AGIR OU RÉAGIR ?

La levée de boucliers que le communiqué de Rewmi a suscitée chez les responsables de l’Alliance pour la République (Apr), pousse plus d’un observateur à se poser des questions. Qu’est-ce qui explique cette volée de bois vert, ces réactions épidermiques aux allures d’une panique généralisée au sein du parti du Chef de l’Etat, jusqu’à repositionner Idrissa Seck, considéré, jadis, à tort ou à raison, comme étant au crépuscule de la carrière ? Ce, après être tombé de Charybde en Scylla entre les Présidentielles de 2007 et 2012.
Mais, tel un phénix, l’ancien Premier ministre est en train de renaitre. En partie, grâce… à l’APR. Son passage à Matam en est une parfaite illustration. Pourtant, il s’agirait là d’un terrain conquis par Macky Sall et qui ne pèse que 1,7 % de l’électorat national.
Seulement, le fait de rencontrer quelques autorités religieuses et d’autres personnalités matamoises, Idrissa Seck a contraint le Chef de l’Etat à dépêcher Abou Lô dans la région afin d’apporter la réplique à la hauteur de «l’affront».
«La visite d’Idrissa Seck à Matam ne peut en rien ébranler l’assise électorale de Macky Sall dans la région», a déclaré le PCA de l’Aéroport international Blaise Diagne dans les colonnes de Sud Quotidien du 8 mai dernier.
Pourtant, c’est suite à cette visite que des recommandations ont été faites aux responsables politiques de la 11ème région du Sénégal, qui se regardent en chiens de faïence, depuis les élections locales du 22 juin 2012, à taire leurs querelles et à mettre un terme à la léthargie du parti. Depuis, on cherche vaille que vaille à fumer le calumet de la paix, sans sincérité aucune. Conscient de la guéguerre entre les responsables de son parti dans cette localité, le président de la République, lui, refuse de minimiser les conséquences de la tournée de son futur adversaire, en perspective de la présidentielle de 2017 ?
C’est ainsi qu’il a dépêché l’argentier du pays, Amadou Bâ (originaire de Podor) et son ministre de l’Hydraulique, Mansour Faye (maire de Saint-Louis) pour tâter le pouls des populations. Résultats : c’est un chèque d’un milliard qui est annoncé pour régler le problème de l’accès à l’eau potable dont souffrent les populations de cette partie du Sénégal.
C’est à se demander alors si la sortie d’Idrissa Seck n’aurait pas été utile pour le Fouta ? Tambacounda et Kédougou, autres régions visitées par le président de Rewmi, attendent leur tour.
Si le Chef de l’Etat a réagi positivement, en apportant des solutions aux maux révélés par Idrissa Seck, notamment par des actes concrets dans le but de soulager la souffrance de ses compatriotes, ses autres membres de son parti, eux, investissent un terrain miné, glissant, voire dangereux. Celui de la communication. Domaine de prédilection d’Idrissa Seck. Grand tribun, l’ancien mentor d’Abdoulaye Wade sait hypnotiser ses foules et semer le doute dans le camp adverse. Jugez-en vous-même. Le président de Rewmi s’est contenté d’un simple communiqué, qu’il n’aurait peut-être même pas rédigé, mais, juste approuvé après lecture. Des Apéristes, ont cru que la meilleure des réponses, c’est de l’attaquer au dessous de la ceinture, en rappelant qu’il traine des casseroles. Les gourous de la communication diront qu’il fallait effectivement réagir, histoire de ne pas laisser l’espace public à un opposant, qui s’est lancé dans la conquête du pouvoir.
Certes !
Mais, quand on ne peut pas être plus éloquent que le silence, mieux vaut se taire. Parce que là, leur réplique est totalement ratée. Au contraire de l’objectif visé par Rewmi. Et dire qu’Idrissa Seck n’a pas encore ouvert la bouche.