de cette terrible crise alimentaire - la famine -, en s’endettant auprès du FMI et de la Banque mondiale. C’est d’ailleurs, l’acte fondateur des relations Sénégal-Institutions de Bretton Woods, qui jusqu’à ce jour, nous tiennent la gorge. Pour gérer cette crise, Senghor va s’offrir à l’Aide au Développement et ouvrir le Sénégal sur les marchés du Capitalisme libéral.
En 1980, le président Senghor a vu venir à vive allure et en grande chevauchée, un Nouvel Ordre Mondial, un nouveau Monde : la Mondialisation/Globalisation. Sentant qu’il a fait son temps et réalisant qu’il faut changer complètement de disque dur mental pour affronter les défis et les pièges du Monde Nouveau (la Mondialisation) qui pointait à l’horizon, Senghor organise sa succession en 1981, en se choisissant son propre successeur- un homme de son temps à l’époque -. Éminemment poète et foncièrement intellectuel, Senghor au sommet de son art, a préféré partir quand tout le monde lui demandait de rester que de rester quand tout le monde lui demandera de partir.
Lundi 1er Juin 2020, votre épisode (2/4) portera sur le président Abdou Diouf - Président et Gestion de crise, ‘’quand l’heure est grave!’’
EXCLUSIF SENEPLUS - Tu ne m’empêcheras pas de dire gloire aux travailleurs de tous ordres : médecins, personnels soignants, forces de sécurité. Authentiques soldats de la Nation, qui avez su répondre au rendez-vous de l’Histoire (français & wolof)