BANJUL DIT NON À L’ONU
RESPECT DES DROITS DE L’HOMME
Lors de son Examen périodique universel sur le respect des droits de l’Homme à Genève, la Gambie, qui a envoyé son dossier par écrit, a montré qu’il reste un pays à part.
Yahya Jammeh reste imperméable aux pressions de la Communauté internationale. Lors de l’Examen périodique universel (Epu) passé à Genève, le gouvernement gambien n’a accepté que 93 des 171 recommandations émises par les Nations-Unies.
Durant son Epu, soutient Amnesty, la Gambie a répondu à 171 questions, commentaires et recommandations émanant de plus de 60 pays exhortant les autorités à en faire plus pour promouvoir et protéger les droits humains. «Bien qu’il ait ajourné l’adoption des conclusions de l’Epu la semaine dernière à la dernière minute, le gouvernement a déçu en s’abstenant d’envoyer une délégation à Genève, choisissant plutôt de soumettre ses réponses par écrit», regrette l’organisation.
Regrettant ce comportement, l’organisation persiste à soutenir que la Gambie a fait preuve de mépris à l’égard de la Communauté internationale en refusant tout un ensemble de recommandations visant à remédier à la détérioration de la situation des droits humains, a déclaré Amnesty International.
«Le nombre élevé de refus sur des questions cruciales en matière de droits humains montre que le gouvernement est peu disposé à remédier à la situation déplorable des droits humains et notamment aux restrictions injustifiées au droit à la liberté d’expression, aux disparitions forcées et au recours à la torture pour étouffer l’opposition», a déclaré Sabrina Mahtani, spécialiste de l’Afrique de l’Ouest à Amnesty International.
Dans un communiqué, Amnesty soutient que la Gambie fait fi des mises en garde des Nations-Unies sur la détérioration de la situation des droits humains. «Les défenseurs des droits humains, journalistes et personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexuées sont pris pour cibles, et la situation des droits humains en Gambie continuera à se dégrader à moins que la Communauté internationale ne s’emploie à inciter la Gambie à adhérer véritablement aux recommandations qu’elle a rejetées», poursuit Sabrina Mahtani.
En détails, il faut savoir que la Gambie n’a pas accepté les recommandations concernant la ratification de la Convention des NationsUnies contre la torture, émises par 13 Etats, ou portant sur l’abolition de la peine de mort.
«Le gouvernement a également rejeté la dépénalisation de l’orientation sexuelle et de l’identité de genre, ainsi que la coopération avec les procédures spéciales du Conseil des droits de l’Homme des Nations-Unies. Il a également refusé les recommandations l’invitant à modifier la législation afin de lever les restrictions pesant sur la liberté d’expression, regrette l’Onu. En faisant la comparaison, les défenseurs des droit de l’Homme soutiennent que la «situation des droits humains dans le pays s’est fortement détériorée depuis l’Epu de la Gambie en 2014.
En mars 2014, le rapporteur spécial des Nations-Unies sur la torture a diffusé un rapport soulignant le risque élevé de torture, d’arrestations arbitraires et de disparitions forcées dans le pays». En se rendant à Banjul en novembre 2014, le rapporteur spécial sur la torture et le rapporteur spécial sur les exécutions extrajudiciaires n’ont pas «été autorisés à accéder au quartier de haute sécurité de la prison centrale Mile 2, dans la capitale, Banjul, où sont détenus les condamnés à mort. Ces restrictions sont sans précédent depuis l’établissement du mandat du rapporteur spécial sur la torture, il y a 30 ans».
Réponses écrites
Aujourd’hui, l’Onu regrette la sévérité du Code pénal gambien. Car, le Président Yahya Jammeh a signé en octobre 2014, une modification «qui introduit des peines encore plus sévères pour les personnes Lgbti, désormais passibles de la réclusion à perpétuité pour homosexualité aggravée». «Et ce, malgré de nombreuses recommandations visant à l’en dissuader durant l’Epu.
Au moins 14 personnes ont été arrêtées en novembre et décembre 2014 en raison de leur orientation sexuelle présumée», poursuit Amnesty qui révèle que depuis début janvier 2015, les organes gambiens chargés de l’application des lois ont arrêté au moins 30 proches de personnes soupçonnées d’avoir pris part au coup d’Etat manqué du 30 décembre 2014.
«Certaines personnes ont été remises en liberté mais d’autres n’ont pas reparu depuis près de trois mois et on ignore combien se trouvent encore en détention au secret.»