VIDEODIOMAYE DONNE LE TON
Le président jette un regard sans concession sur l'état du Sénégal. À l'en croire, le pays a besoin d'un sévère assainissement. Il prône la fin de l'opacité, une chasse aux dépenses superflues et des réformes en profondeur
(SenePlus) - À l'occasion de sa première conférence de presse en tant que président de la République, Bassirou Diomaye Faye a dressé un bilan sans complaisance de ses 100 premiers jours à la tête du pays. Face aux journalistes Souleymane Niang, Abdou Kogne Sall, Pierre Edouard Faye, Ndèye Arame Touré, Migui Maram Ndiaye, Fatou Sakho et Ndèye Mariam Ndiaye, le chef de l'État n'a pas mâché ses mots concernant la situation économique et sociale qu'il a héritée.
"Les indicateurs économiques étaient au rouge ou à la limite orange à ma prise de fonction le 2 avril 2024", a déclaré Bassirou Diomaye Faye, conférant d'emblée un ton grave à son allocution. Le nouveau dirigeant semble résolu à rompre avec les pratiques dispendieuses du passé, comme en témoigne sa volonté de "rationaliser le train de vie de l'État" conformément à ses promesses de campagne.
Cependant, Bassirou Diomaye Faye se défend de toute logique vindicative : "Je ne suis pas dans une logique de vengeance". Il entend plutôt instaurer une véritable culture de la transparence et de la reddition des comptes, marquant ainsi une rupture avec les dérives de la gestion précédente. "Les corps de contrôle font leur travail", assure-t-il, "je ne mettrai mon coude sur aucun rapport produit par ces corps."
Sur le plan institutionnel, le président ne dévie pas de sa ligne de conduite. Interrogé sur la suppression d'institutions coûteuses comme le HCCT et le CESE, il rappelle la nécessité d'une réforme constitutionnelle : "Pour les supprimer, il va falloir changer la Constitution."
L'un des défis majeurs du nouveau régime reste la lutte contre le chômage des jeunes. Bassirou Diomaye Faye affirme avoir "une claire conscience de cette problématique" et mise sur une stratégie impliquant formation, requalification et développement du secteur privé. "Il y a aussi lieu de renforcer le secteur primaire pour absorber le maximum de main-d'œuvre", ajoute-t-il.
Dans un registre plus inattendu, le président s'est livré à un vibrant hommage à son Premier ministre Ousmane Sonko, qualifié d'"excellent" et présenté comme "le meilleur Premier ministre de l'histoire du Sénégal". Une marque de confiance surprenante au vu des tensions actuelles entre le gouvernement et l'Assemblée nationale sur la question du Règlement intérieur. Un différend que Bassirou Diomaye Faye assure vouloir résoudre "en échangeant avec le président de l'Assemblée".
En somme, ces 100 premiers jours ont donné le ton d'un mandat placé sous le signe de l'assainissement, de la rigueur et de la transparence. Un vent de rupture qui, s'il se confirme, pourrait bien marquer un tournant dans la gouvernance du pays. Comme le rappelle si bien l'adage wolof, "Ngueunara ngueunari bougonatou béppi" - une nouvelle natte ne peut être compactée qu'après avoir été battue.