L'AMBITIEUX PLAN POUR RÉVOLUTIONNER L'HABITAT
Plus de la moitié du salaire part dans le loyer : une réalité insoutenable pour les Sénégalais. Moussa Bala Fofana dévoile un plan de 18 000 hectares à travers le pays pour transformer l'accès à la propriété et libérer le pouvoir d'achat des citoyens

(SenePlus) - Un Sénégalais moyen consacre plus de la moitié de ses revenus à se loger. Face à cette situation préoccupante, le gouvernement lance un programme d'envergure visant à construire 500 000 logements sur les dix prochaines années. Analyse d'une initiative qui pourrait transformer le paysage immobilier du pays.
Selon les déclarations du ministre de l'Urbanisme, des Collectivités territoriales et de l'Aménagement des territoires, Moussa Bala Fofana, la situation actuelle du logement au Sénégal représente un défi majeur pour les ménages. Lors de la présentation du Programme national d'accès au logement et de rénovation urbaine (PNALRU), le ministre a révélé un chiffre alarmant : "Un Sénégalais, peu importe son niveau de revenus, donne minimum 54% de ses revenus pour payer un loyer", a-t-il affirmé.
Cette proportion dépasse largement les standards internationaux recommandés, qui suggèrent qu'un ménage ne devrait pas consacrer plus de 30% de ses revenus au logement. Le ministre a souligné l'importance cruciale de réduire cette charge financière : "Voilà l'importance aujourd'hui de ramener cela dans des proportions acceptables. Et chaque effort que nous ferons dans le domaine du logement permettra à un Sénégalais de mieux vivre."
L'accès à la propriété représenterait une véritable libération financière pour de nombreux Sénégalais. M. Fofana a expliqué : "Parce que si quelqu'un payait 50% de ses revenus dans le loyer et qu'il devient propriétaire, c'est 50% de ses revenus qui vont aller dans sa santé, dans l'éducation des enfants, dans l'épargne, dans la qualité de vie."
Au-delà de l'impact direct sur les ménages, le ministre a également mis en avant les retombées macroéconomiques attendues : "Et c'est aussi autant d'argent qu'on va investir dans notre économie. Parce que le bâtiment, nous ne l'oublions pas, c'est un secteur de l'économie qui a un rôle important à jouer en termes de taux de croissance."
Pour répondre à ces défis, le gouvernement a élaboré un ambitieux programme baptisé "Pénal Rue" (PNALRU). Son objectif principal est clairement défini : "L'objectif clairement fixé ici, c'est donc d'atteindre 500 000 logements à 10 ans", a précisé le ministre.
Le PNALRU s'appuie sur plusieurs données quantitatives impressionnantes :
- 18 000 hectares identifiés à travers le territoire national
- 4 000 hectares ciblés à la sortie 5 de l'autoroute Illa-Touba pour une zone industrielle du bâtiment
- 500 000 logements à construire sur une période de 10 à 15 ans
- 13 chefs-lieux de région concernés par le projet d'extension, plus Mbour et Touba
Contrairement aux programmes précédents qui ont souvent échoué faute de financement adéquat, le PNALRU propose un modèle économique autonome. Le ministre a expliqué cette nouvelle approche : "Avant, nous demandions à l'État de financer les verdes. Vous imaginez, si nous devons construire, je dirais, 10 000 hectares et on demande à l'État de financer les verdes, c'est quelque chose que l'État ne pourra pas supporter."
Cette réflexion est d'autant plus pertinente dans le contexte économique actuel du Sénégal, caractérisé par "un déficit de plus de 12%, d'un endettement à plus de 100% et d'une tension trésorerie qui ne fait plus débat", selon les propos du ministre.
La solution adoptée repose sur un partenariat avec des promoteurs privés : "Les promoteurs qui vont accepter d'investir dans ce programme auront du foncier, mais 50% du foncier vont être dédiés à leur propre programme, ce qui va leur permettre de pouvoir assurer leur modèle économique et de prendre en charge la viabilisation."
Le ministre a également mentionné la mobilisation de nombreux acteurs pour soutenir ce programme : "Pour la mise à contribution des baillères publiques et des fonds dédiés à l'habitat social, le Pénal Rue a été présenté à la Caisse des dépôts et consignations, CDC, à la Banque de l'Habitat, à l'APIX, au Consortium des industriels du Sénégal, à l'Ordre des architectes, au secteur bancaire et à d'autres établissements financiers du secteur du logement."