LE LEADERSHIP DES FEMMES DANS L'ÉLABORATION DE STRATÉGIES POUR JUGULER LE MAL
Bâtir une réponse régionale et internationale contre le terrorisme et l’extrémisme violent
Dakar abrite depuis hier, mardi 10 avril 2018, une conférence de haut niveau sur «Femmes, violence et terrorisme en Afrique de l’Ouest et au Sahel: bâtir une Réponse ré- gionale et internationale». Cette rencontre qui se termine ce mercredi, vise à assurer et renforcer la participation effective et le leadership des femmes et des organisations de femmes dans l'élaboration de stratégies de lutte contre le terrorisme et l'extrémisme violent pouvant mener au terrorisme en Afrique de l’Ouest et au Sahel.
L e terrorisme est devenu une menace importante pour la paix, la stabilité, la sécurité et le développement en Afrique de l’Ouest et au Sahel. Et, les femmes ont été les plus touchées par ce terrorisme en Afrique de l’Ouest et au Sahel. Elles subissent des actes méprisables d’abus physiques, psychologiques et de torture, surtout du groupe Boko Haram. Ainsi, dans le cadre de ses activités régionales, le Bureau des Nations Unies pour l'Afrique de l'Ouest et le Sahel (UNOWAS), organise en partenariat avec la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CÉDÉAO), le G5 Sahel, le Groupe de Travail Femmes, Jeunes, Paix et Sécurité en Afrique de l'Ouest et le Sahel, le Bureau des Nations Unies Contre le Terrorisme, avec la participation du ministère ministre de la Jeunesse, de la Construction citoyenne et de la Promotion du volontariat, une conférence de haut niveau les 10 et 11 mars à Dakar. La rencontre de deux jours ouverte, hier mardi au King Fahd Palace, à pour thème «Femmes, violence et terrorisme en Afrique de l’Ouest et au Sahel: bâtir une Réponse régionale et internationale» Partant de ce constat, le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, Mohamed Ibn Chambas, regrette que des femmes subissent d’actes mé- prisables. «Si nous observons la région de l’Afrique de l’Ouest et du Sahel, nous conclurons que les femmes sont directement touchées par le terrorisme. Elles subissent d’actes méprisables de torture et autres abus physiques et psychologiques. Les femmes, y compris les jeunes filles, y ont été tuées, violés ou enlevées par Boko Haram, AQMI, EI et d’autres organisations terroristes œuvrant vicieusement dans l’Afrique de l’Ouest et le Sahel».
IMPACT NÉGATIF DU TÉRRORISME SUR LES FEMMES
Par ailleurs, Mouhamed Ibn Chambas déplore le forcing dont font objet les femmes sous le joug des terroristes qui les poussent à commettre des crimes. «Sous un autre angle, les femmes, ont participé, parfois malgré elles, et souvent dans l’ignorance, à des attaques terroristes en tant que combattantes, kamikazes, porteuses de munitions lors d’opérations, de recruteuses, de domestiques, de cuisinières et d’esclaves sexuelles». Par ricochet, ces actes terroristes influent considérablement sur l’économie de ces pays. «Les femmes jouent un rôle actif dans l’agriculture et les moyens de subsistance ruraux. Mais, la crainte des attaques du groupe des terroristes a conduit beaucoup d’entre-elles à se cacher ou fuir dans des camps pour personnes déplacées à l’intérieur du pays», renseigne-t-il.
DE LA NÉCESSITÉ DE COORDONNER LES INTERVENTIONS
Pour sa part, la Commissaire des affaires sociales et genre de la CEDEAO, Madame Siga Fatima Jagne, appelle à une mutualisation des actions dans la lutte contre l’extrémisme violent afin de juguler le mal à la racine. «Je vous invite à vous approprier le plan d’action 2017-2020 pour la composante Femmes, Paix et Sécurité du cadre de prévention des conflits de la CEDEAO (CPCC), adopté en février 2017, par les ministres en charge du Genre et de la Femme des 15 états membres. Il met en exerce l’importance de placer les femmes dans des positions centrales dans des questions de paix et de sécurité et souligne l’urgence de trouver des solutions aux facteurs structurels qui déterminent leur exclusion auxdits processus».
LA SENSIBILISATION, UN FACTEUR IMPORTANT
Quant à Madame Marie-Josée Kandanga de l’ONU Femmes, elle est revenue sur le rôle de sensibilisation et de prévention des femmes contre l’extrémisme violent et l’absence de ressources financières et matérielles qui amoindrissent leur chance d’y parvenir. «C’est important de tenir compte du rôle clef que doivent jouer les femmes dans cette lutte. Elles ont le potentiel. En tant que citoyenne, mère, elles peuvent bien jouer le rôle de prévention dans la lutte contre l’extrémisme violent mais aussi pour l’accompagnent et la réintégration de toutes ces personnes qui ont été affectées. C’est l’occasion de mener un plaidoyer en faveur d’appuis pour les femmes, pas seulement avec la bouche et les bonnes intentions mais par des appuis techniques et financiers».
L’ÉDUCATION DOIT JOUER UN RÔLE DE PREMIER PLAN
Venu représenter le ministre de la Jeunesse, de la Construction citoyenne et de la Promotion du volontariat, Madame Aminata Diongue, conseillère technique chargée du genre au dit ministère, aborde l’approche éducation comme un des meilleurs moyens pour lutter contre ce phénomène qui sévit en Afrique. Pour elle «au plus bas niveau, la lutte contre ce phénomène commence par l’éducation des enfants, leur surveillance, leur sensibilisation. Mais surtout leur dire ce qu’il en est. Parce que l’éducation, c’est un problème de société mais ça débute d’abord dans le ventre de la maman, la cour puis la rue avant d’aller sur la place publique, avant que l’enfant ne prenne le chemin de l’école ou de l’atelier pour aller chercher du travail».