DE LA BOUSCULADE AU DÉSERT
Le décor contraste dans les maisons des anciens khalifes généraux, jadis point de convergence des talibés et de bousculades des personnalités. Aux fastes d’antan, c’est presque le désert aujourd’hui pendant le magal.
Le décor contraste dans les maisons des anciens khalifes généraux, jadis point de convergence des talibés et de bousculades des personnalités. Aux fastes d’antan, c’est presque le désert aujourd’hui pendant le magal.
Chez Serigne Cheikh Sidy Mokhtar Mbacké : « Je n’ai pu retenir mes larmes devant cet étal qui abritait des milliers de bêtes »
Gouy Mbind, en cette soirée du mercredi 14 septembre, l’ambiance naguère notée dans la résidence du 7ème khalife général des mourides contraste avec ce calme plat qui y règne. Ousmane Diop, ancien de la maison du regretté Serigne Cheikh Sidy Mokhtar Mbacké, nostalgique des moments forts de grande générosité, n’a pu cacher ses émotions. « Lorsque je suis venu dans l’étal qui abritait les taureaux et autres animaux, je n’ai pu retenir mes larmes parce que là où je décomptais des milliers de bêtes, je n’ai même pas dénombré une trentaine. La maison est déserte, les gens ne viennent plus. Et dire que dans cette maison nous avons accueilli plusieurs personnalités. Actuellement, on ne voit personne. C’est ainsi la vie, mais Serigne Cheikh Sidy Mokhtar Mbacké méritait plus », confie-t-il. Et il n’hésite pas à citer les « rares personnalités » qui continuent de fréquenter la maison et qui donnent leur contribution. « Parmi les rares fidèles talibés qui continuent d’œuvrer, il y a le médecin-général Mame Thierno Dieng et Malick Dieng qui poursuivent les bonnes actions qu’ils faisaient du temps de Serigne Cheikh Sidy Mokhtar Mbacké. A chaque magal, ils remettent plusieurs taureaux », a-t-il ajouté.
Intendant de la maison de Serigne Saliou : « Ce n’est plus comme avant »
A la maison de Serigne Saliou Mbacké, c’est le même constat. Plus de bousculades. Dans cette demeure située à l’Est de la grande mosquée, les ndongos tarbiyas ont fini d’installer leur matériel de sonorisation et déclament des khassaïdes du fondateur de la confrérie mouride. Avec ses va-et-vient, le téléphone collé à l’oreille, Cheikhouna Diène, de taille imposante, est l’intendant de cette maison de plusieurs hectares et des deux autres de Diourbel. Talibé du 5ème khalife général des mourides, homme de confiance de Serigne Cheikh Saliou Mbacké, Cheikhouna Diène revient sur le magal : « C’est vrai que ce n’est plus comme avant. Les gens ne viennent plus. L’une des rares personnes qui continuent de fréquenter cette maison, c’est l’actuel ministre de la Fonction publique. Vous voyez, nous récitons le coran la veille et le jour du magal plusieurs fois dans la journée. Nous distribuons du ‘’berndé’’ (mets) aux populations. N’oubliez pas que Serigne Saliou avait dit que le ‘’berndé’’, tant qu’il ne ressemble pas à du gaspillage, n’en est pas un. S’agissant de ses enseignements, c’est l’Islam. Tout ce qu’il a laissé comme héritage, ses talibés et héritiers tentent de le préserver. Nous le gardons très jalousement. »
Chez Serigne Abdoul Ahad et Serigne Bara aussi…
Autre lieu, même décor, les maisons de Serigne Abdoul Ahad Mbacké et Serigne Mouhamadou Lamine Bara Mbacké, respectivement 3ème et 6ème khalife général des mourides, ce n’est pas l’affluence des grands jours. Mieux, les familles ne se sentent pas impliquées directement dans l’organisation du magal. Sous couvert de l’anonymat, un membre d’une de ses familles explique : « Ce qu’on remarque c’est que le comité d’organisation n’associe plus les membres des défunts khalifes dans l’organisation du magal. »