«NOUS NE POUVONS PAS ETRE LA COALITION DU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE ET ATTAQUER LE POUVOIR»
NDANE DIOUF, COORDONNATEUR ET PRESIDENT DES SAGES DE «MACKY 2012»

Le communiqué qui porte l’empreinte de «Macky 2012» et qui a été rendu public, avant-hier, a fait l’effet d’une bombe et a fini de diviser ladite entité. Hier, Ndane Diouf, coordonnateur et président de la Commission des sages de cette coalition, est monté en première ligne pour cracher ses vérités. A l’en croire, le contenu dudit document n’engage nullement la coalition du chef de l’Etat.
Dans un communiqué qu’elle a rendu public, la coalition «Macky 2012» se rebelle contre son président. Elle parle de discrimination dans des financements et déplore l’attitude de l’Etat par rapport à la crise scolaire. Que se passe-t-il ?
Je peux dire que j’ai été renversé, quand j’ai lu la presse ce matin (hier) qui parle de rébellion de la coalition «Macky 2012». Il n’y a pas de rébellion dans la coalition Macky 2012. La réunion d’hier (avant-hier) a été organisée et faite dans le cadre normal des réunions que la coalition organise. Pendant ces réunions, nous diagnostiquons la situation nationale, internationale, et nous nous prononçons par rapport à ça. Sur la discrimination en matière de financement des femmes, nous avons évoqué la question, mais pas sous l’angle qu’il y a une discrimination négative à l’endroit de «Macky 2012». Nous attirons l’attention des ministres concernés pour que, si c’est un oubli, que ça soit rétabli. Les ministres travaillent selon une planification. Nous ne savons pas quelle est leur planification. Donc, nous ne pouvons pas dire qu’ils ont fait de la discrimination négative. Et ces ministres-là vont, effectivement, se tourner vers la coalition, les femmes de la coalition «Bby», pour pouvoir satisfaire tout le monde. C’est mon sentiment, parce qu’il n’a jamais été question de faire de la discrimination négative depuis que nous sommes là.
La coalition dénonce également l’attitude de l’Etat par rapport aux revendications des enseignants…
Sur le point concernant l’enseignement supérieur, je voudrais dire que «Macky 2012» appuie les réformes entreprises par le gouvernement du Sénégal. Parce que nous sommes convaincus que si nous voulons sauver l’enseignement supérieur, si nous voulons sauver l’éducation nationale, il faut nécessairement des réformes. Une réforme n’est jamais passée sans bruit. Parce que c’est un changement d’attitude, de mentalité. Cela ne peut pas plaire à tout le monde. Nous estimons que le gouvernement a vu juste. Nous estimons que les réformes sont nécessaires, et qu’il faut aller jusqu’au bout de ces réformes. Cependant, nous invitons, le président de la République et son gouvernement à ouvrir un large dialogue avec l’ensemble des acteurs de l’enseignement supérieur et de l’éducation nationale. Parce que sans dialogue, rien ne peut aboutir de bien.
Qu’en est-il du problème relatif au choix des représentants de «Macky 2012» dans les instances de «Benno bokk yakaar» ?
En ce qui concerne le choix qu’aurait fait le président de la République à la place des leaders de «Macky 2012», je voudrais, sur ce plan-là aussi, rester cohérent. Nous avons été reçus au Palais, audience au cours de laquelle «Macky 2012», par la voix de ses délégués, a dit textuellement que Macky Sall, président de la République est aussi le président de la coalition «Macky 2012». Ce que le président a accepté. En conséquence, nous ne pouvons pas dire que c’est Macky Sall notre président, et refuser les choix et les orientations qu’il nous donne. S’il y a des choix et des orientations venus du Président, nous devons les accepter, parce que nous avons accepté qu’il soit le président de la coalition. Moustapha Niasse est le président de la coalition «Benno Siggil Senegaal», Ousmane Tanor Dieng est le président de la coalition «Benno ak Tanor». Macky Sall est président de la coalition «Macky 2012». L’Apr fait partie intégrante de «Macky 2012». Vouloir maintenant prendre tout et exclure l’Apr, je ne pense pas que ça soit possible. Je ne comprends pas comment ce communiqué a pu être rédigé. Nous avons un secrétaire chargé de la vie politique qui s’appelle Maguette Ngom, nous avons un secrétaire chargé de la permanence du parti qui s’appelle Alassane Cissé. J’ai interrogé Alassane Cissé sur ce qui est sorti. Je lui ai dit que je ne me retrouvais pas dans ce communiqué. Ayant présidé cette réunion, je ne me retrouve pas dans les propos qui ont été avancés de cette façon. Il n’y a pas eu de rébellion de la part de «Macky 2012». Il y a eu concertation, et il y a eu des conseils à l’endroit du gouvernement et du président de la République.
Il y a un véritable problème alors au sein de «Macky 2012». Comment expliquez-vous cette cacophonie ?
Vous savez, dans toute organisation, il n’y a pas l’harmonie totale. Une organisation sociale, c’est forcément des gens qui peuvent croire à leurs intérêts. Moi, ce que je pense, je l’ai dit à Alassane. C’est que le communiqué, tel qu’il a été rédigé, est tendancieux. En tant que président de séance, j’ai été manipulé. Parce qu’on a dit des choses qui n’ont pas été dites, peut-être que c’est pour régler des problèmes qui ne sont pas les problèmes de la coalition. Qu’un individu veuille régler ces problèmes à travers la coalition, je ne suis pas d’accord. C’est le sentiment que j’ai, et je ne l’ai pas caché à Alassane Cissé.
Ne pensez-vous qu’il est temps que le Président Sall reprenne en main sa coalition ?
Le président de la République va reprendre la coalition en main. Mais, un président de la République a beaucoup de charges, et c’est un seul individu. C’est très difficile pour un seul homme, et puis, il y a des priorités. Peut-être que nous ne sommes pas encore, à un moment, où le Président doit prendre en main sa coalition. Il l’a dirigée comme il se doit, ça va venir. Lui-même, il l’a dit que son socle, c’est la coalition «Macky 2012».
Peut-on s’attendre à ce qu’il y ait une séance d’explications après ce qui vient de se passer ?
Si c’est pour réunir tout le monde et se redire certaines vérités, je suis pour. Et nous allons vers cette direction. Si c’est le président qui veut réchauffer la coalition et qui appelle tout le monde autour d’une table pour que nous échangions comme nous l’avions fait, je suis aussi pour. Toute formule qui amènerait la coalition «Macky 2012» à davantage s’organiser, à garder davantage sa cohésion, moi, je suis pour. Nous ne pouvons pas être la coalition du président de la République et attaquer le pouvoir, se désolidariser de quelque manière que ce soit du président Macky Sall.
Quel message lancez-vous à vos camarades ?
A tous mes camarades de «Macky 2012», comme à mes camarades de «Bby» - parce que «Macky 2012» est une entité de «Bby» - je voudrais leur demander d’être très patients. La construction d’un pays demande beaucoup de patience, beaucoup d’abnégation, mais aussi un homme solide moralement, politiquement. Cet homme, nous l’avons, c’est Macky Sall. Il nous appartient maintenant, autour de lui, d’avoir les qualités nécessaires pour l’accompagner. C’est l’abnégation, la patience et le courage dans les idées politiques que nous posons. Si nous n’avons pas le courage de nos idées, si nous n’avons pas l’abnégation, si nous n’avons pas la patience, nous n’allons pas accompagner Macky Sall comme il se doit.