«NOTRE PRESSE MERITE QUE L’ON SE PENCHE A SON CHEVET»
BABACAR TOURÉ

Le conseil national de régulation de l’audiovisuel (cnra) a remis, hier, son rapport annuel au chef de l’état. a cette occasion, son président, Babacar Touré, a plaidé la cause de la presse. l’ancien grand manitou du groupe sud communication n’a pas manqué de relever les tares et manquements qui gangrènent le secteur de l’audiovisuel et des médias en général. ce secteur, selon le président du cnra, a besoin d’éducation et de formation, d’où plusieurs propositions faites en ce sens au président de la république Macky Sall.
«Monsieur le Président, notre presse mérite que l’on se penche à son chevet. Elle mérite mieux que ce qui lui a été témoigné jusqu’à ce jour», déclare d’entrée Babacar Touré, président du Conseil national de régulation de l’audiovisuel (Cnra) lors de la présentation du rapport annuel de la structure. «Le diagnostic est connu, disponible. Des solutions dorment dans les tiroirs parlementaires », ajoute le patron du
Cnra. Il s’agit surtout du Code de la presse que les députés rechignent à voter. Et pourtant, si l’on en croit Babacar Touré, le projet du Code de la presse une fois voté et mis en application «résoudrait certains des casse-têtes économiques du secteur autant que les motifs de préoccupations professionnels ».
Appelant l’État à s’impliquer davantage dans le secteur, il a plaidé aussi pour une nouvelle forme d’aide à la presse qui, dans son format actuel, est «dépassée». Il pense que l’appui à la presse doit être redéfini «en termes de financement du secteur des médias pour être enfin utile, efficace à sortir la presse de la petite misère».
Le cnra pour une éducation des médias et une formation continue
Au-delà du financement, le Cnra souhaite que l’État aide à garantir le professionnalisme dans les médias. Ce qui passe par la création de deux outils : un fonds d’appui à la création et à la production audiovisuelle et la création d’un institut national de l’audiovisuel. Ces deux instruments, explique Babacar Touré, devront permettre de «sauvegarder, promouvoir, valoriser des contenus et programmes pertinents, adéquats et appropriés dans un espace-temps numérisé».
A l’en croire, «le passage à la société de l’information impose une éducation de nos médias, une formation continue, permanente. Que l’octroi et le renouvellement de la carte de presse et des licences puissent être assortis de formations obligatoires et garanties par l’État». Indiquant des pistes de solutions, le président du Cnra pense qu’avec la mise en place d’une nouvelle forme d’aide à la presse, on pourrait créer des mécanismes de «mise à niveau constante» qui permettraient aux journalistes et hommes des médias de parfaire leur culture générale et de pouvoir cerner les contours des concepts, idées, valeurs, enjeux, politiques et accords qui animent l’espace public global, national, mais aussi la cohésion de nos communautés et l’intimité de nos convictions personnelles, religieuses ou politiques. Cela est d’autant plus important pour lui qu’une fois qu’on aura fini «d’écarter l’ignorance », il sera facile de gérer «les malveillances qui persisteront».
Un chapelet de manquements et 8 mises en demeure
En 2014, le Cnra a reçu des plaintes portant sur les programmes audiovisuels et venant entre autres «d’autorités étatiques, d’avocats, de représentants de la Société civile, de représentants du mouvement syndical, de parlementaires». Les récriminations portent sur une douzaine de points dont : la diffusion de scènes en porte-à-faux avec les valeurs morales et religieuses de la société sénégalaise, la représentation d’enfants en situations inappropriées, les atteintes à la pudeur, l’exposition de nudités corporelles, le traitement grossier et/ou violent des activités de lutte, les émissions et propos grossiers ou insolents, les pratiques de désinformation, la question de la protection des droits télévisés des manifestations sportives, la publicité sur le tabac ou les jeux d’argent, l’égalité et l’équité de traitement par les services de l’audiovisuel.
En rapport avec les plaintes reçues, le Cnra a mis en demeure huit opérateurs audiovisuels durant l’année 2014.