“DIOUF EST VENU PUIS EST REPARTI TRANQUILLEMENT...”
SOULEYMANE JULES DIOP, CONSEILLER EN COM’ DU PRÉSIDENT SALL

Les menaces brandies par l’ex-président Wade et les critiques de l'ex Premier ministre Idrissa Seck indisposent Souleymane Jules Diop. Chargé de communication de la Présidence, il estime que le premier devrait plutôt faire profil bas au regard des “crimes économiques” qu’il a commis, tandis que le second doit des explications sur plusieurs milliards de francs Cfa.
Si l'arrivée d'Idrissa Seck a fait du bruit, celle du Président Wade prévue ce mercredi 23 avril indispose le conseiller en communication du Président. Souleymane Jules Diop a soutenu que les prédécesseurs de Wade sont venus au Sénégal et repartis “sans bruit, sans perturber, sans faire de mal et surtout sans souhaiter du mal au Sénégal comme le fait Abdoulaye Wade qui passe son temps à souhaiter du mal au Sénégal”.
Aussi met-il en garde l’ex-Chef d’Etat sénégalais : “Ce qui est inacceptable et ce que nous ne ferons jamais, c’est laisser un vieillard de 90 ans semer le trouble et le désordre.” Foncièrement contre l’idée d’un accueil populaire à l’endroit de Me Wade, Me Diop considère que le Pape du Sopi ne le mérite pas au regard des crimes économiques qu’il a commis.
“De plus en plus, nous sommes en train de célébrer le mal dans ce pays”, s’est-il désolé avant de poursuivre : “On aurait pu lui demander des comptes sur ces crimes s’il n’était pas protégé par son immunité d’ancien chef d’Etat. Au lieu de faire profil bas, de venir tranquillement, il demande qu’on l’accueille, il menace même.”
Qualifiant cette situation de surréaliste, M. Diop enrage : “C’est dire qu’il y a une sorte de distorsion de la réalité qui fait que Wade veut que le gouvernement et les populations qui l’avaient chassé du pouvoir aient peur. C’est tout à fait surréaliste.”
Aussi reste-t-il persuadé que le déplacement de Wade est motivé par l’incarcération de son fils Karim Wade pour enrichissement illicite. “Il doit laisser la justice s’exprimer et en aucune façon, nous ne laisserons son fils et les crimes présumés commis impunis. S’il a pu échapper grâce à son âge et à son immunité, cela ne peut pas être le cas pour son fils qui ne doit en vouloir qu’à lui son père ; et Wade ne doit en vouloir qu’à Karim”.
Faisant une comparaison avec le secrétaire général de la Francophonie, M. Diop dira : “Diouf est venu puis est reparti tranquillement. Wade, il y a des égards dus à son âge et ce qu’il a représenté. S’il ne le comprend pas, il fera face.”
“Pourquoi devrait-on faire exception parce que c’est Wade, parce qu’il veut faire libérer son fils ? Pourquoi redoute-t-il tant un procès ?”, s’est interrogé le chargé de la communication de la Présidence qui a tranché tout net : “Il n’y a pas d’accueil populaire. Wade doit accepter ce qui lui est arrivé : les Sénégalais ont choisi Macky Sall. Il doit accepter ce choix mais pour le moment, il ne l’a pas intégré”.
Avant-hier lundi, Souleymane Jules Diop avait réagi à la sortie d'Idrissa Seck, se disant “choqué, indigné par autant de désinvolture de la part de quelqu’un qui aspire à de hautes charges”. Le conseiller technique et chargé de communication de la Présidence pense que les critiques de celui-ci sont mal venues de la part de “quelqu’un qui est allé se coucher à Saint-James, qui se réveille à midi et qui ne travaille pas”.
“Au lieu de dire ce qu’il a fait en tant que maire de Thiès, il vient critiquer les gens sur ce qu’ils n’ont pas fait”, a fulminé M. Diop. Avant d’ajouter : “Je rappelle aux Sénégalais que depuis cinq ans, il est payé à ne rien faire car il n’a mis les pieds à la marie que deux fois. Il n’a jamais travaillé.”
Très critique à l’endroit du leader de Rewmi, le conseiller estime que M. Seck “doit expliquer l’usage qu’il fait des deux milliards de francs Cfa que constitue le budget de la mairie de Thiès”. En outre, il estime que l’ancien allié du pouvoir est disqualifié pour parler de détournement et de biens mal acquis. Faisant référence au protocole de Rebeuss, Souleymane Jules Diop rappellera :
“Il est mal placé pour faire des critiques parce qu’il est le seul, dans l’histoire politique du Sénégal, à avoir accepté publiquement et par écrit, qu’il a pris de l’argent et qu’il est prêt à le rendre. Sept (07) milliards, il avait bien dit”.
D’après ses explications, “à travers ledit protocole, M. Seck s’était engagé à remettre l’argent pour que Wade s’en serve d’abord pour la présidentielle de 2007 et ensuite les élections de 2012”. A ses yeux, “Idrissa Seck s’est joué de tout le monde”.