VIDEOJEUNESSE SÉNÉGALAISE, DE LA DÉSILLUSION À LA RADICALITÉ
Au Sénégal, la violence politique a des racines historiques profondes remontant à la colonisation. Aujourd'hui, une jeunesse radicalisée défie le pouvoir en place et réclame un changement de cap sur la souveraineté et le modèle de développement

Le Sénégal, réputé être un havre de paix en Afrique de l'Ouest, traverse aujourd'hui une profonde crise politique marquée par une montée des tensions et de la violence. Dans un entretien éclairant, le sociologue et philosophe Youssou Mbargane Guissé, autour de l'histoire de la violence politique et sociale au Sénégal, revient avec le philosophe Felwine Sarr sur les racines de cette situation explosive.
Selon Guissé, tout commence à la période coloniale, avec la répression féroce des mouvements indépendantistes africains. Cette violence fondatrice va être reproduite par les régimes postcoloniaux contre toute opposition politique, emprisonnée et torturée.
Le tournant des années 1980 avec les plans d'ajustement structurel va aggraver la fracture entre classes dirigeantes et population. La corruption gangrène l'État, des réseaux mafieux prospèrent. La jeunesse, face à la désillusion des indépendances, sombrera même dans une "folie collective".
Aujourd'hui, cette même jeunesse est entrée dans une radicalité nouvelle, prête à mourir pour le changement. La question de la souveraineté économique et politique est au cœur des revendications populaires.
Face à cette situation explosive, Youssou Guissé appelle à un "basculement culturel". Selon lui, les artistes, intellectuels et créateurs de toutes sortes doivent prendre part à la direction de l'histoire, aux côtés des politiciens décrédibilisés. La rue à soif de renouveau. Le Sénégal regorge de talents pour inventer les lendemains.