CHARLES N'TCHORERE, CAPITAINE COURAGE
Il n’aura vécu que 43 ans. Mais ces quatre décennies ont largement suffi au parrain du Prytanée militaire de Saint-Louis pour marquer l’Armée par son engagement martial et son sens du sacrifice
Son nom a fini par s’assimiler au courage, à l’éthique et à la discipline militaire. Au Sénégal, Charles N’Tchoréré est aussi lié au Prytanée militaire de Saint-Louis dont il est le parrain. Il en gagne l’honneur à deux reprises. D’abord en 1949, l’Ecole des enfants de troupe de Saint-Louis est renommée Ecole militaire préparatoire africaine (Empa) Charles N’Tchoréré. Ensuite, juin 1973, le meilleur établissement secondaire du Sénégal est baptisé Prytanée militaire Charles N’Tchoréré de Saint-Louis. Si les autorités de la Grande muette ont tant tenu à immortaliser le nom de cet officier français d’origine gabonaise et le présenter en modèle aux enfants de troupe, c’est aussi bien pour son sens de management martial que ses faits d’arme.
Charles N’Tchoréré est né le 15 novembre 1896 à Libreville (capitale du Gabon). C’est avec la déclaration de la Première Guerre mondiale, en 1914, qu’il s’engage au service de l’infanterie coloniale française. Il est enrôlé dans les Tirailleurs sénégalais en 1916. Il y fait preuve de sa valeur et est nommé sergent. En 1919, un an après la fin de la guerre, il est promu adjudant et s’inscrit à l’Ecole d’officiers de Fréjus. Il devient ainsi en 1923 l’un des rares africains officiers à titre d’indigène. En 1926, il devient lieutenant, toujours à titre d’indigène. Il a par ailleurs été auteur d’un rapport sur la promotion sociale des sous-officiers indigènes qui allait être adopté dans la plupart des unités africaines. En 1933, il gagne les galons de capitaine et commande l’Ecole des enfants de troupe de Saint-Louis du Sénégal. Son passage marque encore profondément le Prytanée militaire. Son influence et sa légende continuent encore aujourd’hui de nourrir l’orientation de l’école et l’esprit des enfants de troupe.
Ces derniers sont également invités à épouser son courage, son sens du sacrifice et à s’inspirer de sa carrière héroïque. Dans l’univers militaire, Charles N’Tchoréré est ce symbole du don de soi. En 1940, à la Deuxième Guerre mondiale, capitaine N’Tchoréré est naturalisé français, sert l’armée coloniale et commande le 5ème régiment du 2ème bataillon. Le 7 juin 1940, il est fait prisonnier par les Allemands avec les quatorze hommes qui restent de sa compagnie à cours de munitions. Les Nazis voulaient alors séparer les cinq Blancs des dix Noirs, qu’ils considéraient comme des «Untermensch» (sous-hommes). Le capitaine N’Tchoréré s’y oppose courageusement. Il est tué d’une balle derrière la tête et son corps est broyé sous les chenilles d’un char. Cette tragique exécution sonne le glas d’une carrière militaire remplie au cours de laquelle capitaine Charles N’Tchoréré est distingué de la Croix de guerre des Théâtres d’opérations extérieurs, du Chevalier de l’ordre de l’Etoile noire du Bénin, du Chevalier de la Légion d’honneur, de la Croix de la Guerre 1939-1945, etc.