«AUCUNE PRESSION POLITICIENNE, AUCUNE OFFENSIVE MEDIATIQUE, NE PERTURBERONT LE PRESIDENT»
MOR NGOM AVERTIT PAR RAPPORT A LA REDUCTION DE LA DUREE DU MANDAT DE MACKY SALL

Rien ne pourra remettre en cause le calendrier du chef de l’Etat en ce qui concerne la réduction de la durée de son mandat, à en croire Mor Ngom. Dans l’entretien qu’il nous a accordé, le ministre conseiller spécial du président de la République et maire de Ndangalma dit ses vérités sur des sujets brûlants de l’actualité.
Quelle analyse faites-vous du discours à la nation du Président Macky Sall à l'occasion du 55e anniversaire de l'accession du Sénégal à la souveraineté internationale ?
Son Excellence, M. le Président de la République, a été à la hauteur de l'événement. Car, au double plan de la forme et du contenu, le discours du Président Macky Sall aura été remarquable. Ce fut un discours dense et sobre d'une vingtaine de minutes à peine et qui se situe dans la trajectoire des lignes de forces de son discours de fin d'année. Il n'a certes pas fait un bilan, néanmoins, il s'est appliqué à présenter l'état général du Sénégal qui, irréfutablement, témoigne d'avancées majeures dans tous les secteurs d'activités, et ce, en dépit des vociférations de politiciens du passé et pratiquement dépassés. Dans tous les cas, ce discours révèle tout ce que les Sénégalais de bonne foi savent, à savoir que le Sénégal va mieux qu'il n'était au soir du 25 mars 2012. Au-delà de ces éléments pertinents, ce discours a abordé un thème central relatif à la citoyenneté revisitée au prisme du civisme associé à la responsabilité tant individuelle que collective et articulé à la nécessaire prise en compte de notre trésor culturel, dont l'un des aspects majeurs, demeure la place de choix accordée aux anciens. Tout ceci pour dire, une fois de plus, l'excellence du discours servi à nos compatriotes par le Président Macky Sall, le 03 avril 2015.
Dans son adresse à la nation, le chef de l'Etat a tendu la main aux Forces vives de la nation. Quel crédit peut avoir cet appel auprès de ces Forces qu'il a quelque peu ridiculisées en refusant d'endosser les conclusions des Assises nationales dans leur globalité ?
Dans votre question, je note deux aspects. Le premier, et vous avez raison de le souligner, c'est que le Président Macky Sall a rappelé un élément clé de son modèle de gouvernance nourri par sa vision des exigences de gestion du pouvoir dans les conditions historiques actuelles du Sénégal. C'est parce qu'il est profondément attaché à la gouvernance inclusive, au partage des responsabilités avec toutes les forces politiques, économiques et sociales, soucieuses du devenir de notre pays, que le Président Sall ne cesse de témoigner au quotidien, et à travers de multiples actes, qu'il est étranger à toute forme d'ostracisme et de repliement. Cette vision se cristallise dans sa célèbre formule «La patrie avant le parti» et que valide, indiscutablement, le maintien de la coalition «Benno bokk yakaar». Le second aspect de votre question pose problème. Mais, il a le mérite de me permettre de lever quelques équivoques relatives à notre rapport aux Assises, d'une part, et de recentrer le débat sur les réformes institutionnelles, d'autre part. Notre parti s'est construit une identité propre et une ligne politique générale qui sont les fondements et les leviers sur lesquels il s'appuie, en toutes circonstances et pour toutes les questions relatives à la sphère politique, économique et sociale. Sur les grandes questions, nous avons des positions tranchées, claires, sans équivoque, et pour lesquelles, jamais nous n'avons faibli, failli ou flanché.
Soyez plus explicite, monsieur le ministre ?
Tous nos Partenaires de la défunte «Benno siggil Senegaal», que nous avons l'immense plaisir de retrouver dans «Bennoo bokk yakaar», vous diront que sur la nature du régime post-Wade, sur la fonction présidentielle, sur les institutions à créer, ou à supprimer, et sur la Constitution elle-même, nous avons, dans la constance, assumé les divergences très fortes avec nos partenaires du cadre.
Justement, nos partenaires étaient parmi les principaux animateurs des Assises nationales, et nous avons su identifier nos contradictions pour mieux les gérer, c'est-à-dire nous concentrer sur nos grandes convergences, celles portant sur les stratégies de combat et sur les grandes orientations programmatiques devant dessiner les contours du Sénégal post-Wade. Aujourd'hui, il est heureux de constater que l'entente politique stratégique perdure, que le Président Macky Sall demeure inflexible dans ce choix de gouverner avec les Forces vives du pays. Cependant, je tiens à vous rappeler une chose importante : le Président Macky Sall n'a pas été élu sur la base des conclusions des Assises. Il avait proposé à nos compatriotes sa vision, son projet de société et sa perception des modalités d'une nécessaire et radicale transformation de notre pays, à travers son Programme «Yoonu Yokkute». Mieux encore, le Président Sall s'est évertué à fusionner les éléments propres au «Yoonu Yokkute» et aux Assises, comme il apparaît clairement dans le «Plan Senegaal émergent». Vous voyez, il ne s'agit point de «ridiculiser» (ce mot et ce qu'il renferme sont hors du périmètre de perception et d'action du Président Sall) ou de «refuser», mais bien «d'associer», de «synthétiser», pour trouver et réaliser ce qu'il y a de meilleur pour les Sénégalais ! Enfin, la Commission sur les réformes institutionnelles voulue par le Président Sall a fait des propositions au Président qui appréciera. Mais, il est clair que cette Commission n'étant pas, légalement, une constituante, ne peut s'autoriser à changer de ou à créer une nouvelle Constitution. Elle avait pour vocation de proposer des modifications constitutionnelles.
Vos alliés membres de «Benno bokk yakaar» ont clairement exprimé leur souhait de voir la traque des biens mal acquis se poursuivre sans état d’âme et que personne ne soit protégée, au cas où il s'avérerait qu'elle s'est enrichie illicitement. Vous en dites quoi ?
Cette requête collective formulée aussi bien par les Assises nationales que par le «Yoonu yokkute», illustre parfaitement ce que je disais précédemment. Elle confirme et conforte ce que le Président Macky Sall rappelait avec force, à savoir qu'il ne soutiendrait aucune personne qui serait épinglée dans la traque des biens mal acquis, ou associée à la corruption et au détournement des deniers publics. Le Président s'est engagé dans la moralisation de la vie politique pour créer les conditions d'un vrai développement du Sénégal. Désormais, la reddition des comptes est entrée dans nos mœurs politiques. Et la déclaration de patrimoine, la Crei et l'Ofnac, sont là pour nous le rappeler chaque jour. Donc, des réformes importantes, tout comme celle foncière et tant d'autres à venir.
Est-ce que vous avez capitalisé l'expérience que vous avez eue au niveau du M23 pour anticiper sur certaines crises ?
Ah oui, ah oui! Vous savez, le M23 est l'association des patriotes et démocrates républicains exclusivement mobilisés pour la cause et les intérêts du Sénégal. Ce cadre est donc préoccupé par la stabilité de notre pays, la transparence et la création de conditions à même de nous permettre d'accélérer la marche de notre pays vers l'émergence. A travers de multiples actes et initiatives, le M23 joue positivement sa partition, assume sa posture de vigie garante de la vitalité de notre système démocratique et de collectif d'alerte et d'aide à la décision sur toute question concernant les intérêts fondamentaux de notre pays. Je suis à l'aise d'en parler pour avoir été au cœur de l'action et de l'organisation de ce mouvement pendant toute la période préélectorale de 2012 .
La question de la réduction ou non du mandat présidentiel se pose avec acuité. Le Président a annoncé un référendum pour mai prochain. Mais, d'ores et déjà, des franges du pôle présidentiel promettent de battre campagne pour que le non puisse triompher sur le oui. Quel est votre point de vue sur ce débat ?
Ecoutez, je ne m'autorise pas à commenter les points de vue des uns et des autres sur cette question. Ce qui m'engage, c'est ce que dit et fait le président de la République. Le Président Macky Sall organisera un référendum en 2016. Je me conformerai à son agenda, et je soutiendrai toute proposition qu'il soumettra à nos compatriotes. C'est tout de même bizarre de voir certains politiciens plus pressés que l'intéressé très éloigné des fixations électoralistes qui les animent. Aucune pression politicienne, aucune offensive médiatique, absolument rien, ne perturberont le Président Macky Sall, seul maître du calendrier référendaire et seul concerné par la réduction du mandat. Non, pour moi, la question du référendum ne se pose guère «avec acuité» comme vous dites. C'est le fait de politiciens qui ne se préoccupent pas du mandat du président de la République, mais bien du mandat de Macky Sall ! Non, ce débat n'est pas à l'ordre du jour. Ce qui intéresse le Président Macky Sall et ses collaborateurs, c'est la satisfaction des aspirations des Sénégalais, aujourd'hui, en 2015.
Les transhumants sont en train de prendre d'assaut votre parti, alors que vous aviez prôné la rupture...
Notre capacité, en tant que parti jeune et nouvellement au pouvoir, à faire face à la transhumance, est, durant ces 30 dernières années, unique dans l'histoire politique récente du Sénégal. Il ne faut pas céder aux sirènes malveillantes de politiciens de mauvaise foi qui ont théorisé ou appliqué la transhumance dans des proportions inouïes !
Si Macky Sall bénit cette transhumance tous azimuts vers les prairies marron, tel n'est pas le cas chez nombre de responsables de l'Apr. Cette aversion pour les transhumants n'est-elle pas la cause de la réactivation de la commission d'intégration ?
Jamais le Président Macky Sall n'a béni la transhumance. Je pense que nous devons nous accorder sur les mots ou concepts. Que signifie, en politique, la «transhumance» ? Il s'agit d'hommes et de femmes qui ont occupé des positions de pouvoir dans un régime renversé et qui, soit tentent de les garder ou essaient d'en acquérir encore, suite à leur adhésion au camp des vainqueurs. Non, Macky Sall ne «marchandise» pas la chose politique. Sa ligne de pensée et d'action sur cette question est très claire. Il s'inscrit dans une logique de reconstruction avec tous les fils et les filles du Sénégal, à partir d'une proposition programmatique forte. Que tous ceux qui pensent que la matérialisation du Pse est la mère des batailles, le seul centre de gravité de notre gestion du pouvoir, créent les conditions d'un vivre-ensemble politique, c'est cela qui intéresse le président de la République. Il n'est nullement question d'accorder des faveurs ou des privilèges, de protéger qui que ce soit, parent ou camarade de parti !
La Commission a été réactivée au seul motif que notre parti a été toujours attractif et disons que l'attractivité s'est accrue depuis les élections de juin 2014. De multiples mouvements associatifs, des mouvements citoyens, des groupements d'opérateurs économiques, d'acteurs de la société civile et des Forces politiques, ont été séduits et convaincus par le Président Macky Sall. Or, le profil structurel de notre parti rend difficile la prise en charge de ces nouveaux membres; alliés ou souteneurs du Président Macky Sall. La Commission gère donc cette question en attendant la mise en place du grand cadre d'alliances ou plateforme devant porter la candidature du Président à la prochaine Présidentielle.
Les authentiques de l'Apr qui sont, pour la plupart des technocrates, dépourvus de base politique réelle, n'ont-ils pas peur que les transhumants les supplantent ?
Ceux qui ont porté l'Apr sur les fonts baptismaux étaient, pour l'essentiel, issus des flancs du mouvement social et populaire, armés de convictions inébranlables et fondamentalement attachés à la haute figure du Président Macky Sall. Et puis, qu'entendez-vous par «authentiques»? Voudriez-vous nous en exclure, nous autres qui avons participé à sa conception, à sa naissance, à son développement et à sa victoire? Aujourd'hui, je suis le président de la Chambre des élus du parti, et je puis vous assurer que les trois-quarts des maires, députés et élus locaux Apr sont d'authentiques militants. Pour dire autrement, le profond niveau de leur ancrage territorial et social. Et c'est également pour minorer la présence d'un phénomène exagéré par certains à dessein et face auquel les «authentiques» - comme vous dites - n'éprouvent aucune crainte. Ce sont d'excellents et très braves camarades dont la loyauté et la bravoure ne sont plus à démontrer.
Est-ce que ce n'est pas parce qu'il a peur de perdre le pouvoir, que le Président Sall recrute à tout-va des bêtes politiques ?
Peur de perdre le pouvoir? Comment un Président qui, comme Macky Sall, peut se targuer d'avoir réussi au Sénégal ce qu'aucun Président avant lui n' en a fait 03 ans d'exercice du pouvoir, peut-il avoir peur ? Le Président Macky Sall fédère les Sénégalais autour d'une perspective qui dépasse les horizons et la temporalité de mandats présidentiels. Il sait qu'il sera jugé sur son bilan et l'offre politique, sociale et économique qu'il propose aux Sénégalais. Dès lors, comprenant que le juge électoral suprême est le peuple sénégalais, il s'applique à satisfaire ses aspirations autant que faire se peut. Non, ce ne sont pas les constructions médiatiques, les prétentions, les compromissions occultes et les agrégats de personnalités ou forces politiques, qui feront la décision. Conquérir le peuple, en montrant qu'on est à la hauteur de la plus haute des charges républicaines, est l'enjeu. Et s'il en est ainsi, la peur a décidé de s'éloigner de Macky Sall.