CONVOYAGE CHAOTIQUE DES ENSEIGNANTS
Ils étaient 1 500 à avoir pris d’assaut mardi le terminus de Liberté 5 pour rejoindre leur poste dans une ambiance indescriptible, sans respect des mesures barrières édictées comme la distanciation physique
Ils étaient 1 500 enseignants à avoir pris d’assaut hier le terminus de Liberté 5 pour rejoindre leur poste dans une ambiance indescriptible. A destination de Thiès et Diourbel, ils seront rejoints par d’autres collègues le long de cette journée.
Une foule grouillante a pris d’assaut le terminus de Dakar dem dikk. Ceux sont des enseignants en service dans les régions de Diourbel et Thiès, appelés à rejoindre leur poste pour une reprise des enseignements-apprentissages le 2 juin prochain. Lors de la cérémonie de lancement du retour des enseignants, le ministre de l’Education nationale a les galvanisés. Debout dans un bus, Mamadou Talla a vivement salué l’engagement citoyen de ces derniers qui, malgré le contexte difficile, ont tenu à répondre à l’appel du chef de l’Etat pour un démarrage effectif des cours. «Je voudrais féliciter l’ensemble des enseignants qui, dans un temps extrêmement court et malgré le retard accusé dans la réception d’un sms ou d’un mail, ont tenu à répondre à l’appel. Ils sont au début et à la fin du processus», lance le ministre de l’Education nationale. Mamadou Talla a aussi rassuré les enseignants que le protocole sanitaire sera respecté conformément aux recommandations du Comité national de gestion des épidémies.
Par ailleurs, le ministre a également exhorté «les parents à accueillir à bras ouverts ces enseignants pour un démarrage des enseignements-apprentissages dans de très bonnes conditions».
Le transport des enseignants a été facilité grâce à la synergie de plusieurs acteurs, notamment avec l’appui technique du ministère des Transports. Oumar Youm a magnifié cet élan de coopération qui a permis aux deux départements, en moins de 72h, de bâtir un plan de transport de ces personnels éducatifs. «Nous sommes très satisfaits de la qualité de l’organisation», s’incline Oumar Youm avant d’indiquer que 250 bus de 20 à 60 places ont été mobilisés pour parcourir 137 mille kilomètres afin de convoyer plus de 15 mille enseignants.
Sac à dos en bandoulière, tenant dans sa main droite un cartable, M. Diédhiou, en service au Cem Touba Bélél, ne boude pas son envie de retrouver son poste : «C’est un rendez-vous à un devoir de servir sa Nation. C’est pourquoi j’ai tenu à répondre à l’appel, malgré les risques liés à la pandémie.» D’ici samedi, un planning a été établi pour permettre aux plus de 15 mille enseignants de regagner leur poste avant le 2 juin.
Abdoulaye Ndoye, secrétaire général du Cusems : «C’est inadmissible et intolérable»
Passablement courroucé par la tournure des évènements au terminus de Liberté 5 où une foule d’enseignants s’était retrouvée hier pour rallier leur poste grâce aux bus Ddd, le secrétaire général du Cusems est ahuri par ce grand rassemblement qui met en danger l’intégrité sanitaire de ses collègues. Sur place, il était impossible de respecter les mesures barrières édictées comme la distanciation physique. Face à cette situation, il soutient que le gouvernement en est l’unique responsable, en les exposant à une contamination certaine. Il s’interroge : «Comment se fait-il, dans ce contexte de pandémie, que le gouvernement permette un tel rassemblement de milliers d’enseignants. C’est inadmissible et intolérable. Si le virus circule ici, ce sera l’hécatombe. Nous n’allons pas nous suicider. Il faut que ça soit clair : nous allons rejoindre nos postes, mais si les conditions ne sont pas réunies, les gens ne pourront pas reprendre. Le ministre de l’Enseignement supérieur n’a pas pu tenir cinq minutes avec le masque. Il a dit qu’il étouffe. Comment voulez-vous qu’un enseignant tienne deux heures dans une classe ? C’est un problème réel.» Selon lui, «en décidant d’organiser le retour des enseignants à leur poste, les autorités auraient pu être plus prévenantes et choisir plusieurs sites de départ dans les différents départements de la région de Dakar».