«LES INFECTIONS VAGINALES PEUVENT CAUSER LA STERILITE»
Dr ATAB BADJI, GYNECOLOGUE, OBSTRETICIEN

Beaucoup de femmes en souffrent. Mais souvent en silence. Et pourtant, les infections vaginales constituent un véritable danger pour elles. Car pouvant les mener à la stérilité. Pour en savoir plus, nous avons interrogé le Dr Atab Badji, gynécologue, obstétricien.
Les infections vaginales sont liées à des microbes, donc il peut s’agir de plusieurs types de microbes. Et c’est là qu’il est important de signaler qu’elles ne sont pas toutes logées à la même enseigne. C’est, en effet, suivant le microbe qui est en cause que l’infection peut avoir une manifestation ou une gravité variable.
Les conséquences de ces infections peuvent, en effet, être très graves, selon le Docteur Atab Badji. «Elles sont parfois graves et peuvent entraîner chez la femme, très souvent, des douleurs de bas-ventre. Elle peut entraîner une stérilité chez la femme, surtout par un phénomène de propagation. Les microbes peuvent, en effet, aller coloniser les trompes et ça peut exposer la femme à un problème de maternité, de fertilité qui peut être assez gênant».
Pour ce qui est du cancer, l’homme de l’art se veut clair : «Dire que les infections provoquent le cancer, c’est aller trop vite en besogne. Mais classiquement, on a l’habitude de dire que l’infection fait le lit du cancer». C’est à dire, clarifie l’obstétricien, que «quand la femme est soumise à répétition à des infections maltraitées ou non traitées, elles sont exposées à des risques de développer ultérieurement des cancers».
La manifestation des infections vaginales
Pour ce qui est de la manifestation, «le signe majeur, c’est ce qu’on appelle les pertes vaginales, même si par abus de langage, on parle de pertes blanches», fait savoir le Dr Badji. Mais il est bon, selon lui, de souligner que toutes ces pertes ne sont pas forcément blanches et sont liées au type de microbe. «Par exemple, si la femme a une infection avec des pertes qui sont blanchâtres, comme du lait caillé, la cause est le microbe qu’on appelle "candidat obligeance". Ces infections s’accompagnent souvent de lésion de grattage, c’est-à-dire la femme a tendance à se gratter la vulve et souvent ces grattages sont parfois assez coriaces et peuvent même entraîner des lésions», renseigne-t-il.
Par contre, révèle le président de l’Association des gynécologues, obstétriciens du Sénégal, «il y a d’autres microbes qui entraînent des pertes blanchâtres et qui peuvent être jaunâtres, parfois même verdâtres. Et à côté de la lésion de grattage, il y a souvent une situation de mauvaise odeur, donc vaginale. Et le tout peut s’accompagner de douleur de bas-ventre». «Et dans un cas comme dans l’autre, il est important de signaler qu’il y a des cas où la femme peut abriter le microbe sans avoir de manifestation du tout».
C’est pourquoi, conseille-t-il, «il faut avoir une bonne l’hygiène intime. La femme doit surveiller son hygiène intime, sans abuser des savons qui peuvent gêner la flore vaginale. Pour les couples, si un partenaire remarque des signes, le traitement doit être généralisé». Et à propos des savons intimes, «la femme doit faire beaucoup attention». Ses produits pouvant entraîner aussi des infections vaginales.
En effet, Dr Badji de revenir sur les effets secondaires de ces savons en soulignant que «quand on utilise un savon intime, il faut connaître quel type de vagin on a, quel est son Ph (Ndlr : Potentiel hydrogène). Parce que si le Ph est en contradiction avec le Ph du vaginal, ce savon va être nocif pour celle qui l’utilise, c’est–à-dire que ce savon va entraîner des effets contraires. Par exemple, si la femme a une certaine infection liée à un microbe qui aime le Ph acide, si le savon intime utilisé est un savon qui a un Ph acide, il va aggraver l’infection. Si le Ph est acide, il faut plutôt utiliser un savon qui a un Ph basique, pour qu’il puisse tamponner l’infection».