2014 : RÉFRÉNER LA GOUJATERIE OU S'EXPOSER AU CHAOS
Refréner la goujaterie. À mon avis, tel doit être la priorité du pouvoir en place pour l'année qui s'ouvre, au regard de l'amalgame d'extravagances contre productives qui persiste à l'instigation d'un clan d'illuminés en mal d'héroïsme. Rien ne peut être accompli efficacement tant que l'ordre, le respect des institutions et de l'autorité de l'État, ne seront pas rétablis dans ce pays.
Nous sommes un peuple de croyants, nul n'en doute, et les confréries religieuses font le plein d'adeptes qui affichent une ferveur constante envers leurs chefs respectifs, lesquels ont su jusqu'ici préserver la concorde plutôt que de rivaliser entre eux à travers un lobbyisme politique.
Pour autant cela ne fait pas de notre société une monarchie religieuse comme d'aucuns le voudraient. Ceux là qui prennent des vessies pour des lanternes en voulant parodier le courage du saint Cheikh Ahmadou Bamba face aux colons, à des fins dangereuses pour sa communauté très disciplinée et soumise à son représentant Cheikh Sidy Maty Lèye, qui fait preuve de charisme et de discernement.
Aveuglé par son acharnement, Sidy Lamine Niasse promet au président dont l'élection par le peuple sénégalais lui est resté en travers de la gorge le sort de Mohamed Morsi, sous entendant que, peu lui importe que le Sénégal se retrouve dans la situation d'instabilité et de marasme peu enviable de l'Égypte. La preuve que pour lui les Sénégalais comptent pour du beurre.
Parce qu'il avait pris d'assaut la rue un certain 23 juin pour s'opposer au vote d'une loi perfide, il croit pouvoir récupérer à son compte exclusif l'aura de cette insurrection et commanditer à sa guise la disgrâce et la chute de tout élu qui n'entrerait pas dans ses bonnes grâces. Poursuivre une telle manie du haut de son statut de directeur d'un organe de presse aux origines douteuses qu'il a fini par personnifier au point de ne plus savoir lui-même quelle place y occuper, n'est autre chose qu'une apologie en faveur de la sédition. Lui en donner l'opportunité relèverait du laisser-aller et participerait à la menace de chaos qui nous guette.
Menace de chaos
Elle est réelle et doit être prise au sérieux par le régime en place. Il ne se passe plus six mois sans qu'un illuminé n'apostrophe le président de la République avec une totale méprise de l'institution qu'il incarne et les égards qui lui sont dus. L'actualité regorge d'actes burlesques du genre et dont deux ont particulièrement retenu mon attention ces derniers temps. Je les ai choisis parce qu'aussi ils me permettent de ne pas indexer juste l'opposition en la personne de Sidy Lamine et de montrer que le fléau affecte le camp présidentiel et les citoyens simples.
Le premier cas c'est celui de cette poignée d'étudiants qui est parvenu à faire ajourner une conférence de la fondation «Léo poète» Senghor qui devait réunir les deux plus grands philosophes africains, les Professeurs Paulin Hountondji et Souleymane Bachir Diagne au motif que ce dernier était déclaré par eux persona non grata à l'UCAD, pour avoir proposé un réajustement des droits d'inscription des étudiants.
Le second cas concerne ce proche du président qui passe à la télévision pour nous servir en réponse à des reproches qui lui sont faits, pour un comportement grossier qu'il aurait eu, qu'il ne croyait pas en la politique de rupture du président. Que l'heure était simplement venue pour lui d'abuser orgueilleusement du pouvoir comme l'avaient fait ceux qui ont eu à l'y précéder.
Qu'un responsable politique pense et agisse en rustre est troublant, mais qu'il persiste dans cela en renchérissant publiquement, proclamant n'en faire qu'à sa tête, est un abus grave de la relation de confiance qui le lie à ses supérieurs qui l'ont promu et sont appelés forcément à répondre de ses écarts.
Face à l'État le respect sinon la crainte
Il nous faut plus d'ordre et de discipline avant que les choses ne deviennent incontrôlables. Qu'aucune sanction ne soit prise à l'encontre de tels actes ressemble à du laisser-aller. L'État à travers ceux qui incarnent ses institutions doit être respecté sinon craint. Il nous faut plus de fermeté en commençant par prendre des dispositions à l'effet d'appliquer les sanctions prévues dans toute leur rigueur sans que les incriminés ne puissent bénéficier d'aucune grâce, lorsqu'ils se retrouvent condamnés à des peines de prison.
Le peuple n'élit pas quelqu'un pour qu'il poursuive et défende ses intérêts propres en priorité. Il appartient dès lors au président élu de toujours veiller à nommer des collaborateurs qui ont pour principal souci la satisfaction et le respect de la volonté populaire.
Je ne crois pas néanmoins comme Sidy Lamine que le président de la République risque de connaître le sort de Morsi. Macky a été le plus légitimement élu et par un peuple responsable qui n'a connu que la démocratie et en respecte le jeu. Pour preuve, ce peuple n'avait pas demandé le départ de son ex-président le 23 juin 2011, préférant aller la tête froide vers les prochaines élections pour le destituer. Le cas Morsi par contre est une phase d'un balbutiement post-dictature qui a débuté en Égypte avec la chute de Moubarak, clôturant de fait des décennies de régime militaire.
Je souhaite vivement qu'en cette année 2014, qui est une année d'élection, que l'ordre soit restauré surtout au niveau politique, que la discipline s'instaure partout dans le pays et que Dieu dans sa miséricorde y répande la paix et la prospérité. Que les menaces soient jugulées et les esprits sereins. Bonne année 2014 à tous.
* Président du mouvement citoyen ‘’Jog Ci’’