IBRAHIMA DIOP DE LA DIC ET ISSA DIACK DE LA SR SAUVES D’UNE COMPARUTION
Renvoi du procès de Imam Alioune Ndao et Cie
Le procès des présumés terroristes en l’occurrence imam Alioune Ndao et ses 29 co-accusés a été renvoyé au 14 mars prochain, suite à la recomposition de la chambre criminelle spéciale. Ainsi, le successeur de Malick Lamotte, le président Samba Kane qui a hérité de ce dossier, a sauvé le commissaire Ibrahima Diop de la Dic et le commandant Issa Diack de la section de recherches d’une comparution réclamée par les avocats de la défense. a l’en croire, la comparution des enquêteurs, à ce stade de la procédure, n’est pas encore opportune.
Imam Aliou Ndao et ses 29 autres co-accusés, en détention préventive depuis deux ans, devront prendre leur mal en patience avant de répondre des crimes « d’association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste et de blanchiment de capitaux dans le cadre d’activités terroristes en bande organisée, d’actes de terrorisme par menaces ou complots, d’apologie du terrorisme et de financement du terrorisme en bande organisée ». Ainsi, cette affaire évoquée, hier, pour la deuxième fois a été de nouveau renvoyée au 14 mars prochain par le juge de la chambre criminelle spéciale. En effet, cette juridiction a connu une recomposition qui justifie le renvoi du procès des présumés terroristes.
Désormais, c’est le président Samba Kane qui hérite de ce dossier qui a été jusqu’ici piloté par le président Malick Lamotte, par ailleurs, très chargé avec le dossier de la caisse d’avance de la ville de Dakar. Le renvoi dès lors acté, les avocats de l’imam Ndao et ses co-accusés n’ont pas manqué de formuler des observations afin d’avoir, ce qu’ils considèrent comme un procès juste et équitable. Et, c’est Me Moussa Sarr qui est monté au créneau, en premier, pour réclamer la comparution du commandant de la Section de recherches de la Gendarmerie, Issa Diack qui dirigeait la Section de recherches au moment de l’interpellation de Imam Ndao et cie, mais également la comparution du commissaire Ibrahima Diop chef de la Division des investigations criminelles (Dic). Une comparution à titre de «simple renseignement», fait remarquer l’avocat qui rappelle que c’est sur la base des conclusions de ces enquêteurs que leurs clients ont été inculpés. Une demande loin d’être cautionnée par le substitut du procureur Aly Ciré Ndiaye.
Ainsi, après avoir manifesté sa surprise, l’avocat de la société de rappeler que c’est une procédure comme les autres. «Les autres juridictions statuent tous les jours sur des affaires dont les procès-verbaux ont été dressés par des commissaires de police et des commandants de brigade et jamais leur comparution n’a été sollicitée. C’est une demande fantaisiste de la défense qui mérite d’être rejetée», lance tout de go, Aly Ciré Ndiaye. Une réponse qui n’a fait que courroucer les avocats de la défense. Dans cette logique Me Masokhna Kane de rappeler que les enquêteurs, après avoir imputé des faits précis à leurs clients, la défense a le droit le plus absolu de les faire comparaitre pour tirer cette affaire au clair. Me Mounir Balal lui aussi constitué pour Imam Alioune Ndao «d’exiger» à son tour, pour une affaire aussi grave que le terrorisme, outre la comparution des enquêteurs, la présence des scellés à la barre. «On n’aurait scellé beaucoup de choses que j’aimerai voir», fulmine la robe noire. Poursuivant, il n’a pas manqué d’attirer l’attention du président de la Chambre sur le volume du dossier à sa disposition qui, à l’en croire, fait trois fois le sien.
EMOTION DANS LA SALLE D’AUDIENCE
Seulement, dans la plaidoirie de l’avocat, la terminologie «exiger» n’a pas été appréciée par le juge Samba Kane qui précise, à cet effet, «qu’on n’exige rien du tribunal, mais on demande». Me Ousseynou Gaye a déploré la nature illisible de certaines pages du dossier qui, à l’en croire, ne favorise pas une bonne exploitation. L’avocat de boucler la boucle des observations en déplorant la non disponibilité du dossier. Pire, l’avocat constitué pour le présumé terroriste Oumar Keita peine à rencontrer son client. Sur ce point, le juge Samba Kane a prévu d’adresser une correspondance à l’administration pénitentiaire avec une liste des noms de tous les avocats constitués dans cette affaire afin qu’ils puissent rencontrer leurs clients, sans heurts.
Toutefois, au terme de l’audience, le président Samba Kane, après avoir délibéré sur les demandes de mise en liberté provisoire, a également estimé que la convocation du commissaire Ibrahima Diop et du commandant Issa Diack «en l’état actuel du dossier» n’était pas opportune. Aussi, a-t-il, renvoyé le procès au 14 mars prochain. Auparavant, il compte rencontrer les avocats de la défense mercredi prochain à 15 heures pour tirer ces problèmes d’illisibilité du dossier au clair. Au terme de l’audience de renvoi, Imam Alioune Ndao, tout de blanc vêtu, a regagné le box des accusés.
A l’intérieur, il n’a pas manqué de communier avec ses sympathisants venus lui témoigner leur solidarité. «Ce n’est plus la peine de vous déplacer, vous êtes fatigués», lance-t-il, debout dans le box des accusés. «Nous allons revenir autant de fois que cela est nécessaire, nous sommes avec toi», une réponse distincte qui s’échappait dans cette cacophonie vocale où les prières se mêlaient à des incantations divines de certains et aux sanglots des autres. Des moments empreints de tristesse et d’émotion, au point qu’une dame d’un âge avancé, s’est affalée sur le perron de la salle d’audience. Avant de reprendre ses esprits avec l’aide des pandores, l’imam, de son côté, touché par cette marque d’affection, n’a pas manqué de formuler des prières à l’endroit de la foule.
Pour rappel, lorsque l’Imam Ndao a été appelé par le juge au début de l’audience, ses pas pour regagner la barre ont été rythmés par des «Alakhou akbar» qui fusaient en sourdine du public, mais aussi par des sanglots des âmes sensibles dont certaines ont été, tout simplement, évacuées en dehors de la salle d’audience
LP REJETEE POUR OUMAR KEITA
Constitués pour Oumar Keita, professeur de Maths et de Svt, présumé terroriste aux côtés de Imam Alioune Ndao et autres, Me Assane Dioma Ndiaye et Me Hilal ont tenté d’obtenir la mise en liberté provisoire de leur client avant la prochaine comparution. Une demande rejetée par le président Samba Kane au motif que l’accusé ne présente aucune garantie de représentation et qui plus est sa mise en liberté constituerait un risque de trouble à l’ordre public. Or, selon Me Hilal, dans sa plaidoirie, son client est régulièrement domicilié. Mieux, l’avocat estime qu’il est tombé dans cette affaire comme un cheveu dans la soupe d’autant qu’il n’existe pas, à en croire la robe noire, un élément dans la procé- dure qui puisse justifier son maintien en détention. «Aucune charge n’a été retenue contre Oumar Keita. Le juge d’instruction n’a articulé aucun fait à son encontre», renchérit Me Dioma Ndiaye. Des arguments balayés en touche par le substitut du procureur qui révèle, contrairement aux défenseurs de l’accusé, que les infractions ont été qualifiées contre toutes personnes inculpées. Poursuivant, Aly Ciré Ndiaye estime que la mise en liberté de l’accusé risque d’entrainer une collusion avec les témoins. De plus, dit-il, rien ne garantit qu’il comparaitra à l’audience de renvoi, avant d’inviter le tribunal à rejeter la demande.