FADEL BARRO ET CIE RACONTENT LEUR PÉRIPLE MOUVEMENTÉ
DÉCLARÉS PERSONA NON GRATA À KINSHASA

Les membres du mouvement Y’en a marre, qui ont été arrêtés à Kinshasa avant d’être expulsés, ont raconté leur périple mouvementé au Congo. Malgré tout, Fadel Barro et ses camarades ont décidé de continuer la lutte via les réseaux sociaux pour participer à l’effort de changement dans ce pays.
Les trois membres (Fadel Barro, Alioune Sané et Malal Talla alias Fou Malade), qui avaient fait le déplacement au Congo pour un échange d’expériences avec le Filimbi (sifflet en Suwayili), ont récité leur voyage hier à l’occasion d’une conférence dans les locaux de leur siège aux Parcelles assainies.
Selon Fadel Barro, coordonnateur des Y’en marristes, ils ont été invités par des jeunes congolais qui, dit-il, se sont regroupés autour du mouvement Filimbi dans le but de faire la promotion du civisme et de la citoyenneté, de l’émancipation de la jeunesse.
«Donc, nous sommes partis sur invitation des jeunes avec qui nous étions en contact depuis presque deux ans. Et nous sommes partis d’ici le 13 mars à partir de 12h et arrivés là-bas le 14 à midi. Sur place, nous avons participé à des ateliers d’échanges. Le samedi 14, on a quitté l’hôtel pour aller dans une école privée catholique pour participer à des travaux où tout le monde était invité, même les partis politiques.
Et on a présenté un film qui retrace tous les maux du Congo, mais surtout des six millions de morts de ces dernières années dans ce pays», raconte le coordonnateur de Y’en a marre. Avant d’ajouter que le film dénonce également le mutisme de la communauté internationale sur les assassinats dans les zones les plus riches de ce «grand pays».
Dans leur démarche d’échanges avec le Filimbi, Alioune Sané et Cie ont projeté un film sur Y’en a marre intitulé Boy Saloum. Il retrace l’histoire de Keur Gui jusqu’à l’avènement de leur mouvement. «Le dimanche, on est parti à Massinha, une banlieue populaire de Kinshasa, où devait se passer la conférence de presse pour lancer Filimbi.
Quand on est arrivé, on a été frappés par le nombre de policiers qui étaient venus pour assurer la sécurité de la manifestation avec des Kalachnikov. Mais, ça nous a rassurés parce qu’on s’est dit que l’autorité est informée de la manifestation raison pour laquelle elle a envoyé des policiers pour assurer la sécurité et la tenue de ces manifestations», avance M. Barro.
«Nous sifflons le Filimbi pour que cesse la guerre au Congo»
Les trois Y’en a marristes étaient partis au Congo pour siffler le Filimbi. Très remontés contre les séries de massacres, ils renseignent que «pendant cette conférence de presse, nous avons dit que nous sommes venus au Congo pour siffler le Filimbi, c’est à dire arrêter le massacre de jeunes congolais. Il n’y a pas moins de deux mois, 45 personnes ont été tuées pendant les manifestations contre la modification de la Constitution.
Nous avons dit que cette manière d’agir nous meurtris. Donc, nous sifflons le Filimbi pour que cesse la guerre au Congo. Le peuple congolais a suffisamment versé de sang pour avoir la démocratie et la liberté», s’indigne Fadel Barro. D’après lui, la teneur de leur conférence était axée sur des stratégies «intelligentes» avec une nouvelle démarche, avec toute la jeunesse africaine, à imprimer au niveau de la jeunesse congolaise.
«Au moment où on faisait les questions-réponses avec la presse nationale et internationale, le propriétaire des locaux est venu nous dire : ‘’il y a la police militaire à la porte. On ne sait pas ce qu’elle est venue faire’’. En réalité, on n’a même pas parlé de politique. On a parlé d’espoir, de civisme, de citoyenneté, etc.
Donc, on n’était pas inquiets par rapport à la présence de la police militaire. Les policiers sont venus et nous ont dit : ‘’ha, c’est eux’’. Ils nous ont embarqués dans les pick-up. Alioune Sané n’a pas été arrêté parce qu’il n’a pas un look assez bizarre comme nous -Fadel Barro et Fou Malade.
Mais il avait pris la décision de nous rejoindre. Ils avaient confisqué nos téléphones. Et ils ont vérifié nos mails pour voir nos messages», informe Fadel Barro.
«Nous avons été bien traités»
Selon lui, à l’Agence nationale de renseignement où ils étaient détenus, ils ont exposé tout leur projet. Ils ont été questionnés, signalent-ils, sur à qui s’adresse Y’en a marre : à la jeunesse ou aux chefs d’Etat ?
Par la voix de Fadel Barro, ils ont laissé entendre, devant les policiers, qu’il s’adresse à tous les chefs d’Etat qui ne respectent pas les principes démocratiques, à la jeunesse, etc. Toutefois, les Y’en a marristes ont précisé qu’ils ont été bien traités durant leur arrestation. Déclarés persona non grata à Kinshasa, ils continuent de mener la lutte via les réseaux sociaux.
Ils estiment que personne ne peut arrêter la modernité. «Si on bloque internet à Brazzaville, à Ouagadougou ou bien à Dakar, vous allez le voir en Mauritanie, et dans d’autres pays. Donc, on va utiliser tous les moyens que notre temps met à notre disposition pour poursuivre cette lutte», s’engage le Porte-parole.