FOOTBALL : LES JOUEURS NE VEULENT PLUS D'UNE COUPE DU MONDE EN HIVER
Un nouveau rapport du syndicat des footballeurs après le dernier Mondial au Qatar révèle les séquelles causées par l’organisation du tournoi en pleine saison sur le bien-être des joueurs
Les organisateurs s’en sont réjouis, mais la 22e édition de la Coupe du monde de football n’aura pas laissé de souvenirs impérissables à ses premiers acteurs, en l’occurrence les joueurs. Beaucoup ne souhaitent d’ailleurs plus revivre l’expérience d’un tournoi mondial joué pendant une période qui correspond à l’hiver européen et qui s’intercale en plein milieu de la saison réservée aux championnats pour les différents clubs.
Une étude publiée le 9 mars 2023 par la Fédération internationale des associations de footballeurs professionnels (FIFPro) en collaboration avec la plateforme analytique Football Benchmark indique clairement que le temps de récupération physique et mentale n’est pas suffisant pour les joueurs qui ont participé au Mondial.
L’enquête menée en janvier 2023 auprès de 64 joueurs présents au Qatar lève le voile sur les contrecoups à la fois physiques et mentaux de la charge de travail exigée par la compétition.
Fatigue, burn-out, stress
En tout, 54% des participants témoignent d’un risque accru de blessure depuis la fin du tournoi, le 18 décembre 2022 ; 44% éprouvent une "fatigue physique extrême" et 20% indiquent ressentir "des niveaux extrêmement élevés de fatigue mentale et émotionnelle".
En cause, l’alourdissement du calendrier dû à l’organisation de cette Coupe du monde en novembre-décembre 2022 au Qatar. Les joueurs interrogés par la FIFPro regrettent en effet le temps extrêmement court entre d’une part, la suspension des matchs de club et le début du Mondial ; la fin du tournoi et la reprise des compétitions de club d’autre part.
Dans la Premier League anglaise connue pour son enchaînement des rencontres, les joueurs n’ont eu qu’une semaine de répit avant d’entamer le Mondial. Par contraste, ils avaient bénéficié de 32 jours de préparation pour l’édition de 2018 en Russie.
Préparation de 14 jours?
Les matchs ont redémarré en club huit jours seulement après le coup de sifflet final au Qatar, alors qu’il a fallu attendre 26 jours pour la reprise quatre ans plus tôt. Un tel retour au quotidien frénétique des clubs a été décrit par un joueur, selon la FIFPro, comme un suicide.
Seuls 11% des participants à l’enquête sont ainsi favorables à l’organisation d’une autre Coupe du monde dans les mêmes circonstances que celles de l’année passée. Par contre 86% plaident pour une période de préparation de 14 jours au moins avant le début du tournoi. Le même nombre de jours étant également souhaité entre la fin du Mondial et le retour en club.
"La fatigue favorise un stress mental, des blessures et de mauvaises performances qui ne profitent à personne", déclare Dr Darren Burgess, conseiller en haute performance de la FIFPro. Il implore les décideurs du football à prendre bien plus en considération la santé des footballeurs qui est essentielle pour la qualité des compétitions à tous les niveaux.