MEDINA BAYE, LA COSMOPOLITE
À 224 Km de Dakar, Kaolack, région carrefour de par sa position géographique, accueille dans sa cité religieuse, Médina Baye, des milliers de pèlerins - Ils viennent de divers horizons pour célébrer la naissance du prophète
Ici, on parle Anglais, Arabe, Haoussa, Français, Wolof, Hal Pulaar, Sérère, Diola... Cette diversité linguistique résume la diversité des cultures qui se rencontre à Médina Baye. Le point commun de ces pèlerins, l’amour et la reconnaissance qu’ils vouent au fondateur de la fayda Tidianiya, Cheikh Ibrahim Niass. Grâce à ces multiples périples hors du territoire sénégalais, Cheikh al Islam comme le surnomme ses disciples a enrôlé beaucoup de personnes dans l’islam et la fayda (confrérie) Tidianiya. Après sa mort, ses fils et guides religieux ont poursuivi sa mission au delà du continent africain. Ce qui fait qu’aujourd’hui à Medina des personnes d’horizons divers viennent à l’occasion du Maouloud.
« Ils viennent chaque année de plus en plus en nombreux », confie Fatima un talibé de Baye habitué à se rendre sur les lieux pour le célébrer le Gamou. Dans l’enceinte de la mosquée, Nigerians, Nigériens, ou Mauritaniens déambulent régulièrement en entonnant à haute voix des zikrs (poèmes religieux), propres à leur style sans aucun complexe. « C’est à croire qu’ils sont chez eux », déclare Fatima sur un ton, un brin ironique.
Trouvé à l’entrée du mausolée de Cheikh Ibrahima Niass, Zakaria, nigérien, teint mate, la vingtaine révèle que depuis 2003 il vient dans la ville religieuse. Par l’intermédiaire des Moukhadam « Guide religieux de la fayda », installés dans son pays , il a été initié à la tijaniya et à la gnose. « C’est grâce à Baye Niass que je suis là. Que je connais l’essence même de la vie. Venir à Medina me permet de me ressourcer et de me rapprocher de mes semblables même si on parle pas la même langue », souligne-t-il.
Foire aux alentours de la mosquée
Comme Zakaria, ils sont plusieurs à effectuer le pèlerinage chaque année même si cela exige des jours de voyage par la route ou des heures de vols.
Selon Oustaz Niang, Moukhadam de Baye, le peuple qui vient répondre à l’appel de Baye Niass de par sa diversité est semblable à celui qui se rend à la Mecque. « Quand vous voyez la symbiose entre les différentes nationalités lors du Gamou à Médina, vous constatez que cela ne relève pas seulement d’une commémoration de la naissance du prophète mais aussi d’une forte spiritualité tirée de la fayda tijania », précise le guide religieux.
Comme tout rassemblement, le Gamou international de Médina Baye n’est pas seulement un moment de recueillement mais aussi un moment d’échange commercial. C’est une véritable foire qui se déroule aux alentours de la mosquée. Entre les chapelets des sénégalais, les bonnets haoussa des nigériens, les tissus et boubous maures : Médina Baye est transformé le temps du Gamou en un véritable bazar.
Installé à Kaolack depuis bientôt 4 ans, Sanni est nigérien et est vendeur de bonnet. Il révèle que le commerce prospère bien dans la cité religieuse et qu’il y trouve son compte. « Mes principaux clients sont des sénégalais. Ils aiment les bonnets. »
Le marchandage dans la foire de Médina est un véritable jeu d’équilibriste. « Il parle pas notre langue et nous pas la notre mais on arrive quand même à se comprendre », déclare Pape Samba, venu acheter un bonnet. Preuve que la barrière linguistique n’est pas un frein à l’intégration des peuples.