"JE N'AIME PAS ÊTRE VU COMME LE MOUTON NOIR DE Y EN A MARRE"
MALAL TALLA ALIAS FOU MALADE
Une fois encore, le rappeur Malal Talla alias Fou Malade était devant les juridictions. Mercredi passé, il a fait face au procureur de Guédiawaye suite à une plainte déposée contre lui par l'animateur de Walf Tv B-Boy et le rappeur Makhaly Kâne alias Diam Rap. Beaucoup de choses ont été racontées sur ce différend. Interrogé par EnQuête, l'auteur de "feebàr" livre sa part de vérité. Vu comme un acteur du mouvement hip-hop et un leader d'opinion "violent", Malal récuse cette perception et dit même souffrir de la situation.
Qu'est-ce qui s'est véritablement passé avec Diam Rap et B-Boy et qui vous a valu une comparution auprès du procureur ?
Diam Rap est de Guédiawaye. Quand nous avons mis en place l'association Guédiawaye hip-hop, il y a adhéré. C'était au tout début. Dans le règlement intérieur de l'association, il était stipulé que si l'on arrive à trouver des partenaires pour la construction d'un local, tous les membres sont obligés d'être des bénévoles. De 2011 à 2013, on était en train de construire le bâtiment qui abrite G-hip-hop actuellement. Pendant ces deux années, il (ndlr Diam Rap) n'a jamais mis les pieds là-bas. Il attend le jour de l'inauguration pour dire qu'il a été exclu arbitrairement de l'association. Il a également dit que moi personnellement, j'avais comploté avec le directeur du centre qui m'a vendu le terrain et que j'allais partager les subventions avec ce dernier. Ce qui est archi faux. Et il utilisait les émissions de B-Boy (ndlr B-Boy anime hip-hop nation sur Walf Tv) pour dire ce qu'il veut. Les émissions de B-Boy lui ont servi de tribune. Diam Rap qui habite dans notre quartier Wakhinane disait même aux populations que le centre était un lieu de débauche où on vend de l'alcool et de la drogue. Ce qui n'est pas vrai. Il dit aussi que le centre est pour tous les jeunes de Guédiawaye. Ce qui est faux. C'est comme quand on dit que Y en a marre, c'est pour tout le monde. C'est impossible. C'est juste pour ceux qui croient en Y en a marre. Donc G-Hip-hop est une association qui regroupe les artistes qui ont le même idéal, partagent les mêmes activités et ont les mêmes principes. Quand moi je combattais Aliou Sall, lui est allé le soutenir pensant que si ce dernier se faisait élire, il allait nous faire sortir du centre et l'y installer lui. Ce qu'il ne sait pas, c'est que nous sommes une association reconnue par l'Etat, porteuse de projets et qui a des subventions. En plus avec l'acte 3 de la décentralisation, notre mairie ne dépend pas de celle d'Aliou Sall. Encore qu'Aliou Sall lui-même n'était pas dans une logique d'envenimer les choses. En toute sincérité, il a joué un rôle de médiateur en personne responsable. Il n'a pas fait dans la manipulation.
Mais qu'est-ce qui s'est réellement passé avec Diam Rap le jour où est venu le ministre de la Culture à Guédiawaye ?
Quand le ministre de la Culture est venu rendre visite aux acteurs culturels de Guédiawaye, Diam Rap a profité de la prise de parole pour arracher le micro et dire les mêmes choses qu'il a l'habitude de dire sur G-Hip-hop. Il y avait les membres de l'association qui étaient là et qui lui ont dit devant le ministre que ce qu'il disait n'était pas vrai. Ce jour-là, il y a eu des échanges de paroles mais pas de bagarre. Quelques jours après, il y a eu la journée de l'environnement et on nettoyait et on peignait le mur du stade qui est en face du centre. On a planté des arbres et essayé d'embellir l'espace. Sur le mur, il y avait un graffiti de Diam Rap. Ce dernier n'a pas aimé le fait qu'on ait mis de la peinture dessus et est venu insulter les jeunes qui travaillaient sur le site. Alors Malick Sarr lui a dit : même si on mettait la photo du plus grand homme du monde, on l'enlèverait. Il lui a fait comprendre qu'on faisait des activités utiles pour le quartier et que ce n'était nullement personnel. Diam Rap n'a pas pour autant lâché prise. Il l'a insulté et l'a traité de tous les noms d'oiseaux. Une bagarre s'en est suivie. Au même moment, moi j'ai alerté le commissariat de la commune. L'inspecteur m'a dit que le commissaire était absent et m'a demandé de revenir vers 17h. A mon retour, avec Malick Sarr, on est parti au commissariat central de Guédiawaye où on trouvé l'inspecteur Diaw. Je lui ai fait part de l'histoire et il nous a demandé de porter plainte. Ce que fit Malick. Mais deux jours après, le grand frère de Diam Rap l'a joint au téléphone pour lui demander de retirer sa plainte. Quand il m'en a informé, je lui ai dit ok. Malick a retiré sa plainte. Par la suite, Diam Rap a déposé une plainte contre nous. Et le premier jour du ramadan, on m'a convoqué et quand je suis allé répondre, j'ai expliqué ce qui s'est passé. On a convoqué toutes les personnes concernées. On est arrivé à 17h. On nous a entendus jusqu'à 4h du matin avant d'être mis dans le violon. Quand le commissaire Diarra est arrivé, il nous a appelés, nous a posé quelques questions avant de nous laisser partir. Après, j'ai reçu une convocation pour aller répondre au Procureur. On nous a jugés mercredi passé. Le Procureur nous a écoutés et a demandé notre relaxe pure et simple. Le délibéré est pour la semaine prochaine.
Qu'en est-il de votre différend avec B-Boy ?
Moi, je ne parle pas à B-Boy parce que tout simplement je lui avais demandé de faire passer les chansons de Bat'Haillons Blin-D dans son émission parce que les fans réclamaient cela. Et lui disait aux gens qu'il ne se retrouvait pas dans mon rap donc, il ne le met pas. Et en août 2014, lors d'un concert de Simon, j'avais giflé B-Boy. Il avait porté plainte mais cela n'a pas eu de suites. Certains membres du groupe Keur-Gui étaient intervenus pour cela. Et le jour où le ministre est venu à Guédiawaye, quelques jeunes du centre ont demandé à B-Boy d'arrêter de se mêler des choses qui ne le regardaient pas. Il est parti à la police porter plainte pour dire que j'ai donné l'ordre à des jeunes de le frapper. Il s'est même trouvé un certificat médical.
Vous êtes souvent cité dans des bagarres ou des actes de violence…
(Il coupe). On m'a cité qu'une seule fois et à l'époque j'avais assumé cela.
Non ce n'est pas qu'une seule. Avec Xuman vous vous êtes bagarrés aussi…
(Il coupe encore). Non ! Avec Xuman, cela ne s'est pas passé comme ça. C'est Xuman qui était venu chez nous. Il ne faut pas raconter n'importe quoi. Xuman avait un problème avec Dj Ala à la place de l'Obélisque. Après, il s'est déplacé jusqu'à Guédiawaye avec deux personnes pour se bagarrer avec lui. Il est venu là-bas à 3h du matin et il y a eu une petite altercation entre lui et Ala. Finalement, les gens ont pris peur et ont fui. Nous, nous avons appelé la police. C'était ça l'histoire. Cette histoire-là, il faut l'évacuer. Et puis c'était un problème avec Ala, pas avec moi personnellement. Après, avec Xuman, on a discuté et on a fumé le calumet de la paix depuis. Après, il y a eu l'histoire avec Gaston et ça, c'est bien moi.
Pourquoi autant de violence ?
Je ne suis pas quelqu'un de violent. Je ne suis pas une personne violente. Ce qui s'est passé est un ensemble de situations qui se sont produites et qui finalement ont trouvé des solutions. Et il y a des choses qui ne sont pas vraies dans tout ce qu'on raconte. Quand B-Boy dit par exemple que j'ai demandé à des gens de le frapper, c'est énorme. Beaucoup de personnes s'acharnent aujourd'hui sur la personne de Malal. Il y a beaucoup de rappeurs qui sont dans la provocation mais on laisse passer. Vous ne m'avez jamais entendu à la radio dire du mal d'un rappeur. Je ne suis même pas dans ces histoires-là.
En tant que leader d'opinion, vous ne devriez pas être dans une posture d'encaisser les coups de manière responsable et de ne pas systématiquement les rendre ?
Il est vrai qu'on ne devrait pas faire certaines choses. Mais on se trouve dans des situations où on ne peut pas éviter de répondre à la provocation. Quand la personne vous trouve dans votre lieu de travail, vous insulte, vous traite de tous les noms et ternit même votre image sans tenir compte que vous travaillez avec des organisations et pour le compte de plusieurs personnes, vous êtes obligé de réagir. Surtout que la personne vous provoque juste pour vous mettre en mal avec vos partenaires, lesquels vous voue un respect et trouvent que vous travaillez bien. Ceux qui m'en veulent disent par exemple que le centre, c'est pour les bandits. Moi, je travaille dans la réinsertion des jeunes. Il est normal qu'on travaille avec des repris de justice ou des gens qui ont été des délinquants. Parce que c'est eux notre cible. On veut qu'il quitte le monde de la délinquance pour s'orienter vers d'autres choses. Il arrive qu'on réussisse notre mission. Comme il arrive qu'on échoue. Mais on ne perd rien en essayant. Maintenant, les gens s'appuient sur cela pour dire que notre association est un gang.
Est-ce que ce n'est pas vous le principal responsable de cette situation, parce que si quelqu'un vous provoque, vous le tabassez ; cela devient autre chose ?
Dans cette histoire-là, ce cas précis avec Diam Rap et B-Boy, tel n'est pas le cas. On n'a pas répondu à la provocation. Il faut le dire. Il y a eu le cas de Gaston que nous avons assumé. On n'a pas assumé le cas de Xuman parce que c'est lui qui est venu dans notre quartier, notre maison, frapper à la porte à 3h du matin pour se bagarrer. La troisième histoire, c'est avec Diam Rap et c'est lui qui va dans les radios et les télés. C'est lui qui vient à G-hip-hop. Nous, nous ne connaissons pas où se trouve le siège de l'association de Diam rap parce que cela ne nous intéresse pas. Diam Rap veut être célèbre. Il veut être connu. Il ne s'est pas bagarré avec moi mais malgré tout, il porte plainte contre moi.
L'on vous identifie comme le chef de gang, c'est vous qui donnez l'ordre aux jeunes, dit-on ?
Ils savent juste que quand ils portent plainte contre une personne ordinaire, la presse n'en parlera pas. Donc, il faut porter plainte contre Malal pour que la presse s'y intéresse. La dernière fois, mon avocat le leur a dit d'ailleurs. Ils veulent profiter de cette situation pour me détruire. Je suis dans une situation de vulnérabilité. Ces jeunes sont des personnes normales qui servent le quartier et qui travaillent. Venez à Guédiawaye hip-hop et vous verrez tout ce que font ces jeunes et comment le lieu est bien entretenu. Maintenant si on veut nous diaboliser, si on veut nous mettre en mal avec les Sénégalais, c'est autre chose.
S'il y a des victimes dans cette histoire, ce sont les jeunes de Guédiawaye hip-hop qui retirent leur plainte, qui travaillent pour les populations, qui n'ont jamais prononcé un quelconque mot à l'endroit de quelqu'un dans les médias. Pourtant, ils sont tout le temps agressés dans les médias. Quand ces gens ont commencé leurs premières interventions sur les radios, nous sommes allés informer l'autorité préfectorale, le commissariat central et le commissariat de la commune par le biais de correspondances pour leur dire qu'il y a des gens qui disent que nous sommes des vendeurs de drogue, etc. On les avait prévenus pour éviter ce qui se passe actuellement. Mais rien n'arrête ces gens. Allez sur le net voir tout ce qu'il raconte sur nous.
N'est-ce pas que vous leur donnez raison en répondant au coup pour coup ?
Non, on n'a pas répondu à la violence. On nous a trouvé dans notre lieu de travail, on nous a insulté et on nous donné des coups. Les jeunes qui étaient sur place, de manière spontanée, ont réagi avant de réfléchir.
Vos démêlés avec la justice ne vont-ils pas aider à déconstruire le discours de Y en a marre qui se veut pacifique et responsable ?
Pour des choses que je n'ai pas faites ? Ce n'est pas mon problème. Parce que la vérité finira par surgir. Dans cette histoire, je crie haut et fort que je suis une victime.
Y en a marre vous soutient-il dans votre combat ?
Je ne veux pas que Y en a marre se mêle à ça. Parce que tout simplement, ce sont des choses qui se sont passées à Guédiawaye entre des gens de Guédiawaye. Maintenant, fort de ce que je représente dans Y en a marre et dans G hip-hop artistiquement, je suis une cible pour les détracteurs. Et vous qui me posez cette question, est-ce que vous pensez à moi en tant que victime ? Est-ce que vous pensez à ce que j'endure ? Je reçois beaucoup de coups. Vous croyez que cela me plaît ? Non pas du tout ! Vous pensez que cela me plaît moi qui suis père de trois enfants et ai une famille d'aller en procès souvent ? Et que les journaux disent du n'importe quoi de moi ou que les gens en profitent pour en faire autant ? Non cela ne me plaît pas ! Je n'aime pas être vu comme le mouton noir (sic) de Y en a marre. Je souffre dans cette histoire et ma souffrance, elle est profonde parce que je reste une personne incomprise dans cette histoire. J'ai eu des problèmes avec Gaston et depuis, tout ce qu'on dit sur moi, les gens disent que c'est vrai et que j'ai l'habitude de faire ce genre de choses. Dans cette histoire, même s'il y a eu des échanges verbaux, je n'ai pipé mot encore moins taper quiconque.
Pourquoi on ne parle toujours que de vous ?
Parce que peut-être je suis la personne la plus facile à attaquer. Je ne fais pas dans les confessions hypocrites. Moi, je ne suis pas ami avec mes ennemis. Je ne négocie pas une amitié, c'est-à-dire que je ne vais pas être ami avec quelqu'un qui ne me supporte pas juste pour qu'il ne me critique pas. Je n'ai pas peur d'être critiqué. Je ne peux pas être l'ami de tout le monde. Ce n'est pas parce que des gens n'aiment pas Y en a marre que je devrais fumer un calumet hypocrite de la paix ou éviter de me bagarrer avec eux. Je veux que le commissaire de Guédiawaye, le Préfet et d'autres autorités viennent voir ce qui se fait à G hip-hop. Le problème est qu'il y a des gens qui ne veulent pas que Malal soit fort. Le problème aussi est que Malal est un "fou des médias". Y en a marre aussi l'est. Les gens sont dans une entreprise de déstabilisation. Ils sont nombreux à le faire. Ils veulent briser notre élan.