DES ACTEURS EXPLIQUENT LE ROLE ET LA MISSION DU KANKOURANG
"Le kankourang est le génie protecteur des circoncis, rassemblés dans un même endroit pendant le temps de leur guérison"
Pourquoi diantre le kankourang se permet-il d’agresser de paisibles citoyens ? Où en tire-t-il le culot ? Mamadou Bâ, acteur culturel, très versé dans la tradition mandingue, tout peulh qu’il soit, en donne d’emblée une réponse : «Ce sont des jeunes qui ne connaissent rien de la culture du kankourang qui s’activent autour de cette pratique culturelle. Ils abusent, ignorant que nous sommes un peuple civilisé et vivons dans une Rrépublique avec ses lois et règlements.» Il poursuit : "Le kankourang est le génie protecteur des circoncis, rassemblés dans un même endroit pendant le temps de leur guérison".
Ses sorties sont annoncées et c’est souvent la nuit pour éloigner toute menace maléfique mystique contre les petits circoncis. S’il arrive, par mégarde, qu’il rencontre une personne sur sa voie, si c’est un homme, il suffit qu’il se sépare de son couvre-chef pour qu’il l’épargne, si c’est une femme prise de court, elle se bande les yeux, se détourne ou court. Toute attitude contraire est un signe de défiance, par conséquent appelle une correction. Ce sont des situations rarissimes en milieu traditionnel, parce que tout le monde respecte le kankourang.» D’autres occasions pour le kankourang de sévir sur un citoyen sont évoquées par Ansou Diatta, sexagénaire : «Le kankourang policier existe dans la tradition mandingue. Il sort quand on veut corriger un rebelle à une convention communautaire. Par exemple, quand on interdit la cueillette des fruits verts des arbres sauvages comme domestiques, c’est au kankourang que l’on fait appel pour corriger toute personne qui en enfreint l’interdit.»
Il poursuit : «Il est chargé de l’éducation des petits circoncis, qu’il peut corriger à l’occasion d’un mauvais comportement signalé par les préposés à leur garde. Les jeunes préposés à la garde des circoncis peuvent également passés sous le coupe-coupe de ce masque pour des actes d’indiscipline commis à l’encontre d’un aîné. Ou quand un ancien circoncis dévoile les secrets du kankourang ou de la circoncision à des non-initiés ou à des femmes.»
Selon M. Diatta, le kankourang qui sort actuellement est, en réalité, fait pour égayer les populations. Il ne doit pas frapper, selon la tradition. C’est le kankourang qui sort à l’occasion de l’entrée ou de la sortie de leur retraite des circoncis. Ce sont des moments de joie agrémentés par ce masque.