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3 mai 2025
Développement
par Siré Sy
ABDOULAYE WADE, AUDACE ET ORIGINALITÉ (3/3)
EXCLUSIF SENEPLUS - Il lui a manqué durant tout son magistère, un dispositif central de planification pour exécuter ses idées sans trop perturber le fonctionnement de l’Etat - PRÉSIDENT ET GESTION DE CRISE, ‘’QUAND L’HEURE EST GRAVE !’’
L'adage dit que c'est au pied du mur que l'on reconnaît le maître-maçon. Dans la même temporalité, c'est par et dans la gestion de crise (s) de magnitude ‘’secousse du régime’’ sur l'échelle d'une Nation-État, que l'on apprécie les choix, les décisions et le leadership d'un chef d'Etat dans sa fonction de président de la République. Le Think Tank Africa WorldWide Group vous propose Feuilleton managérial : Président et Gestion de crise, ‘’quand l'heure est grave!’’.
Pour cette troisième épisode de ''Président et Gestion de crise ‘’quand l'heure est grave’’, Style et Méthode de gestion de crise du président Ablaye Wade, ‘’Gorgui'', le Mao sénégalais.
Dans son style de gestion, on peut noter une volonté très poussée du président Wade à redonner aux Sénégalais, une capacité de rêver, d’échapper à l’adversité et à la dureté des contraintes économico-sociales, à travers un sens d’innovation et d'imagination extrêmement fertiles. Il a juste manqué au président Ablaye Wade durant tout son magistère, un dispositif central de planification, à même de mettre ses idées en ordre et de les exécuter, sans trop perturber le fonctionnement de l'Etat et de la chose publique.
Dans sa gestion de crise ‘’quand l'heure est grave’’, le président Wade n'aura jamais subi l’agenda d’une crise, ne s'est jamais laissé débordé par une crise, quitte même à créer une crise sur la crise. Wade, un illustre metteur en scène politique. L’autre trait de caractère si saisissant dans le style et la méthode Wade, c’est sa capacité de dépassement des adversités et de pardon aux Hommes. Wade se voyait presque comme un grand-père et/ou comme un père et les Sénégalais étaient ses petits-enfants voire ses enfants. Et en tant que tel, une issue heureuse est toujours trouvée. N’est-ce-pas ?
Une médaille a forcément un revers. Si dans son style et sa méthode, le président Senghor fut ‘’prestige et autorité’’, le président Ablaye Wade, dans son style et sa méthode, fut frappé par cette démesure que De Gaulle appelait ‘’la passion d’étendre coûte que coûte, sa puissance personnelle au mépris des limites tracées par l'expérience humaine, le bon sens et la loi.”
Le président Abdoulaye Wade, sous sa présidence (2000-2012), a eu à faire face à trois crises d’amplitude ‘’secousse du régime’’ sous l'échelle d'une Nation-État : une crise énergétique, une crise financière et une crise alimentaire. Le président Abdoulaye Wade, au chapitre de sa gestion de la crise énergétique (pétrole et électricité), n'a pas pu empêcher des émeutes de l'électricité, une saignée des finances publiques et du budget, à hauteur de plus de mille milliards de Francs CFA, sans résultat probant. S’il y a un goût d'inachevé dans le magistère du président Wade, c'est bien la gestion de cette crise énergétique, avec un prix du baril à 190 dollars et un rationnement dans la fourniture de l'électricité aux entreprises et aux ménages. Cette crise énergétique fera partie des causes qui vont emporter le président Wade et son régime.
Le président Wade va aussi faire face - de manière indirecte - à une crise financière, qui aura un fort impact dans le parachèvement de ses chantiers. Au point que le président Wade, pour s'en sortir et reprendre les choses en main, va s’ouvrir et ouvrir l'économie sénégalaise, aux capitaux du Moyen et Proche Orient et aux capitaux des pays d’Asie.
Et enfin, le président Wade va faire face à une crise alimentaire qu’il aura brillamment gérée. Car dans un contexte de crise alimentaire mondiale, au point de dégénérer vers des émeutes et des saccages un peu partout en Afrique, Wade a lancé l'opération Goana, en réhabilitant la production horticole, rizière et de contre-saison. L’une des prouesses qu’aura réussi le président Wade, dans la gestion de cette crise alimentaire, c'est de lancer le go d'une perspective vers une autosuffisance alimentaire qui reste à parachever.
Ablaye Wade, le ‘’Mao Sénégalais’’
Mao Zedong, est l'homme de la Longue marche (1934-1935) chinoise. Une marche qui posa les premiers pas de ce qui est le grand reclassement de la Chine, que Deng Xiaoping, a eu à parachever et que Xi Jinping est en train de consolider. La Chine, au centre du monde, précurseur et grand vainqueur de la mondialisation.
Ablaye Wade est celui qui a posé le Sénégal, sur des rails nouveaux, à partir de 2000, en permettant au Sénégal, d’emprunter une toute autre trajectoire historique dans sa marche vers le progrès. Ablaye Wade est pour le Sénégal et l'Afrique, ce que fut Mao Zedong pour la Chine et l'Asie. Une idée de la Politique et du Temps. Un temps appelé à survoler le temps, pour s'inscrire dans la durée imputrescible des époques sublimées, celles qui éclairent la marche d'un pays, le Sénégal ; la marche d'un continent, l'Afrique. Si pour Mao Zedong, ses écrits théoriques et sa pratique politique ont donné naissance à un courant marxiste-léniniste connu sous le nom de maoïsme ; les écrits théoriques et la praxis politique d’Ablaye Wade ont donné naissance à un courant du libéralisme à l’africaine qu'est le Wadisme, une doctrine économique et politique dite du Libéralisme-interventionnisme.
Durant ces deux mandats, Ablaye Wade, orateur doué et fin tacticien, fait passer le nombre de collèges de 220 en 2000 à 749, et celui des lycées, de 48 à 134. Sur la même période, le budget de l’Éducation nationale a quadruplé. Ablaye Wade lance de grands travaux pour moderniser le Sénégal, réaménage le port de Dakar, construit un nouvel aéroport international, une nouvelle autoroute et étend l’électricité dans les campagnes. Sur le plan de la santé, Ablaye Wade double le nombre de structures sanitaires (18 centres médicaux), améliore les conditions d'accès à l'eau potable et parvient à faire baisser la mortalité infantile. Ablaye Wade développe une grande politique agricole, la Grande offensive agricole pour la nourriture et l'abondance (Goana) qui va changer la carte agricole du Sénégal (riz, arachide et horticulture). Sur le plan économique, entre 2000 et 2010, Ablaye Wade relève la situation économique du Sénégal, avec un taux de croissance (+4%) supérieur à celui des années 1990, une inflation contenue et des ressources de l'État en constante augmentation. Sur le plan international, Ablaye Wade inaugure l’ère de nouveaux partenaires économiques avec le Moyen-Orient et l’Asie et promeut le Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD), projet panafricain visant à faire entrer l'Afrique dans le commerce mondial et à se libérer de l'assistanat.
A suivre, l'épisode consacré au président Macky Sall
La crise actuelle du coronavirus (Covid-19) a donné un nouvel élan à la nécessité, pour les pays africains, de créer des registres fonciers complets et à jour, selon le Centre africain sur les politiques foncières
La crise actuelle du coronavirus (Covid-19) a donné un nouvel élan à la nécessité, pour les pays africains, de créer des registres fonciers complets et à jour, selon le Centre africain sur les politiques foncières. Ceci pour protéger les droits fonciers des citoyens ordinaires, en particulier dans les zones rurales. ‘’EnQuête’’ a saisi l’occasion pour s’entretenir avec l’expert foncier Alla Kane, par ailleurs Inspecteur des impôts à la retraite, de la situation de la réforme du foncier au Sénégal.
Le Centre africain sur les politiques foncières plaide pour la numérisation des registres fonciers en Afrique. Au niveau national, où en est le Sénégal ?
Je suis pour une réforme foncière radicale, contrairement à ce qui se passe actuellement qui est plus informel. Parce que le Sénégal continue de vivre sous deux régimes de gestion des terres. Il y a le régime de l’immatriculation et le régime de droit coutumier. Là, la propriété est bien marquée, notée et, enfin, elle est en général définitive. Dès que vous avez un titre foncier, vous devenez le propriétaire définitif. Vous êtes inattaquable. Tout est publié dans des fichiers administratifs qu’on appelle la conservation foncière. Le second régime est celui du domaine national. Il régit la majorité des terres du Sénégal. Plus 80 à 85 % des terres sont sous le régime du domaine national. C’est une façon de formaliser l’informel. Parce que toutes les terres qui ne sont pas immatriculées tombent dans le domaine national et les terres immatriculées sont seulement 10 à 15 % de l’ensemble de la superficie de notre pays. C’est seulement ces terres qui sont gérées de manière claire, précise, car concernant des terres immatriculées, bien définies et bien gérées par des services qui sont là.
Le régime du domaine national date de 1964, avec la loi 64-46 du 17 juillet 1964 qui a instauré le domaine national. Car il fallait régler la gestion après l’indépendance. Quand on accédait à l’indépendance, il y avait deux régimes fonciers au Sénégal : l’immatriculation et le droit coutumier. Les terres qui n’étaient pas immatriculées étaient relevées de la gestion coutumière. Ce sont les chefs qui détenaient les terres et qui les géraient au nom de la communauté.
Quand on a eu la loi 1964, on a dit qu’il fallait faire une réforme foncière qui a donné la loi 64-46. Cette loi stipule que toutes les terres qui relevaient du droit coutumier devenaient propriétés de la nation. Ceux qui détenaient les terres sous le régime de l’immatriculation continuaient de détenir leurs propriétés. Et c’est ce qui continue jusqu’à présent. Pour moi, il faut immatriculer toutes les terres. Comme nous avons des institutions ici, il y a le pouvoir central et celui local, il faut essayer d’immatriculer les terres qui relèvent du domaine national dans les communes, au nom des communes d’abord qui vont les gérer. Et quand on aura immatriculé les terres, il y aura un second choix qui va intervenir : c’est la phase de la codification.
Quelle est la pertinence de cette codification ?
Il faudra codifier pour dire que ces terres qui sont immatriculées, comment on doit les gérer ; s’il faut y accéder, comment il faut faire. Quand on s’inspire du domaine de l’Etat, il y a un code qui définit le contenu, la nature de ce domaine, comment l’Etat gère ce domaine, comment le céder. Si on peut accéder à une terre immatriculée au nom de l’Etat, on introduit une demande que l’Administration instruit pour, en fin de compte, qu’on accède à notre demande. C’est ce qui manque au domaine national. On a laissé cela aux mains de collectivités locales qui font des délibérations qui ne sont pas gérées. C’est de l’informel. De mon point de vue, c’est de manière informelle qu’on gère les terres. Je me bats depuis longtemps pour qu'on immatricule toutes les terres du Sénégal, en nous basant sur l’expérience et en créant les conditions d’une gestion claire de ces terres. Quand on aura immatriculé les terres, l’autre phase sera la codification.
On a le code routier, le code forestier, celui de la pêche, etc. Les codes, c’est pour définir les modalités d’accès à une chose. Donc, il faut immatriculer. Les terres qui sont en milieu rural, on les immatricule au nom des collectivités locales qui vont avoir un patrimoine foncier. Mais, après, il ne faudra pas les laisser comme cela avec ces terres. Il faudra un code de gestion de ces terres pour dégager les voies claires par lesquelles ces collectivités doivent passer pour gérer. Ce sera l’occasion maintenant quand les jeunes auront des projets de déposer leur demande pour qu’on puisse leur affecter des terres, de même que les femmes rurales pour exploitations agricoles.
Mais je constate qu’avec le régime présidentiel, le régime politique qui est le nôtre, le pouvoir central n’est pas prêt à céder cette prérogative dans la gestion de toutes terres aussi bien celles du domaine de l’Etat que celles du domaine national. Il faut franchir le pas pour que le pouvoir local puisse avoir son domaine foncier qui est immatriculé à son nom, qui dégage également les modalités de gestion qu’on appelle le Code du domaine immobilier des collectivités locales.
Donc, on peut en déduire que l’immatriculation des terres est différente de la codification et la numération ?
La numérisation, c’est pour les pays qui n’ont pas de régime clair et précis. Il faut respecter le processus historique ; à savoir comment l’histoire s’est déroulée dans nos pays. Avant la colonisation, c’était le droit coutumier. La propriété était communautaire, collective. Il y avait les patriarches qui géraient les terres au nom de la communauté. Quand la colonisation est intervenue, la puissance coloniale a introduit un territoire foncier au Sénégal et dans les pays de l’ancienne AOF (Afrique occidentale française). Ils ont introduit l’immatriculation. On immatricule une surface au nom de l’Etat ou d’une famille sous le régime du droit coutumier et on dit que cette terre d’une superficie de tant d’hectares, appartient à telle personne. Et on l’enregistre dans un registre qu’on appelle le livre foncier. C’est ça la vraie numérisation. Cela porte un numéro. Donc, tous les titres fonciers sont numérisés et chaque région a son livre foncier. Quand tu vois DG, c’est Dakar-Gorée ; NGA, c’est Ngor-Almadies ; SS, c’est Sine-Saloum ; TH, c’est Thiès. Chaque région a son livre et quand on donne un titre foncier, on donne également un numéro. Ce qui est définitif et inattaquable. Parce qu’il y a un service qui est là et qui le gère.
Le titre foncier a également une vie. Quand on le vend, on va devant un notaire qui va, à son tour, à la Conservation foncière pour déposer l’acte de vente pour permettre au conservateur de pouvoir changer, pour mettre que M. X a vendu à M. Y telle terre à qui revient la propriété. Et si demain M. X mourrait, ses héritiers vont chercher un jugement d’héritier qu’ils vont déposer à la Conservation foncière et le conservateur va corriger le nom des héritiers qui se trouvaient le jugement d’héritier. Désormais, la propriété passe du défunt à ses héritiers. Et quand on le vend, la propriété passe de vendeur à l’acheteur.
Le droit coutumier a résisté à la colonisation, mais les terres immatriculées ne couvraient que 2 % de la superficie nationale. Donc, les 98 % relevaient encore du droit coutumier, quand on accédait encore à l’indépendance en 1960. Les gouvernants qui sont venus ont étudié la situation se sont rendu compte qu’il fallait évoluer. Parce qu’on avait une nation indépendante. Ainsi, ils ont versé les 98 % des terres qui relevaient du droit coutumier dans le régime du domaine national. C’est l’Etat qui va surveiller la gestion de ces terres. Le Sénégal a tellement évolué qu’il faut faire le pas nécessaire qui est la réforme foncière intégrale qui va immatriculer toutes les terres. Celles rurales, on les immatricule au nom des communes rurales et les terres des communes urbaines, au nom des communes urbaines. Et dans la définition des terres du domaine national, il y a la zone des terroirs, les zones pionnières, forestières et les zones urbaines.
Les zones pionnières qui ne relèvent d’aucune institution, on les immatricule au nom de l’Etat du Sénégal. Et chaque commune aura son domaine foncier immatriculé à son nom. On aura délimité toutes les communes et ce sera très bien. Pour assurer la réforme, il faudra codifier la gestion au code du domaine foncier national ou communal. Comme on a un code du domaine de l’Etat qui réunit tous les domaines de l’Etat, on aura un code du domaine immobilier communal.
Mais, aujourd’hui, on laisse cela entre les mains des maires qui font des délibérations qui ne sont pas encadrées. Il n’y a pas de code. C’est ce manque de code qui fait que les maires font ce qu’ils veulent. Ce qui amène les conflits fonciers récurrents qui secouent nos pays. Pour la numérisation, il y a déjà, avec l’immatriculation, des terres qui sont numérisées. Mais il faut faire la part des choses. A la place de numériser, il faut dire immatriculer. Sinon, cela va créer une confusion et cela va encore retarder la réforme foncière qui est vraiment arrivée à son heure.
Si je vous comprends bien, l’immatriculation des terres va renforcer la transparence dans la gestion foncière ?
Exactement ! Maintenant, il y a le pouvoir central qui est le président de la République, avec le présidentialisme qui caractérise le régime politique. Avec la boulimie du pouvoir que nous avons ici, le président, quand il a un mandat, il veut un deuxième et quand il a un deuxième mandat, il cherche à avoir un troisième. Et le foncier est devenu une arme de guerre. Donc, le pouvoir central n’est pas encore prêt à céder au pouvoir local cette prérogative. Pour moi, la numérisation est quelque chose de limite. Qu’est-ce qu’on numérise ? Il n’y a que les terres de manière générale qui sont là, qu’on gère de manière informelle. C’est le conseil municipal, les maires dans les communes qui font ce qu’ils veulent, parce que rien n’est défini. Il y a la loi et ses décrets d’application.
Il y a des terres qui sont immatriculées au nom de l’Etat, d’autres au nom de particuliers, celles qui sont au nom des sociétés. La Sonatel a des terres, les banques ont des titres fonciers, etc. Quand on a un titre foncier, cela veut dire qu’on est propriétaire d’une parcelle de terre qui a un numéro qui est déjà numérisé. Donc, il faut qu’il précise ce qu’ils appellent numérisation. Tous les conflits qui ont lieu maintenant ne portent pas sur des titres fonciers. Ils portent plutôt sur le domaine national. Donc, il faut régler ce domaine national, nous pousser vers l’immatriculation une fois pour tout. Il faut aller au-delà de la numérisation, en immatriculant et en codifiant les terres qui relèvent du domaine national, pour régler définitivement les litiges fonciers au Sénégal.
Quel est le lien entre une bonne gouvernance foncière et le développement agricole, surtout en milieu rural ?
Si on a des terres immatriculées au nom d’une commune, elles appartiennent à celle-ci. On a la superficie totale qu’on a délimitée. C’est pour la commune et non pour le maire, ni pour le conseil municipal. Il faut, après, codifier cette propriété et pour accéder à ces terres, quelles sont les procédures qu’il faut faire ? Au niveau de l’Etat, il y a la Commission de contrôle des opérations domaniales (CCOD) et toutes les demandes faites sur la propriété privée de l’Etat doivent être d’abord traitées au niveau local avant d’arriver à la CCOD qui a une composition définie par un décret, toujours dans le cadre du Code des domaines de l’Etat. Ses membres se réunissent et se prononcent sur les rapports de toutes les demandes qui sont faites à travers le Sénégal et donnent leur avis. La CCOD peut donner un avis favorable et qu’elle transmet au directeur des Domaines qui le retourne au niveau des régions. C’est ainsi qu’on fera un bail avec une redevance par an. Et c’est comme ça qu’il faut faire pour la commune de Sangalkam.
L’immatriculation va permettre de moderniser les campagnes. Quand on aura immatriculé les terres, au nom des communes rurales, tous les villages qui relèvent de la commune, on va leur soumettre un plan de lotissement. On va enfin lotir les villages sénégalais qui ne le sont pas jusqu’à présent. Nous sommes au XXIe siècle, les villages ont la même configuration qu’ils avaient au début du XXe siècle. Il faut à partir de là, lotir, attribuer à chaque habitant du village le numéro de sa parcelle et essayer même des recettes pour renflouer les caisses de la commune, en demandant, par exemple, que chaque propriété de terrain donne chaque année 2 000 à 5 000 F CFA pour le budget de la commune.
Enfin, les habitants du village sauront la délimitation exacte de leurs parcelles et ils vont, à partir de ce moment, ils vont pouvoir transformer leurs conditions d’habitation, construire. On fera également la même chose pour les champs qu’on va délimiter et les donner en bail à ceux qui le veulent. Maintenant, le reste, on en fait un capital foncier pour les investisseurs qui voudront venir investisseurs dans le village. Il faut également des baux qui vont permettre des rentrées d’argent dans les caisses de l’administrateur. Cela a beaucoup d’avantages. Mais, dans la situation actuelle, c’est dans l’informel.
DES TÂTONNEMENTS QUI AMPLIFIENT LE DOUTE
Les autorités ont décidé de procéder à un nouvel assouplissement des restrictions. Malgré ces annonces très attendues, les Sénégalais ne sont pas totalement satisfaits
Après deux nuits de violentes émeutes de Touba à Dakar, le gouvernement sénégalais recule à nouveau face à la pression de la rue.
Au-delà des aménagements sur le couvre-feu et la levée de l'interdiction des transports interurbains, le gouvernement a également décidé d'assouplir les restrictions sur les réunions dans les endroits publics ou privés, les restaurants, les salles de sport, les salles de jeux. Des décisions prises pour calmer les frustrations d'une population qui se dit fatiguée par les tâtonnements des autorités dans la gestion du coronavirus.
En effet, depuis le début de la pandémie en mars, les autorités donnent l’impression de faire du pilotage à vue pour éviter des obstacles. Même les justificatifs officiels de l'assouplissement (le dépassement du pic, par exemple) ne convainquent pas. Pire, ils sèment le doute dans l'esprit de certains citoyens.
C'est le cas d'Alioune Badara Gueye, qui n'est pas convaincu que le pire est passé. "Je crois qu'on n'a même pas atteint la moitié plutôt que le pic. Au Sénégal si on avait atteint le pic ça devait être la catastrophe", affirme-t-il, catégorique.
Le jeune homme souligne qu'en ce moment il y a des rassemblements, mais aucun cas n'y est signalé. "Tu ne vois même pas une personne que tu connais te dire: 'j'ai le corona, je suis malade'".
René Lake en débat sur VOA avec le républicain Herman Cohen, ancien ministre de Bush - La société américaine est structurellement raciste - L'affaire Floyd rappelle trop d'autres cas similaires - Donald Trump a fait preuve d'un leadership défaillant
René Lake en débat sur VOA avec trois autres invités, y compris le répubicain Herman Cohen, ancien ministre chargé des affaires africaines de George H. Bush. Le sujet : Le cas de George Floyd, la face visible de l'iceberg ? Comment réformer cette société américaine dans ses structures les plus discriminatoires à l'égard des minorités ? Quid de la posture de Donald Trump en ces moments troubles pour le pays ?
L'émission "L'Amérique et vous", remet au centre des débats, la question des discriminations raciales aux Etats-Unis, ravivée par le récent meurtre de George Floyd, Afro-américain, par un policier blanc.
par Omar Sy
RÉVEILLONS-NOUS
Ayons le courage de dénoncer les violences policières commises en France. Ne soyons plus spectateurs d’un système violent, qui enterre les mémoires de ces morts dans l’oubli, qui jette systématiquement leurs noms dans la fosse aux non-lieux
Réveillons-nous.
George Floyd, alias « Big Floyd », un Afro-Américain âgé de 46 ans, père de deux enfants, est allé s’acheter le 25 mai un paquet de cigarettes à Minneapolis. Avec un billet de 20 dollars, que l’épicier a pris pour un faux. A terre, le cou écrasé dans le bitume par le genou d’un policier, étouffé, asphyxié, George Floyd est mort. Pour rien. Un élan d’indignation, naturel et évident, a saisi les foules aux quatre coins du monde. J’ai marché pour George Floyd aux Etats-Unis. Le nom de George Floyd en charriait bien d’autres en écho dans ma tête.
Celui d’Adama Traoré, en France.
Une marée humaine a envahi les alentours du tribunal judiciaire de Paris mardi, des rassemblements ont eu lieu dans plusieurs villes de l’Hexagone. La mort d’Adama Traoré est aussi injuste et indigne que celle de George Floyd. Je me réjouis qu’on en prenne conscience aujourd’hui, je me réjouis de voir des dizaines de milliers de personnes venues de tous horizons sociaux entourer de leurs forces les proches d’Adama Traoré, ses frères, sa sœur, Assa. D’entendre les soutiens leur venir du monde entier. Pendant quatre ans, cette famille a fait preuve d’une détermination sans relâche, quotidienne, qui n’a d’égale que sa peine infinie. Pendant quatre ans, cette famille a résisté dans une trop grande solitude, face à l’injustice, face à l’inertie de l’institution judiciaire, face à l’indifférence des pouvoirs publics. Elle a vaillamment tenu bon. Mais combien d’autres familles, moins nombreuses, moins épaulées, se sont écroulées sous les coups d’une justice sourde à leurs demandes, bafouant les droits qu’elle est censée représenter ? Rappelons-nous leurs noms : Malik Oussekine, Makomé, Lamine Dieng, Babacar Gueye, Gaye Camara, Ibrahima Bah, Rémi Fraisse, Angelo Garand, Sabri Choubi, Cédric Chouviat, Ali Ziri, Hakim Ajimi, Gabriel… la liste est tristement longue.
Réveillons-nous.
Adama Traoré, un habitant de Beaumont-sur-Oise, qui fêtait son 24e anniversaire le 19 juillet 2016. Il a roulé à vélo, bermuda, bob sur la tête, sourire aux lèvres, tranquille, dans les rues de sa ville, accompagné de son frère, Bagui. Gendarmes, contrôle. Adama Traoré n’avait pas ses papiers sur lui. Il a fui. Les forces de l’ordre l’ont rattrapé. Ecrasé, asphyxié, embarqué. Adama Traoré est mort quelques heures plus tard, sur le sol de la gendarmerie de Persan. Pour rien. A lui, comme à George Floyd, la justice a inventé « une cardiopathie », des cœurs défaillants. Mais je n’ai qu’une seule question, et c’est la seule qui compte : ces hommes seraient-ils morts s’ils n’avaient croisé la route des forces de l’ordre ?
Réveillons-nous.
Tenons bon à notre tour, armons-nous de courage, soyons vigilants, ne laissons plus passer quatre années pour demander des comptes. La mort d’un homme dans le cadre d’un usage disproportionné et abusif de la force doit être réprimée.
George Floyd et Adama Traoré avaient des points communs : ils étaient tous deux noirs, de grande carrure, leurs vies ont basculé dans l’horreur en quelques heures. Pour rien. Je mesure 1,92 m, je suis noir, je leur ressemble. Est-ce qu’il peut m’arriver la même chose qu’à eux demain ? Est-ce que cela risque d’arriver demain à mes enfants ? A vos enfants ? Cette peur sans nom, cette peur injustifiée qui enfle dans nos vies, doit disparaître. Je connais ce sentiment qui ronge de l’intérieur, j’ai vu dans ma vie des drames liés à l’intervention des forces de l’ordre, à l’époque où j’étais un anonyme. Comme Adama Traoré, comme Zyed et Bouna, morts à 17 et 15 ans à Clichy-sous-Bois en 2005, j’ai couru quand je croisais le chemin de la police. Je n’avais alors pas de micro ouvert pour dire combien cette peur est réelle. Celle de mourir entre les mains des forces de l’ordre. J’affirme aujourd’hui qu’elle existe depuis trop d’années, et cette peur se transmet de génération en génération. Qu’importent les menaces ou les pressions qui s’exercent en retour, il ne faut plus jamais se taire. Aucune parole ne doit être isolée quand elle porte un discours de justice. Il faut que nos dirigeants entendent, comprennent, agissent pour changer ce cours des choses. C’est une maladie qui ronge notre pays, et cela n’augure rien de bon pour nos avenirs.
Réveillons-nous.
Regardons devant nous, ayons le courage de dénoncer les violences policières qui sont commises en France. Engageons-nous à y remédier. Ne soyons plus spectateurs d’un système violent, qui enterre les mémoires de ces morts dans l’oubli, qui jette systématiquement leurs noms dans la fosse aux non-lieux. Nous devons profiter de cet élan suscité par l’affaire Floyd pour refuser ce grossier clivage, qui consiste à trier, parmi nous, les méchants et les gentils. Il n’y a qu’un seul et même camp, celui de la justice. Nous aspirons tous à une police digne de notre démocratie, une police qui protège sa population, sans distinction de couleur de peau ou de provenance sociale, la même pour tous, qu’on habite dans les centres-villes ou dans les quartiers populaires. Une police capable, comme on l’a vu ces derniers jours aux Etats-Unis, de se joindre aux manifestants, de poser le genou à terre pour dénoncer les violences qui salissent son uniforme. En France aussi, il m’apparaît évident que la majorité des policiers ne cautionnent pas ces actes violents. Je les invite à sortir du silence.
Réveillons-nous.
Le soutien massif apporté mardi à la famille d’Adama Traoré, quatre ans après les faits, est une nécessité. Il est le tremplin de nos engagements unis, déterminés, raisonnés, pour un combat qui ne souffre en réalité aucun débat : celui de nos droits à tous. La cause est juste, je vous garantis qu’y adhérer emplit de ferveur. On dormira tous mieux. J’appelle au changement, à la remise en cause d’un système qui ne peut prétendre à la justice sans mettre fin à l’impunité organisée qui sévit depuis des décennies. Cet ordre établi n’est plus tenable.
Pour soutenir l’appel d’Omar Sy contre les violences policières en France, signez la pétition sur Change.org et relayez l’appel sur les réseaux sociaux avec le #RéveillonsNous.
DES MILLIERS DE MANIFESTANTS APPELLENT AU DÉPART DU PRÉSIDENT MALIEN
"Nous condamnons la mauvaise gestion du régime, les malversations, les détournements, le mensonge. IBK n'aime pas les ultimatum mais cette fois, s'il ne nous écoute pas, il verra pire qu'aujourd'hui", a lancé l'imam Dicko lors de cette manifestation
Une coalition d'hommes politiques, de religieux et de la société civile au Mali, a lancé vendredi un ultimatum au président Ibrahim Boubacar Keita pour qu'il démissionne, lors manifestation de plusieurs dizaines de milliers de personnes à Bamako.
"Nous sommes ici pour demander la démission du président IBK", a lancé Issa Kaou N'Djim, un responsable du Rassemblement des forces patriotiques du Mali, à l'initiative de la manifestation sur la Place de l'Indépendance, à Bamako.
Le Rassemblement "lance un ultimatum pour constater (la) démission au plus tard à 18H00 (locales et GMT) ce vendredi 5 juin" du président Keita, élu en 2013 et réélu en 2018 pour cinq ans, dans une déclaration.
La foule, à l'appel de M. N'Djim, entend passer la nuit sur la Place de l'indépendance jusqu'à cette démission, un défi lancé au président IBK qui jouït du soutien international dans la lutte anti-jihadiste et dont le pouvoir n'avait pas encore réagivendredi dans la soirée à cet appel.
La foule des manifestants a été estimée à 20.000 personnes par une source policière et à un million par les organisateurs.
Ces derniers sont réunis dans une nouvelle alliance formée d'un mouvement ayant à sa tête l'imam Mahmoud Dicko, du Front pour la sauvegarde de la démocratie (FSD) qui regroupe des partis d'opposition dont le principal d'entre eux, et d'Espoir Mali Koura (EMK), un mouvement de la société civile dirigé par le cinéaste et ancien ministre de la Culture Cheick Oumar Sissoko.
"Nous condamnons la mauvaise gestion du régime, les malversations, les détournements, le mensonge", a déclaré, tout de blanc vêtu et coiffé d'un turban, l'imam Dicko, lors de cette manifestation encadrée sans incident par la police, la plus grande à Bamako depuis celle qu'il avait organisée en avril 2019."IBK n'aime pas les ultimatum mais cette fois, s'il ne nous écoute pas, il verra pire qu'aujourd'hui", a-t-il poursuivi.
Lors du rassemblement d'avril 2019, M. Dicko avait lancé un appel à la démission du Premier ministre d'alors, Soumeylou Boubèye Maiga, qui avait rendu son tablier quelques jours tard, après la tuerie de quelque 160 civils peuls à Ogossagou (centre) et une série de manifestations contre la gestion de l'Etat.
M. Dicko, éminente figure religieuse et tenant d'un islam rigoriste, fut autrefois proche du président Keita.Récemment entré en politique, cet imam est devenu un critique vigoureux du pouvoir.
- Appel à libérer Soumaïla Cissé -
"7 ans de pouvoir, ça suffit", "IBK dégage", pouvait-on lire sur des pancartes de manifestants munis de vuvuzelas, ont constaté des des journalistes de l'AFP.
Des banderoles réclamaient aussi la libération de l'ex-Premier ministre et principal opposant Soumaïla Cissé, enlevé le 25 mars alors qu'il était en campagne pour les élections législatives dans sa région d'origine du centre du Mali, un scrutin remporté par le pouvoir et suivi par une grogne populaire.
La nouvelle alliance composite a appelé vendredi "à la mise en oeuvre de toutes les actions nécessaires pour la libération de l'honorable Soumaila Cissé".M. Cissé serait détenu par des jihadistes, selon des sources locales et de sécurité.
Le Mali est en proie depuis 2012 à une profonde crise multiforme, sécuritaire, politique, économique.
Les insurrections indépendantistes, puis jihadistes menées par les groupes liés à Al-Qaïda et à l'Etat islamique, ainsi que les violences intercommunautaires, ont fait des milliers de morts et des centaines de milliers de déplacés.
Parties du nord du Mali, les violences se sont propagées au centre, puis au Burkina Faso et au Niger voisins.
Elles se doublent de toutes sortes de trafics et de vastes pans du territoire échappent à l'autorité de l'Etat.
par Abdourahman Waberi
LA PROCHAINE FOIS, LE FEU
Il n’est pas incongru de traduire « Black Lives Matter » par « La prochaine fois, le feu ! ». Il n’est pas déplacé d’imaginer Adama Traoré en petit frère de George Floyd. Indignons-nous encore et encore comme nous y invitait Stéphane Hessel
L’exécution de George Floyd vient de réveiller les consciences aux États-Unis et dans le monde entier. L’indignation d’aujourd’hui n’a d’égal que le silence d’hier. Indignons-nous encore et encore comme nous y invitait Stéphane Hessel, le vieux résistant au visage solaire. Cette fois encore, la victime est morte sous nos yeux, étouffée. Son dernier cri, « I can’t breathe », nous hante. Un énième meurtre en direct, live et stéréo, et le feu social et politique qui couvait depuis longtemps de refaire surface. « La prochaine fois, le feu », nous avait pourtant avertis James Baldwin, le clairvoyant écrivain natif de Harlem qui repose à Saint-Paul de Vence. Les grands esprits n’ont prêté attention à sa prophétie qui date de 1963. Ils ont eu tort. Mille fois tort. Nous aussi, nous avons eu tort avec eux. Coupables de lâcheté, comme eux.
Après le meurtre de Breonna Taylor, d’Ahmaud Arbery, d’Eric Garner et de tant d’autres, fauchés souvent dans la fleur de l’âge et pour leur couleur de peau, les polices locales ou fédérales ne semblent pas entendre l’avertissement tant elles se voient intouchables. « La prochaine fois, le feu » ! La liste de victimes s’allonge. Les assassins n’ont rien eu à déplorer, pas même une égratignure sur leurs CV. Les pleurs, les cris, les traumas sont pour les familles. Surtout les mères Courage, toutes larmes avalées, dignes devant les caméras. Le feu, la première fois, avait pourtant prévenu James Baldwin solennellement, consciemment, les yeux dévorés par la lucidité. Nous n’avons jamais eu sa lucidité.
Citons à présent les noms de nombres de victimes de ces dernières années en attendant que justice leur soit enfin rendue. Ils sont légion. Sandra Bland, Amadou Diallo, Aiyana Mo’Nay Stanly-Jones, Tony McDade, Pamela Turner, Matthew Ajibade, Rekia Boyd, John Crawford III, Michael Brown, Shelly Frey, Ezelll Ford, Dante Parker, Michelle Casseaux, Yvette Smith, Darnesha Harris, Laquan Mcdonald, Atatiana Jefferson, George Mann, Tanisha Anderson, Akai Gurley, Tamir Rice, Rumain Brisbon, Jerame Reid, Frank Smart, Natasha Mckenna, Tony Robinson, Anthony Hill, William Chapman II, Alberta Spruill, Walter Scott, Shantell Davis, Eric Harris, Philip White, Mya Hall, Alexia Christian, Brendon Glenn, Victor Manuel Larosa, Jonathan Sanders, Salvado Ellswood, Joseph Mann, Freddie Blue, Albert Joseph Davis, Darrius Stewart, Billy Ray Davis, Samuel Dubose, Troy Robinson, Christian Taylor, Sean Bell, Brian Keith Day, Michael Sabbie, Asshams Pharoah Manley, Felix Kumi, Keith Harrison McLeod, Junior Prosper, Anthony Ashford, Dominic Hutchinson, Paterson Brown, Lamontez Jones, Bettie Jones, Alonzo Smith, Tyree Crawford India Kager, Janet Wilson, Sylville Smith, Benni Lee Tignor, Yvonne Smallwood, Kayla Moor…
Le meurtre de George Floyd a ouvert la voie à une insurrection dont l’issue reste, pour l’heure, inconnue. Espérons que des fruits collectifs, des manières de guérison en sortiront pour panser le cœur de ce pays dirigé huit ans durant par un certain Barack Obama, qui avait enterré les attentes légitimement nourries par la communauté noire dont il était le visage présumé. Barack Obama est de ceux qui ont fait mine de prêter attention à la mise en garde de Baldwin, mine d’acquiescer, du bout des lèvres, avant de passer à d’autres tâches plus urgentes à leurs yeux. Et qui ont eu terriblement tort. Leurs mots, leurs contributions aujourd’hui ne rachèteront pas leur aveuglement passé. Il faut mieux, concluons-nous, avoir tort avec James Baldwin que raison avec Barack Obama.
Les États-Unis sont le paradis des communautés. Il arrive souvent qu’une même personne appartient à plusieurs, les unes essentielles comme la race ou la religion, et les autres contingentes comme la pratique d’un sport. A défaut d’être américain, j’appartiens à la communauté universitaire de Washington et plus spécifiquement à la communauté de mon université, George Washington, dont le campus se trouve à quelques pâtés d’immeubles de la Maison Blanche, qui n’a pas été épargnée par les manifestants. La distance ne m’empêche pas de suivre les manifestations qui déroulent dans la capitale et qui ont été impulsées par des collectifs d’Africains-Américains comme Black Lives Matter.
Surnommée hier Chocolate City par sa population majoritairement noire, Washington compte beaucoup de jeunes Africains-Américains sans travail ni espoir. Ces hommes et ces femmes qu’il m’arrive de croiser dans les transports publics me rappellent le neveu à qui James Baldwin adressait une des deux lettres qui composent son essai de 1963. Il était « coriace, sombre, vulnérable, ombrageux… [et] pour rien au monde » ne voudrait « pouvoir être pris pour un lâche ». Tour à tour coriaces, sombres, courageux ou vulnérables, les Africains-Américains que je croise dans mon quartier de Foggy Bottom travaillent là mais ils viennent du ghetto du sud-est de la capitale, ou de plus loin, des comtés limitrophes du Maryland et de la Virginie. Les derniers embauchés, ils sont les premiers virés pour cause de crise post-Covid. Ils n’ont pas eu le temps de digérer le prix fort payé au virus et à la mauvaise gestion orchestrée par le président lui-même.
De ma communauté, au sein de laquelle je vis et enseigne une partie de l’année, je reçois beaucoup de messages chaleureux et positifs. Ce mercredi 3 juin, le couvre-feu décrété par Muriel Browser, la maire de Washington, a été reconduit pour la troisième nuit consécutive mais la bonne humeur et l’optimisme des manifestants n’ont pas été entamés. Dans ma communauté, qui compte plus de 30 000 étudiants, nous sommes tous solidaires des luttes de la communauté noire et prêts à nous retrousser les manches pour l’avènement d’un changement réel et profond. Nul n’ignore la longue chaîne de responsabilité, du policier qui a étouffé la victime aux juges complaisants, des médias sensationnalistes aux milices suprémacistes jusqu’à aux tweets incendiaires de l’occupant de la Maison Blanche.
Les émeutes de ces jours-ci ne sont pas les premières ni les dernières que la capitale a connues. Celles de 1963 ou celles de 1968 sont encore marquées dans la mémoire collective. Et hier comme aujourd’hui, il s’est trouvé des milliers de Washingtoniens de toutes les couleurs et de tous les âges pour battre le pavé. Pour manifester pacifiquement, exercer les droits civiques mais aussi pour arrêter les pillards, éteindre les incendies, hâter par leurs corps, leurs slogans et leurs cris d’exaspération l’avènement d’une société un peu plus juste parce qu’un peu plus réconciliée.
Malgré son titre rugueux et son propos parfois mordant « La prochaine fois, le feu » n’est pas un appel aux armes. Bien au contraire, c’est un appel au bon sens, à la réflexion historique, à l’amour élevé au plus haut rang. Si le meurtre de George Floyd perpétré par Derek Chauvin a bien eu lieu à Minneapolis, son onde de choc a atteint toute la planète. Elle a attiré l’attention sur d’autres meurtres commis ici même en France, ravivant des douleurs, touchant à nouveau des familles endeuillées. Il serait facile de s’indigner de la mort qui sévit au loin, dans le Minnesota ou la Georgie, et de jeter un voile pudique sur celle qui surgit malheureusement à Marseille, Clichy-la-Garenne, Paris ou Beaumont-sur-Oise, fauchant un Adama Traoré en 2016 ou un Cédric Chouviat en 2020, pour ne citer que deux exemples.
Si je n’étais pas loin de Paris, je serais allé me réchauffer le cœur au milieu des 20 000 personnes rassemblées par le comité « la Vérité pour Adama » ce 2 juin 2020. Il n’est pas incongru de traduire « Black Lives Matter » par « La prochaine fois, le feu ! » Il n’est pas déplacé d’imaginer Adama Traoré en petit frère de George Floyd. Il me faut saluer enfin ces foules immenses, bigarrées, solaires et solidaires rassemblées à Paris, Toulouse ou à Fort-de-France. Elles disent simplement : « La prochaine fois, le feu ! » Il est encore temps de leur prêter une pleine attention.
Ecrivain, né en 1965 à Djibouti, Abdourahman Waberi vit entre la France et les Etats-Unis. Il a notamment publié « La Divine chanson » (Zulma, 2015) et « Pourquoi tu danses quand tu marches » (Jean-Claude Lattès, 2019). Il a aussi fait paraître le « Dictionnaire enjoué des cultures africaines », co-écrit avec Alain Mabanckou (Fayard, 2019).
AKINWUMI ADESINA, DE LA CONSÉCRATION À LA TOURMENTE
Fils de paysan pauvre devenu super-banquier de l'Afrique, le Nigérian est en pleine tourmente, visé par des accusations de prévarication et une fronde inédite au sein de la Banque africaine de développement (BAD) qu'il préside
Tard jeudi soir, le couperet est tombé: après deux semaines de tergiversations et des consultations de tous les gouverneurs, la BAD s'est résolue, sous la pression des Etats-Unis, à autoriser une enquête indépendante sur la procédure interne qui a disculpé son président de graves accusations lancées par un groupe d'employés de la Banque, des "lanceurs d'alerte" anonymes.
Une décision qui fragilise grandement la position de M. Adesina, pourtant seul candidat à sa réélection pour un second mandat de cinq ans, accusé de "comportement contraire à l'éthique, enrichissement personnel et favoritisme", entre autres.
"Il y a toujours eu des manoeuvres lors des élections du président de la BAD, mais un scandale public de cette ampleur, c'est inédit", souligne un diplomate, alors que l'élection doit se dérouler fin août.
"La personnalité d'Akinwumi Adesina est inédite aussi", juge un économiste ivoirien."Il est exubérant, sans doute trop visible pour le monde feutré de la banque, jusqu'à donner une impression d'arrogance, de tout se permettre".
Charismatique, beau parleur, anglophone mais parfaitement à l'aise en français, cet excellent communicateur toujours élégamment habillé de costumes et noeuds papillon, a en effet donné une visibilité internationale à l'institution panafricaine de développement fondée en 1964, attirant les capitaux et multipliant les annonces de financements de projets sur le continent.
Un parcours jusque là sans faute pour cet économiste spécialiste de l'agriculture et du développement, né dans une famille de fermiers dans l'Etat d'Ogun (sud-ouest du Nigeria) le 6 février 1960, et qui a gravi progressivement les échelons.
Diplômé d'une licence en économie agricole à l'université d'Ife (sud-ouest du Nigeria), puis d'un doctorat de la prestigieuse université Purdue aux Etats-Unis en 1988, il occupe des fonctions d’économiste dans des institutions agricoles internationales, collabore à la Fondation Rockefeller, puis devient l'un des dirigeants de l’Alliance pour la révolution verte en Afrique (Agra).
- Nouveau combat -
En 2011, c'est la consécration politique dans son pays: il est nommé ministre de l'Agriculture.Son action pour développer le secteur agricole sera largement saluée, jusqu'à lui valoir une consécration médiatique internationale: il est élu "personnalité africaine de l'année" par le magazine Forbes en 2013.
En 2015, il s'empare à l'issue d'un intense lobbying de la présidence de la BAD, une des cinq grandes banques multilatérales de développement, succédant au Rwandais Donald Kaberuka.
Avec le soutien de l'Union africaine (UA) et de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédeao), sa réélection pour un second mandat semblait assurée jusqu'à il y a six mois.Avant que n'éclate le scandale.
A 60 ans, Akinwumi Adesina se lance donc dans un nouveau combat, avec son lyrisme habituel, pour défendre son "honneur" et son "intégrité", convoquant la mémoire de ses "héros" Nelson Mandela, Koffi Annan et Martin Luther King.
Il a assuré dans un communiqué fin mai avoir reçu un "énorme soutien du monde entier".En pratique, seul le président nigérian Muhammadu Buhari, qui l'a reçu à Abuja mardi, le soutient publiquement.Aucun autre chef d'Etat africain ne s'est prononcé.
M. Adesina compte en revanche un adversaire de poids à sa réélection, les Etats-Unis, suivis par les pays de la zone euro et les pays scandinaves, selon des observateurs.
A l'intérieur de la BAD, à Abidjan où elle siège, les langues se délient depuis quelques mois, des employés reprochant à M. Adesina ses excès de pouvoir, voire de diriger par la "terreur", ce qui a entraîné une hémorragie de cadres depuis son arrivée.
"Il s'est fait beaucoup d'ennemis en tentant de réformer la banque, il a notamment beaucoup favorisé les anglophones par rapport aux francophones", nuance l'économiste ivoirien.
Toujours sous le couvert de l'anonymat, des cadres lui reprochent aussi de communiquer plus que d'agir, et d'embellir de façon exagérée son bilan.
Apparemment impertubable, Akinwumi Adesina a déclaré qu'il continuera "à travailler (...) pour accomplir la mission de nos fondateurs, accélérer le développement de l'Afrique".
par Caroline Roussy
LE FCFA EST MORT, VIVE L'ECO CFA
Assez étonnamment, les conditions d’un nouveau narratif entre la France et l’Afrique s’écrivent, au moins publiquement, sans les Africains, un changement dans la continuité, privilégiant l’asymétrie au détriment de toute co-construction des décisions
Le 20 mai, l’Élysée a annoncé par voie de communiqué « un projet de loi concernant un accord de coopération entre la France et les gouvernements des États membres de l’Union monétaire ouest-africaine » afin d’entériner le changement de monnaie : du franc CFA à l’ECO. Alors, franc CFA, fin de partie ? Renouvellement paradigmatique préfaçant une renégociation du narratif entre la France et ses anciennes colonies[1], vraiment ?
La fin du franc CFA : une ambition française ?
Après avoir botté en touche sur la question du franc CFA, lors de son discours prononcé à Ouagadougou le 28 novembre 2017, au prétexte que c’était « un non-sujet » pour la France, le président Emmanuel Macron semble s’être ravisé. Entre les critiques de ses homologues sur le maintien d’un système jugé néocolonialiste, de critiques africaines sur l’opération Barkhane démontrant une lassitude en l’absence de résultats tangibles, la stagnation du dossier sur la restitution des œuvres d’art à l’Afrique, il fallait manifestement un geste pour enrayer la dégradation de l’image de la France et potentiellement renégocier les liens avec les pays ouest-africains, dans un contexte de plus en plus concurrentiel.
Témoin de ce virage et que le franc CFA est malgré tout un sujet français, dès le mois de novembre 2019, le ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, s’était déclaré favorable à « une réforme ambitieuse » sur cette question, formulation pour le moins sibylline ayant laissé cois de nombreux observateurs. Et en l’espèce, la question est de savoir à qui profite ladite réforme ?
Il devrait pourtant y avoir tout lieu de se réjouir de ce changement. Le débat sur le franc CFA occupe, en effet, l’espace médiatique depuis plusieurs années. Chercheurs, intellectuels, activistes, membres de la société civile, jeunes des différents pays concernés, nombreux sont ceux à s’être engagés pour un changement radical de monnaie, mais également de système monétaire de sorte à assurer les conditions de leur souveraineté, gage d’une indépendance à l’égard de leur ancienne métropole : la France. Au-delà du nom, du symbole qu’il incarne dans les représentations – qui ne saurait relever de l’anecdotique, tant la déclinaison de l’acronyme avait subi un toilettage a minima Franc, passant de franc des Colonies françaises d’Afrique à franc de la Communauté financière en Afrique – l’enjeu sous-jacent était et reste bel et bien politique, concernant avant tout la renégociation des liens entre les différentes parties. Il s’agit enfin pour ces détracteurs de parachever le processus de décolonisation et de promouvoir de nouveaux rapports géopolitiques.
L’ECO ou la conjuration de la « servitude volontaire » ?
Le 21 décembre 2019, après avoir soutenu que c’était un « faux débat », en février 2019 sur le perron de l’Élysée, témoignant de relations de connivence entre la France et la Côte d’Ivoire, le président Alassane Ouattara, avait annoncé depuis Abidjan, aux côtés de son homologue Emmanuel Macron la fin du franc CFA au profit de l’ECO (réduction d’ECOWAS version anglaise de la CEDEAO). S’en étaient suivies une série d’annonces : « Le compte d’opération à la Banque de France est supprimé et (…) les représentants français siégeant au sein des instances de la Banque centrale des États d’Afrique de l’Ouest (BCEAO) vont être retirés », un ensemble de décisions qui devaient être entérinées au cours de l’année 2020. C’est désormais chose faite. Sauf que des points sensibles n’ont pas été débattus : pertinence ou non de l’élargissement d’un panier monétaire ? Quels objectifs poursuivis non par la France, mais par les pays concernés par cette réforme ? Quel rétroplanning ? Quelle méthodologie ? L’ensemble de ces questions a été évacué par le projet de loi proposé par l’Élysée, qui annonce d’un même allant le maintien de l’indexation de la nouvelle monnaie sur l’euro et se positionne comme garante financière : « La place de la France se transforme donc pour devenir celle d’un simple garant financier ». S’il s’agit en l’état d’un projet de loi qui devra être soumis au vote des parlements nationaux, de nombreuses inconnues demeurent : quelles sont les conditionnalités de la garantie de la France ? Pourquoi se conserver un droit de regard ? Est en effet envisagé comme suit : « de nouveaux mécanismes sont prévus pour (…) permettre à [la France] de disposer de l’information nécessaire pour suivre et maîtriser le risque financier qu’elle continuera de prendre. Il s’agit notamment d’informations régulièrement transmises par la BCEAO ou de rencontres informelles avec les différentes autorités et institutions de l’Union ». Quelles sont les conditionnalités d’un tel accord ? Si peut-être sur le plan économique ces décisions peuvent se justifier sur le plan politique, l’amertume d’une souveraineté sous conditions transparaît.
LETTRE DE PROTESTATION À L'AMBASSADEUR DES ÉTATS-UNIS AU SÉNÉGAL
La liquidation publique de Georges Floyd n’est pas qu’une simple bavure policière de plus. Elle devient une routine inacceptable que nous dénonçons avec force. Il est question de crime d’atteinte à la dignité existentielle des Noirs dans le monde
Le Congrès de la Renaissance Démocratique |
Publication 05/06/2020
L’horreur que vient de perpétrer, une fois de plus, un policier américain aux États-Unis d’Amérique nous conduit à vous adresser cette présente lettre de protestation, destinée à attirer l’attention de l’Exécutif américain sur les violences répétitives dont sont souvent victimes les frères et sœurs Africains Américains, et aujourd’hui encore.
La liquidation publique de Georges Floyd n’est pas qu’une simple bavure policière de plus. Elle devient une routine inacceptable que nous dénonçons avec force. Elle ne relève pas non plus d’une question de souveraineté nationale ou de non-ingérence dans les affaires intérieures d’un État qui devrait nous dissuader d’interpeller le gouvernement Américain. Elle n’est pas enfin une attitude observable chez tous les Américains. Bien au contraire. Les multiples et récurrentes manifestations sur le sol américain, chaque fois que de tels actes ignobles sont perpétrés contre les Africains Américains, montrent une ferveur populaire unissant Noirs et Blancs unis dans un élan de pure fraternité et de solidarité, déterminés à combattre l’inacceptable.
Nous interpellons l’Exécutif Américain dont les condamnations sont inexistantes, voire trop faibles, sur la primauté de la souveraineté des Droits de l’Homme sur toute autre considération. Ce droit fondamental n’est ni discutable ni négociable, surtout quand il est question de crime contre l’humanité et d’atteinte à la dignité existentielle et essentielle des peuples Noirs dans le monde.
La gravité de l’acharnement raciste contre les Africains Américains nous incite, plus que jamais, à dénoncer et à condamner vigoureusement ces injustices et meurtres perpétrés contre un Peuple qui n’a que trop souffert de la colonisation, de l’esclavage, de l’exploitation et de la ségrégation raciale que des bandes de racistes, sans foi ni loi, cherchent encore à lui infliger à perpétuité !
Tout au long de l’histoire de ces derniers siècles, la haine des Noirs, que l’on pensait être rangée dans les oubliettes de l’histoire, refait surface au quotidien de la manière la plus choquante, la plus indécente et inadmissible qui soit aux États-Unis d’Amérique de la part de groupuscules, qualifiés de suprémacistes blancs, aveuglés par la haine des Noirs. Elle a conduit et continue de conduire à toutes sortes de dérives portant atteinte à l’humanité, à la dignité, à la liberté, à l’intégrité physique et existentielle des Africains Américains.
Après les avoir historiquement asservis et s’être servis de leurs forces, de leurs richesses culturelles et de leur sang pour se développer, nombre d’individus aux États-Unis, au lieu de les honorer et de leur demander pardon, continuent la persécution à outrance par la perpétuation de sévices d’une indignité redoutable, au mépris de leur droit inaliénable de vivre dans la dignité, la liberté et l’égalité. Et la fraternité si possible.
Dans les stades, dans les rues, dans les prisons à ciel ouvert, dans les centres de rétention comme dans bien d’autres endroits des États-Unis, la persécution continue, faisant des Noirs la cible des groupuscules racistes, sans qu’une riposte à la hauteur de l’affront ne se manifeste de la part des autorités à la tête de cette « grande démocratie », apparemment insensible au sort réservé aux Africains Américains, à l’exception de quelques discours d’indignation sans intérêt.
Les protestations individuelles et collectives, les interpellations politico-diplomatiques ainsi que les démonstrations scientifiques n’ont pas jusqu’ici permis de freiner cette fâcheuse tendance homophobe dirigée contre les Noirs aux États-Unis ; une bestialité qui perdure, qui est totalement inacceptable et qui ne saurait être réduite à une fatalité à laquelle cette catégorie de citoyens Africains Américains devrait se plier.
La politique d’acharnement raciste est d’autant plus révoltante qu’elle émane de la rhétorique viscéralement pathologique du président Donald Trump, dont la légitimité prospère dans la négrophobie qu’il porte d’ailleurs et attise comme un flambeau. Pour nous, il incarne le couteau qui vient remuer la plaie existentielle qu’on n’a jamais cessé de nous infliger au mépris de notre humanité.
Nous tenons à vous informer que, dans cette lutte contre la négrophobie, l’Afrique fera front et se rangera aux côtés de ses frères et sœurs Africains Américains et en compagnie de ces millions de personnes de toutes races, militantes de la confraternité universelle, indignées par le virus de la haine raciale. A l’unisson, les forces du bien résisteront à l’axe du mal raciste qui pollue les relations amicales et conviviales, tant à l’intérieur des pays, qu’entre tous les peuples du monde sans distinction ni discrimination aucune.
Dans l’espoir qu’il vous plaira de bien vouloir transmette cette présente lettre de protestation aux Hautes Autorités de votre pays, nous vous prions de recevoir, Excellence Monsieur l’Ambassadeur, l’assurance de notre très haute et distinguée considération.
Liste des Leaders du CRD
M. Abdoul Mbaye, Ancien Premier Ministre, Président de l’Alliance pour la Citoyenneté et le Travail (ACT) :
M. Thierno Alassane Sall, Ancien Ministre, Président du Mouvement pour la République des Valeurs (RV) ;
M. Mamadou Lamine Diallo, Député à l’Assemblée Nationale, Président du Mouvement Tekki, Parti de l’Émergence Citoyenne ;
Professeur Bouba Diop, Secrétaire Général Taxaw Temm ;
Professeur Ibrahima Silla, Président du Mouvement Lénen Ak Niénen ;
M. Pape Sarr, Secrétaire Général Adjoint de la Ligue Démocratique – LD Debout.