TRUMP ET LE DÉCLIN DE L’OCCIDENT
EXCLUSIF SENEPLUS - Nous sommes aujourd’hui face à un tournant historique dans la géopolitique mondiale marqué par le repli des États-Unis et la sortie de l’histoire de l’Europe. Devons nous nous en réjouir ? Est-ce que ça nous concerne ?

J’avais publié il y a un mois sur SenePlus un article intitulé le “Grand déclin de l’occident". Je ne pensais pas être aussi rapidement confirmé par les événements.
J’y écrivais que le président Donald Trump allait accélérer ce déclin du fait de son agenda “America first”qui se traduirait forcément en “America only.” Au profit bien entendu des oligarques du pays.
Les developments en Ukraine constituent, dans le cadre du démantèlement par Trump de l’État impérial, une stratégie de retrait du monde tel qu’il est.
Effectivement comment naviguer dans un monde où la population occidentale ne constitue plus que 7% de la population mondiale, où la Chine est devenue la première économie mondiale, où la Russie est la première puissance nucléaire et où l’Afrique est sur la voie de devenir la première puissance démographique (avec 41 % de la population mondiale dans 75 ans pour la seule Afrique sub-saharienne). Tout en continuant à satisfaire un niveau de gloutonnerie des Américains les plus riches jamais égalé dans l’histoire. L’Europe devient alors, pour Trump, une variable d’ajustement.
Nous sommes donc aujourd’hui face à un tournant historique dans la géopolitique mondiale marqué par le repli des États-Unis et par la sortie de l’histoire de l’Europe. Devons nous nous en réjouir ? Est-ce que ça nous concerne ?
Car maintenant les Européens clament haut et fort la nécessité d’un réarmement européen et d’une guerre contre la Russie. Qui ne les menace nullement. A moins qu’il ne s’agisse de se préparer à mener des guerres par procuration dans les États souverainistes d’Afrique …pour y déloger la…Russie ! (la vidéo ci-jointe est plus que parlante). Et dans la foulée enrichir les actionnaires de l’industrie de l’armement américano-européenne en intensifiant les guerres sociales.
Les Européens se prétendant toujours le centre du monde, se targuaient au début du conflit qu’ils allaient détruire l’économie russe. Ces mêmes Européens qui s’accaparaient et continuent de s’accaparer illégalement des avoirs russes et promettaient à l’armée russe une défaite historique. Mais voilà l’OTAN fait face à une déconfiture inédite et le président Donald Trump n’a fait que prendre la mesure de la réalité. Et il le dit brutalement : il faut négocier la paix.
Les jérémiades mensonges et rodomontades n’y feront rien. L’Europe finira par s’incliner toute honte bue. Dans la sphère occidentale elle est devenue une périphérie. Le monde aussi a pris acte :
L’Europe n’est plus un acteur mondial. Son hypocrisie face au genocide des Palestiniens, son deux poids deux mesures devenu la marque de fabrique de sa politique internationale ont fini de lui ôter désormais tout crédit.
Et comme en plus elle n’a jamais voulu faire son devoir de mémoire sur la colonisation et l’esclavage ni se décoloniser d’elle-même, elle se retrouve aujourd’hui méprisée par le Sud global qui prend ses distances et poursuit son émancipation. Elle se retrouve seule face au lâchage américain et tétanisée par les soi-disants appétits de l’ogre russe.
Le monde change à toute allure marquée par cette sortie de l’histoire de l’Europe. L’Europe avait fait son entrée brutale dans l’histoire mondiale au 15e siècle dans le seul objectif de s’enrichir à tout prix : invasions, expropriations brutales, esclavage industriel, politiques d’extermination, génocides, colonisation, holocaustes, annihilation nucléaire, apartheid, racisme structurel, pratiques néocoloniales… ils ont tout inventé et tout appliqué sans hésitation ni d’états d’âmes face aux résistances locales.
Oui on sait. Eux veulent imposer une omerta sur ce passé honteux. Le déni est bien sûr pathétique. Mais nous n’oublierons jamais et le rappellerons toujours.
Car le fait colonial a toujours des effets dans notre quotidien social économique et politique. Et demain quand le rapport de force s’inversera les réparations s’imposeront. Il n’y a aucun doute là-dessus. Et bien sûr nous n’irons jamais combattre en Ukraine pour eux. On a déjà payé. Finito.
Au-delà, quel agenda pour l’Afrique ?
⁃ D’abord, prendre la mesure de tous les risques et menaces, mais aussi des opportunités de cette phase cruciale de l’évolution de l’histoire du monde et en cerner les implications pour l’Afrique. Les chercheurs doivent engager des dialogues avec leurs gouvernants et sociétés civiles.
⁃ Ensuite, prendre conscience que nous Africains ne sommes pas démunis et que nous pouvons peser sur la marche du monde à condition de s’allier dans des partenariats stratégiques avec le sud global pour défendre nos intérêts et préserver notre souveraineté.
⁃ Concernant l’unité africaine, le défi n’est pas de réussir immédiatement à parler d’une seule voix pour se faire entendre mais de s’assurer que les 54 États africains pèsent dans la même direction et pour cela entreprendre toutes les formes de coordination et de coopération intra-africaines, notamment dans les domaines sécuritaire et industriel. Donc le combat doit se mener dans chaque pays.
⁃ Et bien sûr l’irrépressible nécessité de décoloniser les esprits s’impose plus que jamais.
⁃ Et puis surtout faire en sorte que cette direction assure in fine une amélioration sensible du niveau de vie de toutes les populations africaines. Seule légitimité pour les États africains afin de se débarrasser de la colonialité et du capitalisme globalisé.
L’Afrique a une opportunité. Ne la ratons pas.
*Guerre à la Russie au Sahel
NB : Pour ceux qui s’intéressent aux recherches et écrits sur la chute de l’occident voici une petite bibliographie :
- Formes de guerre, stratégies et déclin de l'Occident par Olivier Entraygues
- Le déclin de l'Occident capitaliste et le monde moderne des Asuras: par Ravikumar Kurup
- Le déclin de l'occident par Hanif Kureichi
- La Défaite de l'Occident par Emmanuel Todd
- La mort de l'Occident par Frédéric Vostelle
- Ite Missa Est : Déclin de l'Occident par Gabriel T. Guillaume