L'école Mariama Bâ de Gorée s'interroge sur l'esclavage
L'école Mariama Bâ de Gorée a abrité, mercredi 10 avril, une conférence sur «Le commerce transatlantique et l'abolition de l'esclavage». En marge de cette causerie organisée par le Centre d'Information des Nations unies (Cinu), des élèves du Lycée des Parcelles assainies (Lpa), du Groupe scolaire les Palmes académiques (Gslpa), de Golf sud et ceux de l'école Mariama Bâ, de Gorée, ont dénoncé les nouvelles formes de traite et d'esclavage moderne en cours dans bon nombre de pays.
Le Centre d’Information des Nations Unies (Cinu) pour le Cap-Vert, la Côte d’ivoire, la Gambie, la Guinée-Bissau, la Mauritanie et le Sénégal, a organisé, mercredi 10 avril, une sortie pédagogique au profit d’une cinquantaine d’élèves du Lycée des Parcelles assainies et du groupe scolaire à l’île de Gorée. C’est dans le cadre de la Journée internationale de commémoration des victimes de l’esclavage et de la traite transatlantique des esclaves.
Le choix porté sur ce lieu et cette couche de la population se justifie par le fait que «chaque enfant doit visiter l’île de Gorée, en raison de ce qu’elle représente pour l’humanité afin que le souvenir de ce crime contre l’humanité survive dans les mémoires», selon Minielle Barro. Les élèves et leurs encadreurs ont ainsi visité en marge de cette sortie, des lieux tels que, la mairie de Gorée, la maison des esclaves et l’école Mariama Bâ. Ils ont animé une conférence avec leurs camarades de cet établissement sur le thème : «le commerce transatlantique et l’abolition de l’esclavage».
Les échanges autour de ce thème ont été riches aussi bien en questions qu’en contributions. Les élèves ont insisté largement sur la nécessité d’une lecture équilibrée entre les effets négatifs et positifs de cette phase douloureuse de l’histoire de l’humanité. Dans la mesure où disent-ils, la présente lecture de cette traite négrière et du commerce triangulaire, axée principalement sur les atrocités infligées aux Africains par les négriers européens, n’a pas contribué à l’éradication de cette pratique dans notre monde.
Le pillage des ressources naturelles de l’Afrique par les firmes occidentales, l’exploitation des sans-papiers en occident par leurs employeurs qui profitent de leur situation irrégulière sont entres autres, les nouvelles formes de l’esclavage en cours dans ce monde moderne, selon Ndèye Fatou, élève en classe de troisième à Mariama Bâ et ses camarades. «Toutes ces pratiques ne sont qu’une nouvelle forme de la traite à laquelle est soumis l’homme moderne», selon Calidou Sow du Lpa. Pratique que son camarade, Abdoulaye Djacko du Lpa, dit être «toujours en cours dans certains pays, notamment Afriqu,e mais avec une nouvelle forme».
Nouvelle lecture
En plus de ces aspects, les conférenciers du jour ont également insisté sur une relecture de l’histoire de la traite négrière et du commerce des esclaves noirs. Cette nouvelle lecture de l’histoire de ce drame doit permettre un dépassement de cette image de souffrance infligée par les négriers. «Il faut que nous, descendants des esclaves, que nous changions notre lecture de la traite. Car derrière l’humiliation et le drame de cette pratique, il y’a également un aspect heureux que nous oublions toujours», ont-ils déclaré. Avant de révéler que «c’est cette déportation des noirs qui est à l’origine des mouvements d’émancipation et l’avènement des démocraties modernes dans le monde actuel». A ce titre, ils invitent à une «lecture équilibrée de ce drame dans l’histoire de notre humanité».
Du côté des encadreurs, on a tous salué la qualité des échanges de ces élèves autour de ce thème. Echange que Jean Mendy, surveillant au Lpa qualifie d’ailleurs de «scientifique». Dans la mesure où dit-il, ils sont basés sur «des faits réels qui interpellent la conscience de tout un chacun». Abondant dans le même sens que Mendy, Assane Kane, professeur d’histoire et de géographie à Mariama Bâ dit être surpris par ce qu’il vient de vivre. Dans les sens où fait-il remarquer, on a tendance à oublier cet aspect qui pourtant montre comment l’homme noir a contribué à l’émergence de la démocratie moderne. Sentiments de satisfaction que partagent également Minielle Barro du Cinu, qui être «très impressionnée par le niveau d’information des élèves sur cette question liée à la traite dans le monde actuel».