FOISONNEMENT DES DERMATOSES ET LA VARICELLE CHEZ LES ENFANTS
PRINCIPAUX MOTIFS DE CONSULTATION EN CETTE PERIODE D’HIVERNAGE
Les dermatoses, la varicelle sont très présentes dans les postes et centres de santé de Dakar. Elles font parties des principaux motifs de consultation chez les enfants en cette période d’hivernage. En atteste, il ne se passe pas une journée sans qu’une femme n’arrive avec son enfant souffrant soit dermatoses ou de varicelle. Toutefois, il est à noter que dans les structures sanitaires visitées, aucun cas de rougeole n’a été signalé même si le ministère de la Santé et de l’Action sociale en a annoncé 33 cas à Dakar la semaine dernière dans les ondes de Sud Fm.
L’hivernage bat son plein dans la région de Dakar avec de fortes pluies. Des enfants qui sont la frange la plus fragile et la plus exposée en cette période se baignent souvent sous la pluie, tandis que d’autres s’activent à jouer dans les eaux stagnante où ruisselante. Un jeu qui les explose aux dermatoses, qui est le nom utilisé pour désigner toutes les affections de la peau, et par extension, celles des ongles ou des cheveux, causant ainsi des ravages. Même les plus jeunes, les nourrissons, qui ne sont pas touchés, sauf exceptionnellement, par les eaux de pluies, n’y échappent pas avec la forte canicule qui sévit en ce moment.
Et, comme si cela ne suffisait pas, la varicelle est venue s’y ajouter, corsant du coup le calvaire des enfants âgés de moins de 12ans et leurs mamans qui les accompagnent au niveau des structures de santé. Dans les différents postes, centres de santé, hôpitaux et dispensaires visitées, le personnel soignant nous confie qu’elles sont l’une des principales causes de consultations. «Nous recevons chaque jour des enfants souffrant de dermatoses. Si ce n’est pas des abcès qui les sortent sur le corps, ce sont des boutons», a souligné Sophie, l’infirmière de garde au poste de santé des Hlm1.
Au centre de santé situé au Hlm4, au dispensaire des sœurs Charles Foucauld à baobab, c’est le même constat. Les parents patientent avec leurs enfants en attendant de voir le médecin. Ici, on nous confie c’est toujours pareil en période d’hivernage. Pour Pierre Faye, infirmier d’Etat, chez les sœurs et s’occupant des enfants, confirme. «C’est toujours pareil en période hivernale. Les dermatoses occupent plus de 50% des consultations.»
PAS ENCORE DE CAS COMPLIQUE
En ce qui concerne les causes de cette maladie, elles peuvent être multiples, selon les spécialistes de la santé. Elle peut être de source allergique comme l’eczéma, inflammatoire comme l’acné, infectieuse comme une mycose, due à une maladie, ou à une intoxication, comme les réactions cutanées à des toxiques appelées toxidermies. Pour les cas cliniques, Pierre Faye soutient, qu’ils sont à des degrés très minimes. «Nous n’avons pas encore un cas compliqué. On sent une nette évolution après quelques jours de traitement, mais il arrive que nous soyons dépassés par certaines situations. Là on les oriente juste vers les spécialistes».
Au niveau d’Hôpital général de Grand Yoff (Hoggy), docteur Siré Sané, confirme la présence des dermatoses. Toutefois, elle avance que ces cas ne sont pas très présents car les parents préfèrent s’orienter vers d’autres structures de santé moins chère que la leur et ils ne reviennent vers eux que quand la situation les dépasse.
A coté des dermatoses figure la varicelle qui se manifeste chez les enfants de 1 à 14 ans. Pour rappel, la varicelle est une maladie très contagieuse et courante chez les enfants. Elle est causée par un virus à Adn de la famille des Herpes viridae, le Virus Zona - Varicelle (Vzv), qui se transmet uniquement entre humains. La contamination se fait par l’air et par contact avec la peau. Le germe est ensuite disséminé par le sang pour atteindre la peau et provoquer une éruption avec des boutons typiques de la maladie. Le délai entre la contagion et le début de la maladie, qu’on appelle la phase d’incubation, est de 14 jours. L’infirmier Pierre Faye révèle que «la varicelle est une réalité chez-eux, nous avons plusieurs cas».
Le calvaire des parents
Les parents vivent un véritable calvaire avec l’apparition de ces maladies chez leurs enfants. Les dermatoses et la varicelle sont ainsi parties pour hanter le sommeil de ces derniers. Au poste de santé des Hlm1, une femme cherche par tous les moyens à consoler son bébé en pleurs qui garde sur tout le corps des boutons. L’enfant ne veut rien manger, encore moins téter. Les quelques patients qui sont venus se faire consulter, tentent de relayer la maman. Celle-ci, se confie: «la vie du bébé est devenu très difficile. Il refuse presque tout le monde et il passe tout son temps à pleurer. C’est une situation embarrassante, car je ne sais pas quoi faire pour soulager sa souffrance», a souligné cette dame.
Et de poursuivre: «la nuit, c’est presque le même scénario, il dort un peu, il se réveille et il faut encore être là pour le câliner, le chouchouter». Pour une autre maman, Marième Ndiaye habitant à Ben Tally: «Mon enfant a trois ans, mais il développe ces symptômes de dermatoses. C’est moins difficile avec lui qu’avec un bébé. Au moins, il peut dire où il a mal. Mais, la douleur est presque pareil et les enfants font de la fièvre qui peut les amener à perdre connaissance où à délirer». Et de renchérir: «ce n’est pas facile pour une mère de voir son enfant souffrir. Non seulement on est crispée, stressée et la plupart du temps, on panique. Heureusement qu’une fois les médicaments donnés, on est soulagé.»
La sensibilisation
Des descentes se font régulièrement dans les quartiers afin de sensibiliser les familles sur les comportements à adopter en cette période hivernale afin d’éviter les bactéries. Et ce travail revient le plus souvent au «badienou gokh». Selon ces dernières, en dehors des causeries organisées dans les structures de santé, elles rendent visites aux familles dans le but de les aider ou les conseiller sur le suivi de leurs enfants dans cadre du Programme élargi de vaccination (Pev) mais aussi les orienter en cas de besoin.
«Sur le terrain, nous rencontrons beaucoup d’enfants qui souffrent de varicelles où des boutons. Avec les parents, nous cherchons d’abord à les rassurer, à les conscientiser pour après les orienter vers les postes de santé. Mais notre mission ne se limite pas là. Il y a le suivi que nous faisons, pour voir si la maman suit nos conseils, si le traitement est respecté», a soutenu Rosalie Domingo, Badienou gokh au dispensaire des sœurs de Baobab.
De l’avis de cette dernière, le travail n’est pas toujours facile. «Il nous arrive de rencontrer des parents très difficile qui, malgré nos différentes tentatives de les convaincre à se rendre à l’hôpital, restent réticents. Mais, nous ne désespérons pas, nous continuons à insister mais en utilisant d’autres méthodes pour les amener à aller le soigner.»
Pour sa collègue des Hlm, Mme Marie Sarr, la prévention est de mise. «Nous avons alerté toutes les familles qui avaient des enfants de 0 à 5 ans lors de la dernière campagne contre la poliomyélite pour leur dire qu’il y avait des cas de varicelles. En cas d’irruption de bouton, allez immédiatement à la structure de santé la plus proche. Il était de notre devoir de le faire et nous l’avons fait et nous continuons de le faire. La varicelle est bien là.»
LA ROUGEOLE ABSENTE DE CES STRUCTURES, MAIS PRESENT A DAKAR
Même si la rougeole est un peu similaire à la varicelle, dans les sites visités, aucun cas n’a été signalé. Cependant, cela ne voudrait pas dire que la rougeole n’est pas présente au Sénégal car des cas ont été signalés dans d’autres localités de Dakar. Selon le ministère de la Santé et de l’Action sociale, à la date du 16 aout dernier, 33 cas ont été enregistrés à Dakar, dans la banlieue, au district nord mais aussi à Nabil Choucair.