BÉNIN : TOUJOURS PAS DE CARTES D’ÉLECTEURS À DEUX SEMAINES DES LÉGISLATIVES
Cotonou, 10 avr 2015 (AFP) - Les cartes d'électeurs n'ont toujours pas été distribuées au Bénin à cause de désaccords sur le financement de l'opération, ce qui pourrait compromettre les législatives prévues le 26 avril, a alerté vendredi une organisation de la société civile.
"Nous sommes très inquiets face à la situation actuelle car, à quelque 15 jours des élections législatives, aucun Béninois n'a de carte d'électeur", a déclaré à l'AFP Martin Assogba, président de l'ONG de défense des droits de l'Homme Alcrer.
"C'est incompréhensible, et nous tenons à rappeler aux acteurs politiques que le peuple ne va pas tolérer un éventuel report du vote", a-t-il poursuivi. Le conseil d'orientation et de supervision de la liste électorale (Cos/lépi) dit manquer de ressources financières pour finaliser la confection des cartes et procéder à leur distribution.
"Il y a des fournisseurs qui réclament de l'argent. Le gouvernement sait tout mais refuse d'assumer", a expliqué à l'AFP Sacca Lafia, le président du Cos/lépi. "Sur les 4.470.500 électeurs, le Cos-Lépi à déjà imprimé près de 3,5 millions de cartes", mais n'a pas pu imprimer le million de cartes restantes, faute de ressources financières, a-t-il précisé.
Au total, le Cos/lépi réclame plus de 3 milliards de francs CFA (environ 4,5 millions d'euros). Un calcul que conteste le ministre béninois de l'Economie et des Finances, Komi Koutche.
"Je peux vous assurer qu'il n'y a pas manque de ressources pour finaliser et distribuer les cartes d'électeurs", a-t-il affirmé à l'AFP. Face à ce blocage, le gouvernement du président Thomas Boni Yayi dit avoir saisi la Cour constitutionnelle.
La Cour avait fixé en début d'année la date des législatives, prévoyant en outre les élections municipales et communales pour le 31 mai. L'opposition avait manifesté durant des mois pour exiger la tenue de municipales, initialement prévues en 2013 et reportées à cause des retards dans la mise à jour de la liste électorale.
Les législatives étaient initialement prévues pour mars dernier. Au pouvoir depuis 2006 dans ce petit pays d'Afrique de l'Ouest, Thomas Boni Yayi est accusé par l'opposition de vouloir changer la Constitution pour pouvoir briguer un troisième mandat lors de la présidentielle de 2016.