ACCROC DIPLOMATIQUE RABAT-ABUJA SUR FOND D’ÉCHÉANCES ÉLECTORALES AU NIGERIA

Rabat, 8 mars 2015 (AFP) - Le Maroc a convoqué le chargé d'affaires du Nigeria pour lui signifier le refus du roi de s'entretenir avec le président Goodluck Jonathan, a indiqué dimanche une source diplomatique, déplorant une tentative de "récupération politique" sur fond d'échéances électorales à Abuja.
Selon les autorités du royaume, le président Jonathan a souhaité s'entretenir par téléphone vendredi avec Mohammed VI mais le souverain marocain n'a "pas jugé opportun d'accéder à cette demande". Cette décision "a été officiellement notifiée" le lendemain au diplomate nigérian en poste à Rabat.
Pour justifier ce refus, le ministère marocain des Affaires étrangères a évoqué dans un communiqué "le contexte électoral" au Nigeria, en référence à la présidentielle du 28 mars, ainsi que les "positions hostiles" d'Abuja sur le dossier du Sahara occidental.
M. Goodluck "est président depuis cinq ans et n'avait jusque-là effectué aucune demande de contact téléphonique. (...) On ne peut donc trouver qu'une signification à sa démarche: celle de vouloir s'afficher avec un dirigeant d'un pays arabe et musulman" à l'approche des élections, a expliqué à l'AFP une source diplomatique marocaine.
"C'est une question de principe. Nous souhaitions éviter une tentative de récupération politique", notamment vis-à-vis des populations du nord du Nigeria, à majorité musulmane, a-t-elle ajouté.
Le Maroc reproche en outre au Nigeria d'être "à l'avant-garde du bloc hostile" au royaume sur la question du Sahara occidental, une ex-colonie espagnole contrôlée par Rabat mais revendiquée par des indépendantistes (Polisario), a avancé cette source diplomatique.
Fin 2013, le Nigeria avait notamment abrité une réunion de soutien à la "cause sahraouie", lors de laquelle le président algérien Abdelaziz Bouteflika avait appelé à la mise en place d'un mécanisme international de surveillance des droits de l'homme au Sahara occidental.
Le Maroc, qui s'oppose vigoureusement à une telle démarche, avait rappelé provisoirement son ambassadeur à Alger pour protester contre ces propos. Rabat propose un plan d'autonomie sous sa souveraineté pour ce vaste territoire de moins d'un million d'habitants. Mais il est rejeté par le Polisario, soutenu par Alger, qui réclame un référendum d'autodétermination.
. Les efforts de médiation de l'ONU sont dans l'impasse.