ELLE CLAME EN SLAM
Profil - AWA MOONA YANI, RAPPEUSE
Loin de rester dans le cadre politique ou socio-économique, le leadership féminin s’affiche également dans la culture. La rappeuse Moona Yani s’exprime dans cet univers et le fait en slam.
De son vrai nom Awa Moona Yani, Moona est une jeune femme (32 ans) qui marque le hip hop sénégalais par son talent. C’est une rappeuse engagée. Elle a notamment joué sa partition lors du lancement du rapport Plan International sur «les barrières et opportunités» du leadership féminin en Afrique de l’Ouest, le 9 juillet dernier. Moona a présenté «Drôle d’époque», un slam sur la thématique.
Les femmes vivent des situations différentes dans des zones géographiques différentes. Et, c’est pour marquer ces disparités, que Moona a posé son slam sur un fond de comparaison. Une comparaison entre la femme des sociétés ‘’occidentales’’ et celle des sociétés ‘’africaines’’. Dans le texte, la demoiselle superpose les réalités. «Dans certaines sociétés, les femmes peuvent acquérir du patrimoine immobilier mais ailleurs elles ne peuvent pas avoir un titre de propriété», dit-t-elle. Les cas évoqués sont légion.
Réconfortée par sa plume authentique, elle poursuit : «A travers les médias, on te vend une femme libre et indépendante alors que dans les faits, dans nos sociétés elle est sous tutelle. Quand elle quitte la tutelle du papa, c’est pour aller directement sous la tutelle du mari.»
Dans ce langage simple aidé par des expressions imagées, Moona donne à voir et à toucher son degré d’engagement dans la promotion du leadership féminin. Mais qu’entend-elle par leadership féminin ? : «Une femme leader est une femme qui influe positivement et qui inspire les autres femmes qui sont autour d’elle. Le leadership féminin, c’est avoir confiance en soi et refuser que son statut de femme soit un handicap ou une raison pour qu’on te prive de tes libertés fondamentales.»
Moona n'a pas peur d'être taxée de «féministe», «si féministe, c’est de se rendre compte qu’il y a plein d’injustices qui sont faites à des personnes en vertu d’un sexe qu’elles n’ont pas choisi». Elle précise quand même n’être pas dans «le combat égalitaire homme contre femme» ni dans «la revendication perpétuelle». Elle s’insère dans une logique où «la femme est une femme qui doit prendre ce qu’elle a à prendre». L’éducation et l’autonomisation des filles sont des facteurs importants vers cet accomplissement de soi.
Pour faire avancer les choses dans le domaine du leadership féminin en Afrique de l’Ouest, Moona préconise qu’il faudra «éviter de reproduire les stéréotypes sur le genre sur nos sœurs». Et, pour atteindre ce but, la communication doit-être axée sur la sensibilisation de proximité. «La famille doit être un cadre d’épanouissement parce que c’est en fonction du respect qu’on (femmes) donne à la maison qu’elles vont se jauger et avoir du respect pour elle-même quand elles seront dehors», renchérit-elle.
Pour sa part, elle veut mettre davantage sa musique, à contribution pour répandre ce réveil du leadership des jeunes et des femmes en priorité. Moona invite à la découverte de son deuxième album qui sortira bientôt avec des thématiques «un peu plus osées». Le titre de cet opus est «Sénégalo-Niak». Un titre évocateur qui fait référence à ses origines sénégalaise et béninoise.