LE PROTOCOLE DU MAGHREB EN MARCHE !
Organisation des Can : Maroc2025 et Algerie2027, Couper la poire en deux ! C’est le schéma que la Confédération africaine de football (CAF) pourrait être appelé à adopter pour sortir du bourbier
Couper la poire en deux ! C’est le schéma que la Confédération africaine de football (CAF) pourrait être appelé à adopter pour sortir du bourbier dans lequel, l’Algérie et le Maroc l’ont installé depuis quelques mois suite à la non participation de ce dernier au championnat d’Afrique des nations (CHAN), organisé chez son voisin pour une raison géopolitique qui dépasse largement le football. Pour satisfaire les deux grandes nations du football africain, l'organisation de la CAN 2025 devrait aller au Maroc et celle de 2027 à l’Algérie. C’est ce que des sources dignes de foi établies au Caire ont confié à Sud Quotidien.
Maroc2025 ! Algérie2027 ! Le protocole du Maghreb est en marche. Selon des sources dignes de foi et généralement bien informées, c’est le schéma que la Confédération africaine de football (CAF) devrait envisager pour sortir enfin de l’impasse dans laquelle, la non participation du Royaume chérifien au Championnat d’Afrique des nations (CHAN) du 13 janvier au 4 février 2023, remporté par le Sénégal, avait installé l’instance continentale.
Après le retrait de la CAN2025 à la Guinée par la CAF, l’Algérie qui n’a eu à organiser qu’une seule phase finale en 1990, sera la première nation à manifester son intérêt. Par la suite le Maroc, la Zambie et le duo Nigeria-Bénin vont déposer eux aussi, leur candidature au Caire où se trouve le siège de la CAF. Suivront les inspections confiées au cabinet Roland Berger notamment, en Algérie (fin mars), au Nigeria et Bénin (le 3 avril dernier). La Zambie et le Maroc vont fermer la marche. Ce qui a retardé la délibération dont la date initialement prévue le 10 février et reportée au 16 mars à Kigali en marge du congrès de la Fifa. Des délais supplémentaires qui témoignent de la complicité voire, du dilemme dans le choix de la CAF.
Le Président Motsepe étant sud-africain, les relations entre l’Algérie et son pays pourraient peser sur la balance. On se souvient encore de la polémique soulevée par le petit fils de Madiba invité par le comité d’organisation local lors de l’inauguration du stade Nelson Mandela d’Alger. D'un autre coté, l’influence de Fouzi Lekjaa, président de la Fédération royale marocaine de football, au niveau de CAF et surtout, ses relations avec le président de la Fifa, Gianni Infantino, ne sont plus à démontrer.
D’UNE PIERRE DEUX COUPS!
L’une des sorties récentes de Véron Mosengo-Omba, constitue un bon indicateur pour l’Algérie et le Maroc. Ce, en raison de la solidité de leur dossier. «Il y aura dans chaque pays candidats des missions d’inspection. La CAN sera confiée à une nation dont les différentes infrastructures doivent correspondre aux exigences du cahier des charges pour une compétition réunissant vingt-quatre équipes. Il faut notamment six stades et nous ne pouvons pas, à deux ans de la CAN 2025, la confier à un pays qui devrait en construire deux ou trois. Les délais ne seraient pas tenables », avait déclaré le boss de l’administration de la CAF, Véron Mosengo-Omba.
En effet, le pays d’Abdelmadjid Tebboune, président de la République d’Algérie a entretenu depuis quelques mois une intense politique de construction et de rénovation de stades. On peut citer les enceintes de Baraki et Douéra dans la banlieue d’Alger ; le chaudron de Blida, les stades d’Oran, d’Annaba et de Constantine. Sans occulter celui de Tizi-Ouzou. En quelques mois, l’Algérie semble avoir rattrapé le retard vis-à-vis de son frère «ennemi» juré marocain qui, lui, est disposé à organiser la CAN, même avec 32 équipes.
Selon certaines indiscrétions, l’organisation d’une CAN n’est autre pour le Royaume chérifien qu’un tremplin pour atteindre son but ultime : accueillir une phase finale de coupe du monde de football. Après cinq tentatives infructueuses (1994, 1998, 2006,2010et2026), le Maroc a obtenu le soutien total de la CAF pour décrocher l’organisation du Mondial 2030. L’opération de charme a d’ailleurs été déclenchée dans ce sens au mois de février dernier.
Plus de 150 journalistes avaient été invités tout frais payés par la Fédération royale marocaine de football lors de la coupe du monde des clubs (1er au 11 février) à Tanger et à Rabat. Mais, au-delà des infrastructures adéquates dont disposent les deux pays, ils s’illustrent par l’organisation des autres compétitions de la CAF. L’Algérie a réussi son come back avec le CHAN. Elle enchaine avec la CAN U-17 dont le coup d'envoi sera donné ce samedi. Le Maroc va rependre le flambeau avec l'organisation de la CANU-23, qualificative aux jeux olympiques Paris2024. Voilà autant d’arguments sur lesquels, la CAF devrait se fonder pour attribuer les CAN 2025 au Maroc et 2027 à l’Algérie. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que l’Algérie candidate pour 2025, a aussi candidaté en 2027. Alors que le Maroc reste sur une seule CAN, comme si il avait déjà l’assurance de sa victoire. Même si ça risque de faire grincer les dents surtout au niveau de l’Afrique au sud du Sahara, notamment de l’Ouest. Pour rappel, les CAN Côte d’Ivoire 2023 et Guinée 2025 avaient été vivement contestées.
LE FOOTBALL POUR RETABLIR DES RELATIONS TENDUES
En 60 ans d’indépendance, les frontières entre l’Algérie et le Maroc sont restées 40 ans fermées ou presque. Une rivalité exacerbée par la lancinante question du Sahara occidental. Pendant des années Rabat et Alger se regardaient en chiens de faïence. Une crise politico-diplomatique qui s’est invitée lors du CHAN 2023 avec la non participation du Maroc pourtant double tenant du titre en raison de l’interdiction de la compagnie Royal Air Maroc d’atterrir en Algérie. Les autorités algériennes étaient plutôt disposées à faire voler un avion de Tunis pour Casablanca ou Rabat sans passager pour ramener à Constantine la sélection locale marocaine. Ce que la Fédération marocaine ne voulait pas entendre soutenant que toutes ses sélections ne peuvent être transportées que par la RAM. La suite est connue. Mais, le rétablissement des relations entre Rabat et Tel Aviv, le 10 décembre 2020, dans le cadre d’une série d’accords poussés par l’administration Trump a été très mal perçu par Alger. Pis, les autorités algériennes se sont davantage braquées quand le Roi Mohammed VI a autorisé l’implantation de bases militaires israéliennes au Maroc, faisant d’Israël une sorte de «police d'assurance» pour le Royaume. Face à cet état de fait, il n’y a peut être que le sport, particulièrement le football, pour sauver la face.
Espérons que la CAF et la FIFA vont réussir là où la diplomatie et la politique ont échoué. Ce sera au bénéfice du football africain. La France et l’Allemagne ont connu des guerres. Aujourd’hui, elles sont la locomotive de l’Europe. L’axe Rabat-Alger pourrait faire du bien à l’Afrique. Pourquoi pas?