BURKINA : TOUS LES COURANTS POLITIQUES DOIVENT ÊTRE REPRÉSENTÉS AUX ELECTIONS D'OCTOBRE
DIPLOMATE AMÉRICAIN

Ouagadougou, 13 avr 2015 (AFP) - Tous les courants politiques burkinabè, dont celui favorable à Blaise Compaoré, doivent participer aux élections d'octobre, alors qu'un nouveau code électoral promulgué vendredi interdit aux proches du président déchu d'y concourir, a déclaré lundi l'ambassadeur des Etats-Unis au Burkina Faso.
"Le peuple doit avoir l'opportunité de choisir son candidat" lors d'élections présidentielle et législatives "coordonnées, consensuelles et inclusives", a déclaré Tulinabo Salama Mushingi devant des journalistes.
"C'est aux électeurs de décider qui seront leurs élus. S'ils n'aiment pas tel ou tel candidat, ils ne vont pas voter pour lui", a insisté l'ambassadeur américain à l'issue d'une rencontre entre le gouvernement burkinabè et les diplomates en poste à Ouagadougou.
Les élections d'octobre sont cruciales pour le Burkina Faso, pays pauvre du Sahel. Elles doivent permettre de le doter de nouveaux dirigeants à l'issue d'une "transition démocratique" d'un an, mise en place après la chute de Blaise Compaoré en octobre après 27 ans de règne.
Les députés du Conseil national de transition (CNT), l'assemblée intérimaire, ont voté mardi dernier une révision du code électoral rendant "inéligibles" les personnes ayant "soutenu un changement inconstitutionnel portant atteinte au principe de l'alternance politique".
Cette loi, promulguée vendredi par le président Michel Kafando, fait référence à la tentative de révision de la Constitution de la fin octobre 2014, destinée à permettre à M. Compaoré de se maintenir au pouvoir, et qui avait finalement causé sa chute à l'issue d'une insurrection populaire.
La rencontre entre gouvernement et diplomates, dont les ambassadeurs des Etats-Unis, de France et de l'Union européenne, visait à leur expliquer le nouveau code électoral et les raisons des interpellations depuis une dizaine de jours de dignitaires du régime déchu, selon le ministre délégué à la Coopération régionale, Moussa Nébié.
La loi électorale "ne vise que les personnes qui ont attenté à la Constitution jusqu'au bout de l'obstination. Les anciens partis, notamment le CDP (Congrès pour la démocratie et le progrès, ex-parti présidentiel) ne sont pas exclus du jeu politique", a affirmé M. Nébié.
Une quinzaine de proches de l'ex-président, dont quatre anciens ministres et un ancien Premier ministre, ont été interpellés, principalement pour "malversations", a déclaré lundi le ministre de la Sécurité (Intérieur) Auguste Denise Barry.
Ces interpellations se sont faites "dans le cadre d'audits réalisés après la chute de Compaoré", a précisé M. Barry. Certains prévenus ont été remis en liberté, a-t-on appris de sources sécuritaire et judiciaire.