"J'AI 60 ANS, 10 ENFANTS, JE NE MENS PAS"
THIONE SECK AU JUGE

Association de malfaiteurs, détention, altération ou fabrication (… ) de signes monétaires ayant cours légal au sénégal et à l'étranger (article 119 du Code pénal), tentative d'escroquerie et blanchiment de capitaux. telles sont les infractions retenues contre Thione Seck et le malien Alaye Djité qui ont été placés sous mandat de dépôt, hier, mardi 2 juin, par le juge Samba Sall, du deuxième cabinet. Arrêtés mercredi dernier, ils ont passé trois jours de garde-à-vue à la section de recherches de la gendarmerie de Colobane et quatre jours au Commissariat central.
Thione Ballago Seck et son présumé complice d'origine malienne Alaye Djité ont passé, hier, leur première nuit à la prison de Rebeuss. L'instruction risque de prendre au moins un an. Convoqué à 18h, Seck et Djité sont restés environ une heure dans le bureau du juge du deuxième cabinet, Samba Sall.
Une vingtaine d'avocats s'est constituée dans ce dossier. Ce sont, entre autres, Mes Ousmane Sèye, Cheikh Khoureychi Bâ, El Hadji Diouf, Abdou Dialy Kane, Bamba Cissé, Abdourahmane So Lénine, Mbaye Jacques Ndiaye, Emmanuel Padonou, Fodé Ndiaye, Ibrahima Mbengue, Babacar Mbaye, etc. Les deux derniers nommés défendent le Malien.
Très calme et pédagogue, le juge a dit au leader du "Ram Daan" et au Malien qu'ils les mettaient sous mandat de dépôt pour une raison d'ordre public après leur avoir expliqué les délits qui leur sont reprochés. "C'est une position qui se comprend parce qu'il y a des personnes recherchées et qui sont en fuite", a soutenu Me Ousmane Sèye, qui coordonne le pool d'avocats de Thione Seck, joint au téléphone à sa sortie du bureau du juge. Cela n'exclut pas, poursuit le plaideur, que la défense dépose une demande de liberté provisoire dans les prochains jours, quand la clameur publique se sera plus ou moins calmée.
Après sa plainte contre Joachim Cissé et X, Thione Seck se constitue partie civile
Par ailleurs, souffle l'avocat, leur client s'est constitué partie civile, hier, devant le juge d'instruction, Samba Sall. Revenant sur deux délits qui ont été retenus, Me Sèye souligne qu'on ne peut pas parler de blanchiment d'argent tant qu'il n'y a pas un rapport préalable de la Cellule nationale de traitement des infractions financières (Centif).
Quant à la détention de signes monétaires, les pandores ont textuellement dit, selon lui, avoir saisi du papier vert qu'ils ont estimé à quelques millions d'euros. "Le papier vert ne peut pas être considéré comme un signe monétaire, donc si l'on se fie aux constations de la gendarmerie, Thione Seck ne peut pas être poursuivi. C'est ridicule", s'offusque l'avocat.
"J'ai 60 ans, 10 enfants dont un très connu, je ne vais pas raconter des mensonges ni…"
La phase d'hier, qui était juste une notification des chefs d'inculpation, a été une occasion pour Ballago Seck de dire au juge que tout ce qu'il a soutenu depuis la phase de l'enquête préliminaire est la pure vérité et qu'il réfute les faits qui lui sont reprochés.
"J'ai soixante ans, dix enfants qui sont dans ce pays, dont un qui est très connu. Je ne vais pas raconter des mensonges ni entrer dans des combines de ce genre. Je suis victime d'une bande d'escrocs dont je ne maîtrise pas les agissements", se défend-il.
Fataliste, le père de Wally Ballago Seck ajoute : "Ce n'est pas vous qui me mettez sous mandat de dépôt, c'est Dieu. Ce n'est pas vous qui allez me sortir de prison, ce sera Dieu". Quelques vices de procédure ont été relevées par Me Ousmane Sèye, mais puisqu'il travaille avec ses confrères, ils devront en discuter avant de voir la démarche à adopter.
Le malien est passé aux aveux
Pour ce qui est du Malien, Alaye Djité, nos sources rapportent comme nous l'avons déjà écrit, qu'il est passé aux aveux devant les pandores. Djité chez qui il a été découvert, lors de la perquisition, une machine de fabrication des billets, a reconnu que c'est son métier et avait même expliqué aux pandores son modus operandi. Une affaire qui n'a pas fini de faire couler de l'encre et de la salive.