QUAND DIAS RACONTAIT AVOIR DÛ SE BATTRE POUR SA VIE
Barthélémy Dias, désormais ex-maire de Dakar, qui racontait en 2021 comment il avait dû faire face à des assaillants armés dix ans plus tôt, se trouve à nouveau dans une situation de siège, cette fois-ci politique et judiciaire
(SenePlus) - Dans un entretien accordé à Jeune Afrique en juin 2021, Barthélémy Dias revenait sur les événements tragiques du 22 décembre 2011, une journée qui allait marquer un tournant dans sa carrière politique et dont les répercussions se font encore sentir aujourd'hui avec sa récente révocation de ses fonctions de député et de maire de Dakar.
"J'étais le responsable des jeunesses socialistes et luttais contre le troisième mandat du président Abdoulaye Wade", racontait-il à JA, décrivant une période de vives tensions politiques. Ce jour-là, selon son témoignage, des individus "envoyés et convoyés par le Parti démocratique sénégalais (PDS)" ont encerclé la mairie. "Comme la mairie se trouve dans une impasse, je ne pouvais pas m'échapper", expliquait-il au magazine panafricain.
Face à l'inefficacité de l'intervention policière qu'il avait sollicitée, Dias décida de sortir affronter ses assaillants. "J'étais quand même le maire de la commune, je ne pouvais pas fuir devant des voyous !", justifiait-il dans les colonnes de Jeune Afrique. S'en est suivie une fusillade d'une demi-heure, au cours de laquelle il reconnaît avoir "peut-être vidé trois ou quatre chargeurs".
Cette confrontation armée, qui s'est soldée par un mort, a valu à Barthélémy Dias une condamnation en 2017 à six mois de prison ferme. Dans son entretien avec Jeune Afrique, il dénonçait une justice à géométrie variable : "Vous connaissez un pays sérieux où l'on condamne quelqu'un à six mois de détention pour un meurtre ?"
La chute
Douze ans plus tard, cette condamnation, confirmée en appel en 2022 et validée par la Cour suprême en 2023, rattrape l'édile de Dakar. Le 13 décembre 2024, alors qu'il tentait d'organiser une conférence de presse à l'hôtel de ville, les forces de l'ordre ont fait irruption dans la salle, interrompant sa déclaration. "La police est en train d'exécuter une commande politique", a-t-il dénoncé, qualifiant l'intervention de "dictature".
L'arrêté préfectoral, daté du 11 décembre, prononce sa démission du conseil municipal de Dakar, entraînant automatiquement la perte de son mandat de maire. Cette décision intervient une semaine après sa déchéance de son mandat de député.
La coalition qui avait investi Barthélémy Dias a vivement réagi, condamnant dans un communiqué "la décision arbitraire" et "l'incursion brutale, scandaleuse et injustifiée des forces de l'ordre à l'hôtel de ville de Dakar". Elle précise que le maire dispose d'un délai de dix jours pour faire appel de la décision préfectorale.
Cette destitution marque un nouveau chapitre dans la trajectoire mouvementée de celui qui déclarait à Jeune Afrique : "Je suis en paix avec ma conscience." Une conscience qui ne l'empêche pas aujourd'hui de continuer le combat, ayant déjà annoncé son intention de faire appel de cette révocation.