SUCCÈS DE L'APPEL PUBLIC À L'ÉPARGNE, QUEL COMMENTAIRE ?
D'ici quelques jours, la machine de manipulation de Pastef s’activera à plein régime. On vous fera croire que l’opération d’appel public à l’épargne de 150 milliards, récemment lancée sous forme d’emprunt obligataire a été un succès franc

D'ici quelques jours, la machine de manipulation de Pastef s’activera à plein régime. On vous fera croire que l’opération d’appel public à l’épargne de 150 milliards, récemment lancée sous forme d’emprunt obligataire (pompeusement baptisée par certains communiquants de Pastef comme une « prise exceptionnelle de participation dans l’actionnariat des projets du Sénégal juste et prospère ») a été un succès franc, remarquable et inédit. Les superlatifs fuseront, les plateaux s’animeront, et les non-initiés penseront assister à un événement économique inédit dans l’histoire du pays.
La réalité, pourtant, est bien moins spectaculaire. Rien de nouveau sous le soleil : ce n’est ni la première ni la dernière fois qu’un emprunt obligataire soit clôturé avant la date prévue. Pour rappel, en août 2022, le Sénégal avait déjà bouclé une opération similaire en seulement ...six jours (je dis bien six jours seulement), récoltant plus de 138 milliards de FCFA alors que l’objectif était fixé à 120 milliards. Et cela, avec des taux nominaux moins attractifs que ceux proposés aujourd’hui.
Encore mieux : en mars 2022, soit cinq mois auparavant, une autre émission obligataire avait été sursouscrite à 200 % en un temps record et cloturé avant la date limite. Les exemples font foison..
Présenter aujourd’hui cet engouement comme une soudaine démonstration de patriotisme financier de la part des senegalais en guise de confiance aux nouvelles autorité serait donc malhonnête. Les Sénégalais – et au-delà, les investisseurs de la zone UEMOA – ont toujours répondu présents, qu’il s’agisse de prêteurs burkinabès, ivoiriens, togolais, béninois ou sénégalais. Il convient donc de relativiser : non, l'operation n’a rien d’exceptionnel ni de miraculeux. Elle confirme seulement que le marché fait encore confiance au pays soit disant en ruine avec des marges de manoeuvre budgetaires et financières quasi-inexistantes...