DOUTA SECK LE SEIGNEUR DES ARTS
SORANO HONORE LE MOZART SÉNÉGALAIS

La maison de la culture Douta Seck a célébré hier, son parrain. L’homme en tant qu’artiste a marqué son temps. Aussi la communauté des arts dramatiques s’est-elle rappelé cette grande figure du théâtre et du cinéma Africain, avec l’entrain qui sied aux hommes de la scène. Retour sur la vie de l’homme-théâtre.
«Lors de mon premier récital au Théâtre de verdure, mon père a pleuré à cause de mon triomphe. On venait de partout par curiosité. Le public était français et africain.» Peut-être ne se doutait-il pas, à cette époque, de l’illustre carrière qui l’attendait dans les arts.
Abdoulaye Douta Seck, de son véritable nom, est né le 4 août 1919 à Kaye, aux confins de la région de Saint-Louis. D’un père instituteur, Douta suivit une formation à Wylliam Ponty pour devenir enseignent comme ce dernier.
Instituteur à Ziguinchor puis à Dakar, Douta Seck bénéficia d’une bourse pour Paris. Il revint diplômé des arts et d’architecture prêt à affronté, de plus belle, le monde des planches.
Une légende
Le virus de l’art lyrique et de l’art dramatique l’emporta sur celui de l’architecture. Comédien, metteur en scène et musicien, l’homme consacra 72 ans, sa vie durant, à bâtir ce monde qui lui est si familier. Au carrefour des arts, Douta eu à jouer de grands rôles, notamment dans le théâtre. «Douta Seck y côtoya des monstres sacrés de l’art pictural, des grands noms du cinéma et du théâtre français et américain» comme le rappelle si bien, Birane Niang, le secrétaire général du ministère de la Culture et de la communication.
Celui du roi Christophe lui va à merveille, au point où l’on se méprend sur la personne et le personnage qu’il interprète. Il se meut dans le corps du personnage au point que l’on ne manque de le considérer comme son doublet. Le comédien se meut aussi bien dans la peau d’un roi que dans celle du sorcier qu’il épousa dans L’empereur Jones.
De même pour le cinéma, Douta décrocha de grands rôles dans Rues Cases Nègres, L’aventure ambiguë et Xala. L’artiste, connu de par le monde, à travers la comédie et le cinéma, n’en demeure pas moins un grand musicien qui a interprété de sa voix mélodieuse, les rythmes africains.
Son palmarès ne s’arrête pas là ! Le «Mozart Sénégalais», vedette du Peuple, attira tous les honneurs de son vivant. Plusieurs prix lui furent décernés de par le monde. Au Sénégal, le chef de l’Etat le gratifia du titre de commandeur de l’Ordre du mérite. En 1997, Abdou Diouf marqua définitivement son nom dans les annales de l’histoire, pour l’avoir donné à la Maison de la culture de la Médina.
Un modèle pour les générations actuelles
L’homme a écrit ses lettres de noblesse sur la scène théâtrale sénégalaise. Il se porte alors en exemple à suivre, selon Birame Niang qui représentait hier le ministre de la Culture, absent à cet hommage. «Il fut un monument du théâtre sénégalais, africain et mondial», mais ce dernier de regretter, le manque de formation des acteurs et comédiens.
«L’art dramatique exige une formation», convainc-t-il, non sans annoncer l’ouverture prochaine d’un institut des arts et des métiers sur le site de Diamniadio. «Avec un talent doublé d’une formation, l’on ne fera que des merveilles !», espère le secrétaire général du ministère de la Culture et de la communication.