VIDEOLA REVANCHE PLUTÔT QUE LES RÉFORMES
Alfred Shango Lokoho n'y va pas par quatre chemins : "Le plus gros problème du Pastef, c'est Sonko." Le Premier ministre, accusé de s'immiscer dans toutes les prérogatives présidentielles, incarnerait une dérive inquiétante du pouvoir

Dans l'émission "Panel Hebdo" diffusée ce week-end sur Global Africa Telesud, les intervenants ont livré une analyse critique de la première année de gouvernance du Pastef, pointant du doigt les tensions au sommet de l'État et l'absence de changements concrets pour les citoyens.
Alfred Shango Lokoho, l'un des principaux invités, a été catégorique : "Le plus gros problème du Pastef aujourd'hui, c'est Sonko." Selon l'analyste, l'actuel Premier ministre serait enfermé dans "une logique de revanche" et chercherait à "tout contrôler", y compris le président Bassirou Diomaye Faye, qu'il considérerait comme un simple "plan B" devenu "plan A" par la force des circonstances.
Les experts ont unanimement constaté qu'après un an d'exercice du pouvoir, peu de changements tangibles sont perceptibles pour le citoyen sénégalais ordinaire. Le nouveau régime semble davantage préoccupé par la dénonciation de l'ancien gouvernement que par la mise en œuvre de réformes concrètes. "Ils ont combattu Macky Sall pour exister, ils l'ont diabolisé pour venir au pouvoir, et pour gouverner, ils l'accusent de tous les maux", a souligné l'un des intervenants.
Un déséquilibre institutionnel inquiétant a également été relevé. "Le Premier ministre donne l'impression que c'est lui qui a été élu au suffrage universel, c'est lui qui détermine la politique de la nation, c'est lui qui nomme à toutes les fonctions civiles et militaires, alors que c'est une prérogative du président de la République", a fait remarquer un participant, évoquant une situation où "le président de la République serait un subalterne politique de son Premier ministre".
Paradoxalement, alors que le Pastef continue de critiquer l'ancien président Macky Sall, ce dernier jouit d'une reconnaissance internationale croissante, comme en témoigne sa récente nomination au conseil d'administration de la Fondation Mo Ibrahim. Les intervenants ont souligné le contraste entre cette attitude et "l'élégance" traditionnelle des anciens présidents sénégalais qui, comme Macky Sall, s'abstiennent généralement de critiquer leurs successeurs.
L'émission a également abordé le cas de Barthélémy Dias, maire de Dakar, décrit comme "l'objet d'une bronca permanente" de la part du nouveau pouvoir, illustrant selon les intervenants la difficulté du Pastef à "passer de la posture d'opposant à celle de dirigeant" et à se montrer unificateur après la conquête du pouvoir.