Diabaté, pas un Cheick en bois à Bordeaux

Attaquant atypique à l'allure longtemps raillée, l'international malien Cheick Diabaté, qui a pris une dimension insoupçonnée en enchaînant les buts depuis un trimestre, sera la principale arme offensive de Bordeaux contre Evian-Thonon, vendredi (21h) en finale de la Coupe de France.
Diabaté indispensable ? "On peut dire ça. Il est là, témoigne Alain Bénédet, l'entraîneur adjoint des Girondins en charge des attaquants. Dans la mesure où vous avez un attaquant qui marque des buts et qu'il a une grosse présence devant, qu'il est adroit, on ne peut que le faire jouer".
Cela pourrait faire sourire les nombreux détracteurs qui, depuis six ans, ont assisté aux prestations du géant de Bamako (1,94 m), devenu le tube du printemps.
"C'est vrai que Cheick a une allure assez déglinguée, on se demande comment ce mec fait pour marquer des buts", sourit Bénédet, impressionné par son rendement "surtout quand il joue simple, en pivot, qu'il donne bien les ballons".
Quand Bordeaux, orphelin de véritable attaquant axial depuis le départ de Marouane Chamakh à Arsenal en juin 2010, s'est séparé cet hiver de Yoan Gouffran et Jussiê (en prêt), beaucoup se sont interrogés sur la politique du club au scapulaire en matière offensive.
Les Girondins ont eu beau miser sur le jeune Uruguayen Diego Rolan, rapidement blessé et en mal d'adaptation, ils se sont retrouvés désarmés pendant un bon mois, avec David Bellion comme +dernier des Mohicans+, en attendant le retour de la Coupe d'Afrique des Nations de leur échassier malien, troisième ou quatrième choix depuis toujours.
Diabaté, prêté deux fois à Ajaccio et Nancy dans son début de carrière française, qui ne s'est jamais plaint de son sort et n'a jamais critiqué ses entraîneurs, saisit la perche et se révèle.
En 17 matches, il inscrit 12 buts dont un doublé dimanche dernier contre les Haut-Savoyards qu'il retrouvera vendredi au Stade de France, et porte les siens sur tous les fronts (16 buts cette saison, 8 en L1, 4 en Coupe de France, 4 en C3).
"J'ai toujours eu confiance, il fallait juste me donner ma chance, explique Diabaté de sa voix douce. Je ne me pose pas trop de questions, il faut que je continue à faire ce que je sais faire, à apporter des choses au collectif".
Et travailler, encore et encore, sous la férule du préparateur physique Éric Bédouet qui l'a vu débarquer au centre de formation en 2006.
"Il avait 18 ans, c'était un joueur atypique, qu'on ne retrouve généralement qu'en Angleterre, qui avait des problèmes de coordination", raconte Bédouet.
"Il fallait s'occuper de lui, il avait besoin d'un coup de pouce car il a un gros potentiel et une qualité rare: il est très chiant pour les défenses. Il va faire le travail de sape, va fatiguer les adversaires, mettre une pression terrible", énumère le technicien.
"Il n'y a qu'à voir l'état physique des joueurs qui le marquent à la fin des matches. Cheick a du caractère, quand ça chauffe, il va au combat". Et ça, Evian le sait trop bien...