19% DES FEMMES OPTENT POUR L’ESPACEMENT DES NAISSANCES ET 6% POUR LA LIMITATION
RAPPORT DE L’ANSD SUR LA PLANIFICATION FAMILIALE

L’Agence nationale de la statistique et de la démographie (Ansd), a publié, hier, les résultats de la deuxième année d’une enquête sur la planification familiale exécutée de janvier à octobre 2014. Ils révèlent ainsi qu’une femme sur 4 accouche par césarienne au Sénégal.
Il ressort de l’enquête de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (Ansd), publiée, hier, sur la planification au Sénégal, que la proportion de femmes en union qui ont des besoins non satisfaits en matière de planification est estimée à 25%, soit 19% pour l’espacement des naissances et 6% pour la limitation. Ajoutée à la proportion d’utilisatrices actuelle (22%), la demande totale en planification familiale atteint 47%, soit 35% pour espacer et 13% pour limiter. La quasi-totalité de cette demande est satisfaite (47%).
Pour les seules méthodes modernes, la demande est satisfaite dans 43% des cas. Il ressort de l’étude que la demande totale en services de planification familiale varie avec l’âge des femmes en union. Elle passe de 33% pour les femmes âgées de 15-19 ans à 55% pour celles âgées de 30-34 ans. Le pourcentage de demandes satisfaites varie aussi avec l’âge des femmes. Il passe d’un minimum de 38% chez les femmes de 15-19 ans à un maximum de 57% chez les femmes de 35-39 ans.
En outre, les résultats montrent que la demande en planification familiale est plus élevée en milieu urbain qu’en milieu rural (54% contre 42%). En milieu urbain, 59% de la demande est satisfaite, contre seulement 35% en milieu rural. Les régions Centre (41%) et Sud (43%) enregistrent les proportions de demandes en matière de planification familiale les plus faibles. Par contre, la proportion la plus élevée est observée dans la zone Ouest (56%). La proportion de demandes satisfaites est assez faible dans toutes les grandes régions, en particulier dans les zones Centre et Nord (35%). Par ailleurs, la demande totale en service de planification familiale augmente avec le niveau d’instruction. En effet, plus le niveau d’instruction de la femme est élevé plus la demande est forte.
1 femme sur 5 ne désire plus d’enfants
Le rapport souligne aussi que selon le nombre d’enfants vivants, une femme sur cinq (20%) ne désire plus d’enfant. Ces résultats révèlent également que parmi les 76% de femmes qui désirent avoir des enfants supplémentaires dans l’avenir, plus de la moitié (44%) souhaitent espacer la prochaine naissance de deux ans ou plus. Au total, près des deux tiers (64% de femmes), regroupant celles ne voulant plus d’enfants (20%) et celles désirant espacer pour une période d’au moins deux ans la naissance de leurs prochains enfants (44%), peuvent être considérées comme des candidates potentielles à la planification familiale. Ces niveaux sont voisins de ceux enregistrés dans les enquêtes précédentes.
Et comme on pouvait s’y attendre, la proportion de femmes qui ne veulent plus d’enfants augmente régulièrement avec le nombre d’enfants actuellement en vie. Elle passe de moins de 1% chez les femmes qui n’ont aucun enfant à 12% chez celles qui en ont 3 et à 62% chez celles qui en ont au moins 6. On note également que la totalité des femmes nullipares (99%) souhaitent avoir un enfant et la grande majorité (81%) désire une naissance dans les deux années à venir.
En ce qui concerne les hommes de 15-49 ans actuellement en union, on constate que seulement 3% ont déclaré ne plus vouloir d’enfants et, à l’inverse, 93% en désiraient davantage. Les hommes en union souhaitant avoir d’autres enfants sont proportionnellement plus nombreux que les femmes en union. Comme chez les femmes, la proportion d’hommes désirant avoir des enfants diminue avec le nombre d’enfants vivants, passant de 99% à la parité 1, à 94% à la parité 3 et à 80% au rang 6 ou plus. Environ un homme en union sur deux (51%) peut être considéré comme ayant des besoins en matière de planification familiale, soit 3% qui ne souhaitent plus d’enfants et 48% qui souhaitent espacer de 2 ans la venue du prochain enfant.
1 femme sur 4 accouche par césarienne au Sénégal
Dans la stratégie pour la maternité sans risque, la césarienne est un des moyens préconisés pour réduire la mortalité maternelle et périnatale. Pour 4% des naissances, on a pratiqué une césarienne. Cette proportion varie peu avec l’âge. Par contre, cette intervention est plus fréquente pour les naissances de rang 1 que pour les autres (9% contre 2% pour celles de rangs 4 et plus). La gravido-puerpéralité chez les adolescentes et les primipares est souvent émaillée de complications. Cette gravido-puerpéralité est liée aux anomalies du bassin en rapport avec la nuptialité et la maternité précoce. Des précautions comme un suivi prénatal régulier et de qualité et une bonne prise en charge de la grossesse et de l’accouchement sont à entreprendre pour amoindrir ce risque.
Les césariennes se pratiquent dans un environnement médico-chirurgical. Elles sont exclusivement pratiquées dans les structures de santé (6%), et sont, de ce fait, plus fréquentes en milieu urbain que rural (7% contre 2%). Ce type d’intervention qui n’est réalisable que dans les formations sanitaires suffisamment équipées et dotées de personnels qualifiés n’est pas à la portée des couches les plus défavorisées (moins de 2% contre 8% dans les classes aisées) et touche plus les régions les plus urbanisées telles que l’Ouest constitué de Dakar et de Thiès (8%). Il convient de signaler que la fréquence de la césarienne chez les plus instruites (12%) pourrait être liée à la maternité tardive qui les expose à des complications obstétricales telles que les mort-nés et un accouchement bloqué (la dystocie) nécessitant une intervention chirurgicale.
25% des femmes de 15-49 ans excisées
Pour ce qui est de l’excision, il s’avère que la quasi-totalité des femmes (92%) a déclaré connaître l’excision. Chez les hommes, cette proportion est un peu plus faible (89%). Au Sénégal, 25% des femmes de 15-49 ans ont déclaré avoir été excisées. Dans plus de la moitié des cas, les femmes n’ont pas subi d’ablation, mais une simple entaille (51%). Cependant, 5% des filles de moins de 15 ans qui ont été excisées ont eu le vagin fermé et cousu, pratique plus répandue dans les ethnies Mandingue et Soninké qu’ailleurs. C’est parmi les musulmanes, dans le Sud et le Nord, et dans les ethnies Poular, Mandingue, Diola et Soninké que l’excision est le plus fréquemment pratiquée.
La majorité des femmes (79%) et des hommes (75%) pensent que l’excision n’est pas une pratique exigée par la religion. Dans la majorité des cas (81% pour les femmes et 79% pour les hommes), les femmes et les hommes ne sont pas favorables au maintien de cette pratique.