COACH PABI REJOUE SA SAISON
Niveau du championnat, échec à la Bal, son avenir avec l’As Douanes…Après près de dix ans sur le banc de l’As Douanes, l’envie de départ hante l’esprit du technicien sénégalais Mamadou Guèye Pabi
Après près de dix ans sur le banc de l’As Douanes, l’envie de départ hante l’esprit du technicien sénégalais Mamadou Guèye Pabi. La mauvaise saison des Gabelous marquée par une élimination à la prochaine Basketball Africa League (Bal), avec la perte du titre de champion et un seul trophée remporté, l’absence de terrain d’entraînement pour son équipe ont fini de peser dans le panier de coach Pabi. Qui dresse le bilan d’une longue et difficile saison.
Quel bilan tirez-vous de la saison ?
Ça a été une saison difficile parce qu’on ne parvenait pas à gagner nos matchs comme on le voulait. C’est beaucoup plus facile de s’entraîner et de gagner que de s’entraîner et de perdre des matchs, surtout importants. C’est cela aussi le sport, le fait qu’on ressente ce que les autres ressentaient lorsqu’ils perdaient des matchs pendant les dix dernières années. Maintenant, on va essayer de faire l’évaluation pour voir ce qui a marché et qui ne l’a pas été pendant cette saison pour essayer de revenir plus fort l’année prochaine.
Qu’est-ce qui a été le plus difficile, perdre le championnat, les autres trophées ou ne pas prendre part à la prochaine Basketball Africa League (Bal) ?
C’est l’ensemble. A la Bal, on n’avait pris que trois joueurs. Maintenant, la motivation des uns et des autres a forcément baissé, même s’ils ne le disent pas. C’est après qu’ils se rendent compte qu’il y avait de la place pour retourner à la Bal. Que tu perdes ou pas, les avantages sont les mêmes que pour ceux qui participent à la Bal. Je crois qu’ils s’en sont rendu compte après coup. Malheureusement l’année prochaine, on ne sera pas à la Bal. Il n’y aura pas les avantages de la Bal. On va se contenter du championnat, en essayant de le gagner à nouveau.
Est-ce que cela a été difficile de gérer la suite de la saison après l’élimination en quarts de finale de la Bal ?
Ah oui, sachant surtout que nous n’avons aucune chance de retourner à la Bal pour montrer à tout le monde que cela a été une erreur. Après avoir mené de 20 points à quatre minutes de la fin, il y avait de la place pour aller jusqu’en finale et même remporter le trophée. J’y croyais. Les joueurs y croyaient aussi. Malheureusement, le basket est tellement cruel. C’est comme ça le haut niveau. On va essayer de retenir les leçons et travailler pour revenir encore plus forts. Nous avons un métier tellement ingrat. Aujourd’hui, tu es bon, demain, tu es mauvais, après demain, tu peux être un héros national.
Mais finalement avec la Coupe du Sénégal, vous avez sauvé votre saison…
Tout à fait parce que, personnellement, depuis que je suis à l’As Douanes, je n’ai jamais connu une saison blanche. Cela fait maintenant huit à dix ans. Chaque année, on remportait deux, voire trois trophées. C’est une nouvelle situation. Cela va nous permettre de grandir et, comme je l’ai dit, de ressentir ce que les autres ressentaient en cas de contre-performance.
Maintenant focus sur la prochaine saison. Mais d’abord, est-ce que vous allez continuer à être sur le banc de l’As Douanes ?
Personnellement, j’ai des contacts un peu partout. Si cela vaut le coût, je vais partir et tenter ma chance, sinon, j’aime l’As Douanes, c’est mon club. Je pourrai continuer parce que je leur dois quelque chose. On n’avait pas le droit de faire une telle saison et je n’ai pas le droit de les laisser tomber pour autre chose.
Vous n’avez donc pas envie de partir ?
Quelque part, j’ai envie de partir afin de découvrir autre chose. Comme je l’ai dit, je suis en discussion avec certains clubs, mais il faut vraiment que cela soit quelque chose de concret pour que je puisse partir.
Qu’est-ce qui pourrait vous pousser à rester ?
L’organisation surtout. On manque de terrain. Aujourd’hui, on s’entraîne, demain, on ne s’entraîne pas. Bien que les joueurs soient payés à partir du 25 du mois, tout est Ok, on ne doit rien à personne. La première arme d’un coach, c’est un terrain d’entraînement, une salle de musculation, un médecin, un kiné… Tous ces petits trucs qui peuvent permettre à mes joueurs d’être vraiment performants sur le terrain.
Est-ce qu’il sera facile de conserver le groupe au moment où les autres déploient les mêmes moyens que l’As Douanes pour se renforcer ?
De toutes les façons, je ne retiens personne. Je leur ai dit cela. Ceux qui ont envie de partir peuvent le faire. Lorsqu’on a perdu le championnat il y a deux ans, j’avais perdu huit joueurs. Nous avons travaillé pour remporter deux championnats.
Dans une analyse générale, comment avez-vous trouvé le niveau du basket masculin cette saison ?
Un niveau très relevé. Il va falloir que tout le monde soit au même niveau. Que ce soit les joueurs, les entraîneurs et aussi les arbitres, parce qu’il y a tellement de fautes non sifflées. Ce qui fait qu’on a du mal à atteindre les 90 points par match. Le basket est un jeu d’adresse. On doit pouvoir privilégier l’aspect offensif, mais il y a trop d’accrochages, trop d’antijeu. Il va falloir donc évoluer dans ce sens pour vraiment donner du spectacle aux supporters qui viennent suivre les matchs. Il y a des équipes, comme la Jeanne d’Arc, une équipe que j’apprécie, l’Asc Ville de Dakar qui est championne, le Duc avec sa jeunesse. Il va falloir qu’on travaille pour espérer continuer à dominer le basket sénégalais comme nous l’avions fait durant ces dernières années.