Fifa: le prince jordanien Ali bin Al Hussein, le Monsieur propre

En plein scandale planétaire, le prince jordanien Ali bin Al Hussein joue la carte de la jeunesse, de la transparence et de la probité pour tenter de renverser Joseph Blatter, président contesté de la Fifa, en poste depuis 1998.
Demi-frère du roi Abdallah II, le Prince Ali, 39 ans, se pose en recours pour en finir avec "le système Blatter", marqué par de nombreux soupçons de corruption, notamment autour de l'attribution des Mondiaux 2018 et 2022. Mais son élection à la présidence vendredi est assez improbable, car de nombreuses confédérations maintiennent leur soutien à Blatter, malgré la tempête judiciaire.
"Nous ne pouvons pas continuer avec la crise à la Fifa", a martelé le prince. "La Fifa a besoin d'une direction qui gouverne, qui guide et protège nos fédérations. Une direction qui accepte sa responsabilité pour ses actes et ne rejette pas la faute sur autrui".
- Maradona et Platini le soutiennent -
Le Prince Ali, qui a le rang de général dans l'armée jordanienne, bénéficie dans les milieux sportifs internationaux de l'image d'un homme modeste et travailleur.
Marié depuis 2004 à l'ex-journaliste algérienne Rym Brahimi, père d'une fille et d'un garçon, il est, selon son entourage, "déterminé à tenter sa chance jusqu'au bout et n'a envisagé à aucun moment le retrait de sa candidature" face à Blatter.
Vice-président de la Fifa pour l'Asie depuis 2011, il dirige depuis 1999 la Fédération jordanienne de football.
Le Jordanien, qui a récemment rasé sa barbe naissante, a des appuis de choix. Lors d'un salon sur le football asiatique en Jordanie, il avait ainsi convié un de ses partisans, l'ex-star argentine Diego Maradona. Jeudi, le Français Michel Platini lui a réitéré le soutien de l'UEFA, qu'il préside, et appelé d'autres fédérations continentales à en faire de même.
Le credo de sa campagne a été l'intégrité. "Nous devons être plus ouverts, plus transparents dans la façon avec laquelle nous faisons les choses. Il n'y a rien à cacher", plaide-t-il sans cesse.
Celui qui enchaîne les pauses cigarettes pendant les travaux du comité exécutif de la Fifa, à Zurich, a diffusé lundi une vidéo électorale où il s'exprime depuis son bureau. Un bureau où trône une photo de son père, feu le roi Hussein: le Prince Ali est né d'un troisième mariage, avec la reine Alia, une Jordanienne d'origine palestinienne tuée dans un accident d'hélicoptère en 1977, deux ans après sa naissance.
Dans ce spot défilent des images de matches de foot d'enfants et de féminines. Depuis 2012, le prince a créé le projet de développement du football asiatique (AFDP, à but non lucratif) pour développer le jeu à travers l'Asie, en particulier auprès des jeunes, et valoriser la place des femmes.
- Foot féminin -
Car le Prince Ali se présente comme "un fervent partisan du football féminin" et assure vouloir que "toutes les filles et les femmes puissent jouer ce beau jeu à travers le continent (asiatique)".
L'AFDP a notamment mené, avec succès, la campagne pour lever l'interdiction faite aux femmes voilées de jouer. A son crédit également, l'augmentation du nombre de pays participant à la Ligue des champions d'Asie.
Amateur de lutte gréco-romaine, le prince a suivi des études aux Etats-Unis, où il a obtenu en 1993 un diplôme de la Salisbury School, au Connecticut.
Comme la plupart des membres de la famille royale de Jordanie, il a ensuite rejoint l'Académie militaire royale de Sandhurst en Grande-Bretagne, dont il est sorti en 1994.
Lui qui a servi comme chef de la sécurité spéciale du roi, de 1999 à 2008, a grandi dans une famille qui baigne dans le milieu sportif. Sa soeur, la Princesse Haya, a brigué deux mandats à la Fédération équestre internationale (FEI). Son demi-frère, le Prince Faiçal bin Al Hussein, est quant à lui membre du Comité international olympique (CIO).