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24 novembre 2024
Développement
PAR Ibrahima Thioye
ESPOIRS ET CRAINTES SUSCITÉS PAR LE DUO AU POUVOIR
De l’extérieur, nous n’avons pas d’échos sur le fonctionnement du parti Pastef. Quid des instances de base ? Sans un fonctionnement régulier, un parti risque de tomber dans un processus de léthargie et de personnalisation-patrimonialisation
Je disais dans un précédent article que « la marque Sonko s’est installée dans l’esprit des larges masses avec un positionnement qui correspond parfaitement à leurs aspirations ». En désignant Bassirou Diomaye Faye candidat à l’élection présidentielle de 2024, la marque mère a donné naissance à une marque fille qui a gagné, en peu de temps, une forte notoriété et un bon niveau de capital confiance qui s’est traduit par la victoire éclatante de Bassirou Diomaye Faye, avec plus de 54 % des voix. Globalement, j’ai le sentiment que ce nouveau régime mérite des encouragements. Sont décrits dans les lignes qui suivent les éléments (actes et mesures) qui renforcent mes espoirs, ainsi que ceux qui sont source d’appréhensions et qui méritent, de mon point de vue, un examen critique.
Éléments qui renforcent mes espoirs
– La paix et la stabilité retrouvées
Nous l’avons échappé belle. Ce qui s’est passé au Sénégal avec cette troisième alternance, survenue en douceur, relève du miracle.
– La composition du nouveau gouvernement
L’intégration d’éléments apolitiques dotés d’une forte expertise dans leur domaine et dont la seule mission consiste à relever les défis liés à leur Département est un motif de satisfaction. Le pragmatisme de nombreux ministres qui n’hésitent pas à investir le terrain est largement salué.
– Les mesures de diminution des prix des denrées de première nécessité
– La communication globale du gouvernement
Même s’il y a des ajustements à apporter, dans l’ensemble, j’apprécie positivement les sorties médiatiques du Président Bassirou Diomaye Faye et celles du Premier ministre Ousmane Sonko.
– Le calendrier de visites du chef de l’État et la vision panafricaniste et souverainiste de notre équipe dirigeante
Le calendrier de visites a d’abord privilégié nos pays limitrophes. La vision panafricaniste et souverainiste de notre équipe dirigeante est équilibrée et intelligente. La compréhension que j’en ai est qu’elle ne perd pas de vue la finalité, mais elle évite les ruptures radicales et la précipitation.
– La valorisation de nos costumes locaux
Le Président Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko n’hésitent pas à arborer nos costumes locaux partout où ils se déplacent, entraînant ainsi une bonne promotion de ceux-ci.
– L’esprit de pardon annoncé par le Premier ministre et le respect trempé de déférence du duo à l’égard des chefs religieux
– La posture d’indifférence face aux critiques acerbes, tendancieuses et excessives
– La posture de rigueur sur la question des dettes fiscales des entreprises de presse
– La volonté d’assainir le secteur du foncieretles mesures de suspension des travaux
– Les changements survenus au niveau des institutions judiciaires et la volonté de laisser la justice faire son travail sans intervention de l’exécutif
– L’harmonie et la complémentarité des deux personnalités du duo
L’un attire les jeunes et les galvanise par l’énergie et le charisme, l’autre rassure les adultes par son sens de la pondération, de la mesure et du discernement. Le Président Diomaye Faye a même expliqué qu’ils ont un moyen, à deux, de gérer les contradictions par de larges discussions ouvertes et authentiques.
Éléments source d’appréhensions
Ces éléments qui suscitent chez moi de l’appréhension sont ceux qui, de mon point de vue, peuvent entamer la réputation ou l’image des deux marques citées plus haut. Ils méritent, selon moi, un examen critique :
– Bad buzz issus des prises de parole du Premier ministre Ousmane Sonko
J’ai identifié deux bad buzz depuis l’arrivée au pouvoir de ce duo Diomaye-Sonko : celui suscité par la question de l’homosexualité et celui lié au thème du port du voile.
Suggestion : pour ce type de thèmes clivants ayant le pouvoir de brouiller le reste de la communication et celui de déclencher des contradictions à fortes charges émotionnelles, il est important de savoir quand et comment échanger à leur propos ; il serait utile de récupérer du feedback sur ce type de sujets auprès des citoyens et l’idéal serait de les gérer en amont, en les identifiant et en préparant les scripts de façon à éviter des bad buzz. Rappelons qu’en principe, ceux-ci ont le pouvoir de renforcer la notoriété, mais aussi celui d’éroder le capital confiance, entamant ainsi l’image de marque.
– Engagements non tenus (ou pas encore tenus)
Le Conseil supérieur de la magistrature n’est toujours pas affranchi de la tutelle du président de la République et l’on n’a pas encore mis en œuvre le principe de l’appel à candidatures pour certains postes de direction.
Suggestion : à défaut de pouvoir tenir les engagements dans l’immédiat, il serait judicieux de proposer au moins un échéancier de mise en œuvre ou d’expliquer les obstacles au non-respect de ces engagements.
– Absence de visibilité sur la mise en œuvre du programme Diomaye Président
Cinq axes ont été identifiés dans le programme Diomaye Président avec des chantiers pour chacun d’eux. A-t-on réellement lancé ces chantiers ? Y a-t-il des porteurs ? Qui s’occupe du suivi-évaluation ? Quels sont les niveaux d’exécution de ces chantiers ? Quel est le type de communication prévu pour vulgariser ces chantiers ?
Suggestion : une fois qu’on aura apporté des réponses aux questions précédentes, il faudrait vulgariser le projet avec des supports de communication adéquats ; il serait bien d’annoncer au moins les cinq plus gros projets prévus au cours du quinquennat.
– Le risque de disparition de nombreuses structures de presse
Même s’il faut assainir le secteur de la presse, une disparition complète des organes ne constitue pas une bonne nouvelle pour la démocratie.
Suggestion : faire le pari d’aider sans s’intéresser à la ligne éditoriale ; les citoyens sénégalais ont gagné en maturité et la critique au vitriol est de plus en plus mal perçue (il faudrait prendre soin de confirmer cela par des études).
– Réponses disproportionnées aux critiques adressées au duo
Suggestion : éviter les réactions systématiques (du style « 72 heures patriotes yi ak… ») à ceux qui adressent des critiques jugées acerbes et tendancieuses, car pour certains (qui n’avaient pas obtenu 1 % lors de l’élection présidentielle ou qui ont du mal à occuper totalement le terrain ACAPES), c’est le meilleur moyen d’accroître leur notoriété via les réseaux sociaux. Le respect du jeu démocratique exige d’accepter la contradiction et il est possible de rétablir la vérité de façon très courtoise même en face d’un adversaire qui utilise des moyens jugés malveillants.
– Menace de léthargie et de personnalisation-patrimonialisation du parti Pastef
De l’extérieur, nous n’avons pas d’échos sur le fonctionnement du parti Pastef. Malgré toutes les critiques émises à l’encontre du PS, on entendait souvent à la radio des annonces de tenue de réunion du bureau politique. Quid des instances de base ? Sans un fonctionnement régulier, un parti risque de tomber dans un processus de léthargie et de personnalisation-patrimonialisation.
Suggestion : redynamiser l’école du parti ou l’organe qui a cette mission de formation des militants, systématiser les rencontres au sein des structures du parti.
– La communication du PM est destinée essentiellement à une cible jeune
Suggestion : vous constituez une marque et elle gagnerait à déployer sa puissance auprès de tous les segments de l’électorat, en ajustant la communication de façon à s’appuyer à la fois sur les principes d’intégrité et de vérité et sur l’empathie.
De mon point de vue, le duo au pouvoir est sur une bonne voie. Les premiers actes posés confortent cette vue. En exposant ces éléments qui renforcent mes espoirs et ceux qui sont source d’appréhensions, je me suis placé sur le terrain des ressentis. Il aurait été intéressant d’organiser une étude sur ces sujets en interrogeant les différents segments de l’électorat. Au lieu de répondre systématiquement à ceux qui émettent de nombreuses critiques, si l’étude montre que personne ne fait attention à eux, peut-être qu’il faudrait demander à tous les militants et sympathisants de ne plus parler d’eux. Il faut cependant oser écouter et identifier les thèmes qui reviennent régulièrement. Le pari de cette équipe dirigeante devrait être également de s’entourer de personnes promptes à la faire sortir de sa zone de confort, car notre tendance naturelle (impulsée par nos biais cognitifs) nous pousse généralement à éviter ce type de personnes, très utiles pour nous éviter les glissements liés à l’usure du pouvoir.
Ibrahima Thioye est consultant.
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À DAKAR, LA FOI OUVRE SES PORTES
Yoff s'enrichit d'un joyau architectural et spirituel. La résidence Cheikh Ahmadou Bamba, financée par la communauté mouride, s'ouvre à tous les musulmans. Ce lieu de prière et d'hébergement gratuit incarnent les valeurs de partage et d'unité
Dans le quartier animé de Yoff à Dakar, un joyau architectural vient de voir le jour : la résidence Cheikh Ahmadou Bamba. Ce havre de paix et de spiritualité, financé par le représentant du Khalife général des mourides, transcende les frontières confessionnelles pour devenir un véritable carrefour de l'Islam.
Imaginez un édifice majestueux de deux étages, abritant six appartements luxueusement équipés. Mais ne vous y trompez pas, ce n'est pas un simple immeuble de standing. C'est un lieu où le Coran résonne quotidiennement, où la prière et la méditation trouvent leur écrin.
La particularité de cette résidence ? Son ouverture à tous, sans distinction. Mourides, Tidjanes, ou simples visiteurs en quête de sérénité, tous sont accueillis gratuitement. Une générosité qui fait écho à l'enseignement de Cheikh Ahmadou Bamba, figure emblématique du mouridisme.
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MBACKÉ BARRY, LE BERCEAU MÉCONNU DU MOURIDISME
C'est ici que tout a commencé pour Cheikh Ahmadou Bamba avant son exil légendaire. Aujourd'hui, ce lieu sacré cherche sa place entre tradition séculaire et modernité galopante
Dans l'ombre de Touba, une petite localité du Sénégal revit ses heures de gloire. Mbacké Barry, humble village à 10 km de Daara Djolof, s'impose comme le véritable point de départ de l'épopée mouride. C'est ici, le 10 août 1895, que Cheikh Ahmadou Bamba a passé sa dernière nuit avant son exil forcé, un événement qui allait façonner l'histoire du Sénégal.
Aujourd'hui, Mbacké Barry connaît un regain d'intérêt. Chaque année, des milliers de fidèles convergent vers ce lieu chargé d'histoire, transformant le village en une fourmilière spirituelle. Mais les habitants rêvent grand : un Dara moderne, de l'eau potable, des infrastructures dignes de son statut sacré.
LE SÉNÉGAL LANCE AVEC SUCCÈS SON PREMIER SATELLITE
Le lancement de Gaindesat ouvre de nouvelles perspectives pour le pays de la Teranga, tant au niveau national qu’international, en positionnant le pays comme un acteur majeur dans le domaine spatial en Afrique.
Le Sénégal a franchi une étape importante dans son développement technologique et scientifique en lançant avec succès son tout premier satellite, Gaindesat. Conçu et fabriqué par des ingénieurs sénégalais, en partenariat avec le Centre spatial universitaire de Montpellier (CSUM), ce satellite marque l’entrée du Sénégal dans le domaine de l’espace.
Le décollage de Gaindesat a eu lieu ce vendredi 16 août 2024 à 18h45 La fusée Falcon 9 a décollé de Vandenberg, Californie, et a mis en orbite 116 mini satellites et cubesats, dont le GAINDESAT-1A. Ce lancement représente non seulement un exploit pour le Sénégal, mais aussi un moment de fierté pour tout le continent africain. Le Sénégal devient ainsi le deuxième État francophone subsaharien, après Djibouti, à posséder son propre satellite.
Gaindesat est chargé de missions cruciales pour le développement du Sénégal. Parmi ses principales missions, on compte la collecte de données pour diverses agences étatiques, notamment :
La Direction de la gestion et de la planification des ressources en eau (DGPRE) : Gaindesat fournira des données précieuses pour mieux gérer les ressources en eau du pays. L’Agence nationale de l’aviation civile et de la météorologie (Anacim) : Le satellite aidera à améliorer les prévisions météorologiques et la sécurité aérienne. L’Office des lacs et des cours d’eau (OLAC) : Gaindesat contribuera à la surveillance et à la gestion des lacs et cours d’eau du Sénégal.
Le lancement de Gaindesat témoigne de l’engagement du Sénégal envers l’innovation et le progrès technologique. Il représente un jalon important dans la promotion de la science et de la technologie au Sénégal, tout en renforçant l’indépendance du pays dans le domaine de l’observation et de la gestion de ses ressources naturelles.
Les autorités sénégalaises et les ingénieurs impliqués dans le projet se sont félicités de cette réussite. Le lancement de Gaindesat ouvre de nouvelles perspectives pour le Sénégal, tant au niveau national qu’international, en positionnant le pays comme un acteur majeur dans le domaine spatial en Afrique.
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CHEIKH DIENG ACCUSE CHEIKH TIDIANE DIÉYE D'ÊTRE À LA SOLDE DE LOBBIES
L'ex-DG de l'Onas, récemment limogé, dénonce des groupes d'influence et accuse le ministre de l'Hydraulique de servir leurs intérêts.
Il a été prématurément limogé, mais Cheikh Dieng dit ne pas en vouloir au chef de l’Etat et au Premier ministre.
En conférence de presse, ce vendredi, il est revenu sur l’histoire du véhicule. «Au départ, une histoire de véhicule de 80 millions acheté et muté à mon nom propre, chose que j’avais décriée mais, il m’a été expliqué que le projet devait arriver à terme dans quelques mois, et que la société qui avait gagné le marché ne pouvait mettre le véhicule au nom de l’Onas. Avant même que le ministre ne m’interpelle, j’avais déjà changé le nom apposé sur la carte grise», a dit l’ex-Directeur général de l’Office national de l’assainissement du Sénégal.
Il a tout balayé d’un revers de la main et accusé le ministre Cheikh Tidiane Dièye d’avoir «maquillé la vérité et de n’avoir pas informé correctement le président de la République et le Premier ministre.
Mieux, il demande à Ousmane Sonko de commanditer «un audit de tous les marchés de l’Onas». Il ajoute : «Il y a des lobbies qui gagnent les marchés, qui se partagent les sommes. Cheikh Tidiane Dièye est à la solde de ces lobbies que j’ai essayé de combattre. Accepter l’argent des lobbies, c’est trahir le peuple sénégalais. Cheikh Dieng ne mange pas de cet argent.»
L'ASSEMBLÉE VOTE LE RETOUR DU PREMIER MINISTRE
Les députés ont adopté en procédure d'urgence une proposition de loi visant à modifier le règlement intérieur de l'institution pour y réintégrer les dispositions relatives à ce poste clé, supprimé par l'ex-président Macky Sall
Les députés ont adopté vendredi la proposition de loi modifiant le règlement intérieur de l’Assemblée nationale en y réintégrant les dispositions relatives à la fonction de Premier ministre, a constaté l’APS.
Les députés étaient en plénière pour examiner, en procédure d’urgence, la proposition de loi n°10/2024 modifiant et complétant la loi organique n°2002-20 du 15 mai 2002, modifiée, portant règlement intérieur de l’Assemblée nationale.
Cette proposition de loi organique a été introduite par Abdou Mbow, président du groupe parlementaire Benno Bokk Yaakaar (BBY), Mohamed Ayib Salim Daffé, président du groupe parlementaire Yewwi Askan Wi et Mamadou Lamine Thiam, président du groupe parlementaire Liberté, Démocratie et Changement, rapporte un document remis à presse.
Le député Guy Marius Sagna, Babacar Mbaye et Cheikh Abdou Mbacké n’ont pas voté la proposition de loi.
LES MISÈRES DE MACKY SALL
Privé de la plupart des privilèges auxquels il a droit en tant qu'ancien chef d'État, il doit aujourd'hui assurer lui-même sa sécurité et ses déplacements, une situation que n'ont jamais connue ses prédécesseurs
Depuis qu’il a quitté le pouvoir à l’issue de ses mandats, l’ancien président Macky Sall n’a pu encore bénéficier des moyens matériels et humains que la Constitution accorde à tout ancien chef d’Etat. Contrairement à ses prédécesseurs, qui eux n’ont fait l’objet d’aucune privation, Macky Sall est obligé, pour le moment, de prendre lui-même en charge ses moyens de déplacement et sa sécurité. Tout cela, sans qu’aucune explication ne lui soit fournie.
Le gouvernement du président Bassirou Diomaye Faye ne semble pas craindre la dispersion dans les règlements de comptes. A côté des journalistes privés de moyens de survie, des travailleurs d’entreprises publiques comme le Port, la Lonase ou d’autres, mis à pied presque sans préavis, il a le temps de s’en prendre à tous ceux à qui il reprocherait des choses. Pour certains, c’est assez sérieux, tandis que pour d’autres, cela peut paraître plus ou moins bénin. Il y a ainsi le cas de son prédécesseur, l’ancien président Macky Sall, qui est assez notable.
Bien qu’aucun membre de son proche entourage ne soit disposé à en parler, Le Quotidien a appris que le président Macky Sall a été fortement dépouillé. De tous les privilèges auxquels il a droit en tant qu’ancien président de la République, Macky Sall n’a encore, pour le moment, quasiment que son salaire, si l’on peut ainsi dire. Les autorités sénégalaises ont retiré toute sa sécurité, à la seule exception du seul chef de ladite sécurité. A côté de cela, l’ancien chef de l’Etat n’a plus droit à un quelconque membre de son cabinet, alors que cela fait partie de ses privilèges.
Tout ancien président de la République a droit, entre autres, à un aide de camp, à un chef de la sécurité et à des adjoints dont un chauffeur et un garde du corps. Cela, sans compter des membres de son secrétariat, ainsi que d’autres membres du cabinet. Tout ce personnel est pris en charge par les services de l’Etat, même quand le président sort du Sénégal.
Cela a toujours été le cas, depuis que le pays a vu un chef de l’Etat remplacé par un nouvel entrant. Ainsi, jusqu’à l’heure de son départ de cette terre, Léopold Sédar Senghor en a bénéficié. Abdou Diouf, malgré les petites mesquineries que lui a un moment créées Abdoulaye Wade, n’a jamais eu à se plaindre de son intendance. On peut en dire de même du même président Wade dont les relations avec Macky Sall ont atteint, par moments, un point de non-retour. Tous ses privilèges d’ancien chef d’Etat lui ont toujours été servis, même quand il a fallu augmenter son traitement, au même titre que son prédécesseur. D’ailleurs, Abdou Diouf, qui bénéficiait déjà du traitement que lui versait l’Organisation internationale de la Francophonie (Oif), ne s’est jamais plaint d’une quelconque rétention de sa pension de la part du Sénégal. Pourtant, Wade ne cachait jamais le peu de sympathie qu’il lui portait.
C’est dire que le traitement imposé à Macky Sall est une nouveauté dont on se demande ce qui pourrait le justifier. Pour sa part, le leader de l’APR a décidé de prendre les choses avec philosophie, et de ne pas se plaindre publiquement. D’où le mot d’ordre lancé à son entourage de ne pas se prononcer sur la question. La seule chose qu’il a eu à faire, est d’avoir, pour le moment, renforcé sa sécurité. Il a fait recours à un service de sécurité privée, pour suppléer les fonctionnaires que l’Etat a décidé de retenir. Il a aussi changé son parc automobile. Le temps, sans doute, de voir comment les choses vont se présenter.
Cette rétention des moyens du président Macky Sall vient moins d’une semaine à peine quand Le Quotidien a annoncé que sa belle-mère faisait l’objet d’une convocation à la gendarmerie pour des questions foncières. Est-ce l’article du journal ou une certaine mansuétude ? Toujours est-il que les autorités judiciaires ont annoncé, à la suite de l’article du journal, qu’elles ont tenu compte de l’état de handicap de la dame Oumou Diallo, et que cette dernière pourrait être entendue à son domicile. Cela, d’autant plus que, information de dernière minute, elle ne serait entendue qu’à titre de témoin, aux côtés de son fils Adama Faye, sur lequel pèseraient des griefs assez solides.
LE TROU NOIR DU FONDS DES MÉDIAS
Le ministre Alioune Sall révèle qu'une part stupéfiante de 45% du Fonds d'Appui à la Presse, soit 800 millions de francs CFA, n'a jamais atteint sa destination prévue. L'Inspection Générale d'État est déjà sur le qui-vive
Le ministre de la Communication, des Télécommunications et du Numérique, Alioune Sall, a révélé que 45% du Fonds d’Appui à la Presse, soit huit cents millions de francs CFA, n’ont pas été attribués à la presse.
Cette déclaration a été faite lors du lancement de la plateforme « Déclaration Médias au Sénégal », vendredi, à la Maison de la Presse Babacar Touré.
« 45% des un milliard neuf millions de francs CFA, soit huit cents millions, n’ont pas été attribués à la presse », a déploré le ministre Alioune Sall.
Lors de son intervention, le ministre a souligné l’importance de la transparence dans la distribution des fonds publics.
« On ne peut pas défendre un bilan sans expliquer clairement comment la distribution s’est réellement passée », a-t-il affirmé, insistant sur la nécessité d’une gestion claire et responsable des ressources allouées à la presse.
Alioune Sall a également rappelé que ces fonds, bien qu’attribués à la presse, proviennent avant tout des contribuables sénégalais.
Il a ainsi appelé à une meilleure transparence dans la gestion des fonds publics, tout en promettant que l’Inspection Générale d’État (IGE) mènera les vérifications nécessaires pour faire la lumière sur cette situation.
Par Ibou FALL
LES RUINES DE LA RÉPUBLIQUE, LA PRESSE À L’AGONIE
Entre promesses de changement radical et spectre de poursuites judiciaires, le nouveau pouvoir joue une partition risquée. Parviendra-t-il à transformer sa rhétorique en actions concrètes sans déchirer le tissu social du pays ?
Ne prenons pas des airs de vierge effarouchée : au regard des résultats des dernières locales comme des Législatives, surtout après le cirque de l’installation de cette législature, il faut tout de suite comprendre que les périodes d’actualités ennuyeuses sont derrière nous.
La présidentielle, bien entendu, en est le surréaliste pompon. Sauf que l’on ne s’imagine alors pas à quel point…
Et donc, la semaine passée, c’est à l’occasion de la Journée de l’arbre que la salve retentit. Le Premier ministre Ousmane Sonko, toujours lui, le devoir de planter son végétal accompli, s’offre une sortie dans le style dont il a quasiment le monopole du secret : «Nous avons trouvé un pays en ruines !»
C’est presque téléphoné : quelques semaines auparavant, le nouveau patron de la Rts, Pape Alé Niang, manifestement ému de l’état du pays que le nouveau pouvoir semble avoir des scrupules à avouer, depuis les réseaux sociaux, allume la mèche : en résumé, il faudra que l’alchimie en fusion «Diomaye môy Sonko», enfin, parle vrai au Peuple… Aussitôt relayé par le frétillant Dg de la Caisse des dépôts, Fadilou Keïta, lequel ne cherche pas ses mots pour en désigner les responsables : les vandales du régime sortant laissent derrière eux un pays d’où même l’herbe ne pousse plus…
Certes, les partages de terres sur la Corniche dakaroise et à l’entrée de Thiès peuvent distraire l’opinion quelques jours et les vidéos des palaces d’anciens privilégiés qui circulent au même moment en rajoutent aux fureurs surfaites des énervés congénitaux.
Ça ne suffit pas, manifestement, à étancher la soif inextinguible de revanche du «peuple des 54%». Lequel commence à s’agacer prodigieusement, et pas seulement parce que l’on ne pend personne haut et court sur la place publique… Sur les grands boulevards, il assiste, incrédule, aux déguerpissements des vendeurs à la sauvette, à l’immobilisation des motocyclettes de la «Génération Tiak-Tiak» qui sont des siens : les votes du 24 mars 2024 semblent se retourner contre eux.
C’est limpide, il faut en urgence de gros poissons dans la nasse en attendant que le «Projet» sorte de la salle d’accouchement de l’administration Pastef pour distribuer les milliers d’emplois que tout ce beau monde attend. Enfin, sauf ceux qui continuent de prendre les océans pour se réfugier dans des pays où le rêve de bien-être est encore permis. Bref, les quelques sucettes qu’on saupoudre çà et là ne suffisent pas. Signe des temps ? On apprend dans la presse que la belle-mère du Président sortant, une adjaratou à la santé que l’on dit chancelante, devrait être entendue par la gendarmerie, quitte à aller la cueillir avec un panier à salade, en compagnie d’un de ses fils, pour de sulfureuses histoires de foncier.
Une arrestation retentissante piochée dans le camp présidentiel, comme celle de Karim Wade au début des années Macky ? Le «peuple des 54%» n’attend que ça pour se dérider.
Y’a peut-être mieux, ou pire, c’est selon.
Déjà, de folles et insistantes rumeurs invoquent des poursuites pour «crimes contre l’humanité» à l’encontre de Macky Sall, qui serait l’unique responsable de plus de quatre-vingts vies perdues. Et l’on ne vous parle pas des milliers de «prisonniers politiques», comprenez d’innocents citoyens sans défense, ramassés au petit bonheur la malchance, pour le crime odieux d’arborer des bracelets vert-blanc-rouge, entre 2021 et 2023.
Ça ne devrait pas précéder de beaucoup la traque de ses biens mal acquis. Déjà, on a du mal à digérer le pied-à-terre de Marrakech, ses voyages autour du monde en jet privé, le salaire indécent que le Président français, Macron, lui paye.
se demander si le nouveau régime ne va pas lui interdire finalement de poser les pieds au Sénégal en le menaçant d’emprisonnement. Saiton jamais ? Pour peu qu’il se voie de retour au Palais de l’avenue Senghor dans cinq ans alors que le «Projet» en a en principe pour un demi-siècle…
Trêve de rêveries, la horde des opprimés s’impatiente, et il lui faut du lourd. C’est vrai, entretemps, ça lève un lièvre avec ses grandes oreilles, qui fait du bruit : quarante milliards de francs Cfa de dettes fiscales pour une presse complètement corrompue par Macky Sall, et dont les patrons mènent jusque-là un grand train, à coups de subventions indues et de conventions complaisantes avec les établissements publics. Quand la nouvelle du blocage des comptes de ces vendus se répand en même temps que la résiliation des contrats tirés par les cheveux, ça fait des sauts de cabri dans le petit monde coloré du Pastef. Vous voulez mon avis sur cette affaire de bras de fer de la presse et du pouvoir ? Je vous le donne quand même…
C’est un esprit brillant, une dame distinguée, Fatima Simone Bâ, qui nous sort la formule imparable : «La presse s’est embarquée dans une économie de la pitié.» En effet, cela fait bien longtemps que la mécanique des médias est surannée, avec le passage au digital.
Qui disait que «Google a enterré Gutenberg» ? C’est bien de cela qu’il s’agit.
Les pleurnicheries annuelles sur l’aide à la presse, les larmoiements quinquennaux pour les amnisties fiscales, les suppliques semestrielles pour être reçus au Palais, les ententes cordiales avec les sociétés publiques, ça dure depuis plus de quarante ans et ne donne rien.
Et ça nous affuble, tout ce temps, nous autres de la presse, des haillons du pauvre qui vit du «charity business» des hommes de pouvoir, avec des grelots démocratiques autour du cou pour résonner en cas de tribulations électorales, et le certificat de bonne vie et mœurs selon que votre titraille du jour convient à votre bailleur de fonds.
Depuis, ça vit de la pitié que ça inspire à des gens qui regardent la populace des médias de haut. Or, le journalisme est tout sauf cela : sa déontologie tend en entier vers le respect dû à celui qui exerce ce métier, sans doute le plus beau du monde…
Revenons à la vraie vie, où un nouveau pouvoir, pour aider ses ouailles à patienter, repeint le tableau de la République aux couleurs de la catastrophe.
Et puisque les déclarations vont crescendo, du simple Dg au Premier ministre, il ne reste plus qu’au président de la République soi-même d’annoncer solennellement la banqueroute nationale…
Pour l’heure, ça se contentera de la déclaration du Premier ministre sur les décombres fumants que sont les ruines de la République.
Et sur ces paroles pleines de sagesse qui nous font redouter le pire dans les semaines qui viennent, Monsieur le Premier ministre embarque dans l’avion présidentiel à destination de Kigali, où le champion toutes catégories de la mise au pas d’un pays aux penchants sanguinaires s’apprête à entamer un quatrième mandat sans qu’un seul toussotement ne vienne semer le doute sur sa légitimité. Respect.
On s’imagine bien que pour honorer ce rendez-vous continental, la République doit casser la dernière des tirelires, celle retrouvée sous un tas repoussant de débris et que Macky Sall, dans son départ précipité, ne pense pas à emporter.
Et donc, le Premier ministre prend les airs. Sur la photo de la tribune d’honneur, il n’est certes pas aux premiers rangs, mais l’essentiel, puisque nous sommes en période olympique, n’est-il pas de participer ? Et puis, qui nous dit que pour le dixième mandat de Paul Kagame, Ousmane Sonko ne sera pas là, cette fois avec le rang de chef d’Etat, audevant de la scène ?
Calmez-vous, je blague !
Après le saut de puce de Kigali, escale à Bamako, pour une séance de travail avec l’homologue malien, qui se fend d’un discours pour saluer la fraternité sénégalo-malienne, en évoquant «les chantiers obliques» qu’on risquerait d’emprunter si ça ne tient qu’aux nouveaux colons.
Y’a du boulot à Bamako…
Comme il faut s’y attendre, il n’échappe pas à la question du panafricanisme exacerbé de Pastef avant le 24 mars 2024, qui a tendance à ramollir. Non, il reste le même, dit-il, en conseillant à ses frères de ne pas céder aux émotions fortes. Il sait sans doute de quoi il parle, ayant eu à souhaiter déloger Macky Sall du Palais et lui faire connaître le sort de Samuel Doe.
Résultat, c’est Diomaye, le président.
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L'EMPREINTE SPIRITUELLE DE CHEIKH AHMADOU BAMBA EN CÔTE D'IVOIRE
L'histoire de figure emblématique du mouridisme à Grand Bassam est celle d'un exil qui a engendré un héritage. En 21 jours, les graines d'une communauté florissante ont été semées sur les côtes ivoiriennes
Grand Bassam, jadis simple escale d'un exil forcé, est devenu le berceau inattendu d'un héritage spirituel florissant. Il ya plus d'un siècle, le navire transportant Cheikh Ahmadou Bamba, figure emblématique du mouridisme, jetait l'ancre sur ces rivages pour 21 jours. Ce qui semblait n'être qu'une halte imposée s'est transformée en un chapitre crucial de l'histoire mouride en Afrique de l'Ouest.
Aujourd'hui, Grand Bassam vibre au rythme d'une communauté mouride dynamique. Des dairas fleurissent dans chaque recoin de la ville, tandis que l'ancien hôtel WAF, témoin silencieux de cette époque, se dresse comme un monument à la mémoire du Cheikh. Le cimetière, où repose le fidèle Sokhna Coura Fal, est devenu un lieu de pèlerinage incontournable.
L'impact de ce bref séjour dépasse largement les frontières de Grand Bassam. D'Abidjan aux dix communes environnantes, les disciples mourides ont tissé un réseau de solidarité et de spiritualité. Ils organisent des événements commémoratifs et lancent des projets ambitieux, comme la construction de maisons Serigne dans chaque localité.