LA REGION DE ZIGUINCHOR, PARENT PAUVRE DES REALISATIONS DE L’ETAT EN 2019
La région de Ziguinchor n’a pas connu beaucoup de réalisations de la part du gouvernement durant l’année 2019.
La région de Ziguinchor n’a pas connu beaucoup de réalisations de la part du gouvernement durant l’année 2019. Pourtant, il y avait beaucoup d’attentes chez les populations et notamment dans le domaine des grandes infrastructures qui sont le soubassement du développement durable. Dans ce domaine précis, seul le projet de construction du port de pêche de Ziguinchor, au quartier Boudody, a connu un début d’exécution. Ce port qui fait partie du projet Orio ayant permis de financer le dragage du chenal du fleuve Casamance est en plein chantier aujourd’hui au grand bonheur des acteurs de la pêche de la région.
Quant aux grandes constructions de l’Université de Ziguinchor qui devaient sortir cette institution de son apparence de collège d’enseignement moyen, elles sont toujours à la traîne. Le ministre de l’Enseignement supérieur, venu récemment à Ziguinchor pour constater l’état d’avancement de ces chantiers, a promis qu’un budget supplémentaire sera dégagé pour leur achèvement. Mais, la plupart des observateurs restent pessimistes par rapport à cette promesse. Ils soulignent que depuis 2015, du temps de son prédécesseur Pr Mary Teuw Niane, c’est toujours le même discours qu’on entend au sujet de ces chantiers sans qu’il y ait eu des actes concrets. Au niveau de la ville de Ziguinchor, cependant, on a noté un début d’exécution du projet Promovilles qui va désenclaver plusieurs quartiers. De vieilles rues comme le boulevard Alpha, qui traverse le quartier de Lyndiane, sont en chantiers.
Du côté du quartier Kandialang, le plus grand boulevard est aussi en état de construction. Concernant les ponts de Ziguinchor, Tobor, Baïla ou Diouloulou, Diakène et Katakalouss qui croulent sous le poids de l’âge, on attend toujours le lancement des travaux de leur reconstruction. Un lancement promis par le président Macky Sall lors de sa dernière visite économique en Casamance au mois de novembre 2018. Récemment, le pont de Ziguinchor a été le théâtre d’un accident spectaculaire. Un camion chargé de marchandises, en provenance de la Gambie, en avait dégringolé et les garde-fous avaient cédé avant que le camion ne termine sa course dans le fleuve, faisant plusieurs morts parmi ses occupants. La construction du pont de Marsassoum, très attendue par l’ensemble de la population de la Casamance et dont les travaux avaient été lancés depuis plus d’un an par le président Macky Sall, n’a toujours pas débuté. Ce pont doit sortir une bonne partie de la région de Sédhiou de l’isolement.
Mieux, il permettra de faire des raccourcis pour se rendre à Sédhiou ou à Kolda pour les habitants de la Basse Casamance. Seul le tronçon qui relie Marsassoum au croisement de Badiouré, qui doit être bitumé dans le cadre de ce projet, a été gratté. S’agissant de la route des Kalounayes, dans le département de Bignona, dont le début des travaux était prévu dans le courant 2019, rien n’est fait pour l’instant. Cette route est pourtant d’une importance capitale car devant relier trois communes rurales et créer un raccourci entre Marsassoum, Sédhiou et Ziguinchor. Du point de vue économique, elle pourrait jouer un grand rôle parce que les Kalounayes, qui n’ont été touchés qu’au début du conflit casamançais, regorgent de beaucoup de produits locaux.
L’arboriculture, l’élevage et la culture des céréales y sont très développés. Depuis quelques années, on y note également le développement de l’apiculture. Toujours dans le département de Bignona, l’achèvement du bitumage de la Boucle du Blouf, promis pour 2019, n’est toujours pas effectif. Il reste encore un tronçon de 15 kilomètres reliant Balingore à Bignona à bitumer. Il y a des tronçons également à reprendre car dégradés par endroits. D’ailleurs, beaucoup d’observateurs, jugeant les travaux très mal faits, estiment que cette route devrait être reprise de Bignona à Thionck-Essyl.
L’espoir du barrage d’Affiniam
Pour ce qui est des travaux de réhabilitation du barrage d’Affiniam, qui est l’une des plus grandes préoccupations des populations de la Basse Casamance, le ministre de l’Agriculture en a récemment lancé les travaux. C’était en présence de l’ambassadeur de Chine à Dakar. Ce barrage, réalisé dans les années 80 avec l’appui de la coopération chinoise sur une vallée d’environ 11000 hectares dont 5 000 envahis par la langue salée, avait pour objectif de relancer la riziculture dans cette contrée de la Casamance, menacée par les longs cycles de sécheresse qu’avait connus l’Afrique de l’Ouest dans les années 1970-80. Non seulement il devrait permettre d’irriguer des milliers d’hectares de parcelles rizicoles, mais aussi favoriser l’arboriculture et fournir de l’électricité plus tard. Mais à peine le projet avait-il commencé à fonctionner qu’il y a eu un arrêt avec des conséquences néfastes sur le plan économique et social. Le marigot de Bignona, sur lequel il avait été érigé, naguère très riche en poissons et huîtres, verra disparaître de façon progressive toutes ses ressources halieutiques.
Et même la mangrove a été décimée, laissant la place à des étendues nues. Ce qui a provoqué l’ire des populations riveraines qui étaient obligées de se tourner vers des poissonniers en provenance de Gambie pour se ravitailler en poissons à des prix parfois très élevés. Et l’essentiel du poisson vendu par ces Gambiens étaient des ‘’yaboys’’ (un poisson de basse qualité). Il arrivait même qu’il y ait des semaines de pénurie de poissons dans cette zone. Ce alors qu’avant la construction du barrage, avec la générosité de cet affluent du fleuve Casamance, il y avait une surabondance de poissons dans la zone. Beaucoup de familles pêchaient, elles-mêmes, leurs besoins en poissons.
Sur un autre plan, la langue salée que l’ouvrage était censé éradiquer ne cesse de gagner du terrain, engloutissant des centaines d’hectares de parcelles rizicoles au grand dam des populations. Depuis des décennies, ces populations font des plaidoyers pour amener les décideurs à diligenter la réhabilitation de ce barrage dont l’impact économique et social peut être énorme s’il fonctionne correctement…