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24 avril 2025
Développement
par Cheikh Faye
LE SÉNÉGAL MALADE DE SON ÉLITE POLITICO-ADMINISTRATIVE
EXCLUSIF SNEPLUS - L'honorariat ne constitue pas un droit automatique et ne doit générer aucune incidence financière à la charge de l’institution qui le décerne. C'est ainsi partout dans le monde, sauf chez nous
Le Sénégal a hérité, en accédant à l’indépendance en 1960, un modèle administratif conçu et mis en place par les colons français pour asseoir leur domination et exploiter, au mieux, les ressources de leur colonie. Pour faciliter sa tâche de domination et de spoliation de nos ressources, l’Administration publique coloniale s’était adjointe d’une classe de fonctionnaires locaux. Dans le but d’obtenir leur collaboration, pleine et entière, à son œuvre de domination et de déprédation, l’État colonial français leur octroya un certain nombre de privilèges, lesquels leur conférait un statut social au-dessus de celui des citoyens ordinaires.
Depuis l’éclatement de son empire colonial, l’Administration française a su se renouveler, se moderniser et s’adapter, tant bien que mal, à l’évolution du monde. De son côté, l’Administration publique sénégalaise est restée, après 60 ans d’indépendance, avec le même modèle, hérité de son ancien colonisateur. Même si des réformes ont été entreprises, des changements opérés, des technologies introduites, il demeure que, dans son essence et sa quintessence, le modèle administratif est resté le même : une administration organisée pour profiter, d’abord, à ses propres agents, soit à une très petite minorité de privilégiés.
Un système taillé sur mesure au profit exclusif de son élite politico-administrative
La loi n°2019-17 du 20 décembre 2019 portant loi des finances pour l’année 2020 est arrêtée, à 3 258,45 milliards FCFA en recettes et à 3 708,95 milliards FCFA en dépenses. Ces montants se répartissent entre le budget général et les comptes spéciaux du Trésor. S’agissant du budget général, il s’élève à 3 122,55 milliards FCFA en recettes et à 3 573 milliards FCFA en dépenses, tandis que les comptes spéciaux du Trésor sont dotés, en ressources et en charges, de 135,95 milliards FCFA.
Dans le budget général de l’État, les dépenses de personnel représentent 817,7 milliards FCFA, soit 23% des dépenses prévues en 2020. Elles englobent notamment les traitements et salaires en espèces, les primes et indemnités, les cotisations sociales, les traitements et salaires en nature, les prestations sociales, les prises en charge médicales et autres. Selon la loi des finances de 2020, ces 817,7 milliards de FCFA correspondent aux dépenses de personnel de 160 334 agents. Ce qui donne une dépense moyenne annuelle de 5 099 979 FCFA par agent. Ce qui est énorme ! Ceci n’est qu’une moyenne, car tout laisse croire, au regard des émoluments de certains membres de l’élite politico-administrative rendus publics, que l’écart-type (servant à mesurer la dispersion), serait très élevé. Ce qui témoignerait de l’existence de grandes disparités, voire de profondes inégalités entre les agents de l’Administration publique sénégalaise.
À côté des dépenses de personnel, les autres dépenses courantes du budget général de 2020 représentent 947,43 milliards FCFA (311,85 milliards FCFA au titre des acquisitions de biens et services et 635,59 FCFA pour les transferts). Les 311,85 milliards FCFA destinés aux acquisitions de biens et services couvrent plusieurs dépenses de fonctionnement notamment celles relatives aux matériels et mobiliers (de logement et de bureau, matériels informatiques et de communication, matériels de transport, etc.), aux achats de biens (matières et fournitures de bureau, carburant, eau, électricité, téléphone, internet), acquisitions de services (frais de transports et de missions, loyers et charges locatives, entretiens et maintenance, frais de relations publiques, dépenses de communication, etc.).
Le cumul des dépenses de personnel et celles prévues pour les acquisitions de biens et services donnent un montant total de 1 129,55 milliards FCFA (817,7 milliards FCFA + 311,85 milliards FCFA). Soit 32% du budget général consacré uniquement aux dépenses de personnel et aux conditions de travail de 160 334 agents de l’Administration publique, c’est-à-dire à moins de 1% de la population totale du Sénégal (16,7 millions d’habitants en 2020). Ce qui pose plusieurs problèmes notamment celui d’ordre éthique et moral : comment moins de 1% de la population sénégalaise puisse capter, à elle seule, plus de 1 129 milliards FCFA du budget général alors qu’au Sénégal, selon la Banque Mondiale, « le taux de pauvreté était évalué à 46,7 % (…), le travail est essentiellement informel, d’où des salaires faibles, un sous-emploi et une protection sociale limitée ». Ces montants grimperaient encore si on y incluait les charges des comptes d’affectation spéciale, d’un montant de 113,7 milliards FCFA, destinées au paiement de traitements ou d’indemnités à des agents de l’État ou d’autres organismes publics dont 111,7 milliards FCFA pour le seul Fonds national de Retraite (FNR).
L’élite politique est également bien servie. En effet, la dotation de l’Assemblée nationale inscrite dans la loi des finances de 2020 s’établit à 17,8 milliards FCFA pour 165 députés, le personnel de soutien et son fonctionnement. Elle est de 6,6 milliards FCFA pour le Conseil Économique, Social et Environnemental (CESE) avec ses 120 Conseillers, son personnel de soutien et son fonctionnement. Pour le Haut Conseil des Collectivités Territoriales (HCCT), une dotation de 8,6 milliards FCFA lui allouée pour ses 150 Hauts conseillers, son personnel de soutien et son fonctionnement. Ces trois institutions politiques absorbent 33 milliards de FCFA du budget général de l’État voté en 2020. Ainsi, le coût moyen annuel (toutes charges confondues) s’établit à plus de 107,8 millions FCFA pour un député, plus de 55 millions FCFA pour un Conseiller du CESE et 57 millions FCFA pour un Haut conseiller. Ce qui est hallucinant pour un pays pauvre !
Des artifices pour continuer à vivre sur le dos de l’État même après la période active : l’honorariat
La théorie de la reconnaissance développée par Honneth (2000) part du postulat selon lequel la valeur que chacun s’attribue dépend du regard d’autrui. À cet égard, la reconnaissance aiderait à bâtir une société plus juste, car permettant à chacun d’établir sa valeur à partir du regard des autres. C’est dans cette perspective que s’inscrit l’honorariat comme tant d’autres formes et niveaux de reconnaissance.
Dans le cas qui nous concerne, la reconnaissance des personnes ayant exercé des fonctions ou appartenu à une profession, l’honorariat est tout simplement la possibilité qui leur serait offerte, après cessation de leurs activités, de se prévaloir de leur titre ou de leur grade, voire d'un titre ou d'un grade supérieur. Cette possibilité est généralement enchâssée dans les textes qui organisent le fonctionnement des institutions ou dans les statuts qui régissent l’exercice d’une profession. L'honorariat est accordé, généralement, sur proposition des pairs. Il ne constitue pas un droit automatique et, en plus, ne doit générer aucune incidence financière à la charge de l’institution ou de la profession qui le décerne. Bref, c’est un titre purement honorifique conféré à une personne en reconnaissance de sa contribution dans une institution ou au sein d’une profession. C’est ça le principe, et celui-ci est partout pareil dans le monde sauf au Sénégal.
Il existe un nombre incalculable de sénégalaises et de sénégalais, dans tous les domaines, qui se sont dévoués(es), corps et âme, à la construction du pays. Elles ou ils ont consacré toute leur vie active, parfois longue de plus de 40 ans, à faire progresser les choses dans leur domaine. Elles ou ils viennent de la sphère politique, de l’Administration publique, mais aussi des mouvements paysans, des professions libérales, des organisations non gouvernementales, des opérateurs économiques, etc. Autant de personnes méritantes à qui la Nation doit une reconnaissance. C’est là que certaines pratiques de l’élite politico-administrative relatives à l’honorariat peuvent relever de l’indécence doublées d’un abus ou d’un détournement de pouvoir. En effet, cette élite politico-administrative profite de sa position au sein de l’État pour travestir les principes et valeurs qui sous-tendent l’honorariat pour faire de cette forme de reconnaissance une source de privilèges une fois à la retraite. Le cas Aminata Tall, qui occupe le devant de la scène, est là pour le prouver. Ce cas, est loin d’être isolé comme le montre, par exemple, ceux des Inspecteurs généraux d’État (IGE) et des Magistrats.
Profitant de leur proximité avec le chef de l’État, les IGE ont fait passer la loi n° 2011-14 du 8 juillet 2011 abrogeant et remplaçant la loi n° 2005-23 du 11 août 2005 portant statut des Inspecteurs généraux d’État, modifiée par la loi n° 2007-17 du 19 février 2007 qui édicte en son article 27 que « les Inspecteurs généraux d’État ayant atteint la limite d’âge pour faire valoir leurs droits à une pension de retraite, et justifiant au moins de dix années de services effectifs cumulés dans le corps des inspecteurs généraux d’État, peuvent prétendre à l’honorariat. A ce titre, ils continuent de jouir des honneurs et privilèges attachés au corps ». Continuer à « jouir des honneurs » dus à leur corps, personne ne trouverait quelque chose à redire. Cela est tout à fait acceptable. Mais continuer à jouir des « privilèges attachés au corps» après la retraite, cela ressemble à une arnaque et au bénéfice d’avantages indus. Peu importe la nature et l’ampleur de ces privilèges (les IGE en ont beaucoup !), c’est une pratique qui méprise la morale et l’éthique.
La même remarque vaut pour les magistrats à qui les politiciens ne refusent rien pour des raisons que tout le monde connaît. En effet, la loi organique n° 2017-10 du 17 janvier 2017 portant Statut des magistrats prévoit en ses articles 66, 67 et 68 l’honorariat avec la possibilité de continuer «de jouir des honneurs et privilèges attachés à leur état ». Tous les décrets conférant l’honorariat à des magistrats à la retraite en notre possession terminent par cette disposition : « Le Garde des Sceaux, Ministre de la Justice et le Ministre de l’Économie et des Finances sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l’exécution du présent décret ». Ce qui prouve, incontestablement, que la décision de conférer l’honorariat aux magistrats à la retraite a des incidences financières (notification au ministère des Finances chargé de la mise en œuvre du Décret) au contraire des Professeurs d’Université, qui sont aussi méritants. Par exemple, le Décret n° 2004-1329 du 1er octobre 2004 conférant le titre de Recteur honoraire de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis au Professeur Ahmadou Lamine Ndiaye (c’est lui qui a démarré cette université et a réussi en faire une institution réputée par la qualité de ses enseignements) termine tout simplement par «Le Ministre de l’Éducation est chargé de l’exécution du présent décret». Ce qui dénote l’absence d’incidences financières de cette décision. Ceci conformément aux principes de l’honorariat.
Avec tout cela, on peut comprendre pourquoi il n’y a pas eu de changements en profondeur depuis 1960. L’Administration publique sénégalaise est aux mains d’une caste de privilégiés qui pense d’abord à ses propres intérêts avant ceux du peuple. C’est cela la triste réalité. Macky Sall, lui-même, a avoué, lors de la cérémonie de lancement officiel du Programme d’appui à la modernisation de l’administration que de 2012 à 2019 « plus de 307 milliards de FCFA ont été dépensés pour l’achat de véhicules ». Cela se passe de commentaires !
LE SÉNÉGAL NE RENONCE PAS À L'USAGE DE LA CHLOROQUINE
Le pays va continuer à traiter les malades du Covid-19 avec de l'hydroxychloroquine en milieu hospitalier malgré la publication récente d'une nouvelle étude concluant à son utilisation inefficace voire néfaste
Le Sénégal va continuer à traiter les malades du Covid-19 avec de l'hydroxychloroquine en milieu hospitalier malgré la publication récente d'une nouvelle étude concluant à son utilisation inefficace voire néfaste, a dit mercredi à l'AFP le directeur du Centre des opérations d'urgences sanitaires. "Le traitement avec l'hydroxychloroquine va continuer au Sénégal, l'équipe du professeur Seydi maintient son protocole thérapeutique", a écrit à l'AFP le Dr Abdoulaye Bousso. Ni le professeur Moussa Seydi, infectiologue qui coordonne la prise en charge des contaminés, ni le directeur de cabinet et la porte-parole du ministère de la Santé n'ont répondu aux sollicitations de l'AFP. Mais M. Bousso a indiqué qu'il s'agissait de la position des autorités sanitaires.
Le Sénégal, inspiré par le professeur français Didier Raoult, a tôt fait le choix de généraliser la prescription de l'hydroxychloroquine en milieu hospitalier. Cet antipaludique disponible sur le marché est au coeur d'une querelle internationale d'experts quant à son efficacité et son innocuité.
Une étude menée sur près de 15.000 malades et publiée vendredi dans la prestigieuse revue médicale The Lancet montre selon ses auteurs que la chloroquine et son dérivé l'hydroxychloroquine ne bénéficient pas aux patients hospitalisés et augmentent même le risque de décès et d'arythmie cardiaque. Elle recommande de ne pas les prescrire en dehors des essais cliniques.A la suite de cette publication, l'Organisation mondiale de la santé a annoncé suspendre par précaution les essais cliniques qu'elle mène avec ses partenaires dans plusieurs pays.
La France a décidé mercredi d'interdire l'hydroxychloroquine contre le Covid-19. En Algérie en revanche, un responsable sanitaire a indiqué que le pays ne renoncerait pas à la chloroquine, et le Brésil a dit son intention de continuer à recommander l'hydroxychloroquine contre le nouveau coronavirus.
Le professeur Seydi invoque une réduction plus rapide de la charge virale chez le malade traité avec l'hydroxychloroquine et une bonne tolérance au médicament. Il souligne qu'elle n'est administrée qu'en milieu hospitalier avec l'accord du patient et accompagnée d'un électrocardiogramme.
Le Sénégal, comme les autres pays du continent, reste relativement épargné par la pandémie. Il a déclaré 3.253 cas de contamination et 38 décès depuis le 2 mars.
par Babacar Diop
L'ECO DE LA SERVITUDE
Le destin de l’Afrique se joue encore au XXIe siècle à la table de conférence des ministres de Paris. Décidément, les chaînes de la conférence de Berlin (1884-1885) restent longues et solides
Le conseil des ministres de France, en sa dernière séance, a officialisé le changement de nom du franc Cfa qui devient l’« Eco ». L’image constitue une humiliation pour les peuples africains dont la dignité a été bafouée pour une nouvelle fois. Le destin de l’Afrique se joue encore au XXIe siècle à la table de conférence des ministres de Paris. Décidément, les chaînes de la conférence de Berlin (1884-1885) restent longues et solides. Nous avons besoin de la volonté inaltérable des peuples pour les rompre définitivement.
Le changement de nom du franc Cfa, sans mesures substantielles, est la preuve la plus éloquente que nous sommes toujours victimes d’une violente domination et exploitation néocoloniales. En réalité, l’Eco constitue le symbole d’une nouvelle répression et aliénation monétaires de l’Afrique. Pourquoi toujours la France et l’Europe et pas nous-mêmes ? Pourquoi la France garantit notre monnaie ? Pourquoi la parité devrait rester fixe à l’Euro ? Pourquoi la Banque de France devrait imprimer les nouveaux billets Eco ? Voilà ce qu’on appelle la répression et l’autorépression monétaires.
Les pays de l’UEMOA et de la CEMAC sont les seuls au monde dont la monnaie dépend toujours et encore de l’ancienne puissance coloniale. Les peuples de l’Amérique latine et de l’Asie progressent à pas de géant avec dignité vers la pleine libération. En Afrique, nous refusons d’assumer notre responsabilité collective et historique devant notre destin.
Le projet de monnaie commune régionale des 15 pays de la CEDEAO, avec un régime de change flexible, annoncé avec enthousiasme, s’est transformé en une illusion. Les dirigeants africains ont préféré protéger les intérêts de la France, que d’entendre la saine et juste colère de la jeunesse africaine. Alassane Ouattara et Macky Sall, les valets de pied de la France en Afrique, doivent comprendre que la jeunesse africaine revendique plus qu’un changement de nom. Elle réclame la fin de la domination et de l’exploitation du continent africain par les pays développés. Elle revendique la pleine souveraineté en vue de la promotion d’un monde plus humain pour tous.
La Seconde émancipation des peuples africains à laquelle j’appelle à plein cœur passera nécessairement et impérativement par une libération monétaire. En vérité, le destin de l’Afrique se joue inexorablement sur la monnaie.
La jeunesse africaine, épuisée par la violence de la domination et de l’exploitation de la France, consciente de ses droits, mais également de ses responsabilités historiques, et en tant que force vive de notre peuple, organisera et dirigera les luttes populaires, patriotiques et démocratiques pour la conquête de la souveraineté de nos Etats.
La dignité de l’Afrique n’est pas matière à commerce.
par l'éditorialiste de seneplus, penda mbow
SOUTENONS LE PROFESSEUR EMMANUEL BASSÈNE
EXCLUSIF SENEPLUS - Dans ce contexte si particulier de lutte contre le Covid-19 où personne ne semble vraiment détenir la solution, le moment est peut être venu d’interroger notre patrimoine et nos savoirs endogènes
Après lecture de l’interview du Professeur Emmanuel Bassène dans la livraison du journal l’Observateur de ce samedi 23 mai 2020, je fus fort embarrassée. Devons-nous abandonner ce vaillant collègue, se débattre tout seul autour de ce judicieux combat concernant « la valorisation de nos ressources locales en matière de santé » et qu’il mène depuis plusieurs décennies ?
Dans ce contexte si particulier de lutte contre le Covid-19 où personne ne semble vraiment détenir la solution, le moment est peut être venu d’interroger notre patrimoine et nos savoirs endogènes. Pour paraphraser l’éminent Professeur Joseph Ki Zerbo, il est largement temps d’arrêter de s’asseoir sur la « natte des autres ».
Le Professeur Bassène a parfaitement raison d’évoquer une image à défendre pour le Sénégal. Dans ce domaine précis, on ne peut pas être à la remorque d’autres pays car le Sénégal bénéficie d’un héritage et d’une expérience exceptionnels en la matière !
Et il est légitime de s’interroger sur le blocage du projet de loi relatif à l’exercice de la médecine traditionnelle au Sénégal adopté en Conseil de ministre depuis le 31 mai 2017. Même si on doit cerner les effets néfastes d’un « recours massif et parfois incontrôlé des populations à la médecine et à la pharmacopée traditionnelles » d’une part et de maitriser la « profusion des guérisseurs » d’autre part, nous devons profiter de la situation pour lancer notre propre industrie pharmaceutique.
En plus, nous n’avons plus le choix car la crise du Covid-19 a bouleversé certains solidarités et partenariats qui s’effritent de jour en jour ; il s’agit de répondre à partir de nos propres ressources, aux défis qui nous interpellent. Nous disposons de savoirs endogènes, d’une recherche empirique, d’une recherche scientifique qui remonte aux années 40.
A l’Institut Fondamental d’Afrique Noire Cheick Anta Diop, se trouve le plus ancien herbier d’Afrique francophone créé depuis 1941. Le département de Botanique avait pour principal objectif, la création d’une banque de toutes les espèces végétales de l’Afrique francophone puis de toute l’Afrique continentale et insulaire ; plus de 60 000 spécimens s’y sont inventoriés, selon les botanistes.
Des chercheurs de renommée internationale ont séjourné dans cet institut. On a souvenance de feu le Doyen Ahyi, le botaniste qui parlait aux plantes, des chercheurs de la trempe d’Antoine Nongonierma, spécialiste de l’Acacia. On peut aussi évoquer l’apport du géographe Paul Ndiaye qui s’est beaucoup investi dans les Aires protégées du Sénégal. Les plantes poussant dans notre pays ont été décrites de manière détaillée dès 1954 aussi bien sur le plan botanique que chimique, successivement par le Père Berhaut, les Professeurs Joseph Kerharo et J. G. Adam.
Par conséquent, plusieurs strates de savoirs sur les plantes existent dans ce pays. Pourquoi ne nous en servons-nous pas pour résoudre nos problèmes de santé ? Des tentatives n’ont pas manqué et on peut citer par exemple, l’expérience du Professeur Yvette Parès de l’hôpital Traditionnel de Keur Massar ou encore celle du Docteur Eric Gbodossou du centre Malango et des techniciens comme Gaoussou Sambou. Certainement, il en existe beaucoup d’autres ; c’est ainsi que le document de référence élaboré par le Professeur Bassène ajoute à cette liste, le Centre communautaire de Technologie appropriée pour la santé de Yeumbel, le centre de Médecine traditionnelle El Hadj Demba Ba (Gëstu) de Pout, le Centre de Médecine traditionnelle El hadj Malick Sy de Tivaouane, tous des références pour la promotion de la médecine traditionnelle.
Encore une fois, Emmanuel Bassène dans son argumentaire peut s’appuyer sur l’ancienneté de l’Ecole africaine de Médecine et de Pharmacie créée dès 1916 et qui deviendra la faculté de Médecine et de pharmacie en 1962. Dès lors, allons-nous simplement nous contenter de pharmaciens gestionnaires d’officines et non pas de fabricants de produits pharmaceutiques ?
La crise du Covid-19 a largement démontré notre vulnérabilité face à cette option.
Le moment est venu de recenser tous les savoirs endogènes, de les exhumer pour nous prémunir d’un monde très incertain. Plusieurs idées circulent autour des plantes comme le rat, le nger, le nim, le nébéday, le sexaw, l’artémesia, le mbantémare ou autres condiments comme le clou de girofle, l’ail, le miel, etc. Il reviendra aux spécialistes d’étudier les meilleures combinaisons, les dosages pour des remèdes, des molécules à offrir à nos populations souvent désarmées face à la fulgurante de ce coronavirus.
Il est vrai que lorsqu’on suit un peu les débats en cours, on se rend compte très facilement de la puissance de l’industrie pharmaceutique. Il y a quelques années, j’avais lu un roman fabuleux de John Le Carré intitulé la Constance du Jardinier paru aux Editions Seuil, en 2005. Il s’agit d’un thriller qui tourne autour des pratiques supposées ou réelles des laboratoires pharmaceutiques.
Qu’on ne s’y trompe pas : même pour sauver des vies, des moyens colossaux peuvent être en jeu mais profitons de l’ère des remises en cause, pour nous définir une nouvelle trajectoire et être au rendez-vous du donner et du recevoir, car notre survie en dépend grandement.
A cet effet, ici au Sénégal, mobilisons-nous pour donner des moyens au Professeur Bassène et à tous ceux qui travaillent sur les plantes de notre pays.
Manifestement, les départs au sein du CIS résultent aussi d’un malaise provenant du salaire exorbitant et «contesté» du directeur exécutif de la structure. Ce dernier est cité en boucle dans cette affaire
La crise qui oppose l’entreprise Akilee et la Senelec a eu de graves répercussions sur le Club des Investisseurs du Sénégal (CIS) touché de plein fouet pour avoir apporté son soutien à la start-up. Ce qui a débouché sur une vague de démissions au sein du CIS au point de pousser le président, le fondateur de Sedima, Babacar Ngom à faire son mea culpa.
Mais manifestement, ces départs au sein du CIS résultent aussi d’un malaise provenant du salaire exorbitant et «contesté» du directeur exécutif de la structure, Dr Abdourahmane Diouf. Ce dernier est cité en boucle dans cette affaire. Ce qui l’a remis sur la sellette, lui qui s’était retiré du monde politique, tout en décidant de revenir s’installer au Sénégal après plusieurs années passées en Suisse.
«Le CIS est pris dans une tempête. La cause : une motion de soutien à une jeune entreprise sénégalaise dont les principaux acteurs sont membres du CIS. Erreur sur le fond comme sur la forme. Sur le fond, je ne connais pas les termes du contrat liant Akilee à la Senelec. Et sur la forme, nous n’avions pas consulté tous les membres. Je voudrais humblement, sincèrement reconnaître, ici et maintenant, mon erreur et présenter mes excuses à tous ceux que cela a dérangé, déplu ou agacé. Mea culpa, maxima culpa !
L’erreur est humaine, je reconnais la mienne», avait confessé en substance le fondateur de la société avicole Sedima et non moins président du Club des Investisseurs du Sénégal, après une polémique née du soutien du CIS à l’entreprise Akilee qui est en bras de fer avec la Senelec. Mais apparemment, la crise au sein du Cis serait beaucoup plus profonde qu’on ne le pense. Et elle résulterait d’un malaise dû aux émoluments faramineux du cabinet du directeur exécutif qui n’est personne d’autre que Dr Abdourahamane Diouf. «Le comportement du président du Club Babacar Ngom est aussi mis en cause.
Mais selon des informations reçues à Dakaractu, le problème est tout autre. En effet, ce qui a réellement mis le feu aux poudres estle recrutement et le traitement salarial du Directeur Général exécutif du Club en la personne d’Abdourahmane Diouf, ancien du parti Rewmi», renseigne le site Dakaractu avant d’ajouter : «Le Club s’est retrouvé avec un capital de 800 millions Fcfa. Seulement, la plus grosse partie de cette enveloppe a servi à payer les salaires du cabinet d’Abdourahmane Diouf, rémunéré à hauteur de 18 millions par mois, pour une étude qui compte pas moins de quatre employés».
Et même si jusqu’à présent, l’intéressé n’a pipé mot pour confirmer ou infirmer ces critiques, il va s’en dire qu’il est à un tournant dans sa carrière. D’autant que dans l’affaire Akilee, certains membres du CIS lui reprochent d’avoir imposé ses directives sans consulter le conseil. Une polémique qui n’a pas encore livré tous ses secrets, mais qui «égratigne» quelqu’un qui est qualifié par plusieurs observateurs d’enfant prodiges et qui était longtemps considéré comme une embellie dans la grisaille politique.
Il s’agit de Dr Abdourahmane Diouf, un homme dont le cursus, l’intelligence, l’éloquence et la courtoisie ont fini par faire l’unanimité tout en portant la politique sénégalaise ces dernières années à ses plus hauts firmaments. Né à Rufisque en 1970, cet ancien pensionnaire de l’université Gaston Berger où il a obtenu une maîtrise en droit public avant de s’envoler pour la Suisse, a été déniché en 2011 par Idrissa Seck à la veille de la campagne présidentielle de 2012 comme il s’en rappelle sourire aux lèvres, lors d’une interview : «Mon entrée en politique est une continuation intellectuelle de ma relation avec Idy. Tout est parti aussi d’une émission que j’ai faite en 2011 avec Fabrice Nguema qui me connaissait déjà comme docteur en droit sur les évènements du 23 juin. La tendance à l’époque, c’était de dire qu’Idrissa Seck a raté un très grand rendez-vous. Moi, j’ai développé un argument contraire pour dire qu’il a été toujours cohérent avec lui-même et on ne peut pas lui opposer le fait qu’il n’était pas présent à cette date historique dans la mesure où les combats tournaient autour de la dévolution monarchique et de la candidature d’Abdoulaye Wade, et il a été le premier à les mener», se souvenait-il.
Jamais discourtois à l’encontre du leader de Rewmi dans ses différentes interventions publiques, le «Genevois» tape ainsi dans l’œil de l’ancien Premier ministre. L’idylle entre les deux hommes va durer près de 8 ans. «Nous ne demandons pas la détestation des autres, mais l’amour de soi, de nous-mêmes et du Sénégal» Un compagnonnage qui a permis à Dr Diouf de diriger, dès l’élection de Macky Sall à la tête du pays, la Sones pendant 6 mois avant d’en être éjecté.
Après la dernière élection présidentielle au cours de laquelle il était le directeur de campagne de la coalition dirigée par Idrissa Seck, le Rufisquois décide de rompre les amarres avec le leader de Rewmi. Il met tout bonnement un trait sur la politique.
Entre-temps, il décide de rentrer définitivement au Sénégal pour servir son pays en apportant son expertise et son expérience emmagasinées au cours de ses nombreuses pérégrinations en Europe et à travers le monde sur le plan économique. Le CIS en profite pour l’enrôler en le nommant directeur exécutif. Défenseur acharné du patriotisme économique, ce diplômé en communication va tenir un discours mémorable, 24h après, sur la préférence nationale, lors des concertations sur le contenu local, au Cicad : «Dans les marchés internationaux, au niveau de l’Omc et partout où on débat des marchés, il y a ce qu’on appelle le traitement spécial et différencié. Le protectionnisme économique, tel que nous le comprenons au niveau du Club des investisseurs, ce n’est pas la détestation des autres mais l’amour de soi, l’amour de nous-mêmes, l’amour du Sénégal du point de vue économique.
Vous êtes membres de l’Omc et de l’Uemoa, cela veut dire que vous ne pouvez pas prendre des règles nationales discriminatoires mais il y a toujours des petites clauses et des niches de droit qui vous permettent de nous protéger», lance-t-il devant le Président Macky Sall avant d’ajouter sans ambages : « Achaque fois que nous sommes forts dans un domaine, dans une activité, s’il vous plaît, croisez les doigts, laissez le marché faire, laissez-nous prendre le maximum de marchés possibles parce que c’est là où nous sommes forts et personne ne va vous reprocher d’être un mauvais arbitre. Quand vous verrez que nous sommes moyens, agissez d’une seule main et essayer de nous protéger. Faites en sorte que nos entreprises prennent le maximum de parts de marché en sachant que vous êtes tenus par les règlementations. Mais M. le Président, quand nous sommes faibles, quand nous sommes vraiment faibles, nous comptons sur le chef de l’Etat du Sénégal parce c’est lui qui doit avoir la capacité de dire : j’ai des industries naissantes, j’ai des problèmes de développement rural, j’ai des problèmes de chômage et j’ai la latitude de protéger mon économie en tenant compte de toutes les protections existantes dans le droit de l’OMC et dans le droit communautaire ».
Ses missions bien définies au CIS sont l’accès au marché, la promotion et la protection de l’investissement et la recherche dans le domaine économique car, dit-il, «le CIS veut être au cœur du débat économique ». Le voilà éclaboussé par cette affaire Akilee. Une situation qui a poussé le journaliste Abdoulaye Thiam à se poser cette question : « Abdourahmane Diouf, Tête de Turc ou Bouc émissaire ? »
par Jean Pierre Corréa
L’AUDACIEUX PARI DE LA RESPONSABILISATION CITOYENNE
Enfin un train qui arrive à l’heure ! C’est celui qui a disposé dans ses wagons, l’initiative des « Plateformes d’Engagement Communautaire», pour lutter intelligemment contre l’explosion dans la capitale sénégalaise de la pandémie de la Covid-19
Enfin un train qui arrive à l’heure ! C’est celui qui a disposé dans ses wagons, l’initiative des « Plateformes d’Engagement Communautaire», pour lutter intelligemment contre l’explosion dans la capitale sénégalaise de la pandémie de la Covid-19. Par « Intelligemment », nous entendons qu’enfin, nous pensons « sénégalais » et non comme « labélisés processus français », ne tenant aucun compte de nos réalités socioculturelles dans nos prises de décisions, pourtant justifiées et responsables.
Dans quelques jours, la vie sociale et ses retombées économiques va être au cœur de la reprise des activités. Le Tourisme comme partout dans le monde vit une situation inédite et va devoir tant bien que mal, redéployer une stratégie commerciale qui limite ses pertes énormes, et la réquisition des Hôtels et lieux touristiques pour accueillir les nombreux cas contacts touchés par le Coronavirus, ne favorisait guère cette reprise d’activités souhaitée par tout un secteur. Ce constat est-il lié à cette prise de décision judicieuse de libérer les hôtels et de créer ces Plateformes d’engagement communautaire, chargées d’organiser les confinements des cas contact à domicile ? Cette réorientation stratégique exige l’implantation dans certains quartiers dakarois, épicentres de cette funeste épidémie, d’un système engageant de nombreuses responsabilités, portées par des acteurs historiques de la communication de masse et de base, comme les OCB et les badienou gokh, souvent actifs dans la gestion heureuse de problématiques de santé. Ce dispositif induit que les populations ont le devoir de faire front commun contre le Coronavirus qui se répand dans la capitale à la vitesse « V », comme « Virus » d’ailleurs, pour prouver que les armes ne sont pas uniquement thérapeutiques ou sanitaires, mais qu’elles demandent à être adjointes à une dimension sociale, pour ne pas être seulement l’affaire des autorités médicales ou administratives. Intelligemment, des Comités de Quartiers, avec des jeunes, mobilisés comme des Sentinelles de la Santé, exigeront des populations le respect des gestes barrière à l’entrée de ces quartiers, mais surtout, en accueillant les cas contact chez eux, vont lutter contre la stigmatisation des personnes contact ciblées, assurant ainsi le suivi à domicile, se battant contre l’idée que ce que le gens craignent le plus, n’est pas tant de mourir de la Covid19, mais le regard de la société sur leurs familles.
Il aura fallu constater que l’engorgement humain de Dakar, la promiscuité et le port aléatoire et fantaisiste des masques, rendait la situation explosive et désespérante. Il faudra beaucoup de talent pour éviter le comble qui consiste sous nos latitudes à fuir les hôpitaux quand on est atteint du Coronavirus, plutôt que de s’y précipiter.
Ce schéma est d’une grande cohérence. Il devra s’imposer aux populations dakaroises, qui vont bientôt appendre que nul n’est à l’abri de cette saloperie, qui est en train de toucher des personnes publiques qui auront au gré d’un bon rétablissement que nous leur souhaitons, le devoir de travailler à une plus grande prise de conscience des sénégalais de la réalité de cette épidémie.
C’est le prix d’un audacieux pari, pris sur la responsabilité de nos citoyens à prendre cette bagarre contre la Covid-19 en charge.
Même s’il reste encore quelques trains à bien aiguiller pour qu’ils arrivent à l’heure.
CONVOYAGE CHAOTIQUE DES ENSEIGNANTS
Ils étaient 1 500 à avoir pris d’assaut mardi le terminus de Liberté 5 pour rejoindre leur poste dans une ambiance indescriptible, sans respect des mesures barrières édictées comme la distanciation physique
Ils étaient 1 500 enseignants à avoir pris d’assaut hier le terminus de Liberté 5 pour rejoindre leur poste dans une ambiance indescriptible. A destination de Thiès et Diourbel, ils seront rejoints par d’autres collègues le long de cette journée.
Une foule grouillante a pris d’assaut le terminus de Dakar dem dikk. Ceux sont des enseignants en service dans les régions de Diourbel et Thiès, appelés à rejoindre leur poste pour une reprise des enseignements-apprentissages le 2 juin prochain. Lors de la cérémonie de lancement du retour des enseignants, le ministre de l’Education nationale a les galvanisés. Debout dans un bus, Mamadou Talla a vivement salué l’engagement citoyen de ces derniers qui, malgré le contexte difficile, ont tenu à répondre à l’appel du chef de l’Etat pour un démarrage effectif des cours. «Je voudrais féliciter l’ensemble des enseignants qui, dans un temps extrêmement court et malgré le retard accusé dans la réception d’un sms ou d’un mail, ont tenu à répondre à l’appel. Ils sont au début et à la fin du processus», lance le ministre de l’Education nationale. Mamadou Talla a aussi rassuré les enseignants que le protocole sanitaire sera respecté conformément aux recommandations du Comité national de gestion des épidémies.
Par ailleurs, le ministre a également exhorté «les parents à accueillir à bras ouverts ces enseignants pour un démarrage des enseignements-apprentissages dans de très bonnes conditions».
Le transport des enseignants a été facilité grâce à la synergie de plusieurs acteurs, notamment avec l’appui technique du ministère des Transports. Oumar Youm a magnifié cet élan de coopération qui a permis aux deux départements, en moins de 72h, de bâtir un plan de transport de ces personnels éducatifs. «Nous sommes très satisfaits de la qualité de l’organisation», s’incline Oumar Youm avant d’indiquer que 250 bus de 20 à 60 places ont été mobilisés pour parcourir 137 mille kilomètres afin de convoyer plus de 15 mille enseignants.
Sac à dos en bandoulière, tenant dans sa main droite un cartable, M. Diédhiou, en service au Cem Touba Bélél, ne boude pas son envie de retrouver son poste : «C’est un rendez-vous à un devoir de servir sa Nation. C’est pourquoi j’ai tenu à répondre à l’appel, malgré les risques liés à la pandémie.» D’ici samedi, un planning a été établi pour permettre aux plus de 15 mille enseignants de regagner leur poste avant le 2 juin.
Abdoulaye Ndoye, secrétaire général du Cusems : «C’est inadmissible et intolérable»
Passablement courroucé par la tournure des évènements au terminus de Liberté 5 où une foule d’enseignants s’était retrouvée hier pour rallier leur poste grâce aux bus Ddd, le secrétaire général du Cusems est ahuri par ce grand rassemblement qui met en danger l’intégrité sanitaire de ses collègues. Sur place, il était impossible de respecter les mesures barrières édictées comme la distanciation physique. Face à cette situation, il soutient que le gouvernement en est l’unique responsable, en les exposant à une contamination certaine. Il s’interroge : «Comment se fait-il, dans ce contexte de pandémie, que le gouvernement permette un tel rassemblement de milliers d’enseignants. C’est inadmissible et intolérable. Si le virus circule ici, ce sera l’hécatombe. Nous n’allons pas nous suicider. Il faut que ça soit clair : nous allons rejoindre nos postes, mais si les conditions ne sont pas réunies, les gens ne pourront pas reprendre. Le ministre de l’Enseignement supérieur n’a pas pu tenir cinq minutes avec le masque. Il a dit qu’il étouffe. Comment voulez-vous qu’un enseignant tienne deux heures dans une classe ? C’est un problème réel.» Selon lui, «en décidant d’organiser le retour des enseignants à leur poste, les autorités auraient pu être plus prévenantes et choisir plusieurs sites de départ dans les différents départements de la région de Dakar».
par Calame
IL FAUT SAUVER LE SOLDAT SEYDI
A l’évidence, monsieur le Professeur titulaire de la Chaire des maladies infectieuses de la Faculté de Médecine dérange, parce qu’il a pris le parti de dire la vérité
Selon nombre d’observateurs, moult décisions prises récemment par Abdoulaye Diouf Sarr, ministre de la Santé, ressemblent fort à une volonté de marginaliser le Pr Moussa Seydi, Professeur titulaire de Chaire, chef du Service des Maladies infectieuses et tropicales du Centre hospitalier national universitaire (CHNU) de Fann, le délester de ses prérogatives pour au finish l’enfermer dans une amertume qui étouffe petit à petit toute forme d’enthousiasme et installe dans le découragement.
Jugez-en : Directeur de la Division de lutte contre le Sida et les IST, un médecin-colonel de l’armée a été nommé cumulativement responsable du Hangar des Pèlerins de Yoff, reconverti pour l’occasion à l’accueil des individus testés positifs du coronavirus. Il serait aussi pressenti pour la prise en charge des malades en hospitalisation externe dans les hôtels et autres sites, ce qui de facto, en ferait le responsable du dispositif de la gestion du Covid-19. Une façon de « dégager » le patron des Maladies infectieuses, et de surcroît sans la manière, puisque précise notre source, le Pr Seydi est le supérieur hiérarchique du médecin-colonel qui désormais s’évertue à communiquer à sa place.
Enfonçant le clou, elle relève que le ministre mobilise des moyens importants en faveur des hôtels réquisitionnés et du Hangar des pèlerins. Et notre source de faire observer avec dépit, qu’au lieu d’améliorer les infrastructures de l’hôpital Fann, ils ont plutôt recruté des personnes qui leur sont proches, aménagé des « abris provisoires ». Elle les désigne ainsi parce que ces différents dispositifs sont appelés à retrouver dans un avenir proche leurs fonctions premières. Pour toutes ces raisons, notre source craint qu’une part importante des fonds destinés à la lutte contre la pandémie de coronavirus serve ainsi à enrichir des hôteliers et des intermédiaires médicaux.
Une façon de souligner que bien loin des dépenses productives, le chemin emprunté n’aura aucun impact sur la consolidation des infrastructures de santé. Mieux, elle prend le contrepied de la stratégie prônée par le Pr Seydi. Ce dernier milite en effet pour la construction d’un grand Centre des Maladies infectieuses à Fann, initiative qu’il avait commencé à concrétiser en actionnant ses réseaux internationaux, desquels il avait reçu un financement assez substantiel. Son futur Centre d’excellence, il le voit un des meilleurs en Afrique, doté d’équipements de dernière génération, en phase avec les standards en vigueur au plan international. Ainsi disait-il, dans une interview accordée à la télévision nationale : « Toutes les cabines seront individuelles, nous aurons des espaces pour la recherche, pour l’enseignement, au moins un amphithéâtre de 300 places ».
En appui à ce « grand centre de référence », il encourage aussi l’érection de Centres de traitement des épidémies dans deux ou trois autres hôpitaux au cas où le centre de référence serait débordé. Et notre source de relever qu’il s’agit pour le Pr Seydi « de sécuriser, de contrôler et de pérenniser les investissements matériels et financiers grâce à une utilisation judicieuse des ressources ». Sous-entendu que la voie en cours permet d’ouvrir un grand boulevard à une clientèle politique voulant profiter de l’occasion pour se faire son beurre.
Mise en quarantaine
A bien considérer, l’ensemble des mesures ci-dessus ressemble étrangement à une volonté de mise en quarantaine d’un éminent praticien dont le seul tort aura été lors d’une visite de travail à Ziguinchor, d’avoir attiré l’attention sur le dénuement de la salle de réanimation de l’hôpital régional. Ce qui lui a valu d’être sèchement recadré par le directeur de Cabinet du ministre de la Santé.
Homme de conviction, le Pr Seydi s’était simplement contenté d’exprimer l’importance qu’il y avait à constituer des pôles régionaux susceptibles de prendre en charge les cas qui se développeraient dans leurs zones. Suite à sa sortie, des respirateurs ont été convoyés à Ziguinchor. Toutefois le Pr Ansoumana Diatta, directeur de la structure, a déploré leur non fonctionnalité car « arrivés sans accessoires.» Face à cette fausse alerte aux allures de sabotage avançant masqué, le Pr Diatta, afin que nul ne l’ignore de préciser : « Ziguinchor a un déficit sur le plan matériel, ce qui fait que le personnel médical rencontre souvent des difficultés dans la prise en charge des patients ».
S’adressant aux autorités, il les conjure de « renforcer le plateau médical de Ziguinchor qui souffre de manque d’infrastructures ». Là aussi, confrontées à leurs propres turpitudes, éblouies par la vérité, les autorités du ministère de la Santé ne trouvent rien de mieux à faire que d’éloigner le Pr Ansoumana Diatta du dispositif Covid 19.
Il s’y ajoute, souligne notre source, qu’en dépit des instructions réitérées par le Chef de l’Etat, le comité scientifique placé sous la direction du Pr Moussa Seydi n’est toujours pas opérationnel. Est-ce la susceptibilité ou l’efficacité, la vérité du terrain ou la cachoterie qui doivent primer en ces temps de « guerre » et d’ « urgence sanitaire » décrétés par le chef de l’Etat ? A l’évidence, Monsieur le Professeur titulaire de la Chaire des maladies infectieuses de la Faculté de Médecine dérange, parce qu’il a pris le parti de dire la vérité. En bon scientifique qu’il est, cela signifie produire un discours qui rend compte de ce qui est, en se démarquant par conséquent des oripeaux de la langue de bois. Le ministre et son directeur de cabinet auraient certainement voulu que le Pr Seydi se comportât autrement avec une approche plus politicienne consistant à travestir la vérité, à maquiller les faits, en leur faisant revêtir la saveur d’un discours convenu. Ils veulent donc le contrôler, oubliant qu’il s’agit plutôt de contrôler le virus. Et qu’après tout, il n’y a rien de plus banal que de constater que la santé a été délaissée depuis des lustres au Sénégal.
S’il est de bon ton de dire que la pandémie nous révèle sur nous-mêmes en mettant à nu nos errements, il est alors à souhaiter un sursaut qui aide à apporter les correctifs nécessaires. Ceux qui, loin de se nourrir de la misère et de la détresse des populations, permettent plutôt de se mobiliser dans un vibrant élan patriotique, au service de la communauté. A l’instar de nos médecins et de l’ensemble du corps médical qui risquent parfois leur vie pour sauver des vies. C’est à se demander si ces Messieurs qui sont en train de dévoyer la formidable mobilisation dans la lutte contre le Coronavirus se rendent compte que nous sommes en période de crise sanitaire, avec l’irruption brutale et soudaine dans nos quotidiens de la pandémie de Covid 19.
Qu’en face de nous, la marche du monde complètement déréglée fait de 2020 une Annus Horribilis, alors que d’aucuns la souhaitaient une année 20/20. Période exceptionnelle en effet que celle-là, qui a réussi à secouer les sociétés occidentales, les faisant chuter de leur piédestal, bousculant au passage des modes de vie désormais réduits à redécouvrir leurs fragilités oubliées. Le Sénégal qui a choisi une voie de semi-confinement beaucoup plus adaptée se trouve néanmoins dans la situation de devoir affronter, comme les autres pays, des lendemains économiquement et socialement difficiles. Il y a donc urgence à promouvoir une gestion hardie et non complaisante, bien éloignée de toute immixtion mortifère de la politique. Notamment au moment où, comme le souligne Seydi Gassama, patron de Amnesty Sénégal, une foultitude de mesures contraignantes ont été levées totalement ou partiellement au niveau des marchés, des transports, lieux des « plus grands mouvements de population », rendant caduque le maintien du couvre-feu. On pourrait ajouter la mise entre parenthèse de la vie démocratique qui donne toute latitude au chef de l’Etat pour gouverner par ordonnances.
L’éthique au cœur
Inconnu du grand public, le Pr Moussa Seydi a été mis en lumière par son engagement, sa compétence, son style tout en mesure et complétement dédié à la science. A ses méthodes. A son protocole. Et c’est justement cela qui en a fait une fierté permettant au chef de l’Etat de se féliciter sur les chaines de télévision de l’expérience sénégalaise. Aussi, en cette période de confusion et de conspiration dirigées contre celui qui apparait comme le héraut de la lutte contre le Covid-19, doit-il se montrer intransigeant pour défendre l’intelligence et la probité sénégalaises. Il lui revient en effet de veiller à ce qu’elles ne souffrent d’être polluées par des considérations extra scientifiques.
Protecteur des Arts et des Lettres, le Président Macky Sall est par conséquent protecteur de l’expression de l’expertise, de l’inventivité, de la créativité, en un mot du génie sénégalais.
Protéger en ces moments troubles le Pr Seydi et ceux et celles qui militent pour la transparence, c’est remettre l’éthique au cœur de la lutte contre la pandémie. C’est aussi susciter des vocations, encourager nos enfants à l’excellence, au service de leur pays. Un pays qui tangue, malmené par les bourrasques d’une drôle de tempête. Celle qui, avec ses pluies de faux billets de banque, ses entourloupes, sa gestion parasitaire, kleptocrate et clanique de la chose publique, cherche à le noyer dans la salissure. Et in fine, à fragiliser les fondations de l’Etat et de la nation. C’est en sens que les humiliations et autres coups bas, en direction du Pr Seydi, lui qui, avec ses équipes de Fann et des hôpitaux régionaux, a contribué grâce au protocole de soins mis en place à avoir de bons résultats avec au jour d’hier, 3130 cas déclarés positifs dont 1515 guéris, sont à dénoncer avec force. Si aimer son pays, c’est promouvoir l’excellence et l’éthique, on comprendra alors l’urgence de sauver le Soldat Seydi. A ce titre, protéger nos icônes des griffes de la médiocrité relève de la responsabilité du chef de l’Etat et de l’opinion publique.
par l'éditorialiste de seneplus, Félix Atchadé
NON À LA RÉNOVATION DU FRANC CFA
EXCLUSIF SENEPLUS - Il faut confirmer notre rejet d’un système monétaire colonial, dont l’ECO est une prolongation. La question est de savoir au service de quelle politique de progrès social la monnaie souveraine devra être
Félix Atchadé de SenePlus |
Publication 26/05/2020
Le mercredi 20 mai 2020 en Conseil des ministres du gouvernement français, le ministre de l’Europe et des affaires étrangères et son collègue de l’économie et des finances ont présenté un projet de loi autorisant l’approbation de l’accord de coopération entre le gouvernement de la République française et les gouvernements des États membres de l’Union monétaire ouest-africaine (UMOA)[1]. En principe, le Parlement français devrait adopter avant la fin du troisième trimestre le projet de loi qui entérine l’accord signé le 21 décembre 2019 à l’occasion d’une visite d’Emmanuel Macron en Côte d’Ivoire. Selon le compte-rendu du Conseil des ministres, cet accord qui remplace l’accord de coopération monétaire du 4 décembre 1973 est une « réforme ambitieuse des relations entretenues par l’UMOA avec la France ».
L’accord de coopération monétaire entre la République française et les Républiques membres de l’UMOA du 4 décembre 1973, comme tous les accords de coopération monétaire entre la France et les pays africains de la Zone franc[2] est régie par « trois principes fondamentaux : garantie de convertibilité illimitée apportée par le Trésor français, fixité des parités, libre transférabilité et centralisation des réserves de change. » La réforme introduite par l’accord du 21 décembre 2019 objet du projet de loi adopté le 20 mai 2020 consiste à faire de la France « un simple garant financier ». La réforme acte un changement de nom de la monnaie de l’UMOA, aujourd’hui le franc CFA, qui devient l’ECO. De même, l’accord met « fin à la centralisation des réserves de change de l’UMOA à Paris, en actant la suppression du compte d’opérations ». Enfin, la France se retire de l’ensemble des instances de gouvernance de l’Union. Avec cette réforme, elle ne nommera plus de représentant au conseil d’Administration et au comité de politique monétaire de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), ni à la commission bancaire de l’Union.
Le contexte politique de la signature de l’accord de coopération monétaire du 21 décembre 2019 était marqué au plan intérieur français par le mouvement des gilets jaunes qui 15 mois après son apparition persistait tandis que la « réforme des retraites » était fortement contestée par les syndicats dans la rue et les transports. En Afrique et notamment dans le Sahel, le « sentiment anti-français » donnait des urticaires aux diplomates français qui ne se privaient pas de polémiquer avec des …artistes. Quant au franc CFA, cela faisait plusieurs années qu’il était sur la sellette. Colloques d’économistes, réunions de militants politiques et parfois forums d’entrepreneurs étaient autant d’occasions de pourfendre cette « relique de la colonisation ». En janvier 2017, plusieurs capitales africaines et européennes ont été le théâtre de manifestations contre cette monnaie. Des rues d’Abidjan, Bamako, Bruxelles, Dakar, mais aussi Londres, Ouagadougou ou encore Paris, des manifestants ont lancé un « Appel mondial » pour demander la fin du franc CFA. Aux yeux du plus grand nombre le symbole - autant que la présence de bases militaires - de la tutelle que Paris exerce sur ses anciennes colonies africaines.
La « réforme ambitieuse » du franc CFA d’Emmanuel Macron n’a que le mérite de ce qu’elle est : une manœuvre politique. Elle donne l’illusion de prendre en compte l’hostilité croissante des populations africaines envers la politique française et les pouvoirs qui y apparaissent liés. Par ailleurs, le jeudi 16 janvier, dans le cadre de la Zone monétaire ouest-africaine (ZMAO), le Nigeria et cinq autres pays de la CEDEAO ont condamné la décision de l’Union monétaire ouest-africaine (UMOA) de renommer « unilatéralement » le franc CFA en ECO et de court-circuiter le projet de monnaie de la CEDEAO nommé également ECO… Car dans les faits, les fondamentaux de l’ECO proposé par la France sont ceux du franc CFA. L’arrimage à l’euro est réaffirmé et la lutte contre l’inflation érigée en horizon indépassable, même si sa conséquence directe, est d’entravée un véritable développement industriel et agricole ainsi qu’à une politique de progrès social pourvoyeuse d’emplois décents et par là même d’une mobilisation des ressources internes notamment fiscales. La « rénovation » du CFA laisse aussi de côté la question de la transférabilité qui permet aux entreprises notamment multinationales de soustraire leurs bénéfices aux pays africains et fait l’impasse sur le manque criant d’échanges économiques entre pays africains. La France se « retire de l’ensemble des instances de gouvernance de l’Union », mais pour mieux y revenir à travers « le Comité de politique monétaire de la BCEAO comprend une personnalité indépendante et qualifiée, nommée intuitu personae par le Conseil des ministres de l'UMOA en concertation avec le Garant. Cette personnalité est choisie en fonction de son expérience professionnelle dans les domaines monétaire, financier, ou économique. » (Article 4 de l’accord de coopération monétaire).
L’ECO n’est qu’un avatar du franc CFA. Il est utile de rappeler que l’utilisation franc CFA n’a pas permis d’amorcer la transformation sur place de matières premières et encore moins favorisé les échanges entre économies de la zone franc. Le franc CFA permet également aux multinationales et aux bourgeoisies compradores africaines de rapatrier facilement des capitaux en Europe. Cela explique leur attachement à cette monnaie qui est en osmose avec les politiques libérales appliquées au forceps dans la zone. Il est sans doute temps de passer à une autre étape qui confirme notre rejet d’un système monétaire colonial, dont l’ECO est une prolongation, et pour construire des propositions, répondant à la question de savoir au service de quelle politique de progrès social une politique monétaire souveraine africaine devra se faire.
[1] L’UMOA comprend actuellement : le Bénin, le Burkina, la Côte d’Ivoire, la Guinée-Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo
[2] La Zone franc regroupe 14 pays d'Afrique subsaharienne (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal, Togo, Cameroun, Congo, Gabon, Guinée Équatoriale, Centrafrique et Tchad), les Comores et la France. Bâtie sur les liens historiques, la Zone franc est une survivance de la colonisation de ces pays par la France.
DES CHAMBOULEMENTS DANS LE CALENDRIER UNIVERSITAIRE
Le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, a évoqué mardi, les perspectives de finalisation de l’année en fin décembre 2020 à l’exception de l’Université Assane Seck de Ziguinchor
Le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, a évoqué mardi, les perspectives de finalisation de l’année universitaire en fin décembre 2020 à l’exception de l’Université Assane Seck de Ziguinchor (sud).
"En tout état de cause, selon nos estimations, les perspectives de finalisation de l’année universitaire en fin décembre 2020 sont justifiées et à notre portée", a notamment dit Cheikh Oumar Hanne.
"Ainsi, les instances académiques, en toute autonomie, prendront toutes les dispositions utiles pour le réaménagement du calendrier académique en vue de la reprise des enseignements en présentiel en septembre/octobre 2020", a-t-il ajouté.
L’hypothèse d’une année blanche dans l’enseignement supérieur est déjà écartée, a assuré mardi le ministre de tutelle, soulignant toutefois que les cours en présentiel ne reprendront que "lorsqu’un certain nombre de conditions seront réunies".
Présentant "la situation des universités face à la Covid-19", le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation a indiqué que les instances délibérantes de toutes les universités, à l’exception de l’Université Assane Seck de Ziguinchor, se sont réunies en séances spéciales, entre le 11 et le 19 mai 2020.
Les cours sont suspendus dans le supérieur depuis le 14 mars pour éviter une propagation de la Covid-19.
Selon le ministre, "les situations décrites par les différentes instances académiques" font ressortir "deux cas de figure".
Le premier cas fait état de "situations défavorables" dans certaines filières où "il restait seulement trois semaines de cours sur douze, pour achever le premier semestre de l’année en cours".
Pour d’autres, les évaluations du premier semestre étaient même programmées, a relèvé le ministre.
Le second cas fait état de "situations favorables" où "les enseignements du premier semestre ont été bouclés, les évaluations déjà organisées et le second semestre entamé, en présentiel comme en ligne".
"C’est le cas à la Faculté de médecine de l’UCAD et dans les UFR Santé des autres Universités et dans les Ecoles Supérieures et d’Ingénieurs", a expliqué le ministre.
Après la suspension des cours, un travail avec les responsables des Institutions d’Enseignement Supérieur (IES) a permis "la mise à disposition des cours à travers tous les types de supports (plateformes numériques, dispositifs électroniques téléchargeables, imprimables et consultables, blogs, réseaux sociaux, etc.) qui permettront d’éviter le décrochage des étudiants et de rattraper les semaines perdues", a dit le ministre.
Selon lui, il a été également demandé "de proposer, dans les plus brefs délais et en adéquation avec le système LMD, un calendrier de poursuite de l’année académique, en accord avec les instances pédagogiques et les partenaires sociaux".
Ces instances qui ont délibéré "en toute autonomie" ont retenu d’’écarter "toute hypothèse d’année blanche, au regard du niveau d’avancement des enseignements, de nos ressources pédagogiques et du système de semestrialisation propre au LMD", a dit Cheikh Oumar Hann.
Elles ont également décidé "de ne reprendre les cours en présentiel que lorsqu’un certain nombre de conditions seront réunies".
Selon lui, "c’est dans cette perspective que certaines universités comme l’UCAD et l’UGB ont mis sur pied des Commissions santé Covid-19, dont la mission est de donner des avis qualifiés avant toute prise de décision". Les autres universités et écoles ont reçu instruction d’en faire de même, a dit le ministre.
Il a été également décidé de "n’organiser les examens qu’en présentiel, sauf délibérations exceptionnelles des instances académiques habilitées".
Afin d’assurer la continuité pédagogique les Assemblées délibérantes ont retenu de "poursuivre en ligne les activités pédagogiques ; continuer la création des classes virtuelles ; accompagner les enseignants dans la mise en ligne des contenus pédagogiques".
Les instances ont également retenu de "mettre en ligne les milliers de cours, via les plateformes des Instituts de formation ouverte et à Distance (IFOAD) ; de rendre disponibles les outils de collaborations ; de soutenir les équipes mixtes de Télécommunications Informations Communication pour l’Enseignement (TICE) et de Pédagogie Assurance-qualité ; d’envoyer à distance les exercices aux étudiantes et étudiants".
Concernant la reprise des cours, en présentiel, le ministre a estimé qu’avec la progression actuelle de la pandémie et l’éventail des risques éventuels, "l’ouverture des campus pédagogiques et sociaux demeure problématique pour l’instant".
La reprise des enseignements en présentiel "est subordonnée, d’une part, à l’amélioration significative de la situation sanitaire nationale et d’autre part, à la mise en place de dispositifs offrant des garanties sanitaires au Personnel Enseignant et de Recherche (PER), aux Personnels Administratifs, Techniques et de Service (PATS), aux étudiantes et étudiants", a-t-il indiqué.
Le ministre est revenu sur "le cas spécifique de l’université Assane Seck de Ziguinchor".
"Le Gouvernement, a-t-il dit, suit avec une attention particulière l’évolution de la situation et affirme sa disponibilité à accompagner les instances pour la mise en œuvre de mesures adéquates afin d’éviter une année blanche et de finir l’année au plus tard le 31 janvier 2021".
Il a annoncé que le Réseau des Instituts supérieurs d’Enseignement professionnel (RISEP) "a décidé de reprendre les enseignements/apprentissages dans la période du 04 au 14 juin 2020".
"Les compétences générales seront dispensées à distance de juin à septembre tandis que les compétences spécifiques, les travaux pratiques et les séjours en milieu professionnel reprendront à partir du mois d’octobre 2020", a indiqué le ministre.
Concernant les établissements privés d’enseignement supérieur, il a souligné qu’une rencontre entre le ministère et la Coordination des Organisations Privées d’Enseignement Supérieur (CUDOPES) "a permis de noter que des Établissements Privés d’Enseignement Supérieur utilisent déjà l’enseignement à distance et d’autres le prévoient en attendant les bonnes conditions d’une reprise en présentiel".
Parlant de l’organisation du baccalauréat, il a assuré que l’Office du Bac, "en rapport avec le ministère de l’Education nationale et celui de l’enseignement professionnel, a pris toutes les dispositions pour garantir les meilleures conditions d’organisation aux dates prévues".
Il a réitéré "la disponibilité" du gouvernement à "apporter tout son appui aux initiatives et décisions émanant des structures académiques en veillant à l’équité de toutes les couches d’étudiants, en termes d’accessibilité aux plateformes, grâce à une amélioration de la qualité et des conditions de la connectivité".
Le ministre a assuré qu’en rapport avec le ministère de l’Economie numérique, l’ADIE, les recteurs et le coordonnateur de l’UVS, le gouvernement "a donné de fermes instructions pour faciliter aux étudiantes/étudiants l’accès".
Il a invité les étudiants à "rester attentifs et à suivre quotidiennement les informations émanant de leurs Départements/Sections, Facultés/UFR et leurs Universités car beaucoup de cours sont déjà disponibles sur plusieurs plateformes et la situation évolue positivement".