ET ARCELOR PROMIT LA LUNE
Contre l’autorisation d’exploitation du gisement du Falémé, le groupe sidérurgique s’engageait à construire un port minéralier à Bargny-Sendou, à ériger un chemin de fer Tamba-Diamniadio, à créer 10 000 emplois…

Dans un courrier adressé au Président Abdoulaye Wade (alors au pouvoir), le 2 février 2007, ArcelorMittal promettait monts et merveilles à l’État du Sénégal. D’abord, le groupe sidérurgique, par le biais du vice-président de son département des Mines, MP Singh, situe les réserves du Falémé à plus de 750 millions de tonnes. Un chiffre à donner le tournis. Tous les rêves fleuris étaient permis pour le régime de Wade, souligne La Lettre du Continent dans son édition de ce mercredi.
Et ce n’était pas tout. Pour étoffer sa correspondance, histoire d’attirer le chaland, Singh a sorti la calculette. Époustouflant ! "Sur la base des hypothèses retenues, les revenus pour le gouvernement (sénégalais) augmenteront de 2 milliards $ (1000 milliards de francs Cfa) à 2,9 milliards $ (environ 1500 milliards de francs Cfa) sur les vingt années de production, soit une moyenne de 150 millions $ (75 milliards de francs Cfa) par an au lieu de 100 millions $ (50 milliards de francs Cfa) par an comme indiqué dans le cadre du plan d’investissement précédent."
Et à en croire La Lettre du Continent ArcelorMittal s’engageait à construire un nouveau port minéralier à Bargny-Sendou, à ériger un chemin de fer entre Tamba et Diamniadio, à augmenter la redevance minière de 3% à 5% et à créer 10 000 emplois "lorsque le projet fonctionnera en pleine capacité".
Les années passent et aucune de ses promesses n’est réalisée. Wade se fâche et porte plainte contre le groupe sidérurgique devant la Chambre arbitrale internationale de la CCI de Paris. Entretemps, le pouvoir change. Macky Sall, nouvellement élu président de la République, accepte la main tendue d’ArcelorMittal. Qui, pour échapper à une condamnation, accepte de débourser 150 millions de dollars (75 milliards de francs Cfa).
Des broutilles comparées aux 5 milliards de dollars (2500 milliards de francs Cfa) que l’aciériste aurait dû payer au Sénégal, selon le cabinet américain Gustavson Associates. Et surtout à ses promesses écrites noires sur blanc.
On connaît la suite- tollé général, la société civile réclame une enquête, cafouillage du gouvernement-, mais pas la fin.