SERIGNE SALIOU MBACKE, LES SENEGALAIS S'EN SOUVIENNENT
Décédé à l’âge de 92 ans, Serigne Saliou Mbacké était le dernier fils de Bamba sur terre. De son vivant, il a contribué à la modernisation de la ville de Touba,à l’éducation des enfants et à l’agriculture. Quinze années après, il vit dans les mémoires
Décédé à l’âge de 92 ans, Serigne Saliou Mbacké était le dernier fils de Bamba sur terre. De son vivant, il a contribué à la modernisation de la ville de Touba,à l’éducation des enfants et à l’agriculture. Quinze années après son rappel à Dieu le 28 Décembre 2007, les sénégalais se souviennent de cet homme de Dieu.
Grand producteur, il a réalisé un énorme projet agricole à Khelcom sur une surface de 45 000 ha parce que persuadé que l’autosuffisance alimentaire était à portée de main. Ce guide religieux ,5ème khalife général des mourides bénéficiait d’une grande aura dans la communauté mouride et dans le monde musulman. Serigne Saliou Mbacké n’a pas pu voir se réaliser son projet de modernisation de la ville qu’il a confié à Wade, non sans lui remettre, en guise de participation personnelle, une somme de 7 milliards de F CFA. Il a mis en œuvre un plan de viabilisation de terrains d’environ 100 000 parcelles et un réseau d’électrification de la ville.
Celui qu’on surnommait le milliardaire qui ne s’habillait pas et le savant qui parlait peu était d’une simplicité sans faille. Son désintéressement vis-à-vis du clinquant de cette vie, laissait comprendre aux gens quelque peu avertis, que tout ce qui a une fin, une finitude, ne doit pas être considéré comme durable, réellement. Il avait la plus grande attention pour la famille de Serigne Touba. Né à Diourbel en 1915, Serigne Saliou a fait de l’éducation son occupation continue. De son vivant, il avait implanté 29 daaras à travers tout le pays. Les 14 daaras ont été acquis avant Khelcom qui ne renferme que les 15 autres. En effet, ses daaras où les étudiants travaillent dans les champs éparpillés à travers le pays datent de plus d’un demi-siècle. Dans ses écoles, l’enseignement du Coran et l’éducation religieuse étaient associés au travail pour indiquer qu’il s’agissait d’activités inséparables.
Serigne Saliou a fait du mouridisme une voie soufi connue actuellement à travers le monde entier. L’apprentissage du travail chez les jeunes leur confère la conscience qui permet à l’homme de s’accomplir, d’être utile à lui-même et à la communauté. Quant à l’éducation, elle a pour but dans ces daaras de faire connaître aux jeunes disciples le sens de la vie, les règles de comportement dans la société, les normes spirituelles et morales dont l’observation assure à chacun la sauvegarde de son humanité.. Il reprit de nombreux travaux de rénovation aussi bien internes qu’externes de la mosquée et la construction de l’université islamique qu’avait entamée son frère aîné Abdoul Ahad Mbacké.
Écouté, respecté voire craint, il intervenait pour sauvegarder les grands équilibres du pays. Fin janvier 2007, dans un contexte lourd d’incertitudes, il a reconcilié Abdoulaye Wade et son ex-Premier ministre Idrissa Seck. Serigne Saliou était le plus petit dénominateur commun dans un Sénégal en proie à des divisions de toutes sortes. Abdoulaye Wade, dont il était le guide spirituel et qui lui rendait régulièrement visite, s’inclinait devant lui pour solliciter ses bénédictions.
L’opposition l’avait rencontré fin novembre pour lui demander de convaincre Wade d’accepter d’ouvrir le dialogue. Les syndicats sollicitaient sa médiation avant de lancer le moindre mouvement social. Serigne Saliou était également un acteur économique convaincu de la nécessité pour son pays de réaliser l’autosuffisance alimentaire. Avant de s’installer à Touba, capitale du mouridisme, le 13 mai 1990, pour y être intronisé calife général, il n’y venait qu’une fois par an afin de remettre à ses prédécesseurs successifs sa participation aux frais d’entretien de la cité religieuse. Serigne Saliou laisse derrière lui une confrérie forte de plusieurs millions d’adeptes, mais aussi une ville qui a connu un essor exceptionnel.