‘’LE PSE, C’EST DOUBLER LA CROISSANCE EN UNE GÉNÉRATION’’
MAHAMMAD BOUN ABDALLAH DIONNE AU COLLOQUE DE L'ASENA

Le colloque international sur les « voies de l’émergence économique du Sénégal ? », ouvert hier à l’initiative de l’Association sénégalaise des anciens élèves et auditeurs de l’Ena de France (Asena) ambitionne de donner un « point de vue détaché » dans la mise en œuvre du Plan Sénégal émergent.
« Quelles voies pour l’émergence économique du Sénégal » ? C’est le thème du colloque international qui se tient à Dakar, hier et aujourd’hui, à l’initiative de l’Association sénégalaise des anciens élèves et auditeurs de l’Ena de France (Asena).
« Vous avez décidé d’engager une réflexion importante pour le devenir de notre pays. C’est pourquoi, l’initiative de cette rencontre est fort opportune », à dit le Premier ministre, Mahammad Boun Abdallah Dionne, aux organisateurs à l’ouverture de la rencontre, précisant qu’il était venu pour encourager et écouter parce que « nous avons besoin d’une production intellectuelle menée à temps pour mettre dans de meilleures conditions les 17 réformes contenues dans le Pse ».
Livrant sa propre réflexion sur le sujet, le chef du gouvernement est revenu sur la nature et les ambitions du Pse : « Je veux lever l’équivoque, le Plan Sénégal émergent, ce n’est pas un portefeuille d’investissement public, l’exercice, ici, ce n’est pas de faire un Programme triennal d’investissement public (Ptip), c’est de doubler la croissance du Pib de notre pays en une génération, rendre cette richesse, la plus inclusive possible, et renforcer les mécanismes de gouvernance », dit-il.
Pour lui, le Pse, c’est « une ambition, une mission », c'est-à-dire arriver à l’émergence en une génération. C’est pourquoi, relève-t-il, il importe de se projeter dans l’avenir pour anticiper sur l’évolution de l’environnement économique mondiale.
C’est la raison d’être du Programme d’action prioritaire (Pap). « Il y a eu énormément de plans au Sénégal mais quand il s’agit d’amorcer la transformation structurelle, il ne faut pas la caler sur cinq ans comme c’était le cas avec les premiers plans de développement après les indépendances. Sur cinq ans, on ne peut pas transformer, de manière structurelle, une économie », estime M. Dionne.
Solidarité entre l’organisation et la planification
Selon lui, le Sénégal ne peut pas continuer à exporter des produits comme l’oignon ou la tomate et prétendre être parmi les économies les plus performantes du monde. « On doit, de plus en plus, monter à des secteurs à haute productivité à savoir l’industrie et les services, sont un passage obligé pour l’émergence. Pour nous, c’est l’agrobusiness ou le secteur minier », ajoute le Premier ministre.
Le défi, c’est comment amorcer cette transformation structurelle dans la discipline budgétaire parce que « nous ne pouvons pas financer toute cette ambition par du déficit public ». Pour le chef du gouvernement, « il faut que nous créions un espace pour que le secteur privé international et national puissent investir massivement dans les projets phares du Pse ».
Revenant sur les réformes prévues dans ce plan, il rejoint El Hadji Ibrahima Sall, ancien ministre du Plan et modérateur général du colloque, en insistant sur l’importance de leur « séquencement » et le leadership.
D’après ce dernier, il y a eu plusieurs plans depuis les indépendances, mais l’absence d’une bonne organisation a toujours empêché de passer à l’acte. D’où l’importance d’une séquence optimale des réformes et des investissements. A son avis, il existe une étroite solidarité entre l’organisation et la planification.
« Il me semble que notre pays a ce problème et cela ne date pas d’aujourd’hui », dit-il. Selon lui, la réussite du Pse dépend de la qualité des hommes qu’il produira et du courage de mettre en œuvre les réformes.
« Ces réformes, nous les engageons parfois avec beaucoup de douleur, mais nous allons les poursuivre avec courage et délicatesse », assure, de son côté, le Premier ministre, admettant que « nous péchons généralement dans la mise en œuvre ». Mais, pour y remédier, le Bureau opérationnel de suivi et d’évaluation (Bosse) a été créé.
Pour Yoro Dia, président de l’Asena, dont l’ambition est de faire de cette structure le premier think thank du pays en réflexion sur la modernisation de l’Etat, le Pse constitue un grand pari dans l’avenir, qui requiert un consensus national mais aussi un dialogue sincère.
« Nous avons l’intime conviction que, pour éviter que le Pse ne soit un simple effet de mode, il devra être un travail évolutif. Et ce colloque offre une occasion de donner un point de vue détaché dans la mise en œuvre de cette vision », explique-t-il.